Chapitre 18
Les matchs terminés, la fin des cours fut annoncée.
Créant un brouhaha joyeux, les adolescents abandonnèrent le terrain et l'écran géant pour s'engouffrer dans les vestiaires. Il ne resta bientôt plus que les professeurs, en grande discussion avec une silhouette aux cheveux violets, et Haruka qui, adossée aux barrières de métal, semblait attendre quelque chose.
Pensive, elle fixait le petit groupe. L'attention que portait son père à son ami lui faisait ressentir toutes sortes d'émotions. Elle était passée de l’enthousiasme à l'incompréhension, pour poursuivre sur de l'inquiétude puis une très grande joie. Et là, il semblait que c'était la jalousie qui lui tordait doucement le cœur.
Du coin de l'œil, Shota la remarqua au loin et poussa un petit soupir irrité. Alors que Sekijiro faisait quelques commentaires au jeune Hitoshi, le professeur fit signe à l'adolescente de partir, mais celle-ci ne bougea pas d'un cil. Déjà excédé par son attitude, n'ayant pas excusé son manque total d'investissement pendant l'exercice, même après les explications de Neito, il s'écria :
“Non Haruka, ce n'est pas le moment !
-Non mais…., lui répondit-elle.
-On verra plus tard, on verra plus tard !
-Non, c'est pas…
-Haruka, s'il-te-plaît !
-J'attends Hitoshi !”
Shota afficha un visage blasé. Il se tourna vers Hitoshi, dont la conversation avec Sekijiro avait été interrompue par le cirque des Aizawa, et lui fit signe d'y aller. Le jeune garçon salua poliment les professeurs avant de rejoindre sa camarade qui sourit à son arrivée. Sourire qu'il ne prit même pas la peine de rendre puisqu'il lui asséna un petit coup de poing sur l'épaule. C'était visiblement la journée des violences gratuites.
“Quoi ? Mais pourquoi ? demanda la jeune fille, surprise.
-Tu m'as ménagé pendant l'exercice, l’accusa Hitoshi.
-Tu aurais pu me dire que c'était ton examen ! lui reprocha-t-elle.
-Je n'étais même pas au courant moi-même !”
Les quatre professeurs qui avaient animé l'exercice, Eraserhead, Vlad King, Midnight et All Might, regardèrent le petit duo partir tout en se disputant. Haruka, qui n'élevait jamais la voix, et Hitoshi, qui n'avait pas quitté un air tout penaud de toute la séance, étaient vraiment en train de se rouspéter dessus comme deux enfants. Ils formaient une bien drôle de paire, songèrent les professeurs.
Enfin éloigné des professeurs comme des élèves, le jeune garçon aux cheveux violets sentit qu'il pouvait se détendre un peu. Toute la pression de la journée retombait et les résultats de celle-ci semblaient plutôt prometteurs, c'était le moment de souffler. Pour couronner le tout, Haruka l'avait attendu à la fin de l'exercice, ce qui leur donna l'opportunité d'avoir enfin un peu d'intimité. Étonnamment, la jeune fille n'attendit pas une seconde de plus et mis directement les pieds dans le plat :
“Tu aurais pu me dire que tu t'entrainais, avec mon père en plus !”
Hitoshi ne put retenir sa surprise, ne pensant pas qu'elle allait lui en parler immédiatement et s'étant attendu à d'autres questions plus détournées. Son ancienne camarade semblait avoir acquis un peu plus de cran dans la classe héroïque, et ce qui n'était pas trop mal. Bien sûr, le jeune garçon avait prévu sa réponse, mais celle-ci lui sembla soudainement plus difficile à dire. Cependant, si Haruka n'avait pas hésité à lui rentrer dans le lard, il se devait d'être honnête avec elle.
“Au début ce n'étaient que des tests, j’avais pas envie que tu sois au courant parce que…”
Haruka, un air fâché sur le visage et les bras croisés sur sa poitrine, attendait ses explications d'un pied ferme. Où était donc passée la jeune fille qui avait trop peur de déranger tout son monde ?
“...Parce que si les tests n'étaient pas concluants, j'avais pas envie que tu saches que j'avais échoué de nouveau…”
Hitoshi détourna le regard, un peu mal à l'aise. L'adolescente considéra son ami en silence, encore pensive. Elle songea qu'elle ne lui en voulait plus, qu'il avait ses raisons après tout. Elle songea que ce n'était pas de lui dont elle était jalouse, mais bien de tout le temps qu'avait pris son père pour l'entraîner plutôt qu'elle. Lui cachait-il aussi des choses sur son alter comme il le faisait pour elle ? Son cœur était tout serré, toujours meurtri.
Sentant le silence devenir de plus en plus lourd, Hitoshi essaya de continuer :
“...Si…si Aiz-ton père ne m'avait pas trouvé à la hauteur. Tu vois ?
-Je comprends… lui répondit l'adolescente sortie de ses pensées.”
Malgré la peine, Haruka essaya de rendre à la conversation son ton léger et s'exclama :
“... Et je comprends surtout mieux comment tu as pris autant de muscles !”
Voulant plaisanter, elle asséna un gentil coup de poing contre son épaule, bien plus robuste qu'au Championnat. C'était, en effet, la journée des violences gratuites.
“Parles pour toi ! ricana Hitoshi, t'es devenue une bodybuildeuse toi !”
Haruka fit mine d'avoir de gros biscotos et les deux jeunes gens rigolèrent ensemble. Une humeur taquine lui traversant l'esprit, l'adolescent continua, un sourire aux lèvres :
“Alors comme ça on pleure parce que je vais en héroïque…?
-Je pleurais pas ! se défendit la Aizawa.
-...Tu sais que je vais devenir meilleur que toi et tu pleures parce que je vais te mettre au tapis, c'est ça ?
-Je pleurais pas !!...Bravo pour ton intégration.
-Ce n'est pas encore 100% sûr.”
L'air grave était revenu sur le visage de son ami, Haruka comprit que, derrière les plaisanteries, le jeune garçon craignait encore d'être déçu. Les deux adolescents s'accompagnèrent à leurs vestiaires respectifs et, pour une fois lors de cette longue semaine, Haruka se sentit légère.
Le vestiaire des filles lui sembla être dans un grand remue-ménage. L'effectif des adolescentes ayant doublé avec la présence des secondes B, Haruka eut le sentiment de se faire écraser par l'animation qui y régnait, bien que celle-ci fut très joyeuse. Au centre de l'attention, Mina, toujours couverte de bleus et à moitié rhabillée, faisait de grands gestes dans tous les sens, refaisant tout son exercice passé avec Cementoss. Devant elle, quelques jeunes filles ne perdaient pas une miette de son récit. Haruka s'assit près d'Ochaco et commença à se changer.
La jeune fille de la lévitation s'arrêta de refaire les boutons de sa chemise et son regard resta quelques secondes sur sa camarade qui s'activait à ne pas être plus en retard. Quelque chose lui pesait sur son cœur, et elle ne savait pas comment sans défaire. Après les explications de Neito, Ochaco avait bien compris toutes les pensées qui avaient dû filer dans la tête de sa camarade pendant l'exercice, cependant une gêne ne la quittait pas.
Comme si elle avait un sixième sens, comme si elle avait senti l'immobilisation de son amie, Haruka s'arrêta à son tour de bouger et émit un petit :
“Je suis désolée pour l'exercice.”
Surprise, Ochaco rosit et bégaiya :
“De quoi ? Oh non, ne t'en fais pas ! Neito l'a dit ! Tu étais inquiète pour Hitoshi ! C'est même gentil de ta part…
-Tu étais dans une situation critique, ça aurait pu être grave. Je n'aurais pas dû mettre autant de temps alors que tu m'avais appelé à l'aide.”
La brune présenta sa main et ses coussinets à sa camarade aux cheveux châtains. Celle-ci la saisit, peu fière de ce qu'elle avait fait, surtout ce qu'elle n'avait pas fait, et les deux jeunes filles s'accordèrent pour que leur amitié ne soit pas entachée par cette situation.
Un peu plus loin, la voix de Toru s'exclama :
“...Et là, on a été tous surpris ! Haruka a même pleuré !
-Je pleurais pas !!!”
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