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Chapitre 11.

     La tête sur l'épaule de Momo, Haruka dormait d'un profond sommeil réparateur. Dans ces rares moments de tranquillité, son visage semblait moins crispé et plus doux. On lui aurait presque donné un air heureux.

Cependant, le bus freina devant un gigantesque bâtiment réveillant ainsi l'excitation de la classe A et la pauvre Haruka qui aurait bien voulu qu'on lui accorde quelques minutes de plus. Les élèves descendirent de l'appareil, comme le faisaient d'autres non loin d'eux.

« Ouh là là, j'ai le trac ! se plaignit Kyoka.

-Moi aussi, lui répondit Hanta, Je suis complètement stressé.

-Qu'est-ce qu'ils nous réservent, comme épreuves ? souffla Minoru, Pff... J'espère qu'on va y arriver au moins... »

Se baissant à la hauteur du petit bonhomme, leur professeur Aizawa lui dit d'un ton las :

« Minoru... Il n'y a pas de « j'espère » qui tienne. Vous allez réussir, un point c'est tout. »

Aizawa-fille rejoignit ses camarades avec sa valise de costume au moment où son père commençait à leur faire un petit discours :

« Une fois que vous aurez décroché votre permis provisoire, vous ne serez plus des embryons, vous aurez brisé votre coquille pour passer au stade de poussins. Autrement dit, de semi-professionnels. Donnez-vous à fond !

-Ouais ! s'écria Eijiro avec son éternel enthousiasme à toutes épreuves, On va tous devenir des poussins, OK, les gens ?! »

Ses camarades lui répondirent avec le même entrain, un peu de positivisme ne leur faisait pas de mal. Toujours avec le même sourire, le rouge continua :

« Allez, tous ensemble !... Un... Deux... Trois... Plus...

-ULTRA !! »

Et alors qu'ils allaient pousser tous ensemble la phrase emblématique de Yuei, une immense voix grave surplomba toutes les leurs avec une puissance phénoménale. Les élèves de la classe A se retournèrent en sursautant vers un gars aussi grand et baraqué que Tenya, un grand sourire affiché sur le visage.

Haruka songea même que cet immense sourire lui faisait un petit peu peur.

Derrière le nouveau venu, quelques autres adolescents s'adressèrent à ce dernier :

« Inasa, souffla un garçon dont les yeux étaient extrêmement petits et en amande, Ça ne se fait pas de s'incruster parmi des inconnus.

-Oh, PARDON ! beugla de nouveau le grand gaillard, Je vous prie de m'excuser ! J'ai été terriblement IMPOLI !!! »

Sur ces mots, il s'écrasa le front à terre dans une violente révérence qui fit pâlir Haruka. Ce type avait vraiment une case en moins et ne semblait pas se soucier du sang qui commençait à lui couler du crâne ni de sa casquette qui venait de s'envoler.

Ce ne fut qu'à ce moment-là que la jeune fille remarqua cette casquette et l'initial qui y figurait à l'avant. Un grand « S » qu'elle reconnut tout de suite.

Le lycée Shiketsu.

A l'est du pays, la plus grande école d'héroïsme était Yuei, mais, à l'ouest, c'était Shiketsu qui dominait. Leurs examens d'entrée étaient aussi difficiles l'un que l'autre et, même si Yuei avait une empreinte médiatique plus importante, les deux lycées se valaient amplement.

« Je mourrais d'envie de dire une fois le fameux « PLUS ULTRA » !! continua le fou en relevant sa tête du sol, Je suis un grand fan de la Hero Academia !! C'est un immense honneur d'être en compétition avec vous ! QUE LES MEILLEURS GAGNENT !! »

Puis, il fit demi-tour aussi vivement qu'il était venu et rejoignit les élèves de son lycée, le même immense sourire sur le visage, laissant les secondes A plutôt estomaqués par son interruption. Non loin d'elle, Haruka entendit son père murmurer :

« Tiens donc... Inasa Yoarashi...

-Vous connaissez ce garçon, monsieur ? lui demanda alors Toru.

-Vous allez avoir un adversaire de taille, répondit-il simplement. »

Les adolescents ne comprirent pas les paroles de leur professeur tout en sentant un mauvais pressentiment. Ils se retournèrent vers lui, attentifs à ses explications.

« Au printemps dernier, reprit-il, Il a passé notre examen d'entrée réservé aux élèves avec recommandation. Il a obtenu la première place mais, pour je ne sais qu'elle raison, il a renoncé à s'inscrire chez nous. »

La classe entière fronça les sourcils devant cette drôle de révélation. Izuku réfléchit quelques secondes avant de s'exclamer :

« Hein ? Alors c'est un seconde, lui aussi ?!... Attendez, s'il est arrivé premier... ça veut dire qu'il est plus fort que Shoto ?! »

Haruka se retourna vers l'intéressé qui regardait ailleurs, l'air sombre. Plus fort que Shoto ? Cela lui semblait impossible.

Shota tourna les talons, prêt à emmener ses élèves vers le bâtiment, quand une voix venue du profond de ses cauchemars l'appela au loin :

« Ça alors, ce bon vieil Eraser ! »

Comme au ralenti, le grand homme se retourna vers la voix tandis que, dans le groupe de Yuei, une échine se hérissait. Il put enfin, et malgré lui, voir une femme aux cheveux verts et à l'incroyable sourire accroché aux lèvres qui s'avançait vers lui.

Il s'agissait de Miss Joke, l'héroïne à l'alter « éclat de rire ».

« Je t'ai vu à la télé pendant le Championnat, continua-t-elle avec entrain, mais ça faisait un bail qu'on ne s'était pas croisés. »

Malgré son envie de s'enfuir en courant, Shota resta là où il était, suivant des yeux la femme qui vint se stopper juste devant lui, son immense sourire toujours présent sur le visage.

« Allez, on se marie, lui dit-elle avec un naturel à couper le souffle.

-Sûrement pas, lui répondit-il aussi spontanément.

-Oh, le râteau ! Sacré toi !! s'esclaffa-t-elle en rigolant malgré la situation.

-Toujours aussi boute-en-train, Joke. »

Pour son plus grand malheur, et comme à son habitude, la surnommée Joke ne lâcha pas l'affaire.

« Si tu m'épouses, on fondera une famille heureuse, avec rigolade garanties du matin au soir !

-Ce n'est pas du tout ma conception du bonheur. »

Une élève de la classe A, Tsuyu, s'approcha de l'héroïne :

« Vous vous entendez bien... nota la jeune grenouille.

-Nos agences étaient voisines dans le temps. A force de s'entraider, on a fini par tomber amoureux l'un de...

-C'est pas bientôt fini, oui ?! rouspéta Shota dans le fond. »

Alors que l'héroïne répondait à la jeune fille, une certaine présence dans le groupe de Yuei attira son attention. Son sourire s'élargit encore un peu plus.

« Mini-Eraser !! Ça fait un bail toi aussi ! T'as bien grandi ! »

Haruka fixa Miss Joke avec un regard aussi blasé et éreinté que celui de son père. Visiblement, ces deux-là n'étaient pas très contents de la voir. Ne voulant pas non plus passer pour une impolie, la jeune fille répondit :

« Salut Joke.

-La dernière fois que je t'ai vu t'avais quel âge ? Neuf ans, je crois !

-Huit.

-Oui, huit ! T'étais toute petite à cet âge-là ! On aurait dit une naine ! Et puis tu te trimballais encore avec ton chat en peluche ! L'Eraser-cat, je me souviens ! »

Des rougeurs s'installèrent sur les joues d'Haruka alors que la femme souriante se mettait à déblatérer des informations un peu trop personnelles sur son sujet. De plus, sa classe entière semblait écouter avec attention leur conversation et, très vite, elle se sentit extrêmement gênée.

« Tu te souviens de la fois où tu t'es pris une porte vitrée ?! Je me souviens que tu portais toujours des salopettes avec des chats dessus ! T'aimes toujours pas les carottes cuites ? J'ai retrouvé la petite voiture que tu avais perdu, elle était sous mon bureau ! Tu te souviens...

-Oui, oui, je me souviens très bien ! trancha la jeune fille comme pour couper court à cette honte tandis qu'elle entendait déjà Denki et Hanta rire dans le fond. »

Joke ne fit pas attention à l'embarra dans lequel elle venait de mettre la jeune fille, elle se tourna vers Shota qui rouspétait encore dans son coin.

« Si on se marie, j'adopterais ta fille et on pourra vivre heureux jusqu'à la fin des temps !

-Sans façon, merci, répondit le professeur avec un air las. »

Puis, elle se retourna de nouveau vers l'adolescente qui était en train de se faire charrier par quelques-uns de ses camarades de classe. Joke la regarda de ses grands yeux rieurs avant de lui dire :

« D'ailleurs, ça m'a étonné de te voir en filière générale au Championnat ! Comment ça se fait ? »

Haruka regarda quelques secondes ailleurs, comme si elle réfléchissait à sa réponse quand son père interrompu Joke, voulant clairement mettre fin à cette conversation. Ce n'était pas le moment de discuter comme les vieilles amies qu'elles n'étaient pas, il y avait plus important.

« Ta classe aussi passe l'examen ? »

Mission réussie, cela détourna son attention.

« Je ne m'ennuie jamais avec vous, les Erasers ! Eh, venez voir ! Ce sont les petits de Yuei ! »

Sur ses mots, un petit groupe d'adolescents se dirigèrent vers eux, quelque peu impressionnés de voir la fameuse seconde A :

« Je vous présente mes élèves, continua Joke, les premières 2 du lycée Ketsubutsu ! »

Aussitôt, un jeune garçon aux cheveux noirs et au regard charmeur, du nom de Yo, se précipita vers eux avec le sourire. Il se mit à serrer la main de tous les élèves en complimentant leur courage de ne pas avoir abandonner le lycée après tous les évènements qu'ils avaient subi.

« Cet esprit indomptable, c'est exactement ce qu'il faut pour être un héros ! »

Les adolescents de la seconde A se sentirent flattés par cet entrain, à l'exception de Katsuki qui qualifia Yo de condescendant et qui se prit, au passage, une petite colère d'Eijiro.

Parmi ces élèves de Ketsubutsu, une jeune fille dotée de deux couettes explosives et de petites dents pointues s'approcha de Shoto avec un air à la fois timide et joyeux.

« Dis, Shoto, je peux avoir un autographe ? Tu étais trop cool, pendant le Championnat !

-Euh... réussit seulement à dire l'intéressé sans vraiment savoir comment réagir à la situation.

-Je peux te donner le mien, si tu veux ! lui dit Minoru avec quelques idées derrière la tête. »

Alors que la jeune fille attendait une réponse du garçon aux cheveux bicolores, une ombre vint se glisser entre eux deux, coupant ainsi leur échange.

« Eh ! s'exclama Haruka avec un sourire qui se voulait naturel, Faudrait peut-être aller se changer ! On va finir pas être en retard ! Tu viens, Shoto ?

-Euh oui, lui répondit l'adolescent un peu perdu.

-Juste un petit autographe, insista l'autre. »

La jeune fille aux cheveux châtain, sans comprendre d'où lui venait cet étrange comportement, allait chercher une autre excuse pour s'éloigner d'elle quand, pour une fois, son père la sauva en criant à toute sa classe :

« Bon, vous avez assez perdu de temps comme ça ! Allez vite mettre vos costumes et filez à la réunion d'information ! »

Soulagée, Haruka tourna les talons aux élèves de première en compagnie de Shoto. Enfin, plus personne n'allait les interrompre et ils allaient pouvoir rejoindre le centre d'examen tranquillement.

Mais, alors qu'ils allaient vers leurs vestiaires attribués, la jeune fille sentit quelqu'un venir marcher près d'elle. Il s'agissait de Denki qui la regardait de ses yeux jaunes électriques :

« Pourquoi tu étais en filière générale, Haruka ?

-C'est vrai ça ! s'exclama Mina qui avait entendu le garçon, Comment ça se fait ? Tu as raté l'examen d'entrée ? Pourtant avec ton alter, ça n'aurait pas dû être trop difficile pour toi ! »

La jeune fille laissa échapper un léger rire gêné avant de relever les yeux vers ses camarades qui semblaient tous l'écouter.

« Je n'ai pas passé l'examen d'entrée, j'avais une lettre de recommandation.

-Pourtant je ne me souviens pas de t'avoir vu à l'examen pour les recommandés, nota Momo marchant non loin d'elle.

-Moi non plus, lui dit à son tour Shoto. »

Le rire gêné d'Haruka s'intensifia avec la rougeur de ses joues.

« Je n'ai pas passé d'examen pour la lettre de recommandation non plus. »

Ses camarades la regardèrent interloqués, ils ne comprenaient pas très bien la situation. Un peu honteuse, la jeune fille avoua :

« J'aurais dû me demander pourquoi je n'avais pas passé d'examen mais, étant à Yuei depuis toute petite et connaissant tous les professeurs, je m'étais dit que j'avais eu un coup de piston et qu'ils m'avaient directement inscrite en filière héroïque. Mais, il semblerait que ma lettre de recommandation ait été perdue... Du coup, j'ai juste passé l'examen de générale à distance par sécurité sans m'étonner de rien...

-C'est possible ça, une lettre qui se perd ? demanda Shoto visiblement sceptique.

-Yuei reçoit tellement de courrier par jour...

-Le plus important, c'est que tu sois parmi nous maintenant ! s'écria Tenya à l'attention de son amie qui lui sourit en retour, Allons-nous changer sans trainer ! »

Tous suivirent les paroles de leur délégué et entrèrent dans les vestiaires du centre d'examen du permis provisoire.

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