
Chapitre 14
Chapitre 14.
Griffin, un sourire victorieux sur les lèvres, s'apprêtait à étirer la main pour terminer ce qu'il avait commencé en amenant Kors à la jouissance, mais au moment même où il allait le toucher, ce dernier se dégagea brusquement, profitant du relâchement de puissance sur ses poignets, et se recula en ramenant ses jambes contre son torse. Il évita le regard du sportif.
-C'est bon, tu as prouvé ce que tu avais à prouver, je t'en remercie, lâcha-t-il sèchement, mais ne me touche plus, maintenant. C'est terminé.
Le footballeur, visiblement mécontent, fronça les sourcils.
-Hey, qu'est-ce qui t'arrive comme ça, soudainement? On passait du bon temps, là, non?
Le tatoué serra les poings.
-Je te déteste, ça a toujours été comme ça, alors comment pourrions-nous prendre du bon temps si je te hais, hein?
Griffin plissa les yeux.
-Tu me détestes vraiment ou tu essaies juste de t'en convaincre?
-Tu devrais me détester aussi!
Il y eut un moment de silence où leur regards s'affrontèrent. On n'entendait plus que la respiration rapide de Kors dans l'obscurité. Finalement, Griffin soupira, puis se laissa tomber, s'appuyant contre le sofa derrière lui.
-Je ne te déteste pas, finit-il par dire.
Il se passa une main dans ses cheveux bruns, quelque peu nerveux.
-Je ne t'ai jamais détesté, rajouta-t-il. Je sais que tu ne veux pas reparler de ça, tout comme moi, mais ce que je t'ai dis, alors que nous étions dans cet entrepôt, c'était vrai, tout était vrai. Bon sang, Kors, ouvre un peu les yeux! Si j'ai baisé toutes les filles avec lesquelles tu as pu sortir, si je te les ai volées les unes après les autres, ce n'était pas par pur plaisir! Je le faisais parce que j'étais jaloux, jaloux d'elles! Je m'étais dit que si je ne pouvais pas t'avoir, personne ne t'aurait!
Il fixait la télévision devant lui, le regard dans le vide, à la fois soulagé et embarrassé d'avoir finalement dit la vérité à Kors. Ça lui pesait depuis pas mal de temps, maintenant. S'il n'avait rien dit avant, c'était parce que, en vieillissant, Kors était devenu un foutu badboy recouverts d'encre que les filles s'arrachaient, alors il n'avait plus cru en ses chances. Il s'était dit que Kors était un hétéro macho et coincé, tout compte fait, qu'il n'avait aucune chance de l'avoir. Il avait en quelques sortes abandonné. Jamais il n'aurait pensé qu'une occasion se représenterait. Mais elle est arrivée, pas dans les plus joyeuses circonstances, certes, mais tout de même, il l'avait saisi. Avant, il manquait de confiance, mais maintenant, il s'en fichait. C'était sa dernière année, il rentrerait à l'université l'an prochain, alors ce que les autres pouvaient penser n'avait plus d'importance. Si jamais ça ne fonctionnait pas avec Kors, si ce dernier le rejetait ouvertement, ce n'était pas comme s'il allait le revoir ni comme si les autres auraient l'opportunité de se moquer de lui.
Kors avait l'air sous le choc. De tout ce que Griffin aurait pu lui dire, c'était sûrement la dernière chose à laquelle il s'attendait à être confronté. Comme le sportif regardait droit devant lui, il en profita pour le détailler du regard avec ses grands yeux ronds ouverts comme deux soucoupes. Il avait toujours cru que Griffin agissait comme un connard parce qu'il en était un. Jamais il ne se serait douté de ses autres sous-motivations, s'il ne lui avait pas avoué. Kors ignorait comment réagir. Dans sa tête, il pensait : « je n'aime pas les garçons, je ne suis pas gay! Griffin agit comme ça parce qu'il est troublé par ce qui s'est passé dans l'entrepôt, il n'est pas sérieux, ça lui passera ». Oui, c'était cela, ce n'était qu'une phase et quand Griffin réaliserait qu'il préférait le cul et la poitrine des filles, tout compte fait, il le laisserait tomber. Le rebelle, après toutes les petites-amies qu'il avait perdues à cause du sportif, n'était pas prêt à se faire une nouvelle fois briser le cœur par Griffin. Il ne laisserait pas quelque chose comme ça arriver.
Kors se leva d'un coup.
-Je vais me coucher, préféra-t-il dire plutôt que de répondre quelque chose aux révélations de Griffin.
Son invité tourna la tête dans sa direction.
-Pourquoi?
« Pourquoi quoi? », pensa Kors. La question de Kors lui paraissait être à double sens, mais il n'avait pas envie de jouer à ça.
-Je suis fatigué, répondit-il alors, simplement.
-Tu fuies. Encore, l'accusa Griffin. Tu as peur de quoi? Tu as peut-être peur de réaliser que tu aimes être touché par la main d'un homme? Par ma main?
Kors fronça les sourcils, énervé. Griffin avait toujours eu le don de le faire sortir de ses gonds et, malgré sa confession, ça ne semblait pas changer.
-Ça n'a aucun rapport. Je suis juste fatigué, se défendit-il. Je vais dans ma chambre.
Il se serait attendu à ce que Griffin lui attrape le bras ou la jambe pour l'empêcher de partir, mais il n'en fit rien. Kors monta donc les escaliers qui menaient au deuxième étage, puis s'enferma dans sa chambre. Il s'effondra sur son lit, les bras croisés derrière sa tête. Il se sentait encore plus troublé qu'au départ. Il se demandait si ça avait été une bonne idée d'inviter Griffin à dormir. Il commençait à douter de ses choix.
Quoiqu'il en soit, il avait besoin de se détendre. Il se releva, puis étira le bras pour fouiller dans sa bibliothèque près de son lit. Il mit la main sur un épais volume parlant de l'Indépendance Américaine (un ancien roman qu'il avait été forcé d'étudier lors des années précédentes à l'école), puis l'ouvrit. À l'intérieur, il avait découpé les pages en rectangle dans leur milieu pour faire une cachette secrète, un peu comme un genre de double-fond. De ce trou, il sortit un sachet de plastique dans lequel il prit un joint et un briquet. Il remit le sac dans sa cache, puis le livre dans le meuble.
Ouais, fumer lui ferait du bien, ça allait le détendre et lui faire un peu oublier ses problèmes. Il alluma le joint, le porta à ses lèvres percées, puis commença à le tirer. Il cracha la fumée, commençant déjà à sentir les effets de la drogue. Il s'allongea dans son lit et ferma les yeux.
Il entendit à peine la porte de sa chambre grincer.
-Putain, Kors, qu'est-ce que tu fiches? Ça sent la marijuana à plein nez!
Le rebelle ouvrit à-demi les yeux.
-Quoi? Demanda-t-il, la voix pâteuse.
Griffin entra en trombe dans sa chambre.
-Ne me dis pas que tu fumes!
-Tu devrais essayer, ça te détendrait... Tu as l'air hyper tendu...
Des éclairs auraient aussi bien pu surgir de yeux de Griffin.
-Je suis très calme! Lâche ça toute suite, tu t'abîmes la santé!
-C'est récréatif, puis ça me détend et ça ne fait de mal à personne, alors veux-tu te mêler de tes affaires, please? Tu n'es pas ma mère!
-Je ne suis peut-être pas ta mère, mais je n'ai pas l'intention de te regarder mourir à petits feux sans rien faire! De toute manière, tu es complètement gelé et tu ne sais plus ce que tu dis!
Griffin lui arracha brusquement le joint des mains, le jeta par-terre, puis l'écrasa sous son pied. Kors hoqueta comme si on venait d'écraser son propre cœur.
-Merde, est-ce que tu as une idée de combien vaut un seul joint?! Tu es fou?!
Ce que Griffin savait c'était qu'il suffisait que d'une malchance pour qu'un seul joint provoque les symptômes quasi-incurables de la schizophrénie chez son consommateur.
-Il y a de meilleures manières de te détendre, tu n'avais qu'à me demander.
-Je ne suis pas fan de footing, alors passe-moi ton truc de sportif sur à quel point la course à changer ta vie, grimaça Kors tout en dévisageant Griffin de ses yeux aux pupilles dilatées.
-Qui a dit que je parlais de course?
_______________________________________
Alors maintenant que Kors est gelé et que Griffin a dévoilé ses intention, que va-t-il se passer? ;)
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro