Chapitre 7.
« Comme je l'ai dit hier, notre premier objectif est de faire obtenir à chacun d'entre vous, des licences provisoires de héros. »
Après avoir passé une première nuit ensemble à l'internat, les adolescents de la seconde A écoutaient attentivement leur professeur. Certains ne pouvaient s'empêcher de bailler, trop fatigués de reprendre les cours.
« En résumé, continua Aizawa, cette licence vous autorise à intervenir directement lorsque des vies sont en danger. Cela implique donc une immense responsabilité. Et il va sans dire que cet examen pour la licence est extrêmement difficile. Même s'il s'agit d'une licence provisoire, le taux de réussite est chaque année inférieur à cinquante pourcent. »
Le grand homme parcourait de son regard sombre l'ensemble de sa classe. Même si son esprit était encore dérangé par la dernière discussion entre Hizashi et lui, il se devait de faire comprendre à chacun de ses élèves l'importance et les responsabilités de cet examen.
« Et c'est pourquoi, à partir d'aujourd'hui, nous allons faire en sorte que chacun d'entre vous ait au moins deux... attaques spéciales. »
Sur ces mots, les héros Midnight, Cementoss et Ectoplasm firent leur apparition dans la pièce en même temps que les cris de joie des élèves enthousiasmés par leur nouvelle activité. A la fois très scolaire, mais surtout très héroïque, il n'en fallait pas plus pour les motiver.
« De quoi s'agit-il exactement ? fit Ectoplasm, De coups ou de techniques qui vous assureront la victoire.
-Vous devez vous les approprier, les maîtriser mieux que quiconque, continua Cementoss de sa voix calme, Dans un combat, il faut être capable d'imposer ses points forts pour dominer son adversaire.
-Les techniques spéciales, reprit l'héroïne interdite aux moins de dix-huit ans, sont la marque distinctive des héros. Les professionnels qui n'en possèdent pas sont une espèce en voie de disparition !
-Ne perdons pas de temps, finit Eraserhead avec moins d'entrain que ses collègues, On entrera dans les détails pendant les exercices pratiques. Enfilez vos costumes et rendez-vous au gymnase Gamma. »
Quelques minutes plus tard, les jeunes gens sortirent des vestiaires, brillants dans leur tenue de héros. Seule une personne faisait tâche dans le groupe, ne portant qu'un uniforme de sport au symbole de Yuei. Et cette personne, c'était Haruka.
La jeune fille, les mains dans les poches, l'air contrarié, rejoignit ses camarades devant leurs professeurs. Momo remarqua le regard sombre de son amie et s'approcha d'elle.
« Tu n'as plus ton costume, Haruka-chan ? lui demanda-t-elle simplement. »
La fille du professeur poussa un léger soupir devant la ridicule question de son amie mais n'en fit aucune remarque. Quelques autres de ses camarades se retournèrent vers elle à l'entente des paroles de Momo, ce qui ne fit qu'augmenter la mauvaise humeur d'Haruka.
« Oui, répondit-elle sans grand entrain.
-Alors tu vas pouvoir avoir ton propre costume, s'exclama soudainement Tenya dans son armure à l'image de sa famille, C'est un honneur ! »
Le positivisme excessif du garçon réussit à la faire sourire, légèrement. En effet, elle n'allait plus être la cinquième roue du carrosse avec ses vêtements de remplacement mais, tout de même, elle aimait bien cette combinaison.
Quelle avait été sa frustration en découvrant sa valise de costume presque vide où seuls ses chaussures noires et le sous-vêtement de Yuga restaient. Sous-vêtement qu'elle s'étaient empressée de jeter définitivement à la poubelle.
Chiyo lui avait pourtant dit, à l'examen, que sa combinaison n'était plus en bon état, cependant, au fond d'elle, la jeune fille avait gardé un espoir qu'on la lui laisse.
Alors qu'elle remuait encore ces dernières minutes passées dans les vestiaires, Haruka leva le regard, presque instinctivement, sur Shoto qui se tenait non loin d'elle. Au même moment, le garçon se retournait vers elle, si bien qu'il la surprit en train de l'observer. La jeune fille baissa immédiatement les yeux, faisant mine d'être intéressée par ses solides chaussures à l'épreuve d'un coup de couteau de Stain.
« Le gymnase Gamma, dit Cementoss à l'intention de tous ses élèves, aussi connu sous le nom de Restaurant Adapté aux Trainings Personnalisés, en abrégé, RATP. C'est une installation de ma conception... J'y mitonne des structures sur mesure pour chaque élève... D'où le terme de restaurant. »
Haruka mit de côté sa gêne pour poser son attention sur le grand bâtiment dans lequel les secondes A se tenaient. Il s'agissait d'un terrain entièrement composé de ciment, que Cementoss pouvait donc contrôler à sa guise, pour faire, comme il disait, des assemblages en fonction des alters des adolescents mais aussi des structures de jeux pour une Haruka enfant. Cette dernière se souvenait très bien de toutes ses après-midis de rires passées dans cet endroit.
Après une énième question surexcitée de Tenya, son père reprit son discours sur les attaques spéciales et son rapport avec leur examen du permis provisoire :
« Le travail d'un héros est de secourir les victimes des crimes et des accidents, l'examen consistera bien entendu à déterminer si vous en êtes capables. L'aptitude à s'informer, à prendre les bonnes décisions, à communiquer et à diriger, mais aussi, l'efficacité au combat, la mobilité, le charisme... Toutes ces compétences sont testées au cours d'épreuves qui changent tous les ans.
-Parmi ces qualités, le talent pour le combat est considéré comme primordial pour la nouvelle génération de héros, reprit Nemuri en tenue de Midnight, Autrement dit, le fait de savoir tirer votre épingle du jeu en cas d'affrontement va être déterminant ! »
Plus les professeurs parlaient, plus Haruka se sentait mal-à-l'aise. Un poids s'affaissa sur ses épaules la faisant douter sur ce fameux examen. Elle n'avait pas toutes les qualités demandées, comment pourra-t-elle s'en sortir ?
Ne se laissant pas abattre pour seulement quelques mots, la jeune fille se remémora l'attaque de la forêt et celle de Kamino, se répétant alors qu'elle avait réussie à s'en sortir indemne. Au moins, avec l'examen, elle ne risquait pas de perdre la vie. Normalement.
« Si vous êtes capables de toujours garder la maîtrise de la situation au lieu de laisser les évènements décider pour vous, continua Cementoss, ça voudra dire que vous possédez d'excellentes aptitudes au combat.
-Les manœuvres en question ne sont pas forcément offensives. Prenons le Recipro Burst de Tenya, expliqua Ectoplasm, comme son accélération éclair représente une menace pour ses adversaires, on peut la considérer comme un véritable coup spécial.
-Alors, j'en ai déjà un, s'exclama Tenya presque ému.
-Je vois, songea alors Rikido, Il faut réfléchir à une application de nos pouvoirs qui mettra toutes les chances de notre côté.
-Donc l'expansion d'Haruka peut aussi être un coup spécial, conclut Momo sous le regard de son amie.
-Exactement ! répondit Midnight.
-Les exercices d'amélioration d'alter pendant le camp d'été avaient justement pour but de vous aider à inventer des bottes secrètes, reprit leur professeur principal, Vous allez donc passer vos dix derniers jours de vacances à développer des techniques spéciales tout en renforçant vos pouvoirs. Préparez-vous à un entraînement intensif ! »
Cementoss bâtit de véritables falaises de ciment tandis qu'Ectoplasm parsemaient ses clones dans tous les coins du terrain, prouvant ainsi aux apprentis héros qu'ils allaient devoir bien travailler. Leur professeur principal termina :
« Vous devrez également réfléchir aux améliorations à apporter à vos costumes en fonction de vos bottes secrètes et de l'évolution de vos alters... Gardez l'esprit « plus ultra » pour passer le cap ! Vous êtes prêts ?
-On est motivés à fond !! répondirent les élèves en cœur. »
Par la suite, les adolescents s'isolèrent dans le terrain en fonction de leur entraînement. Haruka se dirigea vers son père qui discutait avec Nemuri. En apercevant sa fille venir vers lui, il conclut sa conversation avec l'héroïne qui partit conseiller un élève et fit face à sa progéniture.
Les deux ne s'étaient que peu parlé depuis leur installation respective dans l'internat. Haruka n'arrivait pas à savoir si c'était quelque chose de bon ou non. Cela allait-il permettre à son père de ne plus avoir à supporter la présence de la jeune fille mais cela allait-il aussi les séparer plus qu'ils ne l'étaient déjà ?
« Toi, il te faut un costume tout court, nota-t-il de sa voix neutre dès qu'elle arriva à son niveau.
-Oui... Tu ne m'avais pas répondu au campement, pourquoi est-ce que l'on passe le permis provisoire alors qu'il est réservé pour les premières ? »
Shota réfléchit quelques microsecondes, jaugeant ce qu'il pouvait dire ou non à une élève.
« Par mesure de précaution, lâcha-t-il simplement.
-Au cas où on aurait droit à une nouvelle attaque...
-C'est ça. Va t'entraîner maintenant.
-...Du coup, mon expansion est une attaque spéciale ?
-Si tu le souhaite. »
La jeune fille réfléchit à son tour. Depuis les paroles de Momo, une question lui trottait dans la tête, maintenant elle devait voir si c'était une bonne ou une mauvaise idée de la poser. Puis, elle osa :
« Est-ce que tu avais prévu cette attaque spéciale ? »
Shota haussa un sourcil, sans comprendre.
« Comment ça ?
-Je veux dire... Est-ce que tu m'as fait apprendre l'expansion pour me donner une attaque spéciale en vue du permis provisoire ?
-Il va falloir que tu changes ce nom d'attaque...
-Tu ne me réponds pas... »
Il haussa de nouveau les sourcils, surpris cette fois-ci du comportement de sa fille. Elle ne tremblait pas et ne semblait pas craindre sa question, ce qui n'était pas habituel.
« Peut-être bien que oui.
-D'accord. »
Ils restèrent silencieux un moment, se dévisageant presque. La dernière fois qu'ils s'étaient retrouvés face à face, ce fut au retour de la jeune fille dans l'appartement, le lendemain de Kamino.
« Va t'entraîner, finit par dire Shota brisant ainsi leur contact visuel. »
Haruka s'exécuta et disparut dans le grand terrain où ses camarades se battaient déjà. Shota la suivit du regard, pensif. Il ne l'avait pas reconnu.
Il n'avait pas reconnu la fillette craintive du début des vacances, cette fillette aurait été incapable de lui poser une telle question et incapable de noter ainsi son refus de répondre. Elle n'aurait pas pu venir vers lui devant tous ses camarades, elle qui n'aimait pas assumer leur lien de parenté avec ses semblables. Elle n'aurait pas pu lui parler des intentions de Yuei comme cela, elle n'aurait pas pu être si franche avec lui, elle n'aurait pas pu le regarder dans les yeux si longtemps.
Cela l'avait surpris, assurément, et il ne savait quoi en penser. Il songea alors à la forêt puis à Kamino et aux évènements qui sont venus la déranger. Et si cela avait un lien avec ce nouveau comportement ? Ou est-ce que c'était juste passager ? Comment devait-il l'interpréter ?
Tout d'abord, cela l'étonna et l'inquiéta presque. Puis un infime sentiment de fierté lui empli le cœur. Elle devenait forte.
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Tard le soir, Haruka se retrouvait dans sa chambre tapissée de ses photos. Assise à son bureau, elle raccrocha son smartphone, mettant fin à sa discussion avec ses grands-parents, et se saisit de son ordinateur. Elle allait traîner sur quelques sites sans grand intérêt quand trois coups résonnèrent à sa porte.
« Entre, dit-elle en songeant qu'une seule personne pouvait venir chez elle à cette heure-ci. »
En effet, Momo fit son apparition dans la chambre et vint directement s'asseoir au bord du lit de la jeune fille aux cheveux châtains. Celle-ci éteignit son ordinateur et fit tourner sa chaise de bureau vers la vice-déléguée.
« Tu vas faire quoi pour ton costume du coup ? demanda cette dernière en rabattant ses cheveux détachés derrière son épaule. »
Haruka se retourna vers son bureau pour saisir quelques feuilles gribouillées et les tendre à son amie.
« J'ai cette idée de costume depuis que je suis petite, je ne sais pas trop dessiner mais j'espère que les descriptions sont claires. »
La brune lut les feuilles avec intention avant de dire :
« Oui, j'aime beaucoup mais...
-Mais ?
-Mais ce n'est pas... »
Stoppant sa réponse, Momo se leva et se saisit d'un crayon sur le bureau. Elle se mit à gribouiller sur le dessin maladroit de son amie sous les exclamations de celle-ci.
« Qu'est-ce que tu fais ?! N'y touche pas ! »
Un air malicieux sur son visage parfait, la vice-déléguée se rassit sur le bord du lit. Haruka la rejoignit bientôt et pencha sa tête par-dessus son épaule avec précipitation. Observant les quelques corrections de Momo, elle dit :
« Non ! C'est trop...
-Trop féminin, oui, la coupa son amie, Tu veux ressembler à un sac-à-patate ou à une héroïne ?
-Je ne veux pas être vulgaire non plus !
-Ce n'est pas être vulgaire, c'est simplement mettre ses atouts en valeur !
-Mais je ne suis pas comme toi, moi ! Laisse mon costume comme il est ! »
Alors qu'Haruka se débattait pour reprendre ses feuilles tandis que Momo arrivait parfaitement à l'en empêcher tout en dessinant toujours un peu plus, cette dernière réfléchit à voix haute :
« Et du coup pour le bas, je vais faire ça un peu plus...
-Non, ne touche pas au bas ! »
La vice-déléguée fit face à son amie, un regard encore plus malicieux. D'une voix suave, elle dit :
« D'accord, je ne touche pas au bas, mais laisse-moi corriger le haut alors.
-C'est du chantage ça !
-Si je ne change rien du tout tu vas ressembler à ton père ! »
Haruka fit la moue, Momo venait de marquer un point. Elle réfléchit un instant, songeant qu'elle n'avait pas tort et qu'il fallait qu'elle grandisse un peu. Son amie était quelqu'un de très mature et très développée pour son âge. Elle représentait un modèle de féminité et de beauté pour Haruka, alors pourquoi ne pas lui faire confiance ? Elle n'avait rien à perdre après tout.
Et puis les exclamations outrées de Nemuri sur ses vêtements résonnaient encore dans son esprit. Il était alors peut-être temps de changer, un peu.
« Bon, abdiqua la jeune fille aux cheveux châtains détachés, je te laisse faire ce que tu veux avec le haut, mais tu laisses le bas comme il est... »
Des étoiles s'illuminèrent dans le regard de Momo et un grand sourire fit remonter ses adorables pommettes.
« Tu ne seras pas déçue ! »
Aussitôt, elle se mit au travail, corrigeant ce qu'elle voulait changer. Haruka décida de ne pas suivre le carnage et s'étala sur son lit sur lequel Momo était toujours assise. La journée avait été longue et intense, il fallait qu'elle se repose pour la prochaine.
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