Chapitre 30.
De : Mahi-chan <3
Si c'est toujours au même endroit, ça doit juste être une ombre bizarre, rien de plus...
Tu sais, un truc t'as l'impression que c'est de forme humaine mais en fait non
Comme quand tu te réveilles dans ta chambre et tes vêtements sur une chaise font la forme d'un monstre
Mais en fait c'est pas un monstre
A : Mahi-chan <3
Non... ce n'est pas toujours au même endroit et ce n'est pas qu'une ombre...
Parfois, il apparaît discrètement, parfois je le vois alors que le soleil n'est même pas couché
Il porte un long manteau noir et un large chapeau qui cache son visage... d'une drôle de forme...
De : Mahi-chan <3
Tu es sûre que c'est un homme ?
Visage d'une drôle de forme, c'est-à-dire ?
« Bon, tu laisses ce téléphone ou je continue à parler dans le vide ? »
Prise sur le fait, Haruka releva les yeux sur Nemuri. Celle-ci la regardait, un léger air fâché sur le visage. Penaude, la jeune fille tapota un rapide « je t'expliquerai plus tard » avant de ranger son appareil et de se retourner de nouveau vers l'héroïne en tenue de civile.
Satisfaite, Nemuri esquissa un sourire de malice avant de demander :
« A qui tu parles tout le temps comme ça ?
-Une amie que je me suis faite aux cours de rattrapages, lui répondit Haruka en souriant à son tour.
-Mmmmh, une amie ?
-Oui, elle s'appelle Mahi Torisu. Elle vient du lycée Sujuru, tu connais ?
-Seulement de nom, ce n'est pas un lycée très réputé je crois.
-Non, mais c'était le plus proche de chez elle. Les professeurs ne sont pas très encourageants apparemment...
-C'est dommage ça, s'ils ne savent pas transmettre leur passion, ce n'est pas très béné... On est arrivées !! »
Sur ces mots, le bus dans lequel les deux amies étaient assises s'arrêta brusquement. Aussitôt, Nemuri bondit du véhicule, bousculant le reste des passagers, la pauvre Haruka à ses trousses.
Enfin, elles étaient arrivées à destination après un petit bout de temps de transports. La grande brune en avait les larmes aux yeux, des millions étoiles brillaient dans ses iris formant ainsi une galaxie à elles seules.
Ce n'était pas du tout le cas pour la jeune fille aux cheveux châtains qui affichait une mine plutôt inquiète.
« Tu sais, on peut simplement prendre une crêpe au chocolat et s'en aller tranquillement après...
-Non ! s'exclama l'héroïne, Je suis venue avec une mission et j'irais jusqu'au bout !! Midnight n'abandonne jamais ! »
Avec force, elle empoigna la main de sa prisonnière et se dirigea d'un pas ferme vers la prison, ou plutôt le centre commercial.
Haruka n'était pas du tout rassurée à l'idée de faire ses courses avec la brune. Connaissant les goûts excentriques de celle-ci, elle ne pouvait que craindre la suite des évènements. Pourquoi avait-elle accepté de faire cette sortie « entre filles » ? Pourquoi avait-elle écouté Hizashi qui avait tant insisté pour qu'elle y aille ? Pourquoi n'avait-elle pas remarqué leurs regards sournois et pleins de mauvaises intentions ?
Si son père la renie définitivement parce qu'elle reviendra à l'internat habillée en licorne arc-en-ciel, elle les en tiendrait responsables !
Elle n'eut pas le temps de se plaindre un peu plus de son sort que Nemuri l'avait déjà envoyé valser dans la cabine d'essayage d'un quelconque magasin branché.
« Ne bouge pas d'un poil, je reviens tout de suite ! »
Comme une boule de feu à lunettes, la brune disparut entre les rayons sous le regard de certains clients plutôt surpris. Mal-à-l'aise, Haruka leur adressa un petit sourire gêné avant de tirer le rideau d'un coup sec pour se retrouver en tête à tête avec elle-même.
S'il y avait bien une raison pour laquelle la jeune fille n'appréciait pas faire les magasins, c'étaient bien les miroirs. Grandes façades réfléchissantes plaquées pile en face de soi, tantôt bien éclairées, tantôt éclairées avec la même finesse qu'un parking souterrain. Et, malheureusement pour elle, ce magasin avait opté pour le second choix.
La jeune Aizawa se retrouvait alors là, à patienter dans un petit espace aux grands rideaux oppressants et à ce long miroir mettant en valeur tous les points faibles de son physique.
Une peau trop pâle, des yeux trop globuleux, des cernes trop prononcées, et c'était sans compter tous ses gracieux petits cheveux hirsutes qui sortaient de sa longue tignasse mal coiffée. Dire qu'elle avait passé de longues minutes à brosser et encore brosser ses cheveux ingrats, tout ça pour obtenir un tel résultat.
Haruka n'aimait pas son reflet, et l'agréable éclairage de la petite cabine lui donnait l'impression de faire trois fois son tour de hanche. Un véritable plaisir. Si bien qu'elle finit par se tirer la langue à elle-même dans la glace.
Au même moment, le rideau s'ouvrit sur une Nemuri chargée de vêtements en tous genres et visiblement aussi surprise que la jeune fille qui venait de sursauter de peur.
« Tu faisais des grimaces, là ? lui demanda la grande.
-Pas du tout ! se défendit la plus jeune.
-Bref, je t'ai ramené quelques petits trucs. Essaye pour voir ! »
Sur ces mots, elle jeta sa montagne de vêtement sur Haruka qui vacilla sous son poids.
L'après-midi prévoyait d'être mouvementée !
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Le soleil commençait à descendre dans le ciel quand les deux amies quittèrent enfin le centre commercial. Chargées de sacs de marques variées, elles traversèrent la rue pour venir s'asseoir à un arrêt de bus désert.
Immédiatement, Nemuri s'étala sur le banc, fatiguée mais souriante.
« On a fait de bonnes courses ! déclara-t-elle comme si elle sortait d'un repas.
-Oui, c'était cool, répondit la jeune fille aux cheveux châtain en posant ses sacs à son tour.
-Voyons, Haruka-chan, sois plus enthousiaste ! Je t'ai trouvé des trucs du tonnerre, non ? »
L'intéressée esquissa un petit rire et se pencha pour embrasser la joue de la brune.
« Oui, merci, Nemuri-chan !
-Voilà, c'est ce que je voulais entendre ! »
L'héroïne et professeure continuait de déblatérer des louanges à sa personnes tandis que la jeune fille resta debout à côté d'elle, souriante elle aussi. Comme elle l'avait bien pensé, subir les essayages de cette femme n'avait pas été de tout repos mais le résultat en valait la chandelle : elle allait enfin pouvoir faire du tri dans ses placards. Et sans même dépenser un seul yen, Hizashi lui faisait cadeau de tous ces nouveaux vêtements. Que rêver de mieux ?
En attendant leur bus, Nemuri ferma les yeux en quête d'une petite sieste et Haruka resortit son fidèle téléphone portable. La conversation commune de la seconde A avait été agitée en son absence et quelques messages de Mahi étaient restés sans réponse.
Mais alors qu'elle commençait sa lecture, la jeune fille sentit une présence non loin d'elle.
Dans un sursaut, elle releva le regard vers l'angle de la rue, à une dizaine de mètres de l'arrêt de bus.
Cependant, elle ne vit rien, rien d'autre que des voitures traversant le carrefour, comme si tout était normal.
Pourtant, l'adolescente ne baissa pas sa garde. Son pouls s'était mis à s'accélérer et elle était persuadée d'avoir bien ressenti une présence au loin.
Le corps tendu et l'esprit aux aguets, ses yeux restèrent fixés sur l'endroit de son ressentiment, sur le coin de ce bâtiment des plus banals.
Elle se sentait crispée et un frisson d'effroi lui parcourra l'échine. Est-ce que c'était lui ?
Depuis quelques temps, la jeune fille se sentait observée, presque suivie. Chacune de ses sorties en bus scolaire s'accompagnait d'une crainte : celle de voir cette ombre. Toujours la même ombre, enveloppée de noir, coiffée d'un chapeau à bords larges. Jamais au même endroit, ni à la même heure, mais toujours là pour le passage du bus, toujours là pour qu'elle puisse bien la voir. Bien voir son visage aux traits difformes.
Aux premiers trajets, Haruka avait pris cela comme un mirage, la silhouette était trop étrange pour que son imagination ne lui joue pas des tours. Ou alors comme un hasard. Mais au bout d'un moment, cela ne pouvait plus être un hasard.
Comme cette présence, cela ne pouvait être un mirage, ni un hasard.
Cette silhouette aux larges épaules et à l'étrange visage, elle ne lui apparaissait que lorsqu'elle était dans le bus de Yuei. Et maintenant ici ?
D'un geste lent, la jeune fille posa ses sacs de courses au sol, sans lâcher le coin de rue des yeux. Elle se redressa tout aussi lentement et posa un pied devant elle, puis un autre.
D'un pas prudent mais déterminé, Haruka avançait vers cet angle de bâtiment, vers l'endroit où elle avait ressenti cette présence. Elle devait en avoir le cœur net, elle ne pouvait plus passer ses trajets de bus à guetter cette apparition, elle ne pouvait plus se poser des questions sans réponses.
Ce matin-même elle avait décidé d'en parler à Mahi, mais qui pouvait réellement lui trouver une réponse ? L'adolescente elle-même n'était pas sûre de ce qu'elle voyait, alors qui ?
Comme pour se donner du courage, elle serra les poings, plus fort au fur et à mesure qu'elle avançait.
Bientôt, elle arriva à ce coin de bâtiment et tourna à l'angle.
Grande, athlétique, la silhouette était entourée d'un long manteau noir lui arrivant jusqu'aux pieds. Un grand chapeau élimé trônait sur sa tête et couvrait d'ombre le masque difforme qui lui couvrait le visage. Masque sombre et boursouflé laissant deux petits yeux sournois fixer la jeune fille avec froideur.
Tétanisée, elle ne bougea pas d'un cil. Devant elle se tenait la silhouette qui la suivait depuis plusieurs jours déjà. En chair et en os, la forme masculine la fixait, sans émotion, sans vie. Ses grands yeux noisette restèrent ancrés dans les plus petits et sombres. Aucun son ne sortit de sa gorge, il resta tout aussi muet, impassible.
« Haruka ? Le bus est arrivé ! Haruka ?! »
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Plus blême qu'à son habitude, l'adolescente traversa le grand couloir jusqu'à frapper à l'une des portes.
« C'est quiiiiii ?
-C'est Haruka.
-Entre ! »
Sans attendre plus longtemps, l'intéressée ouvrit la porte pour découvrir les filles de la seconde A au grand complet installées dans la chambre de Mina, leur bonbon rose énergique préféré.
« Ouah ! Ce pyjama, Haruka-chan, il est magnifique ! »
Elle leur adressa un petit sourire flatté avant de fermer derrière elle et de se retourner vers ses camarades. Momo se leva de son confortable fauteuil pour mieux venir admirer son amie.
« Je suis allée faire quelques courses, expliqua simplement la fille du professeur.
-Il était temps ! renchérit Mina.
-C'est de la vraie soie ? s'enquit la vice-déléguée en s'approchant d'elle. »
Voulant ramener son amie auprès des autres filles, Momo attrapa la main d'Haruka mais se rendit compte que celle-ci était déjà prise par son téléphone portable. Aussitôt, elle la lâcha et retourna s'asseoir sur son fauteuil.
Sans se rendre compte du geste de son amie, la jeune fille aux cheveux châtains rejoignit Ochaco et Toru sur le lit de la rose.
« Sujet du soir : le stage de Tsuyu et d'Ochaco ! déclara l'hôte avec entrain, Alors les filles ? Comment ça s'est passé ? Vous avez fait quoi ?? Je veux tout savoir band de chanceuses !! »
L'histoire des deux « chanceuses » était très intéressante, la façon dont Nejire les avait recrutées, leur entretien avec leur dorénavant maîtresse de stage... Cependant, Haruka ne resta pas bien longtemps concentrée et reprit vite son smartphone en main.
De : Mahi <3
Quoi ?? Tu l'as vu ? T'es sûre que c'était lui ??
Après cet étrange face à face, la jeune fille s'était enfuie en courant de ce coin de rue pour se précipiter vers Nemuri dans le bus de ville. Elle n'avait pas touché un mot à l'héroïne de ce qui lui était arrivé et, bizarrement, ce n'était qu'à Mahi qu'elle arrivait à en parler.
Rien que l'idée d'évoquer cet homme, cette ombre, à son père ou à tout autre personne lui semblait une très mauvaise idée. Qui pourrait bien croire à son histoire ?
Depuis cet instant, la jeune fille se sentait extrêmement mal, son cœur était serré et une angoisse persistait dans son esprit. Rien d'autre ne pouvait la calmer que ses échanges avec son amie.
A : Mahi <3
Oui, je l'ai vu
C'est un homme, en noir, et il portait un masque
De : Mahi <3
Tu sais qui c'est ?? C'est peut-être un super-vilain !
Qu'est-ce que je raconte ! C'est un super-vilain évidemment !
A : Mahi <3
Non, je ne sais pas qui c'est et son costume ne me rappelle aucun super-vilain...
Soudain, l'animation qui régnait devant elle jusqu'à présent devint étrangement silencieuse. Intriguée, l'adolescente releva son regard sur ses camarades qui la dévisageaient avec insistance.
« Tu n'écoutais pas, Haruka-chan ? demanda Ochaco juste à ses côtés.
-Oh ! Gomen ! répondit l'intéressée, Je répondais à un message, vous disiez quoi ?
-Laissez tomber, répliqua une voix sèche et froide, Elle préfère rester scotchée à son téléphone plutôt que perdre son temps avec nos histoires... »
Les regards se retournèrent lentement vers le seul fauteuil de la pièce. Haruka dévisagea avec stupeur la jeune fille aux cheveux noirs qui y était assise et qui la fixait, les sourcils froncés dans une expression qui ne lui était pas habituelle.
« Euh... Momo... se risqua l'une des jeunes filles.
-N'allez pas me dire le contraire ! Elle passe son temps sur son téléphone ! Depuis la rentrée, nos vies ne l'intéressent plus ! Elle s'en fout de nous !
-Momo ? »
La grande brune se leva brusquement de son assise, des larmes lui montaient aux yeux et ses joues étaient devenues rouges de colère. Une immense rage se lisait dans son regard pourtant d'ordinaire si calme et si posé, personne encore ne l'avait vu se mettre dans cet état-là et aucune fille n'osait bouger le moindre cil.
« Il n'y en a que pour cette Mahi maintenant ! Mahi par-ci, Mahi par-là ! Que pour elle ! Tout le temps ! Eh bien, si t'es tellement bien avec cette Mahi, reste avec elle à Sujuru !! Puisque tu t'en fous de nous !! »
Elle tourna les talons pour sortir de la chambre, le cœur détruit et les larmes dégoulinant sur ses joues roses. La poitrine serrée, Haruka se leva du lit comme pour retenir celle qu'elle considérait encore comme son amie. Elle ne savait pas quoi dire, rien ne lui venait en tête pour tenter de rassurer la brunette. Perdue, elle réussit à bafouiller :
« Ne dis pas ça, Momo. Je ne m'en fous pas de vous, ce n'est pas vrai ! C'est juste que...
-C'est juste que quoi ? »
Les mots restèrent bloqués dans sa gorge. Il y avait tellement de phrases à dire après ce « c'est juste que » qu'elles se bousculaient et n'arrivaient à sortir. Comment le dire ? Comment l'expliquer ? Comment parler, tout simplement ? Elle se sentait si démunie que ses mains tremblaient et son regard cherchaient dans le vide sans savoir quoi faire.
« C'est juste que tu te fous de nous. Voilà, c'est tout.
-Non... J'ai... Je... »
Elle se sentait étouffer sous le regard noir de sa camarade, sous le mutisme des jeunes filles autour d'elle, sous la détresse qui submergeait son esprit en ce moment même.
« ...Ça ne va pas bien ces temps-ci... C-Ce n'est pas une période très agréable pour moi et... Et ça me fait du bien de lui parler... Je... »
Momo sentit de plus en plus de perles salées couler sur ses joues. La colère fit place à la tristesse et la si sérieuse vice-déléguée fondit en larmes, détruite.
« Ça te fait du bien de lui parler ?? Et à moi ? Tu ne peux pas parler ?? Je suis ta meilleure amie, je te rappelle ! Je suis sensée être ta meilleure amie !! Et tu ne me parles jamais !!! »
Haruka resta figée, incapable de réagir face aux cris de Momo. Elle ne l'avait jamais vu ainsi, personne ne l'avait jamais vu ainsi et l'atmosphère de la pièce devint de plus en plus lourd, oppressant toutes les personnes qui s'y tenaient, notamment la jeune fille aux cheveux châtains.
Le cœur de la fille du professeur serra de plus en plus, à chaque mot de Momo, à chaque reproche, à chaque larme. Tétanisée, elle garda des yeux effarés sur la vice-déléguée sans savoir quoi répondre, ni quoi faire. Perdue, complètement perdue.
« Tu ne me parles jamais !! Dès que je pense avoir obtenu ta confiance pour que tu me racontes ce qui te fait mal, une nouvelle question apparait ! Dès que tu me parles de quelque chose, quelque chose d'autre de plus mystérieux et de plus douloureux apparait ! Je te fais confiance et je t'ai toujours aidé pour que tu aies confiance en moi, pour que tu te confie à moi, et c'est comme ça que tu me remercie ?! En parlant tout le temps avec une inconnue ?! Pourquoi ? »
Haruka brûlait de lui dire que Mahi ne savait rien, rien sur son père, rien sur son malheur. Tout ce qu'elle savait de plus était cette apparition d'un homme en noir et apparemment stalkeur de lycéenne. Mais rien d'autre. Le reste, c'était Momo qui le savait, qui la comprenait, qui la soutenait mieux que quiconque.
Mais comment lui expliquer que ça lui faisait du bien de parler avec quelqu'un d'extérieur à Yuei ? D'extérieur à ses problèmes et à ses doutes ? Juste une personne qui, pour une fois, n'avait aucun lien avec Yuei ? Que ça lui remontait le moral d'être avec quelqu'un qui ne lui parlait pas tout le temps de son père, de son passé alors que tout son esprit était déchiré à cause de ces jours qui lui fendaient le cœur ?
Comment lui expliquer qu'elle ne souhaitait plus de regards inquiets, de questions sur son père et sur tout ce qui l'entourait pour mieux l'empêcher de pleurer, de crier, de sombrer à chaque seconde de ces journées longues et douloureuses ? Qu'elle avait juste besoin qu'on lui change les idées pendant que le soleil est encore haut dans le ciel, qu'il faut garder la tête haute et de rien laisser paraître ?
Comment lui expliquer ?
Sans la blesser, sans blesser cette amie qui lui était si chère et si précieuse. Mais Momo était déjà blessée et les larmes qui coulaient en cascade sur ses joues étaient une vue que le cœur d'Haruka ne pouvait supporter.
Aucun mot ne sortait de sa bouche, rien. La communication et les Aizawa faisaient deux, elle ne pouvait rien faire contre cela.
Perdue, muette, incapable de réagir, Haruka resta alors stoïque, spectatrice de toute la tristesse de son amie sans savoir quoi faire, quoi dire.
Plongée dans une profonde détresse, Momo continuait de hurler :
« Tu ne la connais pas ! Tu ne sais pas qui elle est ! Qu'est-ce qu'elle a de plus que moi ? Qu'est-ce qu'elle a pour qu'elle puisse me remplacer aussi facilement ?!... Elle me remplace, c'est ça ?... Elle... Elle m'a remplacé... »
Un nouveau torrent de larmes incontrôlées s'échappa des yeux de Momo. Elle claque la porte de la chambre et disparut entre les couloirs de l'internat, faisant résonner ses sanglots dans le grand bâtiment.
Les cinq jeunes filles restantes, le souffle coupé, se dévisagèrent, une à une. Puis, elles tournèrent leur regard vers leur camarade, en pyjama tout neuf, figée devant la porte. Son téléphone portable encore dans la main.
« ... Haruka ? »
Sans un mot, presque calmement, cette dernière fit quelques pas, ouvrit la porte qui avait été violemment claquée et sortit de la pièce. D'un pas lent, elle traversa les couloirs, les escaliers jusqu'à retrouver l'étage de sa chambre. Elle passa devant la chambre de la brune, entendant ses longs sanglots déchirants. Une fois dans sa propre petite pièce, la jeune fille tomba sur son lit et laissa ses pleurs couler sur ses draps.
Le cœur au bord de l'explosion, l'esprit embué, elle se maudit de tout son être. Maudit sa méchanceté, sa cruauté, son silence et sa douleur qui la suivait dans tous ses gestes, dans tous ses mots. Pourquoi n'arrivait-elle pas à parler ? Pourquoi ?
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