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Chapitre 24.


    « Ah, toi aussi.

-Oui. »

Quelque peu déstabilisé, Izuku dévisageait Momo. La jeune fille, un bandage lui barrant le front, le regardait d'un air qui lui était inhabituel, sévère et déterminé.

Sans dire un mot de plus, elle tourna les talons et se dirigea vers la sortie de l'hôpital, le garçon lui emboîtant le pas. Ce dernier, dont les bras s'apparentaient à ceux d'une momie, était aussi grave que la vice-déléguée. La décision qu'il avait pris dans la journée était pour lui la plus juste, mais elle n'était pas non plus sans risques.

Les portes du grand bâtiment s'ouvrirent et les jeunes gens découvrirent deux de leurs camarades qui les attendaient patiemment. Eijiro et Shoto. Le premier ne pouvait pas tenir sur place, visiblement très remué, tandis que le second affichait son éternel air froid cachant son appréhension pour la suite des évènements.

« Alors, Momo ? Ta réponse ? »

Tout reposait sur elle, sur ce qu'elle allait dire et faire. Sa présence semblait être un bon signe mais elle pouvait encore refuser.

« Je...

-Attendez ! »

Les adolescents se retournèrent vers un cinquième qui venait d'arriver. Tenya. Le jeune garçon n'avait rien de la personne souriante et énergique qu'il était d'habitude. Ses épaules étaient voûtées, ses poings serrés et son visage crispé, son corps entier traduisait toute la colère qu'il ressentait.

« Je n'arrive pas à comprendre ce que vous fichez là, tous les deux ! cracha-t-il à l'intention d'Izuku et de Shoto, C'est vous qui m'avez résonné quand j'ai pété les plombs et, comme moi, vous avez eu la chance que les autorités passent l'éponge, la dernière fois. Alors, comment pouvez-vous répéter mes erreurs ?! Ça me dépasse ! »

Shoto restait de marbre face à ces accusations de la part de son ami, tandis que Momo et Eijiro ne comprenaient pas toutes ces allusions à ce qu'il s'était passé dans la ruelle de Hosu, avec Haruka. Le bicolore ne pouvait que comprendre le désarroi de Tenya mais le laissa continuer son discours :

« On est encore des gamins sous la responsabilité de Yuei ! Le lycée essuie déjà assez de critiques et, à votre avis, qui s'en prendra plein la figure si vous franchissez la ligne ?!

-Tu te trompes, essaya de défendre Izuku, Il n'a jamais été question de faire quoique ce soit d'illé... »

Le coup partit sans que personne ne puisse réagir. Tenya vint écraser son poing sur la joue du jeune vert, faisant sursauter leurs camarades. Même Shoto se sentit déstabilisé face à cette réaction.

« Moi aussi, je m'en veux ! continua le jeune garçon fou de rage, Moi aussi, je suis inquiet !! Qu'est-ce que tu crois ?! Je suis le délégué de classe ! Normal que je me fasse du souci pour vous tous, et pas seulement pour Katsuki !! Quand je suis entré dans ta chambre, cet après-midi, j'ai eu l'impression de voir mon frère sur son lit d'hôpital ! Et si vous aussi, pendant cette mission suicide, vous étiez gravement blessés, alors que j'aurai pu l'empêcher ?! Tu imagines un peu... ce que je ressentirais... »

Sa voix et sa colère s'étaient calmées pour donner place à une grande tristesse. Shoto renchérit alors :

« Tenya ! On n'a pas du tout l'intention de débarquer chez les vilains pour leur rentrer dans le lard. On va délivrer Katsuki sans se battre.

-En gros, reprit Eijiro, ce sera une mission d'infiltration, on pourra agir en restant à peu près dans les limites de la loi !

-J'ai confiance en Shoto, continua Momo, Cela dit, je vais quand même vous accompagner pour vous empêcher de sortir des rails si les choses tournent mal. »

Eijiro sourit, content d'avoir enfin eu la réponse de la jeune fille. De l'autre côté, Tenya se décomposait face à l'attitude de celle qui était censée être sa partenaire. Izuku, la joue encore rouge, murmura :

« Je ne sais pas trop comment l'expliquer mais... depuis qu'Eijiro m'a dit que Katsuki était encore à ma portée, je n'ai plus qu'une idée en tête... le sauver.

-Je ne vous ferais pas changer d'avis à ce que je vois... »

Tenya soupira, dépité, avant de lâcher ces quelques mots :

« Puisque c'est comme ça... Je viens avec vous. »


.

.

.

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    Les cinq jeunes gens se retrouvaient maintenant à bord d'un train en direction de Kamino.

Grâce à un émetteur placé in extremis sur une des bêtes, nommées Brainless, qui accompagnait les vilains dans la forêt, Momo avait pu créer un appareil pouvant retrouver la position exacte de cette même créature. Enfin, deux appareils plutôt puisqu'un avait été confié à la police tandis que l'autre finissait dans les mains des adolescents. Autrement dit, sans la vice-déléguée, cette folle mission n'aurait pas pu avoir lieu, au grand malheur de Tenya qui ruminait dans son coin.

Shoto et Eijiro avaient été les auteurs de cette idée suicidaire, ravagés par la culpabilité de leur impuissance face au triste sort de Katsuki. Izuku, quant à lui, était rongé par les mêmes angoisses, accablé par leur échec cuisant face aux vilains. Momo n'avait décidé de les suivre que pour vérifier qu'ils ne fassent pas de choses irréfléchies, aveuglés par leur tristesse, mais elle avait été consciente qu'elle ne pouvait y arriver seule.

Pensif, le jeune Todoroki fixait un point au loin tandis que le train s'arrêtait à l'une de ses escales. Un silence lourd régnait entre les jeunes gens alors que le voyage de deux heures ne faisait que commencer. Le garçon pensait encore et toujours à ce qu'il s'était passé dans la forêt, c'était un leitmotiv qui ne cessait de défiler dans l'esprit de ses camarades. Cela les avait changés, il n'y avait pas de doutes là-dessus. Il repensait à ce vilain aux dents de sabres, à Fumikage qui n'avait pu se contrôler dans l'obscurité et la peur, à cet espèce de magicien qui leur avait causé bien des torts et, surtout, à cet horrible et amer goût de défaite. Ainsi qu'à sa peur pour ses camarades, pour ses amis, pour une amie.

« Non, pas toi ! »

Shoto sursauta presque en entendant ce cri déchirant. Tenya venait de se lever brutalement de son siège, se plantant en plein milieu de l'allée, des larmes montant à ses yeux, pour faire face à une nouvelle personne.

Pour faire face à Haruka.

Izuku ouvrit de grands yeux en la voyant, comme Eijiro, ne comprenant pas ce qu'elle faisait ici. Shoto fronça immédiatement les sourcils, à la fois surpris et mécontent de cette apparition. Seule Momo ne semblait pas étonnée.

La jeune fille aux cheveux châtains ne réagit pas à la détresse de son ami à lunettes, se forçant de rester de marbre, affichant la même mine grave que ses camarades.

« Ce n'est pas possible... murmura Tenya en se laissant retomber sur son siège, impuissant face à la situation.

-Salut, lâcha simplement la jeune Aizawa ne sachant que dire d'autre.

-Qu'est-ce que tu fais là ? »

Haruka tenta de ne pas faire attention au ton glacial qu'avait pris Shoto, mais son cœur serra tout de même un peu. Malgré leurs réactions à son arrivée, elle était soulagée de les voir en forme. Du moins, en apparence.

« C'est moi qui l'aie appelée, répondit Momo, Tenya et moi sommes là pour vous éviter d'aller trop loin mais aucun de nous ne pourra vous protéger si ça tourne mal. Haruka, si. »

Les quatre garçons restèrent perplexes tandis que leur camarade s'assit à la place libre en face de Tenya qui évita alors son regard. Ce fut Eijiro qui prit alors la parole :

« Comment pourrait-elle alors que...

-Faites-lui confiance, assura Momo, J'étais avec elle dans la forêt et, croyez-moi, il n'y a qu'elle qui pourra nous faire sortir en un seul morceau. »

Eijiro, Izuku et Shoto dévisagèrent la fille de leur professeur dont les yeux regardaient ailleurs, mal-à-l'aise face à toutes les allusions faites par son amie et par le comportement des garçons.

« Mais qu'est-ce que tu fais là, bordel ? maugréa Tenya sans prêter attention aux explications de la vice-déléguée.

-Momo a demandé mon aide, je ne pouvais pas refuser.

-Ce qu'il s'est passé avec le Tueur de héros ne t'a donc rien appris...

-Bien sûr que si mais, même si je n'étais pas présente quand ça s'est passé, je me sens mal pour l'enlèvement de Katsuki. »

Tenya se jeta sur la jeune fille pour lui attraper les épaules. Shoto, craignant un nouveau coup de poing, se prépara à intervenir mais rien ne se produisit, au contraire, le jeune garçon resta à quelques centimètres du visage de sa camarade, la fixant d'un regard plein de colère.

« Alors, si tu n'étais pas là, souffla-t-il rageusement pour ne pas déranger les autres voyageurs déjà alarmés par ses exclamations, Pourquoi tu t'incrustes dans ce qui ne te regarde pas ? Retourne chez toi, tu n'as rien à faire ici même si ton petit bouclier pourrait nous éviter deux-trois petites égratignures. »

Des larmes montèrent aux yeux noisette d'Haruka mais son visage resta de marbre du mieux qu'elle le pouvait. Elle essayait de rester forte, de ne pas se laisser engloutir dans la blessure qui ravageait son cœur alors que son ami ne voulait la voir.

« Tenya, murmura-t-elle à son tour, Je suis restée presque toute la soirée toute seule dans cette forêt à me demander encore, encore et encore si vous étiez en sécurité. Je ne savais pas ce qu'il vous arrivait, je ne savais pas si tout le monde était loin de danger comme je le voulais, qui était en train de se battre, qui était blessé... J'ai eu peur, Tenya, tellement peur pour chacun d'entre vous, tellement peur de ne plus vous revoir... Et, quand tout ça s'est terminé, je me suis encore retrouvée seule, loin de vous, à ne pas savoir ce qu'il se passait réellement dans cet hôpital, sans même savoir ce que vous maniganciez alors que, par messages, vous me disiez que tout allait bien... »

Haruka ravala ses larmes avec difficulté, n'étant pas prête à se confier autant et submergée par la douleur qu'elle avait pu ressentir et ressentait encore.

« Alors laisse-moi vous accompagner et m'assurer que, cette fois-ci, tout le monde s'en sorte indemne. Ok ? Je ne veux pas vous savoir encore une fois en danger loin de moi sans que je ne puisse faire quoique ce soit... »

Tenya lâcha sa prise pour revenir s'adosser à son siège sans répondre, il ne lui pardonnait pas sa présence mais acceptait ses paroles. Ils partageaient le même sentiment d'impuissance et de peur après tout.

Les autres adolescents dévisageaient leur camarade avec attention, ne s'attendant pas à une telle déclaration emplie de sincérité de la part de la fille de leur professeur. Mal-à-l'aise à cause de tous ces regards sur elle, elle lâcha :

« Je suis contente que vous allez tous bien... J'ai des bentos dans mon sac, si vous avez faim. »

Le repas s'installa dans le calme et le silence. L'atmosphère s'alourdissait de plus en plus au fur et à mesure que le train avançait sur la grande ligne.

Momo semblait être la plus légère du groupe, se sentant rassurée par la compagnie d'Haruka. Elle représentait pour elle le soutien rationnel que ne pouvait les apporter Tenya, bien trop en colère pour celle. Ce dernier fixait intensément le paysage tout en engloutissant son plat, ses yeux restaient remplis de colère et de tristesse.

Eijiro et Izuku mangeaient avec appétit. Le vert ne cessait de jeter des petits coups d'œil à la fille Aizawa, se demandant pourquoi la vice-déléguée lui faisait autant confiance pour les protéger. Quant à Shoto, il ne savait s'il se devait se réjouir ou non de la présence de sa camarade.

De son côté, Haruka se sentait toujours aussi mal-à-l'aise dans cette atmosphère où elle ne semblait pas avoir sa place. Elle ne savait pas où se mettre entre les regards froids de son voisin bicolore, la perplexité d'Izuku et d'Zijiro et la totale ignorance de Tenya qui dégageait une aura lourde de reproches. Au moins, Momo était là pour la soutenir et elle se persuadait qu'avoir menti à Hizashi n'avait pas été si inutile que ça. Pour elle, tout ce qui comptait, c'était qu'il n'arrive plus rien de lugubre à ses amis. Ni à Katsuki. 

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