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Chapitre 18.


       « Je... Je peux plus. »

Ses douces prunelles noisette étaient bordées de rouge. Jamais Haruka ne les avait sentis aussi déshydratées et douloureuses. Elle avait beau faire cligner ses paupières, se forcer à pleurer, la sécheresse oculaire ne voulait la lâcher.

Son alter était à sec et ses forces menaçaient de la quitter.

Ses camarades n'étaient pas en plus grande forme qu'elle. Yuga titubait à l'avant et le robuste Mashirao commençait à fatiguer en silence.

Quant à Hitoshi, il était toujours à l'affut d'une nouvelle équipe à dépouiller, bien qu'ils en soient à leur septième attaque échouée.

Mais les deux acolytes ne lâchaient rien, il n'en était pas question. Il fallait coûte que coûte réussir cette épreuve malgré un cheval qui flanchait et un alter épuisé. Seule la détermination leur faisait garder espoir. Ils n'étaient pas arrivés jusqu'à là pour perdre.


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      Le chaos régnait dans l'arène.

A seulement quelques minutes de la fin, les combats faisaient toujours rage. Les petits groupes s'entretuaient tandis qu'une barrière de glace, œuvre de Shoto Todoroki, les séparaient de la plus grande bataille de cette épreuve : le combat aux dix millions.

C'était là où tous les projecteurs étaient braqués, tous les regards et tous les objectifs de caméras. C'était de ça qu'Hizashi, sous son rôle de Present Mic, ne cessait de brailler à travers les haut-parleurs.

Les pauvres groupes de bas de classement trimaient dans l'ombre, laissés à leur triste sort. C'était le cas du groupe d'Hitsohi Shinso, dont la huitième tentative de vol s'était révélée comme les autres : un échec.

« On ne lâche rien ! grinça Haruka épuisée entre ses dents.

-Les grands groupes ont piqués tous les bandeaux, on ne... »



« Plus qu'une poignée de secondes ! s'exclamèrent les haut-parleurs. »



« Et merde... »

La jeune fille avait beau adorer écouter Hizashi parler, parfois, elle aurait bien préféré qu'il se taise.

Haruka sentit son camarade baisser les bras. Même s'il n'était pas très expressif, elle devina qu'il menaçait de jeter l'éponge. La course du cheval se faisait de plus en plus lente et il ne guettait plus la moindre opportunité.

Alors, c'était fini, ils allaient perdre ? Tout ça pour rien ? Toutes leurs promesses jetées à l'eau N

L'adolescente ne se laissa pas abattre. Elle ne pouvait gâcher sa chance d'être admise en filière héroïque, c'était inimaginable, inadmissible.

De ses yeux secs et rouges, elle balaya l'arène aussi vivement qu'un aigle. Soudain, elle aperçut, au loin, un groupe de secondes B dont le cavalier aux cheveux gris portait deux magnifiques bandeaux autour du cou.

« Hitoshi ! Là-bas !

-Quoi... ? »

Le garçon posa ses yeux violets vers la direction que lui criait la jeune fille. Il vit la cible en question mais ne réagit pas plus.

« Qu'est-ce que ça peut me faire ?

-On attaque ! »

Haruka voulut partir mais l'équipe n'accéléra pas plus que cela, s'arrêtant même complètement.

« Allez, Hitoshi ! Tu les captives tous avec ton alter, on chope leurs bandeaux et on gagne !

-On ne sait même pas combien ils ont de points.

-On s'en fout ! Il faut essayer !

-...

-Qui ne tente rien n'a rien, tu la connais cette expression, oui ou merde ?! »

Rares étaient les fois où elle se fâchait, ce n'était pas de sa nature. Même lorsqu'elle avait fait savoir au garçon que son altercation avec la seconde A ne lui avait pas plu, elle n'avait pas autant monté le ton.

Cependant, la réaction de la jeune fille et les gros mots qu'elle avait employé ne suffirent pas à faire réagir le violet. Immobile, porté par ses partenaires, il gardait les yeux rivés au loin, en silence.

Sentant que le temps était compté, Haruka se mit à désespérer, elle aussi. Les secondes défilaient et Hizashi allait bientôt clamer la fin de l'épreuve. Mais ils ne devaient pas perdre.

« Hitoshi... »

Son camarade ne réagit toujours pas.

« Hitoshi, je t'en prie... »

De sa position, elle ne pouvait même pas voir le visage du garçon, ne faisant face qu'à une masse de cheveux violets et emmêlés. L'adolescente aurait pourtant voulu un échange, qu'il la regarde dans les yeux pour comprendre qu'il y avait encore de l'espoir.

« Hitoshi, je t'en prie... On a pas fait tout ça pour rien. Souviens-toi de ce que l'on s'est dit : qu'on fera tout pour y arriver, malgré la douleur, l'échec et la difficulté des épreuves. Il faut qu'on tente tout pour réussir cette épreuve, on a peut-être encore une chance. Je ne peux pas y arriver sans toi... S'il-te-plait, Hitoshi... »

Soudain, Haruka sentit que le cheval daignait bouger. Elle laissa un soupire de contentement s'échapper de ses lèvres. Tout n'était pas perdu.

Sans un mot, le petit groupe se mit à courir vers l'équipe qu'avait désigné l'adolescente. Arrivé non loin de leur niveau, le violet appela :

« Eh ! Vous, là-bas ! »

Les visés tournèrent leurs têtes, intrigués.



« Plus que dix-sept secondes ! cria Present Mic. »



Haruka serra les dents. Si con camarade s'y prenait bien, ça pouvait marcher. Ils pourraient y arriver.

« Oui, vous !

-Qu'est-ce qu'il ve-... »

Le cavalier était dans la boîte.

« Non, pas toi, les autres !

-Que veux t-...

-C'est à nous que tu-... »

L'avant et l'un des flancs s'étaient fait avoir. Trop facile.

Hitoshi allait continuer à parler quand le décompte commença à se faire hurler par la foule :

« Dix... ! »

« Lances tes ordres, cria la jeune fille, on s'en fout du dernier ! »

Le violet lui obéit et les deux équipes se dirigèrent l'une vers l'autre au petit trot. Le quatrième membre, encore conscient, suivait son troupeau sans comprendre la situation.

Haruka, quant à elle, retenait son souffle.

« Cinq... ! »

Les deux chevaux se croisèrent doucement. Hitoshi se saisit des deux bandeaux en silence.

L'opération s'était déroulée sans problèmes.

« Quatre... ! »

Est-ce que ces deux bandeaux allaient suffire ?

« Trois... ! »

Brusquement, Mashirao tourna la tête vers Haruka. Une lueur d'incompréhension et d'hébétude était marquée dans ses yeux.

« Deux... ! »

Il lança un regard perdu à la jeune fille qui comprit qu'il venait à peine de se réveiller.

« Un... »

Haruka lui fit un sourire désolé.

« TIME UP !! »


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       En haut de sa tour, Hizashi, même pas essoufflé, venait de commenter avec assuidité l'entièreté de la bataille des cavaliers. Quinze minutes intenses de combats et de retournements de folie. Le public était comblé.

« Sans plus attendre, découvrons le quatuor en tête !! »

Son écran d'information privé afficha les noms des quatre groupes vainqueurs de l'épreuve.

« Première place : équipe Todoroki !!! »

Prévisible, voilà comment Shota qualifiait ce classement. Les spectateurs crièrent dans les gradins comme s'ils ne s'y étaient pas attendus.

« Deuxième place : équipe Bakugo !! »

Le grand aux cheveux noirs se demandait toujours quelle était son utilité là, dans cette maudite tour. Hizashi faisait très bien son travail tout seul.

« Troisième place : équipe de Tetsutet... HEIN ?! Attendez, c'est l'équipe Shinso ??!! »

Shota se pencha sur l'écran d'information, stupéfié.


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       Haruka soupira de soulagement.

Son petit cœur fragile pouvait enfin se reposer, un peu. Ses esprits se calmèrent et son corps put se détendre enfin.

Mille cent vingt-cinq points. Cette dernière équipe avaient été une réelle aubaine pour les jeunes gens, une chance inouïe. A quelques secondes près, ils allaient échouer.

Mais tout était bons, ils avaient réussi. Ils passaient pour l'épreuve finale.

Devant elle, Hitoshi affichait un petit sourire victorieux, deux bandeaux de sept cent cinq et de quatre cent vingt points fièrement attachés autour du cou. Et, derrière elle, Yuga, à peine réveiller de sa torpeur, semblait totalement perdu, en plus d'être contracté par de violents maux de ventre.

Quant à Mashirao, il ne cessait de fixer avec froideur le garçon aux cheveux violets. Haruka n'y faisait pas attention, ce n'était pas son problème. Elle en avait un tout autre qui lui était plus important : ses yeux secs commençaient sérieusement à l'handicaper.


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       Le Lunch Time avait été annoncé et les gradins s'étaient rapidement vidés. Hizashi l'avait supplié de manger avec lui, mais il préférait faire une bonne sieste.

Ce fut ainsi que Shota se retrouva à déambuler dans les grands couloirs déserts du stade, en quête d'une salle tranquille pour faire un petit somme. Rien faire pendant le Championnat l'avait drôlement fatigué.

Il était plongé dans ses pensées quand il entendit des bruits de pas. L'homme enrubanné se retourna pour découvrir l'origine de cet écho dans le silence.

A quelques mètres derrière lui, il retrouva une Haruka essoufflée, les yeux rouges complètement exorbités.

« Je t'ai cherché partout ! Tu aurais... ? »

Il ne lui laissa même pas le temps de finir sa phrase qu'il sortit avec difficulté un petit flacon de sa poche et l'envoya à la jeune fille. Elle l'attrapa au vol et le remercia prestement avant de s'appliquer à mettre quelques gouttes du contenu du flacon dans ses yeux.

Shota resta planté là, à regarder sa fille, consciencieuse dans sa tâche et dont le rictus incommodé s'était transformé en sourire de soulagement.

Alors qu'elle lui tendait le flacon pour le lui rendre, il refusa :

« Gardes le, tu vas en avoir besoin pour la dernière épreuve. »

Le grand homme tourna les talons, près à se remettre en quête d'un bon endroit pour dormir. Mais la jeune fille, hésitante d'abord, se risque à poser une question qui lui brûlait les lèvres.

« Tu as pensé quoi de mon début de Championnat ? »

L'homme s'arrêta, figé dos à elle. Lui-même ne savait pas quoi répondre.

« Tu ne maîtrise pas tes alters. »

Ce n'était pas forcément la réponse qu'Haruka attendait. Cependant, elle ne s'en étonna pas de la part de son père, malgré le pincement au cœur qu'elle ressentait. Et, comme pour vouloir souffrir un peu plus, elle demanda :

« Et... Et est-ce que tu penses que je peux être acceptée en filière héroïque ?

-... »

Shota se retourna, dévisageant sa fille dont les yeux étaient encore mouillés par les gouttes. Elle fixait ses pieds avec un air d'incertitude qui lui était nouveau.

Plus les jours en sa compagnie forcée avançaient, plus le héros Eraserhead se rendait compte à quel point Haruka tenait à devenir super-héroïne. Ce n'était plus un simple rêve de gamine, mais une réelle vocation. Ce but était dans tous ses mots, dans tous ses gestes, dans toutes ses décisions. Ce n'était pas juste une allusion vague de temps à autre mais un but, concret et fixé.

Elle lui faisait penser à lui, au même âge, mais en plus inconsciente. Quoique...

Lui ressemblait-elle plus qu'il ne l'avait pensé finalement ?

Devant le douloureux silence de son père, Haruka balaya la précédente question pour s'efforcer à prendre un air plus léger et continua :

« Nezu m'a dit que je devais faire mes preuves... Mais il ne m'a pas dit de choses plus concrètes. Tu sais ce que je fois faire pour réussir cet examen d'admission ?

-Les places du podium sont les plus confortables. »

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