Chapitre 13.

D'abord surpris, Kors écarquilla grand les yeux. Il se recula ensuite précipitamment, une main devant la bouche, choqué. Griffin le regarda sans bouger, comme si lui aussi, il était surpris. Les lèvres du rebelle étaient rougies et gonflées. Il fixait le sportif sans pouvoir détourner le regard, les émotions s'entrechoquant dans sa tête et sur son visage.

-Qu'est-ce que tu fais?! Qu'est-ce qui t'a pris, bon sang! Finit-il par s'exclamer, encore sous le choc, les joues rouges.

-Où est le problème? Je pensais que tu le souhaitais aussi...

Kors avait les yeux ronds comme des soucoupes.

-Ce n'est pas le problème! Bon sang...!

Griffin replia ses jambes sous lui. Ainsi, Kors n'était pas énervé parce qu'il l'avait embrassé? Ce fut à son tour d'écarquiller les yeux.

-Alors, quel est le problème?

-Pourquoi est-ce que tu dois toujours faire des choses aussi soudaines?! Met-toi un peu à ma place quelques secondes après tout ce qui m'es arrivé, nous est arrivé, je ne peux plus faire ce genre de choses!

-Qu'est-ce que tu veux dire... je...?

-Nous n'avons pas la même tolérance et les mêmes limites par rapport aux contacts humains, ok? Et depuis les « événements » j'ai du mal avec ça... Ce n'est pas que je ne veux pas, mais je ne peux tout simplement pas! Je n'y arrive plus! Et je ne contrôle pas mes réactions!

-Tu...?

Griffin n'était pas sûr de tout bien saisir ce que Kors voulait lui dire. L'hésitation marquée dans sa voix sembla rendre son vis-à-vis encore plus énervé.

-Je ne bande plus! Finit par lâcher furieusement le rebelle en détournant le regard, la mâchoire et les poings serrés.

-Oh.

C'est tout ce que pu dire le sportif sous le coup de la surprise. Il fallait dire qu'il ne s'y attendrait vraiment pas. Il prit une grande respiration. Il n'allait pas laisser un petit obstacle comme celui-là se mettre en-travers de son chemin pour atteindre Kors.

-C'est donc ça, souffla-t-il doucement.

Prudemment, il se mit à quatre pattes et s'avança vers le rebelle, grimpant sur lui, tandis que sa proie tentait de lui échapper, finissant par être à demi-allongé au sol, en appui précaire sur ses paumes, bras tendus pour garder le torse redressé.

-Laisse-toi faire, je vais régler ce petit problème pour toi...

Les doigts de Griffin se posèrent sur la fermeture éclaire de Kors qu'il fit descendre malgré la panique de celui-ci.

-Ça ne sert à rien, tenta de l'arrêter le tatoué, j'ai déjà essayé...

Griffin ne l'écouta pas. Il atteignit le boxer noir de son hôte et tira l'élastique contre sa peau. Kors n'osait plus le regarder. Néanmoins, il semblait avoir abandonné. C'était une bonne chose pour le sportif, il allait en profiter. Ce n'était pas tous les jours que Kors lui laissait un libre-accès à son corps et cessait de se plaindre. Habituellement, il était une telle teigne!

Il abaissa le sous-vêtement du rebelle sous ses boules, l'élastique les poussant vers l'avant. Vile tentation! Griffin observa un petit moment la verge endormie qui lui faisait face; environ tout aussi longue que la sienne, un peu moins épaisse. En somme, c'était satisfaisant, une taille tout à fait acceptable. Lui qui n'avait jamais regardé les hommes auparavant, il en eut l'eau à la bouche, simplement parce qu'il s'agissait de Kors. Ce n'était pas comme s'il n'avait jamais vu l'anatomie d'un autre homme, après tout, il était joueur de foot et les vestiaires était un véritable antre de la virilité! Ses amis étaient tous des imbéciles qui profitaient du temps alloué par le coach pour se changer afin de comparer la grandeur de leur queue et de faire des blagues salaces sur le cul des filles de l'école. Et avant toute cette histoire de kidnapping, Griffin n'était franchement pas mieux que ça!

Chassant ses pensées d'un secouement de la tête, le sportif se mordit le bout de la langue, puis il enroula sa paume autour du sexe de Kors qui osa finalement lui jeter un timide regard, curieux. Griffin commença à pomper son membre veiné, le caressant à la fois de ses doigts experts. Étant lui-même un homme, il savait quoi faire pour plaire.

-Tu vois? Ça ne fonctionne pas! S'exclama Kors après un petit moment, alors que son sexe était toujours flasque. Il n'y a rien à faire, tu ferais mieux d'arrêter ou tu ne feras que t'épuiser; laisse-moi tranquille!

-Tais-toi un peu, veux-tu? Laisse-toi faire et relaxe.

Griffin ne s'avouait pas vaincu. Il se mordit plus fort la langue et redoubla d'efforts, faisant de son mieux. Il alla plus vite et apporta une attention particulière aux boules couvertes d'un léger duvet de Kors. La cage thoracique de ce dernier se soulevait à un rythme un peu plus rapide et ses bras tendus sur lesquels reposait le poids de tout son corps tremblaient, menaçant de fléchir à tout instant, mais il ne bandait toujours pas, au grand damne de Griffin qui faisait pourtant de son mieux.

-C'est ça, détend-toi, laisse ma magie opérer...

Kors devait vraiment se détendre. Griffin changea de main parce que son poignet et ses doigts commençaient à lui faire mal.

-Lâche-moi! Combien de temps vas-tu encore passer à m'humilier comme ça et à me faire sentir impuissant?

Leurs regards se croisèrent. Celui de Kors était furax, mais celui de Griffin l'était également. Le rebelle avait l'impression que le sportif se jouait de lui et il en avait assez de réaliser à quel point il était inutile, tandis que de son côté, Griffin était énervé par les paroles du tatoué, car c'était comme s'il ne reconnaissait pas tous les efforts qu'il faisait! Ne voyait-il donc pas qu'il faisait de son mieux?

Il sentit la colère déferler dans ses veines. Sans vraiment réfléchir à ce qu'il faisait, comme s'il s'agissait de la chose la plus naturelle au monde, il laissa ses instincts prendre le dessus. Sa main libre captura rapidement les deux poignets de Kors et lui fit perdre son équilibre. Il remonta brusquement ses bras au-dessus de sa tête et le dos du jeune homme rencontra solidement le plancher. Une grimace se peignit sur son visage. Il tenta de se libérer, mais comme lorsque Griffin l'avait plaqué sur un casier à l'école, il en fut incapable. Et tout comme lors de cette fois-là, une lueur de peur traversa ses yeux, aussitôt remplacé par l'outrance, l'arrogance et la colère, puis l'incompréhension et la surprise.

Les cuisses de Griffin se frottèrent contre les siennes, son membre contre le sien. Il haleta. Il sentait tout le poids de son ancien ennemi contre lui, contre son torse, lui coupant la respiration. Le fait que le footballeur, contrairement à lui, n'avait aucun problème pour bander ne l'aidait pas du tout... Il se sentait encore plus impuissant.

-Je fais de mon mieux, alors tu n'as pas le droit de me critiquer et de te plaindre, l'avertit sévèrement Griffin.

Le grondement de la voix de son ancien ennemi sembla se répercuter et résonner jusqu'au plus profond de lui, le fit vibrer. Il sentit quelque chose bouger au fond de son ventre, dans son estomac. Il frissonna des pieds à la tête. C'était électrisant.

Il se rendit compte, seulement après coup, qu'il avait fermé les yeux. Lorsqu'il les rouvrit, il croisa le regard de Griffin et vit que ce dernier lui souriait, le regard brillant. Un point d'interrogation dansa dans ses yeux. Il ne comprenait pas.

-Eh bien, on y est finalement arrivé, murmura-t-il sans desserrer la prise puissante qui lui broyait les poignets.

Kors suivit le regard de Griffin et réalisa que sa queue avait finalement décidé de se réveiller et était pressée contre la cuisse du jeune homme, palpitante. L'étudiant sentit ses pommettes rosirent rien qu'à cette vue. Il n'y comprenait rien, ignorait ce que ça voulait dire. Il avait déjà tenté de se masturber plusieurs fois depuis les incidents sans succès, alors pourquoi Griffin avait-il réussi là où il avait échoué à de nombreuses reprises?

Il ne voulait vraiment pas y penser... Ce n'était pas une théorie qui lui plaisait... Mais ce pourrait-il que ce soit la soudaine domination de Griffin sur lui qui l'ait excité? Les événements traumatisants auxquels il avait attribué sa déficience momentanée auraient-ils également pu faire réaliser à son corps qu'il avait besoin d'une telle stimulation pour réagir et être excité? Ne serait-il donc plus jamais capable de se passer d'un peu de brusquerie pour jouir lors d'une relation charnelle?

Il gigota sous Griffin, mal à l'aise, son sexe dur se frottant contre la cuisse recouverte d'un jean rude bleuté de l'autre adolescent, rendant son supplice encore moins endurable. Son envie de jouir qui devenait de plus en plus pressante maintenant qu'il était bandé ne fit que lui rappeler de quelle manière il avait finalement obtenu cette érection, le confrontant directement à une réalité qu'il n'était pas encore prêt à affronter...