Alastor revint à l'intérieur de l'hôtel après avoir passé vingt bonnes minutes sur la terrasse, en plein vent, il se sentait mieux maintenant... enfin, un peu. La sensation des mains de Vicky sur la peau nue de son torse lui était resté en mémoire et ce qui le perturbait beaucoup c'était qu'il n'avait pas trouvé ça désagréable du tout, pourtant d'habitude il détestait qu'on le touche. Alors, pourquoi avait-il trouvé ce contact en particulier agréable ? Pourquoi n'avait-il pas repoussé Vicky ? Qu'est-ce qui clochait chez-lui depuis le début de la journée ? Il n'en savait rien et en même temps, il le savait tout en refusant de voir la vérité en face. Se pourrait-il qu'il soit... de nouveau tomber amoureux ? Après toutes ces années écoulées ? En tout cas, cela ne faisait même pas une journée qu'il connaissait Vicky mais il était sûr d'une chose : cette femme le rendait fou sans même le vouloir.

Le démon de la radio avait encore en tête le délicieux parfum fruité de la jeune femme, qui lui avait chatouillé les narines dès l'instant ou elle s'était trouvée près de lui, ses magnifiques yeux bleu clair qu'il avait longuement contemplé lors de leur dernier face à face et enfin, bien évidemment, la douceur de ses petites mains sur son torse il n'y avait pas plus tard qu'une heure, dans la cuisine...

Mais l'image de cette garce de Charlène revint également en mémoire d'Alastor, cette femme machiavélique qui l'avait rendu asexuel, le dégoutant à tout jamais (ou presque) de l'amour, de la vie de couple et même des contacts physiques... Si elle était en Enfer et sûr qu'elle y était vu son comportement dans sa vie, l'Overlord de la radio ne l'avait pas encore croisé mais si un jour il la revoyait... il ne savait pas trop s'il pourrait se retenir de lever la main sur elle malgré son éducation à l'ancienne, qui faisait que jamais un homme ne devait violenter une femme.

Alastor entra dans le réfectoire du Happy Hôtel, la mine assez songeuse. Charlie vint à sa rencontre :

-Al ? Vous vous sentez mieux ?

-Un peu mieux, merci. Navré de ne pas avoir pu assurer le service pour le déjeuner...

-Ne vous inquiétez pas, répondit la princesse des Enfers, Husk s'est occupé de tout... non pas sans râler évidemment mais il s'est chargé de distribuer le repas à tout le monde.

-Oh ? S'étonna Alastor. Euh... parfait. Ne vous inquiétez pas ma chère, je serai opérationnel ce soir pour assurer le diner.

Charlie l'observa tripoter nerveusement le manche de son microphone et lui dit :

-Vous êtes sûr que vous allez bien ? Je vous trouve bizarre depuis le début de la journée...

Le démon de la radio se sentit quelque peu gêné et répondit assez rapidement :

-Oui oui, je vous assure que je vais bien myladie ! Bon... euh... et si nous passions à table ? En plus, j'ai cuisiné une excellente purée de pommes de terre maison, le tout accompagné d'un succulant poulet. Vous verrez, vous allez vous régaler !

Joignant le geste à la parole, Alastor fit disparaitre son microphone et s'empressa de se diriger vers le fond du réfectoire, là ou Husk se chargeait de distribuer le repas à sa place. Charlie l'observa, tout en trouvant qu'il avait changé de sujet bien trop rapidement pour que cela ait l'air crédible... Qu'est-ce qui clochait chez le légendaire démon de la radio ?

-Aaaah, mon cher Husker, dit l'Overlord en prenant un plateau-repas, alors comme ça tu assures le service à ma place ?

Le démon chat grogna quelque chose et menaça le démon de la radio avec la louche pleine de purée :

-Arrête de te foutre de ma gueule ! Faire le service de la bouffe c'est pas mon job à la base ! T'étais passé ou, putain ?!

Et tout en parlant, Husk avait agité la louche pleine de purée, en répandant au passage sur la veste d'Alastor.

-Navré mon ami, je me sentais quelque peu souffrant, répondit l'Overlord en essuyant la purée qui maculait sa veste avec une serviette en papier.

-Ouais ben tâches de te sentir mieux pour le diner, moi je referais plus ça !

-Oui promis, sourit Alastor de toutes ses dents.

Il tendit son assiette vers Husk et ajouta :

-Mais en attendant, puisque tu assures le service, tu veux bien me servir s'il te plait ?

Husk soupira et arracha presque l'assiette des mains de son interlocuteur, il y déposa une bonne quantité de purée et une cuisse de poulet chargé en sauce, avant de la rendre à son propriétaire :

-Tiens ! Et maintenant dégage !

-Merci bien mon ami.

Alastor se saisit de couverts et d'un verre et prit une pomme dans une corbeille de fruits en guise de dessert et vint s'assoir à sa table habituelle, là ou se trouvaient déjà Vaggie, Angel Dust, Niffty et... Vicky !!! Que faisait-elle là ? Cette table était réservée aux membres du personnel à la base, à part Angel, personne d'autres n'étaient sensé y venir...

-Angel l'a invité à venir manger avec nous, expliqua Vaggie à Alastor, ça te dérange ?

Le démon de la radio était assis juste en face de Vicky, la jeune femme discutait avec Angel et Niffty avec beaucoup d'entrain, riant de temps à autres aux blagues du démon araignée et racontant sa vie à la petite femme de ménage, qui voulait en apprendre toujours plus sur elle.

-Non... pas du tout, répondit le démon de la radio en rougissant de plus belle.

Le souvenir de l'incident dans la cuisine lui revint en mémoire et il fut incapable de regarder Vicky. Ses bouffées de chaleur le reprirent... Charlie posa son plateau entre Vaggie et Alastor et s'installa le sourire aux lèvres, sans même se douter qu'il se passait quelque chose. La présence de Vicky à la table du personnel ne semblait pas la perturber plus que ça, car elle adressa un sourire amical à la jeune femme, avant de couper en petits morceaux sa cuisse de poulet.

-Bon appétit tout le monde ! Dit-elle en souriant de toutes ses dents blanches.

De l'autre côté de la table, Vicky avait un peu de mal à manger à cause de ses deux nouveaux amis qui soit la faisait rire, soit lui poser trop de questions :

-... le pire c'est que le mec est reparti en chialant sa mère, juste parce que je lui ai dit que sa tête ressemblait à une bite périmée depuis le Moyen-Âge, disait Angel visiblement fier de lui.

Le démon araignée était encore en train de raconter une anecdote de son « travail », aux deux filles et fut assez surpris de ne pas entendre Vicky éclater de rire, comme le faisait Niffty.

-C'était pas marrant ?

-C'est méchant, répondit Vicky, il ne faut jamais juger quelqu'un sur son physique, on peut facilement vexer les gens et en particulier ceux qui sont différents, ou complexer par une partie de leur corps...

Vicky savait de quoi elle parlait, elle qui avait souffert d'harcèlement scolaire dans son enfance... et elle semblait posséder ce point commun avec Vox. Un jour, elle avait fouillé dans son bureau sans sa permission et était tombé sur quelques photos de lui du temps ou il était encore humain...

C'était seulement quelques semaines après que Vox ait accueilli Vicky chez-lui, la jeune femme était seule dans l'appartement de l'Overlord, son hôte se trouvait à l'étage d'en dessous, dans sa boutique de multimédia et elle s'ennuyait ferme.

Vicky avait finit toutes les tâches ménagères dont elle avait la charge et ne savait pas trop quoi faire. Elle déambulait sans but précis dans le couloir de l'appartement lorsqu'elle remarqua une pièce dans le fond de ce dernier, dont la porte habituellement verrouillée était entre-ouverte : c'était le bureau de Vox. C'était la seule pièce de l'appartement ou Vicky avait interdiction d'aller, mais elle était de nature curieuse.

Et puis, Vox n'est pas là, pensa-t-elle, si je jette un coup d'œil il n'en saura rien.

Elle poussa la porte et découvrit une pièce assez impressionnante. Un bureau comportant trois ordinateurs fixes, du matériel pour jouer à des jeux-vidéo comme une Nintendo Switch et un ordinateur spécial gamer, un fauteuil en cuir d'aspect confortable et divers papiers éparpillées un peu partout se trouvaient au centre de la pièce, sur chaque mur des dizaines d'écrans étaient répartit, un peu comme dans une cabine de surveillance ou tous les écrans étaient reliés à des caméras de surveillances.

Vicky entra dans la pièce et observa tout ce qui l'entourait. Sur l'un des murs de la pièce – le seul qui ne comportait pas d'écrans – des centaines de photos et posters y étaient accrochés et la plupart étaient des photos de Vox avec Valentino, en train de s'embrasser ou de se câliner.

Pour les posters, ils représentaient soit des chanteurs et chanteuses ou même des groupes que Vox appréciait, tel Michael Jackson, Katy Perry, Metallica, Maroon 5, Lady Gaga, Shakira, Edith Piaf, Phil Collins, Rick Astley et tant d'autres... soit des films dont il était fan : Retour vers le Futur, Ghostbuster, Jurassic Park, Transformers, Pirates des Caraïbes, Star Wars, Marvel MCU et DC Comics... mais également des films d'horreurs tel Annabelle, The Conjuring, Resident Evil, Chucky et tant d'autres qui fichaient la trouille à Vicky.

La jeune femme baissa le regard vers le fauteuil en cuir et eu une folle envie de s'assoir dedans, pour voir s'il était aussi confortable qu'il en avait l'air. Vox était toujours en bas, il n'y avait donc aucune chance pour qu'il remonte de ce pas...

Vicky s'assit dans le fauteuil et en effet, ce dernier était super confortable. Monté sur un pied tournant, elle s'amusa telle une enfant à faire tourner le fauteuil dans tous les sens, comme si elle était dans un manège, dans un parc d'attraction. A force de tourner sur elle-même, Vicky stoppa le fauteuil car elle commençait à avoir le tournis et puis, il ne faudrait pas qu'elle le casse, gare à ses oreilles sinon, Vox ne serait pas content du tout...

Son regard fut aussitôt attiré par un dossier d'aspect assez vieux, qui dépassait dessous une pile d'autres documents, dans l'une des cases de rangement du bureau. La jeune femme le saisit prudemment et le tira vers elle, afin de le sortir. Elle écarta quelque peu les dizaines d'autres feuilles qui encombraient le bureau et ouvrit le dossier, découvrant avec stupeur des photos en noir et blanc, qui semblaient daté des années 1920.

-Wouah, murmura Vicky en réalisant qu'elle tenait un morceau d'histoire entre ses mains.