Chapitre 4.
Izuku regarda l'immense bâtiment qu'était son nouvel internat, les yeux grands ouverts d'éblouissement. Malgré les moyens colossaux de Yuei, il n'avait jamais imaginé pouvoir vivre dans un tel luxe, tout comme le reste de ses camarades qui s'extasiaient autour de lui.
Toute la seconde A était réunie au complet devant la gigantesque bâtisse, attendant de pouvoir rentrer dans leur nouveau foyer et d'en découvrir toutes les surprises. Toute la classe ?
Haruka ne tarda pas à sortir de ce même bâtiment pour venir rejoindre ses camarades qui ne furent pas surpris de la voir arriver ainsi. Elle se dirigea immédiatement vers son amie Momo qui discutait avec Kyoka. Au passage, la jeune fille jeta un coup d'œil au garçon aux cheveux verts et lui adressa un discret sourire amical. Izuku le lui rendit aussi furtivement.
Les deux jeunes gens ne s'étaient pas reparlés depuis la soirée de Kamino, depuis leur petit moment d'échange, de réconfort même. Aucun message, rien, mais ils n'avaient pas besoin de ça pour comprendre que, désormais, ils étaient amis, liés par quelque chose qu'eux seuls pouvaient comprendre.
Peu après l'arrivée d'Haruka, le second Aizawa fit son apparition sans grand entrain. Aussi maussade qu'à son habitude, il semblait tout de même que quelque chose de sombre planait dans son regard.
« Je suis content de constater que personne ne manque à l'appel, commença-t-il de sa voix habituellement neutre. »
Quelques minutes plus tôt, les jeunes gens avaient discuté de leurs entretiens respectifs avec les professeurs et leurs parents. Certains avaient eu la chance de ne pas avoir eu à batailler trop longtemps, comme Mashirao et Hanta, tandis que d'autres avaient eu plus de mal à convaincre leurs géniteurs de signer les papiers, comme Toru.
« Je suis soulagée de vous retrouver ici, monsieur, dit Tsuyu, Quand j'ai vu la conférence de presse, j'ai cru qu'on ne vous laisserait pas revenir à Yuei, ... Ça m'a fait de la peine !
-J'en suis le premier surpris, lui répondit le professeur, Enfin, il s'est passé des choses entre-temps...
-Entre-temps ? se demanda Izuku, Il veut sûrement faire référence à la chute d'All Might... »
Tapant dans ses mains pour remettre un peu de calme dans le chahut habituel de la classe, Aizawa reprit d'un ton plus solennel :
« Bon, je vais rapidement faire le point sur l'internat, mais, avant tout, votre objectif immédiat est le permis provisoire que vous étiez supposés obtenir à l'issue du camp d'été. »
Le chahut reprit de plus belle. Visiblement, tout le monde avait oublié ce fameux permis. Avec tout ce qu'il leur était arrivé, cela leur avait totalement sorti de la tête.
« On se tait ! J'aborde un sujet très important... »
Sans prendre de pause, il enchaîna avec une discrète pointe de colère :
« Shoto ! Eijiro ! Izuku ! Momo ! Tenya ! Haruka ! Lors de l'opération de sauvetage des pros, vous êtes tous allés sur place... pour secourir Katsuki. »
Le jeune garçon aux cheveux verts sentit les regards lourds de ses camarades se poser sur les six cités. Beaucoup étaient surpris, ne sachant pas qu'ils y étaient vraiment allés, troublés même, mais surtout inquiets et déçus. Comme un réflexe lui venant de ses dures années de collège, Izuku se mit à fixer le sol, gêné.
Aizawa enchaîna, plus sombre qu'il n'y avait quelques secondes :
« Vu la réaction de vos camarades, ils savaient ce que vous maniganciez. J'aurais bien des choses à dire, mais je vais aller droit au but... Si All Might n'avait pas pris sa retraite, je vous aurais tous fait exclure du lycée, à l'exception de Katsuki, Kyoka et Toru ! »
Un froid glacial venait de s'emparer de l'échine des élèves. Tous gardèrent les yeux baissés, le dos crispé, prenant les dernières paroles de leur professeur comme une immense masse qui s'était écrasée sur leurs épaules.
« ... Avec le départ du Symbole de la Paix, on peut s'attendre à une période de troubles... Il n'est pas question d'éloigner des élèves de Yuei alors qu'on ignore ce que manigance l'Alliance des Super-Vilains !... Les six qui se sont rendus vous savez où, ainsi que les douze autres qui ne les ont pas arrêtés, quelques soient vos raisons, le fait est que vous avez trahi notre confiance ! »
Il toisa sa classe de ses yeux sombres. Sans même qu'il n'utilise son alter, Izuku sentit son regard lui traverser l'âme comme une lame froide. Rien qu'en les fixant, Aizawa réussissait à leur faire ressentir toute l'amertume de Yuei à leur égard jusqu'au plus profond de leurs entrailles.
« J'ose espérer que vous aurez à cœur de la regagner, continua-t-il, En respectant scrupuleusement les règles désormais... Voilà, affaire classée ! Maintenant, venez découvrir vos quartiers dans la joie et la bonne humeur ! »
Sur ce, il tourna les talons, laissant les adolescents quelque peu déprimés et honteux.
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Quelques minutes plus tard, Haruka se retrouvait seule dans la partie commune de l'internat. Après une rapide visite des lieux, ses camarades s'étaient tous précipités dans leur chambre respective, prêts à ranger leurs affaires et à décorer leur nouveau chez eux. La fille du professeur avait, quant à elle, déjà vidé tous ses sacs depuis longtemps, ainsi que le carton envoyé par ses grands-parents.
Elle s'ennuyait donc à déambuler dans leur grande pièce à vivre sans savoir réellement quoi faire. Quand, soudain, la porte d'un des ascenseurs s'ouvrit.
Haruka sentit ses joues rosirent en voyant Shoto débarquer, la mine neutre, comme d'habitude. Ses yeux hétérochromes tombèrent sur sa camarade et il se dirigea immédiatement vers elle :
« Tu sais où je pourrais trouver un marteau ? lui demanda-t-il simplement. »
La jeune fille se concentra pour masquer son trouble, se répétant inlassablement qu'elle était stupide et que lui était son ami. Rien de plus. Elle réfléchit quelques secondes avant de répondre :
« Il y a une caisse à outils dans le placard avec les produits ménagers. Normalement, tu devrais y trouver un marteau.
-Et il est où se placard ? »
Se félicitant d'avoir lu l'entièreté du gros classeur de l'internat, Haruka amena Shoto à une pièce adjacente à la buanderie. Elle lui sortit la caisse à outils ainsi qu'un marteau flambant neuf.
« Merci..., lui dit Shoto de son ton froid habituel, Tu n'as plus rien à installer ?
-Non, lui répondit son amie en le raccompagnant aux ascenseurs, j'ai tout fini hier et c'était assez rapide.
-D'accord.
-...Et, pourquoi tu avais besoin d'un marteau ? »
Le garçon regarda l'objet, pensif, avant de lâcher :
« Des meubles à monter.
-Tu as besoin d'aide ? »
Ses yeux se tournèrent vers la jeune fille qui le regardait avec un petit sourire. Ses cheveux châtains tombaient sur ses épaules et quelques-unes de ses mèches étaient jointes en arrière par son habituel ruban pourpre. Son visage crispé de Kamino avait fait place à la douce rondeur habituelle de ses joues et de ses traits.
« Non. »
Haruka blêmit devant cette réponse aussi froide que le pôle Nord. Sans se rendre compte qu'il avait blessé sa camarade, Shoto continua :
« J'ai besoin de calme, mon père n'a pas été très silencieux pendant ces trois derniers jours. Et j'ai besoin de réfléchir aussi. »
Mettant de côté la stalactite qui venait de s'enfoncer dans sa poitrine, la jeune fille continua de lui sourire en acceptant ses arguments.
« D'accord, je comprends. Bon bricolage alors. »
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et Shoto disparut derrière les portes de fer.
Haruka soupira un bon coup. La froideur de son ami lui semblait encore plus blessante qu'auparavant, cela était certainement dû aux sentiments exacerbés qu'elle avait découvert. Elle se répéta encore de ne pas prendre ces détails trop à cœur, au risque de se vexer pour rien.
Après quelques minutes à ne rien faire, la jeune fille se dit qu'il fallait qu'elle rende visite à quelqu'un. Elle prit à son tour un ascenseur, les machines ayant enfin été mises en route le matin même, et monta jusqu'au troisième étage. Arrivée à destination, elle sortit de l'élévateur et vint frapper à la première porte du couloir.
« Entrez ! s'écria une voix féminine de l'autre côté de la paroi. »
Haruka tourna la poignée et mit un pied dans la chambre. Celle-ci était à moitié rangée, seuls quelques cartons étaient encore fermés sur le sol.
« Elle est douillette ta chambre, dis donc, dit Haruka en observant les coussins et bibelots qui trônaient harmonieusement sur les étagères et sur le bureau. »
La propriétaire de ces jolies affaires se retourna en entendant la voix de son amie. Elle vint s'asseoir sur le bord de son lit sans la quitter des yeux.
« Tu ne viens pas me parler de la déco de ma chambre, n'est-ce pas ?
-On n'a a pas été très franches l'une envers l'autre. »
Haruka vint s'asseoir sur l'autre bord du lit, ses yeux noisette croisèrent ceux de la brunette qui la fixait encore. Ochaco brisa le contact visuel pour regarder le sol de sa nouvelle chambre. Les deux jeunes filles sentaient une boule serrer leurs ventres et leurs cordes vocales.
« C'est vrai... Tu aurais pu me dire que tu étais partie avec eux.
-Tu aurais pu me dire ce qu'il se tramait. »
Les camarades se dévisagèrent de nouveau. La brunette reprit :
« Je ne voulais pas que tu t'inquiètes encore plus pour nous. Tu étais en sécurité et je voulais que tu y reste... Ça m'a fait un choc quand Aizawa-sensei a prononcé ton nom, tout à l'heure...
-Je savais que tu cachais quelque chose, tes réponses sur l'état de la classe étaient trop floues pour qu'elles soient totalement vraies. Et ça m'inquiétait encore plus...
-Qui t'a parlé de ça ? Je vois mal Tenya-kun te mettre en danger...
-C'est Momo qui m'a demandé mon aide. »
Ochaco se sentit surprise et prise au dépourvu. Elle ne s'attendait pas à ça de la part de la vice-déléguée. Et si Momo avait fait ainsi appel à son amie, cela ne pouvait être que pour une bonne raison. Elle réfléchit quelques secondes avant de reprendre :
« Je comprends mieux pourquoi tu étais si froide par message ces derniers jours... Enfin bon, je suis contente que tu sois venue me parler... On va pouvoir oublier ce qu'il s'est passé et redevenir amie...
-Même si notre confiance l'une envers l'autre ne sera plus comme avant... »
La brunette releva le regard vers sa camarade qui fixait un point dans la pièce. Elle hésita quelques secondes avant de demander :
« Tu ne parles pas que de moi là, n'est-ce pas ? »
Haruka ne répondit pas, pensive.
« J'ai vu comment Aizawa-sensei t'a regardé, tout à l'heure. Il est en colère contre toi, c'est ça ?
-En colère... plus vraiment, enfin, je crois... Disons que sa confiance en moi est sur un fil suspendu entre deux immeubles... La confiance de Yuei envers la seconde A est altérée, c'est un groupe entier qui est visé, alors que moi... J'ai perdu la confiance de toutes les personnes avec qui j'ai grandi, même s'ils ne le montrent pas, je sais qu'ils m'en veulent... »
Ochaco dévisagea son amie, le cœur serré. Cette dernière ne parlait que très peu de son enfance au lycée et la jeune fille de la gravité avait tendance à oublier ce détails-là. Au moins, les élèves de la seconde A pouvait se serrer les coudes dans cette situation, mais Haruka était seule, confrontée à un autre problème.
La jeune fille aux cheveux châtain inspira une grande bouffée d'air, comme pour se ressaisir. Gênée, elle afficha un grand sourire à sa camarade qui la regardait avec tristesse.
« Enfin bref, je ne devrais pas te parler de ces choses-là !
-Non... »
Tendrement, la brunette réduisit l'écart entre elles deux pour venir saisir la main de son amie.
« C'est bien que tu m'en parles, ou que tu en parles à Momo-chan, tu ne devrais pas garder tout ça pour toi... »
Haruka sentit sa gorge se serrer, la main de son amie semblait si douce et si chaude autour de la sienne que les larmes commencèrent à lui monter aux yeux. Elle qui pensait ne donner l'image qu'une jeune fille normale quoiqu'un peu réservée, voilà qu'une de ses camarades venait à dire que ce qui la préoccupait n'était pas si invisible que ça.
Elle serra la main de son amie, consciente qu'elle était là pour elle comme Momo, lui montrant ainsi qu'elle comprenait son message. Le poids logé éternellement dans sa poitrine s'allégea légèrement. C'était si bon de se sentir entourée.
Trois coups frappèrent soudainement à la porte. Ochaco invita la personne à entrer et les deux jeunes filles découvrirent Mina, leur camarade à la peau rose, toujours aussi dynamique.
« Après vos déménagements, on se rejoint toutes dans ma chambre ! déclara-t-elle avec un sourire, il faut qu'on parle de quelque chose ! »
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Une vingtaine de minutes plus tard, toutes les filles de la seconde A se retrouvèrent dans une chambre rose et remplie à ras bord de breloques en tous genres. Visiblement, Mina aimait la mode et, surtout, le rose.
Seule Tsuyu manquait à l'appel. Apparemment, et selon Ochaco, la petite grenouille ne se sentait pas très bien et avait préféré rester dans sa chambre.
Kyoka vint s'affaler dans un sofa de la rose, Haruka prit place sur la chaise de bureau tandis que le reste des filles s'installèrent confortablement sur le lit. Enfin, la réunion pouvait commencer.
« Bon, commença Mina, avec ce qu'il s'est passé tout à l'heure, ça va pas être la joie dans la classe.
-Tout à l'heure ?
-Ce que nous a dit Aizawa-sensei.
-Ah, oui, répondit Kyoka, Toujours pour mettre l'ambiance lui... Sans vouloir te vexer, Haruka-san.
-Non, non, ne t'en fais pas, lui répondit la fille du professeur. »
Un léger silence interrompit leur conversation. Visiblement, les mots avaient du mal à sortir. Ce fut Ochaco qui reprit la parole :
« Vous devez toutes ressentir la même chose que moi... On a un peu discuté avec Haruka mais je me vois mal faire comme si de rien était envers vous deux et les garçons... »
Momo et la jeune fille aux cheveux châtain s'échangèrent un petit regard. Elles-mêmes se sentaient mal par rapport à leurs camarades, savoir qu'elles les avaient déçus les mettaient mal à l'aise.
« Justement ! s'exclama Mina, Si je vous ai convoqué ici, c'est pour trouver un moyen d'alléger l'ambiance avant de reprendre le lycée ! Imaginez un cours d'héroïsme où tout le monde se regarde avec mélancolie et garde ses distances, ça serait l'horreur !!
-Alléger l'ambiance ? demanda Momo, Mettre toute la classe dans une activité divertissante ?
-C'est ça !
-Mais quelle activité ? »
Toutes se mirent à réfléchir, Haruka n'avait pas la moindre piste qui pourrait faire ce que demandait les jeunes filles. Elle n'était pas trop douée pour les activités de groupe.
« J'ai une idée ! s'écria soudainement Toru. »
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