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Chapitre 44.



     Personne dans la salle commune, personne dans les chambres, personne dans les salles de bain. Décidemment, ils étaient bien tous partis.

Après son petit tour d'inspection, la jeune fille se rendit dans les cuisines de l'internat et se prépara un bento. Le regard dur, froid, elle mania couteau et casserole avec une grande détermination. Son repas enfin près, elle remonta dans sa chambre, le petit paquet de nourriture entre ses mains.

Là, dans cet espace parfaitement rangé, elle déposa son bento dans un sac déjà prêt sur son lit. Puis ses yeux se posèrent sur l'horloge-réveil qui trônait au-dessus de son lit.

8h30.

L'adolescente soupira, zippa la fermeture du sac et vint s'asseoir sur sa chaise de bureau. Maintenant, il fallait attendre.

Attendre une heure et demie, c'est-à-dire neuf heures quarante plus précisément, pour sortir de l'internat des secondes A et rejoindre le quai de livraisons. Haruka, comme l'enfant de Yuei qu'elle était, connaissait parfaitement les horaires de passages des camions qui livraient la nourriture, de ceux des éboueurs qui récupéraient celle que les élèves n'ingurgitaient pas, des voitures des services de maintenance pour les contrôles de routine, elle savait tout. Mais ce qu'elle savait de plus primordial, c'était la quasi-absence de surveillance de ce quai de livraison.

« Haruka ! »

Elle savait que, aussi excentré du bâtiment principal, cet espace n'était surveillé que par deux gardiens qui contrôlaient l'identité et la fonction des camions se présentant à eux.

« Haruka ! Arrête-toi ! Haruka ! »

Elle savait que ces contrôles étaient stricts, si stricts qu'ils duraient plusieurs minutes, si longs qu'ils prenaient toute l'attention de ces gardiens, seul binôme de ce poste crucial.

« Haruka ! »

L'enfant sentit ses pieds décoller du sol, tirée en arrière par une force herculéenne. Devant elle, le camion aux couleurs sapins dévia brutalement de sa trajectoire et freina d'un coup sec, quelques mètres plus loin. Hébétée, les yeux fixés sur cette façade verte à l'étrange dessin, elle eut l'impression de flotter quelques secondes dans les airs, avant de se réceptionner avec fermeté contre un torse fort et chaleureux.

Deux bras s'enroulèrent autour de son petit corps, et le serrèrent de toutes leurs forces, tandis qu'une tête chevelue vint se poser sur son épaule frêle, lui chatouillant le cou. Dans sa torpeur, elle ne réagit pas, les mains crispées sur son chat en peluche et le regard toujours posé sur cette énorme machine métallique. Une femme en uniforme en sortit, légèrement sonnée, puis deux hommes, habillés aux couleurs de Yuei coururent à sa rescousse, inquiets.

Les bras se détachèrent, le torse ainsi que la tête se reculèrent et une voix forte résonna aux oreilles de l'enfant.

« Haruka ! Qu'est-ce qui t'a pris ?! Ça va pas de courir partout comme cela ! C'est dangereux !

-Je voulais le sauver...

-Comment ça ? Qui voulais-tu sauver ? »

De sa petite main ronde, elle pointa du doigt une minuscule tâche brune, là-bas, sur le bitume. Un escargot.

La voix se tut, surprise, puis le grand corps se releva, tombé à terre dans son élan, et les deux bras soulevèrent l'enfant du sol pour la ramener à son torse. Peu fière d'avoir été grondée, consciente de ne pas avoir été sage, elle ramena la peluche contre elle et se cacha dans les cheveux longs qui lui chatouillaient le nez.

La grande silhouette qui lui servait de transport se mit à marcher d'un pas lent. La femme et les deux hommes se précipitèrent sur lui, s'inquiétant pour la petite et se confondant en excuses. La grande silhouette les excusa, les rassura, et incita l'enfant à faire de même, ce qu'elle fit dans un murmure, au bord des larmes.

Puis, elle se marcha encore quelques mètres, s'abaissa au sol, et se releva.

« Haruka. »

La petite ne répondit pas, pensant que cette masse capillaire avait le pouvoir de la faire disparaître, elle et sa honte.

« Haruka.

-Hum...

-Regarde. »

Hésitante, elle tourna légèrement la tête, s'autorisant un coup d'œil vers ce que lui montrait la grande silhouette. Là, entre ses deux grands doigts, une petite coquille marron d'où s'agitait un mollusque peu gracieux.

Le regard de l'enfant se mit à briller et un grand sourire s'étala sur son visage rond, effaçant toute tristesse.

« Il n'a rien ! »

La grande silhouette sourit à son tour, satisfaite de cette réaction.

« Je peux l'emmener ? Je peux l'emmener ?

-Si tu veux, on a de la salade à la maison. »

Coincée dans ces grands bras, l'enfant se tortillait de joie. La grande silhouette prit congé de la femme et des deux hommes puis s'éloigna sur le sentier menant à une haute bâtisse de verre.

« Il lui faut un nom ! Un nom !

-Escargot ?

-Mais non, c'est nul ! On appelle pas « escargot » un escargot, papa ! »


Brusquement, Haruka se leva de sa chaise et se saisit de son sac. Elle claqua la porte de sa chambre et descendit les longs escaliers du bâtiment. Arrivée dans la salle commune, elle leva son regard sur l'horloge.

9h38.

Son regard ne se détacha pas du cadran. Immobile dans la grande pièce, le sac pendant sur son épaule, la jeune fille garda les yeux rivés sur ces aiguilles, fragiles marqueurs du Temps.

9h39.

Elle ne bougea pas d'un cil, prête comme la plus grande des coureuses. Elle attendait le top départ comme un attendrait l'annonce d'une remise en liberté. Ses poings se crispèrent, elle sentit son cœur battre de plus en plus fort alors que toutes ses planifications allaient bientôt se concrétiser. Une nuit pour tout préparer, seul un sans-faute serait toléré.

Les cheveux tenus en arrière dans une queue de cheval digne de sa tenue d'héroïne, Haruka sentait la pression luire son front tandis que les aiguilles se mouvaient dans une lenteur insoutenable. Dans un rapide calcul, elle se remémora l'entièreté de son plan, construit au beau milieu de la nuit, dans les moindres détails.

Etait-ce une bonne idée ?

La jeune fille balaya cette idée d'un geste rapide, ce n'était plus le moment de se poser cette question. Personne ne pourrait l'en empêcher, personne n'avait le droit de l'en empêcher.

9h40.

Plus le temps de réfléchir.

Haruka se rua dans l'entrée, enfila ses chaussures et sortit de son internat. Là, dans les grandes allées vides du quartier, elle prit un rythme de marche tranquille, détendu, le plus naturel possible. Son sac accroché à une de ses épaules, elle guettait discrètement de tous les côtés, priant pour ne croiser personne.

D'après ses calculs, il lui fallait une bonne quinzaine de minutes pour rejoindre le quai de livraisons. Dix pour traverser le campus à pas de parfaite citadine, cinq et plus à sprinter dans la forêt en espérant de ne pas rencontrer un professeur-héros en pleine patrouille. Puis une petite marge pour observer les alentours et attendre l'arrivée du camion de légumes qui lui servirait de distraction. Un minutage parfait.

Soudain, une silhouette surgit du bout de l'allée. Paniquée, Haruka jeta son sac dans les buissons et se précipita sur le premier banc venu, tentant de prendre une pause la plus détendue possible.

Quelques secondes plus tard, la grande silhouette de Nemuri apparut devant elle. Les yeux rivés sur son téléphone, une goutte de sueur coulant sur sa tempe, la jeune fille faisait mine d'être bien occupée tandis que son doigt faisait défiler en boucle les quelques photos que stockaient son appareil.

A son grand malheur, la femme à lunettes vint s'asseoir juste à côté d'elle, dans un soupire.

« Quel drôle de week-end... n'est-ce pas, Haruka-chan ? »

L'adolescente hocha la tête, la professeure continua :

« Je me doute que ça ne soit pas très facile pour toi, mais Yuei est grand, et tu peux encore t'y balader... Ne traîne pas trop dans la forêt toute seule, tout de même, on ne sait jamais...

-Je suis juste sortie pour me changer les idées.

-Tu t'inquiètes pour tes camarades ? »

Le cœur d'Haruka se serra, elle se sentit soudainement comme une imbécile. Tandis qu'elle se satisfaisait de leur absence dans l'internat, ses camarades étaient probablement en train de risquer leurs vies. Comme son père. Comme Tamaki, Nejire et Mirio. Quelle idiote.

« Oui... »

Bien sûr qu'elle était soucieuse pour eux mais, trop obnubilée par son plan, elle les avait presque oubliés.

« Ne t'en fais pas trop ! L'opération est dirigée par Night Eye, avec lui tout ne peut que bien se passer. Tu te souviens de Night Eye ?

-Oui, l'agence de maman n'était pas loin de la sienne. »

Nemuri se tendit de tout son long, mal-à-l'aise. Consciente d'avoir fait une bourde, surtout pile ce jour-ci, elle se mit à se tortiller sur son assise en bafouillant :

« Euh... Il est joli ton pantalon, c'est l'un de ceux qu'on a acheté ensemble ? Ahah, j'ai des goûts géniaux !!

-Dis, Nemuri... »

La voix d'Haruka était douce. Penchée sur son téléphone portable comme elle l'était, l'adolescente semblait porter tout le poids du monde sur ses épaules. La grande femme arrêta de s'agiter, attendant une confidence de la part de l'enfant qu'elle avait vu grandir depuis si longtemps.

« Oui ? Haruka-chan... »

Les yeux noisette de la jeune fille se relevèrent vers elle dans une expression penaude, presque timide.

« Les devoirs qu'on a faits il y a un mois, tu les corriges quand ? »

Nemuri se paralysa.

« Tu les as corrigés, n'est-ce pas ? »

Soudain, la grande femme sauta du banc, l'air paniqué. Mal-à-l'aise, et ne souhaitant pas divaguer plus longtemps sur ces fameuses copies qu'elle ne s'était pas empressée de corriger, Nemuri salua prestement la jeune fille. Sous l'excuse d'un coup de fil à passer, elle s'enfuit, loin de cette enfant machiavélique.

Lorsque l'héroïne fut enfin loin de son champ de vision, Haruka poussa un soupir de soulagement. Être ainsi fourbe ne lui plaisait pas vraiment, mais elle ne pouvait pas se permettre de discuter plus longtemps, et ainsi perdre du temps.

Prestement, elle récupéra son sac et se remit à marcher, d'un pas plus rapide, sur la grande rue.



Sans un obstacle de plus, la jeune fille put atteindre la lisière de la forêt et y courait à présent, de toutes ses forces. Son sac brimbalant dans son dos, la respiration difficile, Haruka essayait tant bien que mal de faire le moins de bruit possible, s'empêchant de correctement respirer, faisant attention à ne pas écraser la moindre branche morte. N'importe qui pouvait être en balade dans les bois.

Un craquement résonna entre les arbres. Haruka plongea à terre.

Immobile, la jeune fille se pressa les mains sur la bouche pour s'empêcher de faire trop de bruit. Le sang battait dans ses tempes et elle craignait que l'exaltation de son cœur la trahisse. Ecrasée au sol, l'odeur de la terre et les insectes sauvages tout juste sous son nez, elle ouvrait grand ses oreilles aux bruits aux alentours.

Mais plus rien.

Prévoyante, l'adolescente attendit de longues secondes avant de se relever avec la lenteur d'un escargot. Enfin, rassurée, elle reprit sa course.

Ses pas la menèrent au long mur qui entourait Yuei. Grande plaque de béton coulée sur des centaines de mètres légèrement défraichie çà et là par le temps.

Confiante, Haruka prit à droite et longea cette muraille, les mains accrochées aux bretelles de son sac à dos.



Quelques secondes plus tard, le muret se transforma en cahute et la forêt en immense place de bitume. De cette grande place partaient trois routes qui, plongeant dans la forêt, menaient à trois endroits clefs du terrain de Yuei. Assez larges pour un camion de marchandises, elles n'avaient pour usage que l'acheminement des victuailles et le retour des déchets. Personne d'autre ne pouvait user de ces routes et très peu d'élèves en avaient la connaissance.

Prudente, Haruka se cacha derrière la cahute de béton. La place était vide, pas l'ombre d'un camion en vue, il fallait qu'elle attende sagement dans sa cachette, à l'abri du regard des deux gardiens.

Elle jeta un coup d'œil à l'heure sur son téléphone portable.

10h01.

Sa distraction n'allait pas tarder.

En parlant du loup, un lourd bruit de moteur se rapprocha doucement de l'entrée et vint s'arrêter pile devant les maisonnettes, juste à l'endroit où de simples barrières de parking lui bloquaient la route. Une voix provenant de la cahute de l'autre côté de l'entrée héla la conductrice. Une porte claqua, signe que celle-ci était descendue de son véhicule. Mais rien d'autre.

Quelques secondes s'écoulèrent avant que le second gardien ne sorte de sa maisonnette et vienne rejoindre le conducteur et son collègue. Cachée derrière cette même cahute de béton, Haruka observait la silhouette aux couleurs de Yuei se rapprocher du camion pour ensuite le contourner et disparaître derrière lui.

C'était le moment.

La jeune fille se jeta hors de sa cachette pour longer le véhicule rugissant. Elle avança doucement, pas à pas, écoutant la conversation qui s'animait à seulement quelques mètres d'elle.

« Tu nous déclare quoi aujourd'hui ?

-Je peux vous dire que les gamins vont en manger des patates cette semaine ! Le reste, ce sont des légumes de saison, j'ai la liste dans la poche...

-Fait pas chaud aujourd'hui, vous trouvez pas ? »

Discrète, Haruka avançait pas à pas, faisant bien attention à ne pas faire entendre le crissement de ses semelles sur le bitume. Quand son téléphone portable se mit à vibrer.

L'adolescente paniqua. Le bruit de vibreur semblait se faire aussi fort qu'un tremblement de terre, plus fort qu'une vague frappant les écluses, plus fort encore que le ronflement d'un géant.

D'un geste maladroit, elle sortit son petit appareil de sa poche, manqua de le faire tomber et le pressa avec force contre sa poitrine tout en martelant les touches pour le faire taire. Et enfin le gargouillement du ventre de la Terre se tut.

Silence.

Le front trempé de sueur, Haruka entendait le ronronnement du camion, seulement le bruit du moteur, rien d'autre.

Elle pressa son maudit téléphone contre elle, crispée, immobile, attendant la sentence de sa grande idiotie.

Que dirait son père s'il apprenait qu'elle avait voulu s'enfuir ?

« Ouais, l'hiver approche. Tenez, la voilà cette liste ! »

Un soupir s'échappa de ses lèvres. Les muscles de son dos se détendirent. A pas de loup, elle poursuivit sa traversée, franchit le mur de Yuei et disparut dans les rues de la ville.

Libérée, Haruka se mit à courir, de toutes ses forces. Elle détalait comme une lionne, se débarrassant dans sa course de toute la pression et la peur et l'inquiétude. Ses enjambées se faisaient grande, sa respiration plus forte, libre.

Elle ne prit aucun bus, aucun métro, se contentant de courir encore et encore, sous le regard curieux des passants profitant de leurs week-ends. Elle traversa les rues, les avenues et les boulevards, comme si ses jambes n'étaient qu'une paire d'ailes et, elle, le poids léger d'un ballon de baudruche.

Ses pas la menèrent au centre-ville, sur l'immense place marchande où le Japon entier venait profiter de son temps libre pour jouer, manger, acheter, se promener. Ses pas la menèrent à la fontaine centrale, théâtre de rencontres romantiques, de jeux aquatiques et d'âmes en désespoir lançant une poignée de pièce pour atteindre la félicité.

Assise au bord de cette fontaine, une silhouette se redressa, des perles salées s'écoulèrent de son œil quand elle vit arriver, rouge d'effort, souriante de bonheur, une Haruka toute exaltée.

Heureuse, trempée, la jeune fille se jeta dans les bras de Mahi, et toutes deux rirent de leurs retrouvailles clandestines.

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