Chapitre 20
Chapitre 20.
Kors avait été amené en ambulance. Il était à l'hôpital. Il avait eu une ouverture au niveau du crâne ce qui avait nécessité des points de sutures, mais ce n'était pas trop grave, il allait s'en sortir. Il était sorti du bloc opératoire voilà déjà une heure.
Griffin l'avait accompagné dans l'ambulance et il s'était rongé les sangs pendant tout le temps où il n'avait eu aucune nouvelle. Maintenant, il était assis sur une chaise de plastique noire près du lit de Kors qui ne s'était pas encore réveillé.
Juste le regarder lui faisait mal au cœur. Kors était branché à toutes sortes de machines qui faisaient « bip », la tête enveloppé dans un bandage blanc, sa peau si blanche qu'elle contrastait violemment avec ses tatous et tous ses piercings lui avaient été retirés pour l'opération.
Mais il n'y avait pas que ça qui lui serrait le cœur...
— Griffin ?
Le sportif secoua la tête, sortant de ses pensées, et riva tout de suite son regard sur Kors qui avait faiblement ouvert les yeux et tourné la tête dans sa direction.
— Hey, lui murmura-t-il. Tu te sens comment ?
— Comme dans du coton, avoua Kors, grimaçant, tout en levant un bras et en tapotant doucement sa tête pour sentir le bandage sous ses doigts. Qu'est-ce qui est arrivé ?
— Tu as perdu connaissance après que Kyle t'ait frappé et tu t'es heurté la tête sur le plancher et ton casier.
— Je savais que l'école finirait par me tuer..., grogna Kors.
Mais à cet instant, il en voulait beaucoup plus à Kyle qu'à l'école ou à sa case. Bien qu'il n'appréciait ni l'un ni l'autre.
— Ils ont dû te faire des points de sutures dans le crâne parce que tu avais une hémorragie. Mais ça va, ce n'est pas très grave, tu vas t'en sortir. Dans le pire des cas, tu garderas peut-être une petite cicatrice. Voyons le bon côté des choses : ils n'ont pas eu besoin de te rendre le crâne chauve pour faire l'opération, car par chance, ta blessure se trouve là où tu portes tes cheveux déjà rasés.
C'était une mince consolation, mais c'était déjà ça.
Kors, encore un peu dans les vapes analysa la chambre aux murs blancs dans laquelle il se trouvait, puis suivit des yeux les tuyaux qui étaient branchés dans ses bras.
— C'est quoi, tout ça ? demanda-t-il, tentant de trouver une utilité quelconque à chaque dispositif.
Avant que Griffin puisse répondre quoique ce soit, une infirmière entra dans la chambre avec un chariot.
— Vous êtes réveillé, monsieur Kors, comment vous sentez-vous ?
— Comme si je venais de me réveiller après avoir dormi pendant mille ans.
— C'est très normal, ne vous inquiétez pas. C'est la morphine qui fait ça.
— Je suis sur la morphine ?
— Oui, vous pouvez régler la dose juste là, rajouta-t-elle en lui désignant une petite roulette accrochée sur un des tubes qui rentraient dans son bras.
Griffin se tint légèrement en retrait pendant que l'infirmière faisait son boulot. Elle poursuivit, d'ailleurs, en tendant un petit pot pharmaceutique à Kors :
— Voici vos médicaments, il vous faudra idéalement les prendre aux six heures.
Le rebelle regarda le pot d'un œil plus que mauvais.
— Je ne vais pas les prendre, je ne peux pas prendre ça, dit-il.
— Pourquoi ? Vous avez des allergies qui ne seraient pas mentionnés dans votre dossier ?
Kors secoua la tête.
— Non, mais je vienne d'arrêter la drogue et les abus de médicaments – ou j'essaie d'arrêter –, alors je ne crois pas que ce serait bon pour moi de prendre ça.
À vrai dire, il était plus qu'effrayé à l'idée de prendre ce cocktail de pilules et de replonger.
— Écoutez, monsieur Kors, vous avez dix-huit ans, alors je ne peux pas vous forcer à les prendre, mais je ne fais que mon boulot. Alors, je vais vous les laisser ici, dit-elle en déposant le pot sur la table de chevet près du lit, et vous en prendrez si vous en avez envie, mais entre nous deux, je vous conseille fortement de les prendre, car c'est le docteur qui les a prescrits pour vous.
Kors hocha la tête, mais il était déterminé à ne rien prendre. Il ne voulait pas se droguer devant Griffin et passer pour un addict' en manque devant lui. Quand l'infirmière fut partie, il baissa même sa dose de morphine au minimum qu'il lui fallait pour être capable de supporter la douleur qu'il ressentait dans son crâne. C'était comme si un grand gong était frappé à toutes les secondes dans sa tête et c'était une sensation horrible.
— C'est bien, le complimenta simplement Griffin, je suis fier de toi, mais je ne t'en voudrai pas si tu veux les prendre, si jamais tu as trop mal. Je n'encouragerai jamais personne à aller à l'encontre de ce que lui dira de faire son médecin.
Kors haussa les épaules.
— Je sais.
Il se pinça les lèvres, puis se décida à finalement poser la question qui lui torturait l'esprit depuis qu'il avait ouvert les yeux :
— Est-ce que c'est toi qui m'a trouvé inconscient ?
— Ouais, juste après avoir frappé Kyle.
— Tu... tu l'as frappé ?
Lui, il avait à peine été capable d'effleurer le blond. Il devait avouer que son amour-propre en prenait un coup, là.
— Il venait de te mettre K.O., j'étais en colère. Je le suis toujours, d'ailleurs, Kyle va avoir des explications à me fournir.
Kors réalisa brusquement quelque chose.
— Mais si tu l'as frappé, c'est que tu étais là ? Qu'est-ce que tu as entendu ?
Le rebelle avait soudainement peur d'entendre la réponse.
— Je suis arrivé au moment où tu disais « il me dérange, même... », si je ne me trompe pas.
Kors aurait voulu disparaître sous terre.
— Oh, alors tu as entendu ça...
Il se sentait encore plus mal maintenant. La vérité, c'était que tout ce qu'il avait dit à Kyle, il lui avait dit sous le coup de la colère et il n'en pensait pas réellement un mot. Il espérait que Griffin le sache.
— Écoute, Kors, si tu penses vraiment toutes ces choses que tu as dites à mon sujet, je t'encouragerais à me les dire en face maintenant que je suis là, car je n'ai pas besoin de les apprendre de quelqu'un d'autre et j'aimerais mieux que les choses soient claires entre nous deux. Si je te dérange, si tu ne m'aimes vraiment pas... dis-le moi.
Kors soupira, puis ferma les yeux.
— Je... il m'a poussé pour que je dise ces choses, ok ? Ce n'était pas ce que je voulais dire...
— Alors, que voulais-tu dire ?
Le tatoué se mordit la langue.
— Je... je ne sais pas !
Griffin soupira longuement.
— Alors, je crois que nous n'avons plus rien à nous dire. Viens me voir si jamais tu sais ce que tu ressens.
Le sportif ramassa son sac et se dirigea vers la porte. Kors tandis la main dans sa direction.
— Attends, Griffin, non...
Mais la porte se refermait déjà et Griffin était déjà parti. Merde, qu'avait-il fait... ? Il aurait dû ravaler son ego, rien qu'une fois, et dire au sportif ce qu'il pensait vraiment, lui dire qu'il appréciait toutes les choses qu'il faisait pour lui. Énervé envers soi-même, il serra son poing et le laissa lourdement tombé près de son corps.
Soudainement, la porte de sa chambre d'hôpital se rouvrit. Pendant quelques secondes, il eut l'espoir que ce soit Griffin qui ait changé d'idée, mais il s'aperçut bien vite qu'il s'agissait de l'infirmière. Il soupira. La femme vint près de son lit et déposa une rose sur son torse.
— Quelqu'un l'a faite livrée pour vous il y a quelques minutes, il y a un message avec elle.
Kors la remercia, intrigué. Il n'avait aucune idée de qui aurait bien pu lui envoyer une telle fleur. Griffin était en colère contre lui et il avait fait pleurer Anna. Restait ses parents, mais ce n'était pas vraiment le genre de cadeaux qu'ils lui enverraient habituellement... Il attrapa la tige de la fleur dont les épines avaient été ôtées, puis déroula le message qui avait été roulé autour. À mesure qu'il le lisait, son visage blêmissait :
« Je te laisse te reposer, mon beau poulain, avant de te prendre, mais ça ne saura tarder... En entendant, je vais profiter que la police soit chez-toi pour prendre ton bel ami... Si tu veux le revoir en vie, viens nous rejoindre dès que tu le pourras dans la vieille carrière. N'appelle pas la police. Bon repos et à bientôt. »
***
Griffin était énervé. Malgré la distance, il avait décidé de rentrer chez-lui à pied, parce qu'il avait besoin d'évacuer sa frustration. Kors le mettait hors de lui ! Il avait envie d'hurler sa colère sur le monde entier ! Le ciel gris et la pluie qui avait commencée à tomber n'arrangeaient en rien son humeur, alors qu'il marchait dans les rues désertées. Tout ce que l'on entendait, c'était ses pas rudes contre le sol, sa respiration rapide et les battements frénétiques de son cœur.
C'est alors que l'adolescent entendit des pneus crissés contre l'asphalte mouillé. Une camionnette blanche passa tout près de lui et, roulant dans une flaque, l'éclaboussa. Il se retourna brusquement et hurla contre le chauffeur en levant le poing :
— Non, mais ! Vous ne pouvez pas faire un peu attention ?!
Perdu dans la brume, il vit soudainement les phares de la voiture se tourner dans sa direction. Il plissa les yeux en comprenant lentement que la camionnette avait fait demi-tour et qu'elle fonçait maintenant directement sur lui.
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