11. Confessions.
Angel se réveilla en sursaut, ligoté à une chaise, dans une salle humide, entouré de murs qui s'effritaient. En regardant autour de lui, il tenta de se libérer en se secouant de gauche à droite en serrant les dents, en vain. Pris au piège, il ne pouvait qu'essayer, jusqu'à ce qu'une ombre apparaisse devant lui.
«— Enfin réveillé ? Angel Dust..
— Ouais. Qu'est-ce que ça peut te foutre ?»
La poigne du ravisseur attrapa les cheveux de l'araignée pour lever son menton où un couteau se posa contre sa gorge.
«— Je veux que tu me dises où ton patron a planqué son coffre !» la bête tourna autour de la chaise, Angel le suivant des yeux avant de rire doucement.
«— J'suis mort de rire. Tu crois que je vais t'le dire ?
— TRÈS BIEN !» grogna le chien des enfers en attrapant la chemise de l'acteur pour le surélever du sol. «— Je vais te baiser jusqu'à ce que tu me dises ce que je veux savoir !~
— Donne-toi à fond.. Papa~»
Sur ces mots, l'animal retira sa chemise de ses pattes et sauta entre les cuisses d'Angel sous les gémissements de ce dernier.
Face à tant de passion et de.. Sexe, surtout, Ruby plissa les yeux au même titre que Vaggie. La louve, installée au bar devant Husk, regardait toute la scène de loin. Charlie, en PLS à la droite de sa petite amie, gonflait les joues avec des yeux choqués. Nifty, elle, était allongée sur la table basse et observait le show avec attention. Pentious avait de grands yeux écarquillés de stupeur.
«— Vous savez quoi ? Avec ce rôle, j'ai reçu le Sexe-XXL Award !
— C'est.. Euh.. Vraiment respectable ? Eurh..
— Beurk.» commenta Vaggie après sa copine quand celle-ci retenait un relent. «— Ok, ça suffit. Angel, c'est quoi c'bordel ?
— Hein ? T'as dit "confessions sur canapé" ! J'vous montre mon meilleur film~ Et j'vous raconte que, grâce à lui, j'ai piqué la vedette à cette grosse pute de Tiffany Suce-Nichons.
— Pour moi, cette scène d'interrogatoire manquait clairement de convictions.» affirma soudain le chat en nettoyant un verre.
«— Ah ok, tête de gland. Une question : Tu peux me dire ce qui te donne le droit d'insulter mon travail comme ça ?
— Arrête de faire semblant de pas voir que ces scénar' sont merdiques.
— Han ! Va te faire foutre ! C'est de l'art, ça, monsieur !» assura Angel en désignant la télévision où son cul se faisait claquer contre la main du chien des enfers avant de se faire mordre.
Pentious se cacha derrière son éventail tandis que la bonne souriait en balançant ses jambes au-dessus d'elle.
Husk sortit de derrière son comptoir pour rejoindre le salon, laissant Ruby profiter de son inattention pour récupérer une bouteille d'alcool.
«— Mais c'est des conneries ! Tu te saoules la gueule et tu râles tout le temps. Tout le monde vient chialer aux oreilles du barman ! J'connais tous vos petits secrets, dans les moindres détails.. Lui, là.» commença-t-il en désignant Sir Pentious.
«— C'est un bouffon suspicieux et angoissé qui vous reluque pendant que vous roupillez !» Charlie releva le menton à la mention de son titre.
«— La princesse ? C'est un cœur sur la main qui veut résoudre les problèmes de tout le monde sauf les siens.
— Quoii ? Mais non, voyons ! Quoi ? Pff, non !» s'exclama la blonde sans même se défendre davantage. Ce fût au tour de Vaggie qui ouvrit grand son dernier œil.
«— Celle-ci juge tout et tout le monde parce qu'elle se déteste.
— NAN !
— Nifty..» la petite démone souriait tout en jouant avec une mèche de ses cheveux, l'air de rien. «— Il vaut mieux pas que vous soyez au courant.»
L'hybride leva un sourcil quand le chat la désigna du menton, la faisant se demander s'il avait vraiment des informations sur elle quand elle ne montrait jamais rien de ses émotions.
«— Et Ruby..
— Ahahahah ! Tu plaisantes pas, toi ! Ohoh ! Wouah ! Le chaton sort ses griffes.. Miaouuu~» ricana Angel en coupant court aux prévisions du chat qui releva les oreilles à ses mots, tandis que l'araignée tournait son visage vers le sien d'un de ses quatre bras.
Ruby prit une gorgée de sa bouteille quand l'attention se portait déjà sur autre chose qu'elle. Qu'est-ce que Husk aurait bien pu dire à son encontre ?
Le chat se dégagea de la prise de l'acteur et le pointa du doigt avec un regard noir.
«— Et toi ! Grrr.. Évitons le sujet. J'vois clair dans ton petit jeu grotesque ! Monsieur le mythomane.
— Ahahah-Ohohoh ! Qui, moi ? Un mytho~ ? Woaw. Et bah dis donc, j'l'aurai jamais cru. C'est peut-être pour ça que j'suis acteur, trou d'balle en chou-fleur ! Et sache que-» le téléphone d'Angel se mit à sonner si soudainement que ça suffit au blanc de se couper dans ses explications. Il reprit une dernière fois vers Husk. «— Attends un peu.»
Il décrocha alors en détournant le regard et en s'éloignant du barman.
«— Allô ? Euh, eum.. Non, je euh.. Non non, mais c'est que je.. Non, j'suis pas.. Mais, euh.. Oui ! J'arrive tout de suite..» hésita-t-il au combiné, attirant l'attention de la louve quand Angel était plus tourné vers elle que vers les autres. Il paraissait se faire crier dessus avec violence, et vu la tronche que tirait l'araignée, ça devait pas être des mots doux.
Angel raccrocha une fois, assurait-il venir à la personne de l'autre côté du fil, se tournant vers le reste des habitants.
«— Bon euh.. Il semblerait que Val ait besoin de moi pour une, euh.. Prestation urgente !
— Mais oui, bien sûr.
— Tu sais quoi ? J't'emmerde. J'en ai absolument rien à foutre de ce qu'un barman alcoolo pense de moi. Pourquoi tu ne retournerais pas dans ta litière de merde, histoire de nous lâcher la grappe ?! Monsieur l'expert du porno.» affirma Angel en sortant ses lunettes roses pour les placer sur son nez tout en s'éloignant vers la sortie.
Husk fronça les sourcils en serrant les crocs, ses ailes se contractant autour de lui tandis qu'il grognait à voix basse quand l'acteur lui offrit son doigt du milieu. Charlie sauta du canapé aussitôt pour suivre Angel.
«— Angel, non non non, tu peux pas partir ! On a pas du tout terminé nos exercices de la journée !
— Vous pouvez très bien vous en sortir sans moi !
— Non ! Il ne nous reste plus beaucoup de temps pour faire nos preuves, on a vraiment besoin de toi..
— Ma poupée.» commença le pervers en se penchant vers Charlie, en lui tenant une épaule d'une main. «— J'ai un taff. Je sais que tu veux régler tous les problèmes, mais à moins de pouvoir changer mon boss, tu peux rien faire pour moi.» finalisa-t-il en tournant autour d'elle pour rejoindre la sortie et s'en aller sur ces dernières paroles.
Charlie posa ses mains sur sa tête, anéantie, se laissant tomber à genoux en râlant vers le plafond.
«— Pourquoi c'est si dur ?! Qu'est-ce que je fais de travers ?
— Eh bien, comment dire.. Tu es la princesse des Enfers !» lui apprit Vaggie en la rejoignant.
Jure, Vaggie ?.. Ruby roula des yeux et se contenta de boire une nouvelle gorgée.
«— Et alors ?
— Et alors.. Jamais t'utilise ta position pour que les autres se soumettent, j'adore ce trait de caractère chez toi ! Mais.. Peut-être que tu pourrais.. Je dis ça comme ça.. Faire preuve d'un peu plus.. D'autorité ?
— Mais c'est trop méchaaant !» se plaigna la princesse en question.
«— Non, pas vraiment. Ce serait.. De la bienveillance-agressive.
— Ok !»
Ruby n'avait jamais vu quelqu'un changer d'avis aussi vite. L'air maigrement choqué, elle retourna à la dégustation de son alcool tandis que Charlie se relevait.
«— Alors, je peux.. Me servir de ma bienveillance-agressive pour convaincre le boss d'Angel de lui laisser plus de temps avec nous, pour le bon fonctionnement de notre hôtel !
— Tout ce qui peut te permettre d'y arriver, bébé.» confirma Vaggie avec un doux sourire.
Sans plus attendre, la blonde, accompagnée de son grand sourire, s'en alla à son tour pour convaincre comme prévu le patron de son ami.
«— . . . Elle y croit sérieusement ?» souffla Ruby quand Husk revenait derrière le comptoir, marmonnant à peine en voyant qu'elle s'était servie toute seule.
«— Tu commences à la connaître.
— Au fait, que sais-tu, à mon sujet ? Je ne me suis jamais confié à quelqu'un, pas ici en tout cas.» reprit-elle, faisant hausser les épaules du matou.
«— Comme tu dis, j'en sais rien. J'allais dire que je te connaissais pas assez pour le savoir. Et puis, t'es jamais trop bourrée pour me lâcher la moindre information.
— Pourquoi tu me poses pas de question ?
— Parce que tu répondrais pas.
— Touché.» ricana-t-elle vaguement, sous un sourire subtil du barman.
«— Ma chère, tu es là ! Splendide. Viens avec moi !» se joigna soudain Alastor, faisant sursauter Husk mais juste relever un sourcil de la louve qui perdit bientôt son amusement minime.
«— Putain, mais lâche-moi à un moment, non ? Y'a pas un autre maso pour t'accompagner ?
— T'es masochiste, alors ?~
— . . . Tu veux quoi ?
— Toi. Viens.» confirma juste le démon de la radio en repartant à l'étage.
Ruby plissa les yeux et tourna la tête vers Husk. Ils ne l'avaient pas entendu arriver.. C'était bizarre pour elle, mais quand elle avait déjà fait l'expérience de sa téléportation, elle préféra ne pas se questionner davantage.
«— Fais attention à toi, gamine.
— Gamine ?» répéta-t-elle vers le chat, ennuyée, alors qu'elle se relevait tout en emportant sa boisson.
Quand il allait continuer, un regard à l'étage et il se tut en baissant les oreilles, les yeux posés sur tout et rien devant lui. Ruby releva les yeux pour voir Alastor observer Husk avec un mépris certain, en haut des escaliers.
«— . . . J'ai survécu jusque-là, Husk. Te fait pas de bile, c'est moi la prédatrice, dans l'histoire. Inquiète-toi pour lui, plutôt.» se moqua-t-elle pour rassurer plus ou moins le barman qui lui offrit un maigre sourire à peine visible.
La louve souffla et suivit la trace d'Alastor jusqu'à l'étage, où ils prirent le chemin de leur couloir qui les menait à leur chambre mutuelle.
Sur le chemin, le cerf posa ses yeux sur la monochrome. Celle-ci buvait dans la bouteille sans en avoir quelque chose à foutre d'où il l'emmenait jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent devant une porte qui n'était pas celle de la jeune femme. Plissant les yeux, elle huma l'air et leva la tête vers le rouge.
«— Quoi, le porno d'Angel t'as donné des idées ?
— Ahahahaha ! Non. Je suis asexuel, ma chère.
— . . . Super, et donc ? Qu'est-ce qu'on fout devant ta chambre, monsieur-je-fais-venir-une-pauvre-âme-devant-ma-piaule ?
— Si Husk ne veut pas te poser de questions.. Moi, oui, évidemment ! C'est journée "confessions canapé" ! Il faut que tu t'ouvres à quelqu'un, et qui de mieux placer que ton cher et tendre ami ?~» affirma-t-il en ouvrant la porte, laissant son "amie" rentrer en première.
Voyant qu'elle hésitait toujours à laisser son dos à découvert, il souria doucement et prouva sa bonne volonté en la dépassant, la laissant le suivre à présent. Plus rassurée malgré la situation globale, Ruby soupira et referma la porte derrière eux.
Le cerf lui offrit une place sur le matelas, et s'il n'avait pas dit être asexuel plus tôt, elle avait encore des doutes. Parce qu'on pouvait ne pas avoir d'attirance pour le sexe, mais on pouvait toujours trouver des manières sans avoir à se sentir attirer par ça.. N'est-ce pas ?
Et surtout, Alastor était un grand malade. Elle ne savait jamais à quoi il pensait et ce qu'il voulait vraiment. Zestial avait raison sur ça, à n'en pas douter.
S'assayant tout de même, elle le regarda donc approcher sa chaise de bureau pour s'installer face à la louve.
«— Avant tout, comment es-tu morte ?
— Tuée par un connard.
— Pourquoi es-tu en enfer ?
— J'ai tué et mangé des connards.
— Pourquoi venir à l'hôtel ?
— Parce qu'un ami m'a conseillé d'y aller.
— Sérieusement,» reprit-il en penchant la tête avec son éternel sourire. «— Pourquoi ?»
Ruby détourna le regard, silencieuse. Alastor fronça un sourcil et releva l'autre, se demandant bien ce qu'elle foutait ici depuis son premier jour. Personne ne lui avait posé la question, ou quoi ? Elle pouvait aussi bien être une espionne comme Pentious ! Il fallait que Charlie soit plus stricte, ou au moins, plus curieuse sur les intentions de ses clients.
«— Je veux rejoindre ma mère.» confia enfin Ruby, interloquant le cerf suffisamment pour que son sourire se perdre un instant.
«— . . . Quand j'étais petite, ma mère s'occupait de moi comme n'importe quelle mère avec son enfant. Elle me protégeait, me chantait des berceuses, me lisait des histoires, me faisant toujours des câlins, me remontait le moral à chaque fois que ça n'allait pas. Et c'était trop souvent le cas, à la maison..» commença-t-elle en amenant ses pattes sur le lit, entourant ses jambes autour de ses bras, les oreilles basses.
«— Mon père me battait, me séquestrait, m'insultait, me nourrissait à peine, me consacrait tout juste une seconde d'attention.. Puis un jour, il m'a prise pour expérience. J'étais un cobaye parfait, à ses yeux. Il voulait un garçon, mais est-ce que c'est ma putain de faute si j'ai gagné la course ?!» demanda-t-elle sans attendre de réponse, sans même remarquer l'absence de blagues quelconques du cerf.
Il était bizarrement absorbé par son récit. Le fait qu'elle puisse aimer autant sa mère lui rappelait sa propre relation avec la sienne.
«— Mon père m'a fait devenir un putain de monstre. Avec des oreilles, des crocs et une queue de loup. J'ai développé tellement de peur envers les endroits clos sans issues ou les seringues que.. Que j'en fais encore des cauchemars. Et depuis quelque temps, je me demande s'il est là, quelque part en Enfer ? Si je me repentis vite, je serais en sécurité au Paradis avec maman..»
Alastor plaqua ses oreilles en arrière, discrètement, alors qu'il grimaçait à peine. C'était impossible. Elle avait commis trop de péchés pour se repentir. Elle continuait d'en faire, ici même. Mais pour une fois, le démon de la radio ne s'amusait pas de cette souffrance qu'il avait face à lui. Il ne comprenait pas pourquoi son histoire le touchait autant, ni pourquoi la voir avec les larmes aux yeux lui faisait mal au cœur.
Il devrait en rire, s'en réjouir, s'en délecter, de sa misère ! Certainement pas avoir une once de compassion ! Pourquoi.. ?
Et pourquoi ne pouvait-il pas lui dire qu'elle n'ira jamais au Paradis ? C'était pas parce qu'il voulait la voir se faire de faux espoirs, il SAVAIT qu'elle le prendrait mal si elle le découvrait plus tard. Ça devrait l'amuser d'avance, pourtant il voulait vraiment lui dire MAINTENANT.
Alors pourquoi gardait-il le silence ?
«— Il a essayé de me violer, deux fois.»
Les oreilles du rouge se relevèrent soudainement sur sa tête tandis qu'il reposait ses yeux sur elle. Ruby soupira longuement pendant qu'elle remuait nerveusement le bout de sa queue.
«— Une fois à mes 6 ans. Une autre fois à mes 10 ans. Avec toute l'horreur que j'ai vécu avec lui, j'en ai développé des troubles mentaux. TDI, schizophrénie, paralysie du sommeil.. J'ai même l'haptophobie (La phobie du contact physique).
— Compréhensible..» réussit-il à dire d'une voix étonnamment normale, sans artifice.
«— J'ai aussi une coulrophobie (La phobie des clowns).
— Quoi ? Pourquoi ?
— . . . Parce que c'est durant un jour d'Halloween, habillé en clown, qu'il a essayé de me violer à mes 6 ans.»
Ça devenait trop dur pour Alastor de garder son calme. S'il était prêt à aller chercher cet enfoiré dans les 7 anneaux des Enfers, il ne pouvait se résigner de la laisser seule dans cet état. Se levant de sa chaise, il s'assaya à côté d'elle, hésitant un instant avant de demander tranquillement.
«— Je peux ?»
Ruby tourna ses yeux hétérochromes larmoyants vers lui, découvrant sa tentative de réconfort qui se voulait d'un contact. Si un frisson l'a parcouru, elle le découvrit compatissant pour cette fois, et surtout inoffensif. Alors elle hocha juste la tête pour lui permettre de poser son bras autour de ses épaules et la tirer contre lui.
«— . . . Alastor ?
— Oui ?
— Ne m'appelle plus "ma louve".. C'était le surnom que me donnait maman..
— Promis.
— . . . Est-ce que je la reverrai ?»
Si le démon hésitait, il se contenta de marmonner une approbation coincée dans sa gorge.
«— Promis ?
— . . . Promis, Ruby.»
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