Chapitre 9.
Un sourire empli de fierté sur les lèvres, elle poussa les portes du gymnase Gamma, ses cheveux maintenus en queue de cheval par son ruban se balançant au rythme de ses pas. Ce ne fut que lorsqu'elle entra sous la lumière de l'immense terrain d'entraînement que tous purent la découvrir.
Elle portait encore ses larges chaussures noires, mais de ses chevilles remontait dorénavant un large pantalon aussi solide qu'un treillis. Serré au bout des jambes, il était maintenu par une épaisse ceinture à la boucle argentée marquant la séparation entre le tissu fluide du pantalon et celui plus serré d'un débardeur de la même couleur que celle des chaussures. Ce haut dessinait parfaitement le creux de sa taille tout en abordant un élégant décolleté. Masquant les brettelles épaisses du débardeur, un blouson léger tombait sur ses épaules. Séparées par la fermeture éclair ouverte, deux larges lettres noires figuraient sur les pans du vêtement. Un « E » et un « S ».
Erasershield venait d'entrer sur le terrain.
Immédiatement, ses camarades présents dans les environs se précipitèrent vers elle tout en poussant des exclamations admiratives. Haruka ne pouvait retenir l'immense sourire de fierté qui s'étalait sur son visage. Depuis le temps qu'elle l'attendait, ce costume !
Soudain, alors qu'elle discutait avec Fumikage de la qualité de son treillis, un poids s'écrasa sur elle et la serra dans ses bras.
« Oui !! s'exclamait Momo avec joie, Tu n'as pas retiré mes modifications !
-Tes modifications ? demanda alors le porteur du Dark Shadow. »
Devant les mines interrogatives des personnes qui l'entourait, la jeune fille justifia :
« Momo a changé quelques détails de mon costume.
-La veste d'Haruka-chan était beaucoup plus longue et plus ample à la base, expliqua la vice-déléguée en souriant, et elle voulait un t-shirt large à la place de son débardeur, je me devais d'éviter la catastrophe !
-Et tu as eu raison ! »
Haruka ne regrettait pas les changements qu'avait apporté Momo à sa tenue. Au contraire, ces vêtements collés contre elle et plus féminins que ce qu'elle imaginait lui apportaient un sentiment étrange, presque de la confiance en elle.
« Et en plus, on est assorties ! continua son amie. »
En effet, le blouson et le pantalon de la jeune fille étaient rouges, presque comme le costume de Momo. Presque, car la couleur sang d'Haruka était si sombre qu'on aurait presque pu la confondre avec le noir des initiales qui décoraient sa veste. Ces mêmes initiales formaient également la boucle argentée de sa ceinture, seul élément clair de sa tenue.
Une nouvelle furie se précipita sur Haruka en criant. Il s'agissait d'Izuku portant ses jambières neuves adaptées à son nouveau style de combat ainsi qu'un grand sourire admiratif que seul un fanboy ultime comme lui pouvait faire :
« Wouah !! Le pantalon d'Eraserhead et la veste de Lady Shield !! Ce mix est géniaaaal !! »
Même si, ces temps-ci, elle n'aimait pas trop qu'on lui parle de sa mère, la jeune fille sourit à son camarade de classe. Après tout, ce costume, elle l'avait dessiné il y avait des années de cela, du temps où ses parents étaient encore de parfaits héros à ses yeux. Et, même si les années avaient terni cette image, Haruka ne pouvait nier ses origines.
Et, en parlant du loup, le voici qui avançait à grands pas et la mine fâché.
« Qu'est-ce que vous faites tous à bavarder comme ça ? s'exclama Shota en mode professeur, Vous pensez réellement que vous avez le droit à une pause ?? »
Alors qu'il arrivait devant le groupe de ce qu'il jugeait de tirs-au-flancs, ses yeux sombres tombèrent sur sa fille puis sur son costume. Une pointe vint transpercer sa poitrine et il respira quelques secondes avant de cracher :
« Retournez travailler, ce n'est pas en faisant rien que vous progresseriez. »
Les adolescents s'exécutèrent et retournèrent travailler pour la plupart. Quelques autres, comme Izuku, Eijiro et Denki trainèrent un petit peu le pas en discutant de leurs modifications de costume respectives.
Haruka aussi allait partir pour son premier entraînement avec ses propres vêtements d'héroïne quand la voix de son père l'interrompit :
« C'est pas le costume que tu n'arrêtais pas de dessiner quand t'avais six ans ? »
La jeune fille prit une inspiration, se retourna vers son paternel et lui sourit. Shota gardait son regard sans émotion, comme à son habitude.
« Avec quelques différences, mais oui.
-Je ne pensais pas que tu allais vraiment en faire ton costume, avoua-t-il de sa voix blasée.
-Je ne me voyais pas en faire un autre. »
Les deux Aizawa se dévisagèrent en silence. Ils restèrent plantés là, face à face et muets. Une lourde atmosphère planait au-dessus d'eux mais aucun ne la brisa. Ils avaient des choses à se dire, mais ne savaient pas s'ils allaient oser les dire.
Shota songeait à la gamine de six ans qui n'arrêtait pas d'accourir vers lui, une tonne de feuilles à la main.
« Papa, je t'ai fait un dessin ! »
Et chaque journée, elle venait en trottinant vers lui, lui offrant une nouvelle feuille gribouillée par les mêmes traits rouges et noirs. A chaque fois, c'était le même dessin. A chaque fois, c'était le même costume. Et, à chaque fois, c'étaient les mêmes étoiles qui brillaient dans ses yeux quand elle lui expliquait ses petites modifications.
Ces dessins, il les avait tous pris, il les a tous gardé, et s'il cherchait un peu dans les cartons trainant dans son appartement, il les retrouverait sûrement.
Soudain, alors qu'il se perdait dans ses pensées, un mouvement brusque le sortit de sa torpeur.
Il ne sursauta pas mais haussa un sourcil surpris en découvrant Haruka lui brandir un bout de métal juste devant le nez. La jeune fille semblait assez fière mais le grand homme ne comprenait pas vraiment la situation.
« Qu'est-ce que c'est ?
-Mon arme de remplacement. »
Shota détailla l'objet de fer que tenait fermement la jeune fille dans sa paume sans savoir à quoi un bâtonnet de mascara allait l'aider à faire balance avec son bouclier. Il n'était pas un grand connaisseur mais il se doutait que ce n'était pas très offensif.
Devant l'air dubitatif de son père, Haruka tapa du pouce sur l'objet et deux longs tubes métalliques en sortis de part et d'autre. Ainsi, elle se retrouva avec une longue barre légère et malléable dans la main.
« Un bâton, nota simplement Shota.
-Tu m'avais fait travailler avec ce genre d'objet pour mon partage de bouclier, je me sens plus à l'aise pour travailler de nouveau avec. »
Sur ces mots, elle esquissa quelques mouvements, son nouvel instrument en mains, mais ne tarda pas à le faire tomber sur le sol avec maladresse.
« Bon, il faut que je l'apprivoise encore, dit Haruka avec une légère gêne. »
Shota la regarda faire, stoïque, même si son cerveau fonctionnait déjà à mille à l'heure. Il réfléchissait déjà aux diverses utilisations qu'elle pourrait en faire et aux techniques de combat qu'elle pourrait apprendre. Cependant, il se rappela qu'il ne lui faisait plus d'entraînement personnel et donc qu'il y aura certaines choses que la jeune fille devra apprendre seule. C'était le compromis qu'il avait fait en signant pour la création de l'internat.
Haruka chercha encore un moyen de faire réagir son père. Depuis tout à l'heure, il ne bougeait pas et ne semblait pas vraiment enclin à la discussion. Pourtant, elle, elle voulait lui parler, et surtout savoir s'il allait bien.
Depuis qu'ils avaient emménager à Yuei, les seules nouvelles qu'elle avait de son père venaient de la part d'Hizashi, l'éternel messager des Aizawa. Mais l'adolescente était aussi consciente que son parrain de cœur serrait prêt à lui mentir pour qu'elle ne s'inquiète pas trop.
Alors qu'elle réfléchissait à comment lui poser sa fameuse question tout en finesse, Shota finit par lui dire :
« Si tu veux être prête avec ce nouveau costume pour l'examen, il faudrait que tu aille t'entraîner, au moins pour les minutes qu'il reste.
-Euh, oui bien sûr ! Mais...
-Mais ?
-Rien du tout. »
La jeune fille se dégonfla, elle n'osa pas et tourna les talons avec lâcheté.
Shota soupira. Kamino avait créé un fossé entre eux deux, un immense fossé qui les séparaient sans un signe de rapprochement. Cette nouvelle distance, le grand homme n'arrivait pas à savoir si elle était positive ou négative. Pour leur bien, était-ce une bonne idée qu'ils se perdent de vue un moment ? Le temps de digérer les actes de l'un et les paroles de l'autre ? Le temps de régler leurs problèmes chacun de leur côté avant de se refaire face ? Ou cela allait-il les éloigner définitivement ? Sans espoir de retour ?
Malgré ces dilemmes qui battaient dans son esprit, Shota ne regrettait pas ses mots. Même si le sentiment de trahison lui avait un peu fait perdre la tête à ce moment-là, il avait pensé chacun de ses dires. Ce soir-là, il avait dit la vérité, celle qu'il gardait dans un coin de son esprit. Du moins, seulement la moitié.
Puis, Yume vint envahir son esprit. Il se força à balayer ses pensées, ce n'était pas le moment pour se remémorer leur conversation. Pour l'instant, il se devait de mener ses élèves à l'examen du permis provisoire, c'était le plus important, ainsi que battre cette constante envie d'alcool. Mais ça, c'était une autre histoire.
Alors qu'Haruka s'éloignait, Shota nota un étrange détail. Elle n'avait pas de lunettes d'Eraser.
Soudain, une grande exclamation vint le sortir de sa réflexion :
« On arrête tout, la seconde A !!! »
Shota se retourna pour découvrir les élèves de la seconde B précédés par leur professeur, Sekijiro Kan.
« Le gymnase Gamma nous est réservé, cet après-midi ! Débarrasse le plancher, Eraserhead ! continua-t-il avec sa politesse habituelle.
-Il reste encore dix minutes, lui répondit-il tout aussi gentiment, Il faudrait apprendre à lire l'heure. »
Aussitôt, un élève du nom de Neito Monoma s'extirpa de son groupe pour faire face aux élèves de secondes A. De sa voix agaçante, il piailla :
« Vous êtes au courant que la moitié des candidats ratent le permis ?! J'espère que toute votre classe sera recalée !! »
S'ensuivit un long rire démoniaque qui ne réussit qu'à le rendre plus ridicule. Fumikage, ayant entendu ces dires, soupira de sa voix sombre :
« Il n'a pas tort... Vu qu'on passe la même épreuve, on est condamnés à s'entre-déchirer, tels des gladiateurs dans l'arène...
-Oui, répondit Shota à son élève, C'est pour ça...
-...Qu'on ne vous a pas inscrits à la même session, le coupa Sekijiro. »
Neito arrêta de rire tandis que le reste des adolescents attendaient la suite, curieux.
« Chaque année, il y a trois sessions qui se tiennent dans des lieux distincts en juin, puis trois autres en septembre. Les écoles ont pour habitude d'envoyer leurs classes passer les épreuves à des dates ou à des endroits différents, pour éviter que leurs élèves s'affrontent.
-C'est vrai, songea Hanta pas très rassuré contrairement à Neito qui avait l'air bien content de ne pas avoir à combattre la seconde A, Je n'y avais pas tellement pensé... Mais on va avoir des adversaires d'autres lycées !
-En plus, nous, on brûle les étapes ! renchérit Izuku. »
Shota ne fit pas attention à la panique qui commençait à prendre les jeunes gens, il continua :
« C'est très rare que des élèves tentent de passer le permis provisoire dès la seconde. Autrement dit, les autres concurrents auront beaucoup plus d'entraînement que vous, ils seront armés d'alters inconnus qu'ils auront eu tout le temps d'apprendre à maîtriser. Le contenu de l'examen n'a pas été dévoilé, mais on ne vous fera pas de cadeaux, ça, vous pouvez en être sûrs. Evitez de stresser mais restez conscients des difficultés ! »
Sur ce, il demanda à ses élèves de quitter progressivement le terrain pour laisser la place aux secondes B. Pas très loin de lui, il remarqua sa fille, l'air abattue. La vice-déléguée de la classe s'approcha d'elle et lui mit une main sur l'épaule, comme pour la rassurer.
Shota devina que, comme d'habitude, Haruka appréhendait l'examen. Et elle avait raison de le craindre.
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