Chapitre 30 : Belle famille... ou presque
9h30, le réveil se mit à sonner sur la table de nuit. Vox entrouvrit un œil et chercha à tâtons le bouton pour désactiver cet appareil bruyant qui le dérangeait, mais il n'y parvint pas. « Bip ! Bip ! Bip ! », continuait de faire le réveil dans un raffut monstre.
-Mhmmm, ferme ta gueule putain ! S'énerva Vox.
Il agita simplement son index et balança un coup de jus au réveil matin, le petit appareil se mit à disjoncter et finit enfin par se taire, au grand soulagement de son propriétaire.
-Pas trop tôt, marmonna-t-il.
Vox resta un petit instant allongé en étoile au milieu du lit de Vicky, regardant le plafond de la chambre de la femme qu'il aimait avec désespoir, il entamait sa deuxième journée sans Vicky présente à ses côtés. Il savait très bien qu'il prendrait son petit-déjeuner seul ce matin, sans personne pour lui parler, personne qui lui poserait ces légendaires questions du style : « As-tu bien dormi ? De quoi as-tu rêvé cette nuit ? Que veux-tu manger ce matin ? ».
C'était le genre de questions que Vicky lui posait tous les matins, auxquelles Vox s'était habitué et aimait répondre à chaque fois, cela lui donnait l'impression qu'une personne – autre que Velvet – s'intéressait à lui et cela lui était agréable... mais c'était fini maintenant.
Il demeura un moment allongé, serrant un peu plus l'ours en peluche de Vicky contre son cœur (il ne l'avait pas lâché de toute la nuit à vrai dire, comme s'il avait l'impression de câliner la jeune femme, ce qui n'arriverait jamais), il avait fait un affreux cauchemar cette nuit, vers 2 ou 3h00 du matin : il avait rêvé que Vicky et Alastor s'étaient mis ensemble dans son dos et s'apprêtaient même à se marier et à avoir un enfant... quel cauchemar affreux ! Certainement le pire que Vox ait fait de toute son existence, si cela devait arriver il ne savait pas s'il parviendrait à surmonter cette trahison...
Mais bon, le démon de la télévision finit tout de même par se rassurer en se rappelant que la jeune femme lui avait promis hier dans un SMS de ne pas s'approcher d'Alastor. Il lui faisait confiance, il savait que jamais Vicky ne trahirait une promesse qu'elle lui avait faite, elle ne l'avait jamais fait jusqu'à présent... espérons que cela continue.
Vox finit par se lever dans un soupir, il se rappela qu'il passait la journée avec Velvet au centre-commercial. Il remit les couettes en place, comme s'il ne s'était jamais allongé dans le lit de Vicky et s'en alla dans sa salle de bain se faire une petite toilette rapide et s'habiller avant de prendre son petit-déjeuner. Il ne but qu'un simple café noir, avant de s'allumer sa première cigarette de la journée, c'était fou à quel point l'absence de la jeune femme lui avait d'un seul coup redonné envie de s'intoxiquer les poumons à grand coup de nicotine...
Vers 10h30, comme promis, Velvet arriva et vint toquer à la porte de l'appartement de son ami. Ayant un double des clés de la boutique de multimédia, le petite Overlord des réseaux sociaux n'avait eu aucun mal à entrer.
Lorsque Vox ouvrit la porte, il affichait une tête digne d'un enterrement, ce qui choqua quelque peu Velvet :
-Wouah, dit-elle, tu devrais te regarder dans un miroir. J'te jure, tu ferais même peur à des zombies avec cette tronche de dépressif.
L'Overlord de la télévision se contenta d'hausser les épaules et de répondre un rapide « j'm'en fous », avant d'inviter son amie à entrer. Velvet referma la porte et sans donner d'explication, elle passa ses bras autour de Vox pour lui faire un gros câlin, histoire de le réconforter un peu.
-Allez, dit-elle sans le lâcher, je sais que c'est dur mais tu vas t'en remettre.
Elle lui frottait doucement le dos dans un geste tendre avec sa main, lui adressant un sourire plus que réconfortant.
-Je te connais Vox depuis le temps, tu as déjà survécu à bien pire. Une rupture amoureuse ne va tout de même pas t'abattre ?
Le démon serra très fort son amie contre lui, cherchant aide et réconfort dans cette accolade amical. Même si Velvet avait raison, Vox ne pouvait s'empêcher de se sentir brisé de l'intérieur, tous ces événements s'étaient enchainés beaucoup trop vite à son gout : sa rupture avec Valentino et le départ de Vicky vers (peut-être) la rédemption. Les deux démons qui lui étaient si cher à son pauvre cœur blessé l'avaient abandonné en seulement l'espace d'une semaine à peine et depuis, il s'était enfoncé un peu plus dans la dépression...
-Je ne sais pas si je vais y arriver Velvet, finit-il par avouer toujours en serrant la petite démone contre-lui.
L'Overlord des réseaux-sociaux se décolla de son ami et prit l'une de ses mains dans les siennes avec tendresse.
-Mais si tu vas y arriver, tu as simplement besoin qu'on te change les idées, c'est justement pour ça que je t'emmène avec moi en ville aujourd'hui. Voir autre chose que l'intérieur de ton appart' te fera le plus grand bien, ça va faire une semaine que tu ne sors plus...
-Parce que j'ai pas envie...
-Mais je t'assure que prendre l'air te ferait du bien et au moins comme ça tu ne passeras pas la journée à remuer tes problèmes dans ta tête.
Vox levit les yeux au ciel et retira sa main de celles de Velvet, il n'avait vraiment pas envie de sortir, il aurait préféré rester au fond de son canapé pour poursuivre All of Us Are Dead bien tranquillement. D'un autre côté, il n'avait pas envie non plus de faire de la peine à Velvet, elle était si gentille avec lui, c'était une vraie amie dévouée et soucieuse, sans compter qu'il l'avait déjà blessé hier soir en plus...
-Au fait Velvet, je voulais m'excuser pour mon comportement d'hier soir, j'ai été un peu sec avec toi alors que tu voulais simplement m'aider...
-C'est rien t'inquiètes, c'est oublié. J'ai bien compris que je t'énerver à te parler de Valentino, je ne le ferai plus promis, je sais maintenant que c'est encore trop tôt pour te parler de lui.
Elle lui saisit le bras et le tira vers la porte d'entrée.
-Pour le moment, on va passer une journée d'enfer, j'ai prévu plein de choses pour te remonter le moral ! Allez, met ta veste et tes chaussures, plus vite on y sera plus nous ferons de choses ensemble !
Vox n'opposa pas de résistances et esquiça un léger sourire face à l'excitation de Velvet, elle semblait avoir vraiment envie de passer du temps avec lui malgré ses aires de zombie dépressif. Alors il enfila ses chaussures de tous les jours, sa veste et son légendaire chapeau haut de forme, avant de fermer la porte de son appartement à clé et de suivre son amie jusqu'à sa voiture.
Velvet avait réussi à obtenir récemment son permis de conduire et s'était acheté une voiture, bien qu'il ne soit pas nécessaire d'être détenteur d'un permis pour se véhiculer en Enfer, il n'y avait pas de code de la route pour commencer, c'était la loi du plus fort même sur la route et aucun policier pour contrôler les excès de vitesse et autres délits dans les rues de Pentagram City.
La voiture de la petite Overlord était semblable à une Dacia Duster de couleur rose et noir, avec de fines rayures blanches sur le milieu des portières et elle se trouvait garée en partie sur le trottoir, pile devant la boutique de Vox. Velvet sortit la clé de son petit sac à main et appuya sur l'un des boutons, afin de déverrouiller son véhicule, elle prit place derrière le volant et invita Vox à s'installer sur le siège passager.
-Sympa ta voiture, dit-il après avoir boucler la ceinture de sécurité, ça se voit pas du tout que c'est une voiture de fille.
-Gnagnagna, répondit Velvet en grimaçant, c'est ça critique !
Le démon de la télévision émit un petit rire face à l'attitude enfantine de Velvet, avant de se tasser dans le fond de son siège. Il regarda en silence les paysages défiler sous ses yeux par la vitre de la voiture de son amie, laissant son esprit vagabonder bien au-delà de l'Enfer. Il songea – encore une fois – à Vicky, se demandant si elle allait bien et surtout si personne ne l'embêtaient et en particulier cette ordure d'Alastor. C'était fou à quel point il s'était montré protecteur envers elle, comme s'il s'agissait de sa petite-sœur. Dès l'instant ou il avait appris le lourd passé de la jeune femme, il n'avait eu de cesse de vouloir la protéger de tous les dangers potentiels de l'Enfer. Savoir qu'elle avait été violée et en particulier battue par son propre père et son ex-petit-ami le répugnait et l'énervait au plus haut point, jamais il n'avait laissé les êtres qu'il aimait se faire malmener par des brutes, surtout pas les deux seuls membres de sa famille qui comptaient tant pour lui dans sa vie : sa mère et sa petite-sœur...
Sa chère petite-sœur...
Un visage et un nom apparurent dans l'esprit de Vox : Isabelle. Ils avaient 9 ans d'écart, mais le lien fraternel qui les unissaient à l'époque était tellement fort, Vox se souvint d'avoir eu une grande complicité avec Isabelle et un amour fraternel sincère, il était toujours là pour elle lorsqu'elle avait besoin d'aide et inversement...
Quiberon (Département du Morbihan), 18 Juillet 1932, Vox à 16 ans :
Le va et vient des vagues contres les rochers de la presqu'île de Quiberon donnait une ambiance paradisiaque au lieu. Perché sur un bout de falaises, les pieds dans la mer, une jolie petite maison en pierres grises se dressaient de toute sa splendeur face à l'Océan Atlantique, une petite brise marine venait secouer quelque peu les arbres du domaine.
Alexandre se baladait furtivement dans le jardin, à la recherche de quelque chose... ou plutôt de quelqu'un : sa petite-sœur. Les deux frères et sœurs faisaient une partie de cache-cache dans le jardin de leur maison de vacances, profitant au maximum du beau temps et des grandes vacances d'été, avant le retour de la rentrée des classes en Septembre.
-Isabelle ! Je sais que tu es caché dans le coin, je finirais bien par te trouver, petite coquine !
Beau garçon de 16 ans, des cheveux noirs un peu en bataille, des yeux marron – roux presque rouge, Alexandre portait à merveille la chemise blanche à moitié déboutonné à cause de la chaleur, laissant voir le haut de son torse relativement musclé pour son âge. Sa cicatrice barrant son œil droit lui donnait un petit air charmant, bien qu'elle soit source de beaucoup de souffrances pour lui.
Le garçon entendit un bruit de branche cassé et des feuilles remuer à sa droite, suivie de bruit de pas semblant prendre la fuite. Il se dirigea donc dans cette direction, en marchant sur la pointe des pieds, histoire de surprendre un peu mieux sa « proie ». Il écarta les branches du buisson et vit une petite fille blonde aux yeux bleu semblant chercher une issue pour s'enfuir, mais la végétation était danse autour d'elle et elle ne pouvait plus avancer.
-Trouvé Isa !
La petite fille se retourna et se mit à rire, elle s'avança dans la lumière et Alexandre découvrit sa petite-sœur de 8 ans, pleine de feuilles dans les cheveux et les vêtements un peu sale.
-C'est pas du jeu Alex, toi tu es bien plus grand que moi et tu cours plus vite ! Se plaignit la fillette.
-Peut-être, mais moi je ne peux pas me cacher dans des petits endroits comme toi tu le fais. Il n'y a pas que des avantages à être grand.
Isabelle sourit de toutes ses dents blanches, avant de se jeter au cou de son grand-frère, elle aimait lui faire des gros câlins. Alexandre souleva la petite fille et la fit tourbillonner dans les aires, riant de bon cœur avec elle, il l'aimait tellement...
Le garçon finit soudain par perdre l'équilibre parce qu'il avait le tournis et s'écroula dans l'herbe, tenant toujours sa petite-sœur contre son torse. Isabelle continuait de rire, les bras toujours autour du coup de son frère ainé, elle s'amusait tellement avec lui.
-Je t'aime Alexandre, murmura-t-elle la joue contre son cou.
Touché par ses paroles, Alexandre sentit son cœur battre un peu plus fort. Isabelle était la seule (avec sa mère) qui ne se moquait jamais de sa cicatrice, elle était également la seule qui parvenait à le consoler lorsqu'il allait mal. A l'inverse de son père, qui lui le critiquait tout le temps et l'obligeait tout le temps à masquer sa cicatrice avec du fond de teint à chaque fois qu'il devait sortir en public, parce qu'il avait – je cite : « honte d'avoir un fils défiguré ».
-Moi aussi je t'aime Isa.
Il serra à son tour la petite-fille contre lui, caressant ses mèches blondes avec douceur lorsque soudain, des cris venant de la maison attirèrent l'attention des deux frère et sœur :
-IDIOTE !!! RAMASSE-MOI CA TOUTE DE SUITE ! INCAPABLE !!!
-Je... je suis désolée, répondit une voix timide, je... je ne l'ai pas fait exprès !
Un petit cri de douleur s'ensuivit puis, le père d'Alexandre et d'Isabelle sortit de la maison, l'air très en colère. Il s'alluma un cigare et s'assit sur l'un des murs en brique qui délimitait le terrain, maugréant des injures à peine audibles.
-Papa et maman se sont encore disputés ? Demanda Isabelle à son grand-frère.
Alexandre regarda un court instant sa petite-sœur, avant de porter soudain son regard sur sa mère, qui venait à son tour de sortir de la maison, elle s'avançait vers eux. De là ou il se trouvait, le garçon put constater que sa mère pleurait, mais elle essuya ses yeux larmoyant d'un revers de sa manche de chemise.
Arrivée à une certaine distance, Isabelle quitta les bras de son frère et vint à la rencontre de sa pauvre mère :
-Maman ! Cria-t-elle.
Voyant sa fille arriver, la mère se força à sourire et prit Isabelle dans ses bras. Alexandre se releva et regarda sa mère avec minutie, un gros bleu sur le coin gauche de son front qu'elle n'avait pas ce matin attira particulièrement son attention, d'autres lui couvraient les avant-bras et le haut de la poitrine, mais elle tentait de les cacher avec ses vêtements.
-Maman ? Est-ce que...
-Tout va bien mon ange ! Le coupa sa mère. Ton père et moi... nous nous sommes encore disputés, c'est tout.
Alexandre fronça les sourcils et demanda en pointant le nouveau bleu de sa mère du doigt :
-Et ça ?
Sa mère sembla gênée par la question de son fils, des larmes lui montèrent aux coins des yeux et elle mit un moment à répondre :
-Je... je me suis cognée la tête au coin de l'un des placards de la cuisine, je... je ne l'avais pas vu. Ne t'en fais pas mon chéri, il... il disparaitra tout comme mes autres bobos accidentels.
-Tu es trop maladroite maman, se mit à sourire Isabelle, tu te fais mal tout le temps.
-Oui ma chérie, je sais.
Alexandre demeura un instant dubitatif, sa mère se faisait mal très souvent en ce moment, quasiment tous les jours un nouveau bleu apparaissait sur son corps et curieusement, toujours après une dispute avec son père. Etrange coïncidence tout de même...
-Je suis venu vous chercher les enfants, reprit la mère, votre père a décidé d'aller au marché du village aujourd'hui. Il... il exige que vous vous changiez par contre...
-Mouais, rétorqua Alexandre, il veut qu'on s'habille bien parce qu'il ne faudrait surtout que nous lui fassions honte en public, surtout moi je parie !
La maman fit comme si elle n'avait rien entendu et s'empressa d'ajouter à l'attention de son fils :
-Je vais t'aider à cacher ta cicatrice, j'ai sorti le fond de teint.
Alexandre levit les yeux au ciel d'un air lassé, il en avait assez de toujours devoir maquiller sa cicatrice avec des produits de beauté pour femmes, ne serait-ce pas plus simple que son père l'accepte tel qu'il était réellement ?
-Allez, dépêchez-vous les enfants, sinon... votre père va encore s'énerver.
La pauvre femme s'était mise à trembler de tout son corps en achevant sa phrase, le garçon avait bien compris depuis longtemps que son père était méchant avec sa mère et lui faisait peur... très peur. Malheureusement, il ne savait pas quoi faire pour remédier à ça...
-On va faire vite maman, promis.
Il avait prit la main de sa mère dans la sienne et l'avait pressé tendrement comme pour lui montrer son soutien, ce à quoi il avait vu les yeux de sa mère se remplir de larmes...
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