Chapitre 30.
« Vous allez réfléchir à vos identités de super-héros, autrement dit à vos noms de codes ! »
Une vague de joie s'empara de tous les adolescents, bien trop heureux de faire une activité si amusante et, surtout, d'échapper à un potentiel contrôle-surprise.
Le cœur encore serré des paroles de son père, Haruka se sentit tout de même amusée. L'engouement de tous ses nouveaux camarades la faisait sourire, certains s'étaient même levés de leur chaise sous l'effet de l'euphorie.
Elle, elle n'était pas aussi exaltée que les autres. La jeune fille savait pertinemment que les élèves devaient choisir leur nom à la suite du Championnat, et elle savait aussi pourquoi. C'étaient là un des avantages à avoir été élevées entre les couloirs de Yuei, Haruka connaissait certaines informations et combines qui lui donnaient un temps d'avance sur ses camarades.
Un temps d'avance qui lui était bien inutile maintenant qu'elle était en héroïque, comment rivaliser avec une expérience de terrain déjà si avancée ? L'adolescente se posait encore et toujours la même question.
Soudain, elle sentit son sang se glacer, ses forces quitter son corps violemment. Un sentiment qu'elle connaissait maintenant assez bien mais qui la surprenait encore, surtout dans cette situation.
D'un coup d'œil rouge sang, Shota venait de calmer l'excitation générale pour reprendre le contrôle de sa classe, grâce à son alter :
« Ce n'est pas sans lien avec ce dont on a parlé l'autre jour, les offres des professionnels pour vos stages... »
La jeune fille écoutait avec attention les paroles de son père, bien que ce fût étrange de faire partie de ses propres élèves, mais elle savait que cette partie du programme était assez importante.
« Elles ne se concrétiseront que dans deux ou trois ans, quand vous aurez acquis plus d'expérience et que l'on pourra juger votre attitude au combat... D'ici là, ce ne sont rien que de plus que des expressions d'intérêt pour votre potentiel. Si vous échouez à entretenir cet intérêt jusqu'à la fin de vos études, les agences pourront très bien retirer leurs propositions. Ça arrive souvent, d'ailleurs. »
Une voix aigüe s'éleva d'un uniforme féminin qui flottait en l'air comme mué d'une force inobservable. Il s'agissait d'une jeune fille invisible dont Haruka avait déjà aperçu le dossier dans les papiers de son père :
« Donc il faut prendre ces nominations comme des défis, c'est ça ?
-Oui... Et voilà comment les offres se répartissent. »
Sur ses mots, un classement apparut sur le grand tableau de la salle. Il affichait le nom des élèves suivi du nombre d'offres qui leur étaient attribués.
Immédiatement, les exclamations reprirent de plus belle. Les élèves commentèrent tous en même temps les résultats et se félicitaient entre eux dans de grands cris de joie.
Leur professeur continuait de parler sous les cris mais plus personne n'écoutait, et encore moins Haruka.
Aucun son ne lui parvenait aux oreilles, plus rien. Un immense cocon semblait l'entourer faisait taire tous les bruits alentour comme s'il n'y avait plus qu'elle sur terre.
Un large sourire content était étalé sur son visage, rose de bonheur. Ses yeux pétillaient, fixé sur le grand tableau marqué d'inscriptions dont une seule attirait toute son attention.
Deux cent trente offres de stage attribuées à la jeune Aizawa.
Une douce chaleur emplissait son ventre, faisant souffler un vent de courage dans son esprit. Une grande fierté faisait bomber sa poitrine la laissant respirer à grandes bouffées d'allégresse.
Des professionnels lui avaient fait des demandes de stage, à elle.
Certes, la légère mais forte réputation de son père avait dû y jouer un rôle, mais cela ne comptait pas aux yeux de la jeune fille. Pas maintenant.
Des professionnels croyaient en elle.
Le cri agressif du représentant des élèves extirpa brutalement Haruka de son petit nuage :
« Les pro', ça flippe pas !! »
Autour d'elle, les élèves discutaient gaiement des demandes qu'ils, ou que leurs camarades, avaient l'honneur d'avoir. Ils semblaient avoir calmer leur euphorie et une agréable atmosphère de joie régnait dans la salle.
L'adolescente leva de nouveau ses yeux vers le tableau.
Les noms de Fumikage Tokoyami, Tenya Iida ainsi que celui d'Ochako Uraraka étaient fièrement rangés dans le classement, ce qui fit sourire Haruka, aussi contente pour ses camarades que pour elle.
Un détail attira tout de même son attention : à l'inverse de l'ordre du podium, c'était Shoto Todoroki qui avait le plus d'offres, à l'instar du pourtant premier Katsuki Bakugo. Ils monopolisaient royalement les résultats avec respectivement quatre mille cent vingt-trois et trois mille cinq-cents cinquante-six demandes.
Haruka ne put s'empêcher d'être impressionnées face à ses gros chiffres qui n'étaient pourtant pas habituels au classement, normalement plus équilibré. Les deux garçons avaient tapé dans l'œil d'un bon nombre de professionnels, quelle chance pour eux.
Son père reprit la parole, faisant taire de nouveaux les élèves en effervescence :
« En partant de là, que vous ayez ou non reçu des offres, vous allez être envoyés en stage dans des agences de héros. Vous avez déjà fait prématurément l'expérience du terrain...
-Pour certains..., songea Haruka dans un soupire.
-...Mais participer aux activités de professionnels vous apportera beaucoup plus.
-Voilà pourquoi on doit se trouver des noms ! s'exclama alors un élève assez costaud et plein d'énergie.
-C'est ça, répondit le professeur, Et, même si rien n'est définitif, évitez de vous baptiser au pif, sinon...
-Vous connaîtrez un véritable enfer !! »
Comme sortie des couloirs sombres des paradis interdits, une voix forte, grave et féminine osa interrompre le discours du si redouté Monsieur Aizawa.
Un large sourire s'afficha sur le visage d'Haruka quand la porteuse de la voix lui fit en clin d'œil complice, faisant, au passage, fondre la moitié des adolescents de la classe.
Dans son costume si provocateur mettant en valeur ses belles formes pulpeuses, Nemuri, surnommée alors Midnight, fit son apparition avec autant de mise en scène dont elle était capable.
Les entrées fracassantes étaient son dada.
« Il arrive souvent..., continua-t-elle en ignorant les regards lubriques des jeunes adolescents, ... que le nom adopté au lycée marque les esprits et nous colle à la peau quand on passe professionnel ! »
Haruka pouffa discrètement en songeant à ce dont la grande brune faisait allusion : le choix du nom de code de son propre père.
Dans la même situation il y a plusieurs années, il n'avait daigné connecter deux neurones pour se trouver un nom de code et devant son « Eraserhead » à ce cher Hizashi qui l'avait baptisé ainsi. Littéralement, cela signifiait « gomme à effacer » ou encore « tête de gomme ». Quelque chose de très difficile à prendre au sérieux donc quand on en connaissait la traduction.
« Voilà, tout est dit, répondit Shota en ignorant cette allusion pour mieux farfouiller sous son bureau, Midnight est là pour juger la pertinence de vos idées, ... moi, c'est pas mon truc, ... Vos choix vont contribuer à consolider l'image que vous avec de votre avenir et à vous en approcher. Un nom reflète aussi une personnalité... Pensez à All Might, par exemple... »
Haruka se retint un soupir blasé en voyant son père déballer son si précieux sac de couchage jaune-orangé. Il s'y emmitoufla et se posta dans le coin de la salle pour faire une sieste, le tout sans aucune considération pour ses élèves se retrouvant entre les mains d'une Midnight particulièrement en forme.
Le cours commença donc et Ochaco passa à la jeune fille une pancarte pour y noter son nom d'héroïne.
Son nom d'héroïne.
Il y avait encore quelques mois de cela, son nom de code lui était aussi clair que de l'eau de roche.
Mais, maintenant, plus rien n'était sûr.
L'échec de sa rentrée, les évènements du Championnat, les parles de son père, tout cela la chamboulait un peu plus chaque jour et remettait en question chacun de ses gestes et de ses pensées.
Méritait-elle seulement de porter ce nom qu'elle rêvait de se donner depuis enfant ? Alors qu'elle n'arrivait même pas à maîtriser ses propres alters ?
Les entraînements que lui faisait subir son père l'éloignaient de plus de plus de la confiance qu'elle avait en la réalisation de son rêve. Pourtant, malgré tout, il restait là, bien ancré dans son cœur et bien décidé à ne jamais partir.
Coûte que coûte, elle allait devenir une héroïne. C'était sa vocation. C'était ce qu'elle avait choisi.
Mais son combat ne faisait que commencer.
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