Chapitre 17
Chapitre 17.
Griffin était finalement rentré chez-lui alors que Kors prenait une seconde douche. Il lui avait laissé un message collé sur un post-it sur la porte de sa chambre pour lui dire qu'il était parti et qu'ils se verraient le lendemain à l'école. De toute manière, une fine pluie avait commencé à tomber dehors et il préférait être rentré avant que l'orage éclate.
***
Quand Kors était sorti pour la deuxième fois de la journée de la douche – simple prétexte pour fuir Griffin ? – et que, avec une serviette autour de la taille, il s'était aventuré jusqu'à la porte de sa chambre, il n'avait pas pu le manquer le post-it collé sur celle-ci à la hauteur de ses yeux.
Mes parents vont s'inquiéter, alors je vais rentrer chez-moi,
On se voit demain à l'école, j'ai hâte.
A+
Griffin.
PS : Je te promets que je vais t'embrasser contre un casier, sois prêt. ;)
Pendant un moment, Kors se demanda comment il avait fait pour ne pas exploser de rage et frapper la porte à grands coups de poings. Griffin était un triple idiot qui le faisait rougir et mettre en colère à la fois ! Il se connaissait, maintenant, il n'allait pas pouvoir s'empêcher d'angoisser avec ce fichu baiser, tout ça à cause de ce connard de Griffin qui était incapable de peser ses paroles ! Il ne pensait jamais avant de parler, c'en était une véritable maladie !
— Stupide Griffin, se contenta-t-il néanmoins de grogner en arrachant le post-it de sa porte.
Il laissa tomber le petit bout de papier sur sa table de chevet, ne pouvant étrangement pas se résoudre à le jeter peu importe le nombre de minutes qu'il passait à le tenir au-dessus de la poubelle avec l'intention de le faire.
Alors qu'il se rhabillait, il constata que Griffin avait oublié un sweat-shirt dans sa chambre avant de partir. Il le ramassa et le suspendit à sa porte en se disant qu'il lui ramènerait demain. Il espérait juste que ce ne soit pas un truc du sportif pour avoir un motif histoire de revenir squatter chez-lui plus tard dans la journée. Ils n'étaient plus des gamins, après tout !
***
Comme il l'avait prédit, Kors passa la journée à angoisser sur la note que lui avait laissé Griffin. Était-il sérieux quand il avait écrit ça ? Kors était le bad boy de l'école, il ne pouvait tout simplement pas se laisser langoureusement embrassé par Griffin dans un couloir, ça casserait son image. Puis, ce n'était pas seulement ça : il ne voulait tout simplement pas être embrassé, surtout par Griffin ! Ou peut-être que son subconscient le voulait et que c'était ce qui le rendait aussi mélangé ? Il n'en savait strictement rien et il lui semblait qu'il avait mal au crâne à force de trop y penser ! Il avait grand besoin d'une pause !
En regardant l'heure, il se rendit compte qu'il faisait carrément de l'insomnie, là. Il était près de minuit, il avait de l'école le lendemain, et il ne dormait toujours pas !
— Putain ! jura-t-il.
Il enfonça sa tête dans l'oreiller, quand soudainement, sa veilleuse s'éteignit brusquement, plongeant sa chambre dans l'obscurité la plus totale. Il se figea quelques secondes, puis tenta de rallumer sa lampe de chevet en jouant frénétiquement avec le bouton, mais rien à faire. Il crut d'abord que l'ampoule avait grillée et qu'il suffirait simplement de la changer, mais quand il tenta d'allumer la lumière de sa chambre, il se rendit bien vite compte qu'il était plutôt sujet d'une panne de courant. C'était plutôt logique parce que, dehors, le vent grondait fort et il pleuvait des cordes. Un fil électrique avait dû être endommagé.
Son cœur rata un battement. Il était absolument coincé dans le noir. Il paniquait. Qu'est-ce qu'il allait faire ? Il sentait son estomac se serrer, sa respiration s'accélérer et ses dents qui claquaient.
— Merde !
Il avait beau connaître sa maison par cœur, il n'osait pas sortir de sa chambre dont il gardait la porte obstinément close. Ce n'était pas l'obscurité en tant que telle qui l'effrayait, mais bien tout ce qui pouvait s'y cacher.
Alors qu'il s'adossait à la porte pour la bloquer et s'assurer qu'il ne serait pas attaqué par derrière, les larmes le submergeant dans sa panique, ses mains touchèrent quelque chose d'inhabituelle : quelque chose qui ne se trouvait pas là d'habitude. C'est là qu'il reconnut le sweat-shirt que Griffin avait oublié. Il le serra contre lui pour occuper ses mains et tenter de se calmer et il réalisa que le vêtement était imprégné de l'odeur mentholé de Griffin.
Cette odeur lui rappela que, la veille, il avait visiblement dormi dans le noir complet sans faire de cauchemar. Parce que Griffin était là, il le réalisait maintenant. Ce n'était pas grand-chose, mais son sweat-shirt qu'il n'était pas venu récupéré (probablement parce qu'il ne se souvenait même pas l'avoir amené) pourrait bien l'aider à passer cette nuit-ci.
Prudemment, le morceau de vêtement entre les mains, Kors se releva et marcha jusqu'à son lit, sursautant au moindre bruit. Il s'enfouit rapidement sous les couvertures comme si elles pouvaient le protéger, puis se roula en position fœtale, le sweat-shirt serré contre lui. Il ferma les yeux, cherchant le sommeil loin de ses peurs.
***
Kors se réveilla fatigué ce matin-là, mais forcé de reconnaître qu'il avait passé une nuit pas trop mal que ça. Il fourra le sweat-shirt dans son sac d'école, prévoyant de le redonner à Griffin dès qu'il le verrait sans lui raconter pour cette nuit. Il préférait de loin se trancher la langue plutôt que d'avouer qu'il avait dormi avec le vêtement de Griffin collé contre lui, respirant son odeur !
Il s'habilla, déjeuna, puis sortit de chez-lui, s'assurant de bien barrer la porte derrière lui. Il marcha jusqu'à l'arrêt de bus qui lui rappelait tant de mauvais souvenirs. Griffin était déjà là, bas croisé, dos appuyé contre le mur de la petite boîte de plastique transparent qui protégeait ceux qui attendaient l'autobus de la pluie et du mauvais temps.
— J'ai quelque chose pour toi, dit Kors en arrivant.
Griffin arqua un sourcil, tandis que Kors posait son sac au sol et fouillait à l'intérieur. Il en sortit le sweat-shirt et le lui tandis.
— Ah, c'est vrai, je l'ai oublié chez-toi.
Au lieu de reprendre son vêtement, Griffin ne bougea pas d'un iota et rajouta :
— Au fait, hier, il y a eu une panne de courant, comment tu t'en es sorti ? Je me suis inquiété pour toi.
Kors détourna le regard.
— Pas trop mal.
Le rebelle repoussa le sweat-shirt dans les bras de Griffin, mais ce dernier le lui remit dans les bras en faisant un clin d'œil.
— Non, garde-le. Ne sait-on jamais, il pourrait t'aider pour les prochains orages.
Kors rougit brusquement et s'empressa de remettre le vêtement à l'intérieur de son sac. Il était horrifié que Griffin ait pu découvrir son secret, mais avant qu'il n'ait eu le temps de dire quoique ce soit, leur autobus arriva.
***
Alors que Kors passait une horrible journée à angoisser à propos du post-it que Griffin avait laissé chez-lui, le sportif paraissait agir plutôt normalement. Et c'est ce qui énervait autant Kors. À chaque fois qu'il croisait Griffin dans les couloirs, il ne pouvait pas s'empêcher de sentir son cœur battre en fou dans sa poitrine. Ça le rendait malade d'être comme ça !
Puis, l'heure du dîner arriva. Habituellement, Kors mangeait seul, à la table qui lui était réservé tout au fond de la cafétéria, en vrai bon solitaire glacial et inapprochable. Aujourd'hui, Griffin semblait décidé à le faire chier.
Le sportif et sa meute de footballeurs passèrent près de sa table avec leur plateau de nourriture entre les mains. Leur bande était composée des onze joueurs de l'équipe de foot américain, plus le petit nouveau qui passait toutes les parties sur le banc, attendant d'avoir la chance de pouvoir remplacer quelqu'un et de faire ses preuves. Alors que d'habitude, tout ce joyeux petit monde se contentait de passer leur chemin, Griffin les fit s'arrêter.
— Kors, dit-il.
Derrière-lui, des ricanements se faisaient déjà entendre, car tous pensaient qu'il allait encore une fois se moquer méchamment du rebelle, mais ce n'était pas ce qu'avait Griffin en tête.
— Tu aimerais venir manger avec nous ?
Kors croyait rêver. Il cligna plusieurs fois des yeux. Et à entendre les étouffements derrière Griffin, il n'était pas le seul à être surpris.
— Plutôt m'ouvrir les veines ! lâcha-t-il, les yeux fixer sur son plateau de nourriture.
Griffin n'était cependant pas prêt à dire son dernier mot.
— Non, moi, je crois que tu as très envie de venir manger avec moi, il fit une pause, puis reprit, en réalité, c'est soit ça, soit je révèle à tout le monde que... —
Kors n'avait aucune idée de ce que Griffin voulait révéler à tout le monde, mais il avait bien trop de secrets honteux pour qu'un seul se sache ! Il ne voulait pas que l'on sache qu'il avait peur du noir, qu'il avait couché avec Griffin, qu'il rougissait aussi facilement qu'une fillette ou qu'il avait le sweat-shirt du sportif dans son casier ! Alors, il coupa Griffin dans son élan :
— C'est bon, je viens, mais ne va pas t'imaginer une seule seconde que ça me fait plaisir, c'est uniquement et uniquement parce que tu me forces.
Il ramassa son plateau et ses ustensiles, puis se leva. Griffin souriait de toutes ses dents.
— Bien sûr.
Et bien sûr, quand ils arrivèrent à la table de Griffin, la seule place qui restait était à côté de celui-ci. Grognant, il s'assit sans mot dire et recommença à manger. Autour de lui, çaparlait principalement de football – apparemment, la grande finale était pourbientôt – et de cul, rien de bien intéressant... Kors demeura donc en silence. Jusqu'à ce qu'il sente le regard pesant d'un rigolo assis juste en face de Griffin.
— Alors, toi et Griffin êtes rendus proches ?
— Je ne vois pas ce que tu veux dire, rétorqua-t-il sèchement.
— Bien sûr que si ! répliqua Griffin en passant un bras autour des épaules de Kors pour l'attirer à lui.
Le tatoué se raidit comme un piquet. Et, au bout de la table, un garçon à la chevelure blonde leur jeta un regard mauvais.
— Lâche-moi toute suite, grogna-t-il à mi-voix, ou je vais...
Griffin haussa un sourcil, plutôt amusé.
— Ou tu vas quoi ?
— Oulah, vous êtes tellement complices ! s'exclama le gars en face de Griffin en agitant les bras dans tous les sens, moqueur.
Ça ne parut pas déranger Griffin pour deux sous qui lui rétorqua avec un large sourire :
— Oh, tu n'imagines pas à quel point !
Là-dessus, il profita de la proximité de Griffin pour poser ses lèvres sur les siennes et l'embrasser voracement devant tout le monde. On aurait dit que toute la table retint son souffle le temps de quelques secondes. Les joues rouges de colère et d'embarras, Kors se dégagea brusquement.
— Qu'est-ce qui te prend, bon sang ?!
Il s'essuya rageusement les lèvres, tandis que Griffin se prenait plusieurs claques amicales dans le dos.
— Alors, ça ! Félicitations, mec !
— Et un hourra pour le nouveau couple !
Alors que Kors était sur le point d'exploser de rage, le fanfaron d'en avant posa la question qui amena sa patience à ses limites :
— Alors, qui est-ce qui est en-dessous ?
Avant que Kors ne puisse crier, Griffin répliqua :
— La ferme, Jackson, ça ne fonctionne pas comme ça !
Le dénommé Jackson allait sûrement dire quelque chose d'encore plus stupide quand, au bout de la table, ils entendirent un plateau être frappé, puis le garçon blond de toute à l'heure se leva sans rien dire. Griffin fronça les sourcils.
— Où est-ce que tu vas, Kyle ?
Le blondinet grimaça et un pli apparut sur son front.
— N'importe où ailleurs qu'ici, moi, des gars qui se collent comme ça, ça me dégoûte.
Alors qu'il partait sous le regard éberlué de Griffin, une surveillante du midi arriva près de leur table :
— Monsieur Kors, dit-elle, venez avec moi.
Le tatoué fronça les sourcils. Il connaissait bien les surveillantes pour avoir souvent à faire à elles. Celle-ci, elle se nommait Nathalie et était franchement insupportable. À vrai dire, elle n'arrêtait pas de lui chercher des noises juste parce qu'il était couvert de tatouages et de piercings.
— Pourquoi ? Je n'ai rien fait, répliqua-t-il.
De son côté, Griffin aussi connaissait toutes les surveillantes, mais c'était pour différentes raison : il était leur chouchou, bon élève, poli et toujours agréable.
— Nathalie, dit-il, qu'à fait mon ami Kors, ici présent ? Il était avec moi tout le dîner, il n'a rien pu faire.
La surveillante pinça les lèvres et remonta ses lunettes sur son nez.
— Pour une fois, ce n'est pas parce qu'il a fait quelque chose que je dois le voir.
— Alors quoi ? demanda Kors, impertinent.
— Le directeur souhaite vous voir, car il semblerait que quelque chose se soit passé chez-vous.
— Quoi ?
Kors se leva en laissant son plateau. Griffin le regarda, inquiet, tandis qu'il suivait la surveillante.
Le bureau du directeur était une chose assez familière pour le rebelle, il était un habitué. Il connaissait par cœur la chaise en bois, le meuble de chêne, la bibliothèque remplit d'ouvrages de science et de dictionnaires. Par contre, peu importe le nombre de fois qu'il venait ici, il avait toujours de l'appréhension à s'asseoir sur la chaise du jugement, comme il l'avait surnommé. Cette fois ne faisait pas exception.
Malgré tout, il prit place et attendit. L'homme dans la petite quarantaine qui leur servait de directeur se tourna à cet instant dans sa direction.
— Monsieur Kors, je dois vous informer qu'il semblerait que quelqu'un ce soit introduit chez-vous ce matin, la police est sur place. Si vous le voulez, vous êtes exempté de votre après-midi de cours.
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