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35. Sympa...

- J'arrive pas à croire que je viens de le revoir.

Je secoue doucement la tête, en souriant. Depuis qu'on a quitté la maison de son père, il ne fait que me répéter cette phrase en boucle. Mais ça me fait plaisir, qu'il en soit soulagé.

- Et tu vas devoir le revoir le weekend prochain... Ça te gêne pas ?

- De le revoir ?

- Oui... Surtout que tu fais ça pour moi...

- Et alors ? Je te l'ai dis, je suis prêt à tout pour toi.

Il se penche vers moi, et m'embrasse tendrement. Je souris contre ses lèvres, et pose ma tête sur son épaule une fois notre baiser terminé. Je ferme les yeux, tandis que mon petit ami me caresse la cuisse avec son pouce. Le bon côté des choses, quand on en a une petite, c'est que personne ne remarque quand on bande.

Je reste appuyé contre lui jusqu'à la fin de notre trajet en bus, puis on marche jusqu'à chez lui main dans la main. J'ai prévenu ma mère de la tournure qu'avait pris mon repas chez le père de Samy, et elle est ravi qu'il puisse nous aider.

Pour une fois dans ma vie, j'ai vraiment l'impression que tout va bien. Julian et ses amis ont arrêté de me harceler, le père de Samy va aider ma mère financièrement... J'ai l'impression de ne plus avoir de problèmes.

- Oh fait, Ama... Chez mon père, tu as dis que ta mère avait du mal a payer un procès. Tu m'expliques ?

Je me raidis, et déglutis, mais Samy continue de marcher comme si de rien n'était. Je ne lui réponds pas tout de suite, car je ne sais pas par où commencer. Jusque là, j'ai toujours réussi à éviter ce sujet...

Au bout de plusieurs minutes, voyant que je ne réponds rien, Samy reprend la parole.

- Je pense que j'ai quand même le droit de savoir, non ?

- Oui, t'as raison, mais... C'est juste que je ne sais pas trop par où commencer...

- Tu veux qu'on en parle chez moi ?

- Oui, je... Je préférais.

Il acquiesce d'un hochement de tête, et on finit le trajet jusqu'à chez lui sans rien se dire. Au moins, ça me permet de me préparer mentalement à cette conversation.

Quand on arrive devant sa maison, Samy ouvre la porte et on monte directement dans sa chambre. Il se jette sur son lit après avoir fermer la porte, et il s'allonge sur le dos.

- Tu viens t'asseoir ?

Je hoche la tête, et vais m'asseoir à côté de lui. Il se relève pour se mettre en tailleurs en face de moi, et il attrape mes deux mains.

- Vas y, je t'écoute, raconte moi tout.

Je déglutis, et prends une profonde inspiration. Plus vite je lui aurais dis, plus vite je serais débarrassé de ça.

- En fait, je n'ai jamais connu mon père. Il n'a pas voulu de moi et a quitté ma mère avant ma naissance.

- Je suis désolé...

- Tu n'y es pour rien...

- Ouais, t'as raison, continue.

Je grimace, et soupire. Je viens quand même de lui dire que mon père n'a jamais voulu de moi, mais il s'en fiche totalement.

- Sympa...

- Quoi ?

- Rien, laisse tomber.

Je souffle, et lui lache les mains pour me mettre à faire la tête. Samy soupire aussi, et il se rapproche de moi. Il me serre dans ses bras, et dépose de petits baisers dans mes cheveux.

- Ama... Ama...?

- C'est juste que ce sujet me tient à cœur, et que j'ai l'impression que tu t'en fous. Comme d'habitude.

- Comment ça, "comme d'habitude" ?

- Bah on est jamais surpris, avec toi. Tu t'en fous toujours de tout.

- C'est une blague, j'espère ?

Il marque une petite pause, mais voyant que je ne dis rien, il soupire et se décale, pour s'éloigner un peu de moi.

- J'hallucine. C'est toi qui ose me dire ça.

Je fronce les sourcils, mais je n'ai pas le temps de lui demander ce qu'il veut dire par là, car il se remet à parler.

- Tu savais même plus que ça faisait un mois qu'on était ensemble... En fait, c'est toi qui t'en fous de notre couple !

- T'es en train de me rejeter la faute dessus ?

- Je t'ai branlé, je t'ai sucé, j'ai tout fait pour toi, mais tu veux même pas coucher avec moi !

Je cligne plusieurs fois des yeux, un peu sous le choc. Tout ce qu'il veut, c'est couché avec moi ? C'est une blague ?

- T... T'es sérieux, Samy...?

Il se lève de son lit, et donne un coup de poing dans son miroir, qui vole en éclat. Quand il se rend compte que je suis en train de pleurer, il prend une profonde inspiration pour se calmer, mais je m'en fiche. Il en a assez dit. Je n'arrive pas à croire que Julian ait eu raison...

- Je vais rentrer chez moi.

Je me lève du lit de Samy, et mon cœur se serre quand je vois qu'il n'essaie même pas de m'en empêcher. Quand j'arrive à la porte de sa chambre, je me retourne vers lui une dernière fois, pour finir notre discussion.

- Annule, avec ton père. Je vais arrêter le lycée, et travailler.

- Ama...

- Non, tais toi. Et tu veux savoir pourquoi je ne voulais pas coucher avec toi ? L'ex de ma mère m'a violé pendant six ans.

Sur ces mots, je claque la porte de sa chambre, dévale les escaliers, et je cours pour rentrer chez moi. Je l'entends me crier de rester, mais je ne veux pas me retourner. Je ne veux plus lui parler.

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