Chapitre 31
Chapitre 31.
Kyle referma la porte de la salle de classe vide qu'ils avaient trouvé pour pouvoir parler sans être dérangé. Griffin avait accepté d'accorder quelques courtes – il le lui avait précisé avant de le suivre – minutes à Kyle, car ce dernier était un vieil ami qu'il connaissait depuis qu'il avait intégré l'équipe de foot il y a six ans de cela, qu'il souhaitait lui donner la chance de s'expliquer sur son comportement et qu'il avait également des choses à lui dire.
Il n'avait pas eu l'occasion de reparler à Kyle depuis que celui-ci avait tabassé Kors et il avait encore cet épisode sur le cœur.
Griffin s'appuya contre un pupitre pour pouvoir mettre ses béquilles de côté et surveilla le blond du regard qui vint se placer deux bureaux plus loin en face de lui.
— Alors, qu'avais-tu à me dire ?
Kyle paraissait un peu embarrassé. Il se craqua la nuque, puis releva ses yeux bleus glacés sur le brun.
— Je devais te le faire savoir.
Le sportif demeurait méfiant à l'égard de Kyle et son regard ne s'adoucit pas une seule seconde.
— Quoi ?
— Écoute, Griffin, ça fait longtemps que l'on se connaît toi et moi... et... et j'ai toujours pensé que tu étais hétéro. Voilà pourquoi je ne t'ai jamais approché dans ce sens-là, j'étais persuadé que si je le faisais, je me ferais rejeter. Puis, tu t'es fait kidnappé... j'étais heureux de savoir que tu t'en étais sorti : mon cœur a même raté un battement quand j'ai appris ta disparition au télé-nouvelles quelques jours avant ! Mais tu es revenu et... tu avais changé. Je comprends, cette expérience avait dû te traumatiser et j'aurais pu t'aider avec ça, mais tu as ramené Kors à notre table et tu t'es mis à lui faire les yeux doux... ! Comment étais-je sensé réagir ?! Je venais de passer six ans à cacher que j'en pinçais à mort pour toi en te croyant hétéro – en même temps, tu te tapais des filles en série et tu n'arrêtais pas de parler des prouesse d'Ashley et toi au lit dans les vestiaires ! Alors il était difficile de penser autrement ! –, puis du jour au lendemain, tu arrivais et te déclarais amoureux d'un autre mec ?!
Griffin resta abasourdi. De tout ce que Kyle aurait pu lui dire, jamais il ne se serait attendu à ça. Comment avait-il pu passer à côté des sentiments du blondinet pendant ces six dernières années ? Avait-il autant été obsédé par les filles, le foot et les études au point de ne même plus remarquer ce genre de chose ?
— J'étais hors-de-moi, avoua Kyle, et j'ai fait des conneries... Je pensais qu'en faisant fuir Kors, en me débarrassant de lui, je pourrais te récupérer..., mais je n'imaginais pas que ça puisse aller aussi loin. Mais merde ! Ma petite sœur à fait une confession amoureuse à la personne que je détestais le plus sur la Terre à ce moment-là, alors ça m'a rendu fou... ! Kors ça ensuite prétendu que votre relation était de la foutaise et qu'il ne t'aimait pas... je ne comprenais pas ce que tu fichais avec un mec pareil, quelqu'un qui ne te retourne même pas ses sentiments !
Griffin secoua la tête et répliqua calmement :
— Qui j'aime ne te regarde pas, Kyle, je fais ce que je veux avec mes sentiments. Ma relation avec Kors ne regarde que moi et elle me convient comme elle est.
— Je sais bien ! Mais je... je n'ai pas bien réagi sur le coup ! J'étais très en colère, haineux aussi, alors je suis allé me renseigner sur l'homme qui vous avait kidnappé... Au départ, je voulais juste faire une blague, foutre la trouille à Kors pour qu'il parte, mais c'est aller plus loin que je ne l'aurais voulu... Je suis tombé en contact avec John et il a menacé de kidnapper Anna si je ne l'aidais pas... Alors, j'ai cambriolé la maison de Kors et j'ai fait tout ce qu'il m'a demandé. Après ça, je me sentais trop honteux pour rester vos amis, alors j'ai coupé les ponts avec tout le monde et j'ai jeté mon portable pour effacer les preuves.
Griffin serrait les lèvres avec colère. Il avait envie de tuer Kyle sur le champ parce qu'il avait osé faire du mal à Kors ! Il lui fallut son plâtre et toute la maîtrise du monde pour s'en empêcher.
— Comment as-tu osé ?! grogna-t-il d'une voix sourde.
— Je sais, j'ai fait des conneries... J'en suis franchement désolé, crois-moi ! C'est juste que... encore même aujourd'hui... je ne comprends pas ce que tu trouves à Kors ! Je suis jaloux, Griffin ! Je suis jaloux qu'il ait pu t'avoir sans même faire d'efforts, alors que je me cache depuis six ans.
Si Kyle prononçait un mot de plus, Griffin avait vraiment l'impression qu'il aurait du mal à se retenir de le frapper.
— Te cacher était ton choix. Peut-être qu'il y a un an, ça aurait pu fonctionné entre nous, mais aujourd'hui, tu n'as plus aucune chance. Rentre-toi bien ça dans le crâne : j'aime Kors et si tu ne veux pas que je te haïsse et te méprise pour le restant de tes jours, tu devras faire des efforts et t'excuser auprès de lui. Mes sentiments ne changeront pas, alors à toi de changer les tiens.
Kyle baissa les yeux au sol.
— Je ne veux pas que tu me haïsses... je ferai ce qu'il faut pour que ça n'arrive pas, mais laisse-moi du temps...
Griffin balaya le blond du regard.
— Je vais devoir prévenir la police, prévint-il. Ils feront correspondre les preuves ADN et tu ne pourras pas leur mentir.
— Je ne t'en tiendrai pas rancune... Tu pourrais me faire souffrir, me frapper si tu le voulais, je me laisserais faire sans mot dire, je ne mérite plus ton amitié après ce que j'ai fait... Mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour la regagner et ravoir ta confiance.
— Alors, moi aussi, j'aurai besoin de temps, lâcha Griffin. Je ne peux pas te promettre que les choses reviendront un jour comme elles étaient avant, je ne crois pas que ce soit possible...
— Je comprends.
— Très bien, alors je crois que nous n'avons plus rien à nous dire.
***
Kors n'avait jamais couru aussi vite. Après les révélations d'Anna, il avait couru à l'intérieur pour retrouver Griffin et lui faire partager ce qu'il avait appris, mais quelle ne fut sa surprise quand il ne vit pas le sportif à la table où il mangeait habituellement. Il balaya l'équipe de football de l'école du regard, des points d'interrogation dansant dans son regard :
— Griffin n'est pas là ? demanda-t-il, pressé.
Ce fut Jackson qui lui répondit :
— Kyle est venu, il voulait lui parler. Griffin est parti avec lui.
Le cœur de Kors manqua un battement. Une vague d'inquiétude et de peur le submergea d'un seul coup.
— Où sont-ils allés ?
Jackson ne sembla pas remarquer son angoisse et c'était très bien comme ça.
— Oh, je ne sais pas, ils ne me l'ont pas dit, mais ils cherchaient un endroit tranquille, alors ils sont probablement allés dans une salle de classe vide.
Sans même prendre le temps de remercier l'autre adolescent, Kors déguerpit comme un lapin. Il y avait, peut-être, une soixantaine de salles de classe dans l'école. Il avait le temps de toute les parcourir pour trouver Griffin et Kyle le plus vite possible.
Au bout de dix minutes, il trouva le local où les deux adolescents s'étaient enfermés. Kors colla son oreille contre la porte, s'assurant de ne pas se faire voir. Il arriva au moment de la conversation où Griffin clamait une nouvelle fois à quelqu'un qu'il l'aimait. Le rebelle sentit son visage s'empourprer. Pourquoi n'avait-il donc pas cette facilité d'expression comme Griffin ? Les choses en seraient d'autant simplifiées... Mais il ne pouvait pas s'empêcher de prendre la mouche dès que le footballeur le poussait à dévoiler une partie de ses sentiments.
Il y eut un silence où Kors crut avoir été repéré, mais finalement, Kyle confessa son crime. Précipitamment, Kors tâtonna sa poche et en sortit son portable. Il activa le mode enregistreur et le colla contre la porte pour capter le moindre mot de cette conversation entre Griffin et Kyle. Ainsi, il aurait des preuves à présenter à la police quand il irait dénoncer le blond.
Méfiant, Kors était tout de même soulagé de voir que Kyle ne projetait pas de faire le moindre mal à Griffin – dont la mobilité était grandement réduite à cause des béquilles –, car c'était ce qui l'avait inquiété le plus.
L'échange entre les deux adolescents se termina et il entendit le bruit des béquilles de Griffin frapper le sol. Il se décala de la porte et fourra rapidement son téléphone dans sa poche. Quand il ouvrit la porte et sortit du local, une vive surprise s'afficha sur le visage du sportif en le voyant là :
— Kors ?
Kyle sortit tout juste derrière lui et ses joues s'enflammèrent tout comme ses yeux s'écarquillèrent en apercevant le rebelle.
— Je vais vous laisser, balbutia le blond, visiblement rendu assez mal à l'aise par la présence du garçon qu'il avait tant détesté et fait souffrir.
Kyle disparut au bout du couloir, les laissant seuls.
— Qu'est-ce que tu fais là ? reprit Griffin.
— Que t'a dit Kyle ?
Griffin parut un peu embêté et son regard s'assombrit.
— Ça ne te plaira pas...
— Je sais déjà ce qu'il a fait : Anna me l'a dit.
— Alors, c'est pour ça que votre échange de DVD a pris autant de temps ?
Kors rougit en se souvenant de son petit mensonge.
— Oui, c'est pour ça...
— Hum... et pourquoi t'es-tu rendu ici ?
— Jackson m'a dit où te trouver et je m'inquiétais de te savoir seul avec Kyle...
— Pas à cause de mes béquilles, j'espère !
Griffin détestait vraiment son plâtre, mais il détestait encore plus que les gens le voient soudainement comme un impotent incapable de s'occuper de simples tâches et de se défendre.
Même si Kors ne souhaitait pas le traiter comme un incapable, il serait mentir de dire qu'il n'avait pas eu peur que les béquilles de Griffin l'empêche de se défendre convenablement si Kyle l'attaquait. Son silence fut suffisamment éloquent.
— Cela fait combien de temps que tu es là ? demanda Griffin, cachant du mieux qu'il pouvait qu'il était vexé.
Il pouvait essayer de le cacher, mais ça n'échappa pas à Kors.
— De bonnes minutes, avoua le rebelle.
— Tu as eu le temps d'entendre quelque chose ?
— Eh bien, j'ai entendu toutes ces choses comme quoi tu m'aimerais. Je les avais déjà entendus ce matin quand j'ai surpris ta conversation avec Ashley...
Kors ne s'y était pas attendu, mais une légère rougeur avait pris place sur les joues de Griffin. C'était la première fois qu'il le voyait rougir.
— Et alors ? fit le sportif en se mordant la lèvre.
— Je me demandais si tout cela était vrai ?
La rougeur se dissipa sur les joues de Griffin, alors que le footballeur retrouvait toute cette assurance qui lui était propre.
— Pourquoi ne le seraient-elles pas ? Je n'ai pas pour habitude de dire des choses que je ne pense pas, je croyais que tu le savais. Bon, je suppose qu'il n'y aura jamais de bons moments pour te le dire, alors autant faire ça maintenant, si jamais ce n'était pas déjà clair dans ta tête : je t'aime, Kors.
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