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Chapitre 40.




Quelques minutes après l'incident, les autorités arrivèrent sur les lieux ainsi que les ambulanciers et quelques journalistes aventureux. La créature fut emmenée en laboratoire, ainsi que deux autres qui avaient été immobilisées par Endeavor, et Stain partit vers la prison.

Les quatre adolescents furent transportés d'urgence à l'hôpital.





Plus tard dans la soirée, Haruka se retrouva seule dans une grande chambre dotée de quatre lits. Le regard fixé au plafond, elle se rendait doucement compte à quel point ce combat avait été dangereux, à quel point ils avaient tous risqué leur vie. La jeune fille s'était tenue devant le Tueur de héros en personne, et elle ne le réalisait véritablement que maintenant.

Le blanc de la pièce l'enveloppait dans une atmosphère de tranquillité indescriptible. Tout était blanc, du sol au plafond en passant par les draps et par les bandages qui entouraient son pied, son ventre ainsi que sa tête. Plus aucune trace de sang à l'horizon, que du blanc.

Le silence qui régnait dans cette pièce créait un lourd contraste avec tous ses cris de rages qui résonnaient encore dans les oreilles de la jeune fille. Tout était excessivement calme. Sensation apaisante et inquiétante à la fois.

Au bout de plusieurs longues minutes, la porte de la chambre s'ouvrit doucement sur un infirmier poussant un fauteuil roulant. Shoto y siégeait, une expression neutre sur le visage et un pansement accroché sur sa joue égratignée. Il avait retrouvé son regard d'indifférence, laissant l'adolescent apeuré dans la ruelle sombre de la ville d'Hosu.

Les deux jeunes gens croisèrent leurs regards, sans dire un mot.

L'infirmier installa le garçon dans un lit près d'une fenêtre, placé en diagonale de celui d'Haruka, puis quitta la pièce après avoir salué poliment les deux occupants.

Ils se retrouvèrent tous les deux, seuls, dans ce calme épuré.

Allongés chacun de leur côté, leurs deux regards fixés au plafond, ils ne savaient que dire, que faire. Ils ne se connaissaient pas mais venaient de vivre ensemble une étrange péripétie. Aucun des deux ne savait réellement comment se comporter avec l'autre.

Ce fut Shoto qui brisa ce silence :

« Je n'avais pas besoin de fauteuil roulant, mais ils ont insisté. J'ai juste une blessure profonde dans l'avant-bras gauche, mais cela guérira vite, d'après eux. »

Sa voix était douce, calme, presque neutre. Bien loin de ses exclamations strictes et bruyantes dans la ruelle.

« Je vais avoir un bleu à l'abdomen, juste une petite plaie sur le front et mon pied ne guérira complètement que dans une semaine, voire plus.

-D'accord. »

Il y eut un nouveau silence.

« J'espère que Tenya et Midoriya vont bien... »

Le jeune bicolore pencha légèrement la tête pour apercevoir la jeune fille. Elle était inquiète, cela ne faisait aucun doute, et en devenait presque attendrissante.

Il détourna le regard.

« Ils n'ont sûrement rien de très grave. Leurs blessures sont plus nombreuses que les nôtres, mais ils devraient arriver dans quelques minutes. »

Ils restèrent ainsi encore un moment, enfermés dans cette bulle isolée du monde réel, isolés de la folie extérieure.

Shoto respira doucement, savourant cet instant de calme. Il savait que cela n'allait être que de courte durée.

Il songea à sa camarade qui gisait dans son lit, quelques mètres plus loin. Son attitude dans la ruelle le laissait quelque peu perplexe. Pourquoi s'était-elle ainsi lancée dans la bataille, à leurs côtés ? Et surtout, pourquoi avoir attaquer le Tueur de héros de cette façon ? Jusqu'alors, il ne l'avait vu que comme une puissante jeune fille discrète, mais le garçon avait observé quelque chose d'autre chez elle, pendant la confrontation avec Stain.

L'adolescent aux cheveux bicolores attendit quelques secondes avant de demander :

« Je peux te poser une question ? »

Un silence.

« Aizawa-san ? »

Intrigué, Shoto tourna de nouveau la tête vers la jeune fille. Celle-ci avait les yeux fermés, sa poitrine se soulevait et s'abaissait dans une respiration longue et tranquille, une douce expression de calme s'était posée sur son visage. Elle dormait paisiblement.

Le jeune garçon se rallongea et ferma, à son tour, les yeux. Il ne tarda pas à s'endormir, complètement épuisé par les événements.


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Lorsqu'Haruka rouvrit les yeux, une belle lumière matinale baignait la pièce. Quelques infirmières s'activaient devant elle, leur agitation étant à l'origine de son réveil.

« Bonjour, mademoiselle, lui dit l'une d'entre elles aux courts cheveux rouges, nous vous apportons votre petit-déjeuner tout de suite. »

Encore hébétée par son sommeil, la jeune fille papillonna des paupières et se redressa maladroitement sur son lit tandis que l'infirmière posait prestement un plateau-repas sur une table. La rouquine attrapa une cuillère de compote avant de l'amener à la bouche de l'adolescente. Celle-ci lui lança un regard perplexe, les cheveux complètement ébouriffés après sa petite nuit de sommeil. L'infirmière remarqua l'incompréhension de sa patiente puis posa les yeux sur ses bras :

« Ah oui, vous n'en avez pas besoin, vous. »

Elle déposa la cuillère sur le plateau, ramena la table près de la jeune fille puis sortit de la pièce sans un mot de plus.

Haruka balaya la chambre des yeux, à présent habitués à la clarté.

A sa droite, Tenya, les deux bras enrubannés, laissait docilement son infirmier lui porter la nourriture à la bouche comme un enfant. Izuku se faisait aussi aider, malgré son autonomie, avec une maladroite réticence trahie par la rougeur de ses joues. Shoto, quant à lui, essayait tant bien que mal d'éviter la béquetée d'une infirmière un peu trop insistante.

« Merci mais je peux parfaitement utiliser mon bras droit. »

La jeune fille retourna vers son plateau composé d'une compote bon marché, d'une petite brioche et d'une minuscule dosette de confiture. Elle bailla un coup, tenta de ramener ses cheveux à une coiffure un peu plus normale avant de se décider à prendre son amer petit-déjeuner.

Quelques secondes plus tard, une infirmière passa devant son lit et quitta la pièce, n'ayant pas réussi à donner à manger au fils d'Endeavor. Le jeune bicolore remarqua alors la jeune fille plus ou moins réveillée et lui adressa un bonjour. Tenya se retourna également vers sa camarade, plus souriant que la veille. Le jeune ébouriffé la salua timidement à son tour entre deux cuillérées.

Quand tous les infirmiers et infirmières furent partis, les quatre adolescents se retrouvèrent seuls, dans le même état que des blessés de guerre.

« Maintenant que les choses se sont calmées..., commença Izuku, Je me rends compte à quel point c'était de la folie.

-C'est clair, lui répondit Shoto. »

Le délégué de la seconde A et Haruka s'échangèrent un regard grave, ils étaient tous d'accords sur le sujet.

« Quand je repense à la fin du combat... Je me dis que c'est vraiment un miracle qu'on soit en vie. Lorsqu'il m'a frappé à la jambe, il aurait pu me tuer s'il l'avait voulu !

-Oui, et s'il l'avait voulu aussi, il aurait profité de la chute d'Aizawa pour la tuer plutôt que de revenir vers nous, nous étions hors de portée pour la défendre... C'est évident qu'il nous a épargné ! »

Après ces quelques mots, le fils Todoroki se tourna vers le grand à lunettes :

« Toi, en revanche, il voulait ta peau... Et pourtant, tu as eu le courage de te relever pour l'affronter. Chapeau ! J'étais venu à la rescousse, mais finalement c'est toi qui m'as sauvé. Désolé...

-Arrête... C'est moi qui devrais... »

Tenya fut interrompu par une soudaine exclamation de la part d'Izuku :

« Moi je suis venu après m'être douté de la présence du Tueur de héros et de Tenya dans les rues de Hosu, Shoto est arrivé après avoir été guidé par mon message... Mais toi, Aizawa, pourquoi tu étais là ? Tu es venue comme moi ? »

L'intéressée se redressa un peu plus sur son lit, une grimace apparut sur son visage quand elle sentit le bleu de son abdomen lui lancer quelques douleurs. Elle s'adossa à ses coussins afin de bien se retrouver en face de ses trois camarades :

« RedSkin est mon maître de stage. »

Les trois garçons la fixèrent, attentifs, en attendant la suite des explications. Haruka se sentit quelque peu gênée, elle se doutait qu'ils se demandaient pourquoi elle n'avait pas été là au début du combat et la culpabilité de sa lâcheté la hantait toujours. Contrainte de poursuivre, elle commença :

« Nous sommes tombés sur le Tueur de héros alors que nous étions en patrouille... RedSkin m'a ordonné de m'enfuir et je l'ai écouté... »

Son explication aurait pu s'arrêter là, courte et claire, cela ne demandait pas d'autres détails, mais un grand sentiment de tristesse envahi le cœur d'Haruka.

Elle avait eu très peur, cette nuit-là, et la faiblesse de ses actes lui rongeait encore l'esprit. Là, maintenant, elle se trouvait dans une chambre confortable, entourée de trois camarades qu'elle appréciait plus ou moins, mais, surtout, qui l'écoutaient. Tout ce qu'elle demandait, c'était de se confier à quelqu'un, juste se confier et pouvoir enfin sortir tout ce qu'elle avait sur le cœur. Depuis le début de l'année scolaire, elle ne vivait qu'une incessante montagne russe d'émotions. Allant de la joie à la déception en passant par des milliers d'incertitudes. Et depuis, elle n'avait eu personne pour écouter ses tourments. Ni même son père... Alors maintenant, pendant que ces trois garçons attendaient patiemment ses explications, elle voulait se confier, rien qu'une fois, sur toute l'horreur et toute la peur qu'elle avait ressenti cette nuit-là. Pour lui permettre d'alléger son cœur sur toutes les émotions qui la rendaient si triste. Juste pour ça.

Sa gorge se noua, des larmes commencèrent à monter, ils attendaient ses mots :

« Je... »

La porte s'ouvrit dans un grand fracas :

« Ah ! Ils sont réveillés les grands blessés ?! »

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