soixantième
Le ciel était gorgé de nuage noir d'où coulait d'une façon interminable ce liquide incolore qui inondait les rues, agaçant au plus au point le blond; et l'averse montant en intensité lui fit soupirer.
Jetant un coup d'œil au café quasi plein du toit en dessous duquel il se trouvait et le servant d'abri, il se résigna à y entrer vu qu'il en aura encore pour longtemps, cette pluie n'ayant pas l'air de vouloir s'arrêter.
Ses vêtements de lycéens n'étaient évidemment pas adaptés pour cette journée froide, et commençant à sentir ses différents membres glacés, il se frotta vigoureusement les paumes pour se réchauffer tout en se dirigeant vers une table vide. Ce dernier prit place et fit appel au serveur. Une délicieuse boisson chaude serait plus qu'idéal par ce temps pluvieux.
Le blond fixait la vitre embuée par la forte humidité tout en buvant le liquide couleur ambré et légèrement lacté qu'il s'était commandé.
À la première gorgée, un sentiment de nostalgie prit possession de lui, un souvenir auxquel il s'autorisait très peu à penser lui revint en mémoire juste en voyant cette vapeur d'eau couvrir les vitres. C'était de plus en plus violent et présent dans sa tête : cette respiration erratique, ces lèvres humides et embués comme cette vitre mais chaude et sucrée pareils à cette douce boisson.
Pourquoi avait-il fallu qu'il l'embrasse juste quelques jours après son arrivée au lycée ? Sachant quel comportement abject il aura par la suite : l'apathie et l'indifférence.
Le blond scruta la pièce qui était pour la plupart composée d'élèves ou d'étudiants, voir juste des personnes désireuses de s'abriter de l'averse. Par contre, combien de temps allait-il devoir attendre ici ? Il s'ennuyait.
Jellal était bien évidemment rentrée avec Erza le laissant seul avec Gajeel à l'humeur étonnamment maussade avant que celui-ci ne s'en aille à son tour très pressé. Abandonné, il avait prit le chemin du retour et l'averse l'avait surprit à mi-chemin de sa maison.
Oui abandonné, car le brun l'avait laissé planté au beau milieu de la route et malgré la colère qui l'avait animé sur le moment, il espérait que tout puisse s'arranger pour lui car depuis son différent avec sa jolie camarade aux cheveux azurs, ce dernier était devenu très désagréable. Enfin plus que d'habitude et honnêtement il allait mal, très. C'était une première qu'une fille puisse le mettre dans un état pareil et prétendre encore que c'était simplement de l'attirance serait se mentir. Cet idiot était tombé amoureux, Bordel ! sourit Luxus.
Continuant son inspection de la petite enceinte chaleureusement animée, le blond sursauta lorsqu'il crut reconnaître une jeune fille juste deux tables en face de la sienne. Ne cachant pas son soudain intérêt, il fixa intensément la demoiselle pour en être sûr. C'était elle ?
— Tu crois que la pluie s'arrêtera avant qu'il ne se fasse très tard ?
N'obtenant pas de réponse de la part de son amie qui d'habitude était très bavarde, la jeune brune tapota la main de son amie.
— Tu m'écoutes ?
— Hum... Ce garçon là bas, il ne cesse de te regarder.
— Qui ça ?
La demoiselle regarda en direction de son amie et effectivement un jeune blond la dévisageait intensément et ce, sans même essayer de le cacher.
Elle baissa immédiatement le regard et posa une main sur le côté gauche de son visage. Est-ce sa cicatrice qui attirait une nouvelle fois une attention particulièrement désagréable sur elle ? C'est vrai que celle-ci était hideuse et faisait toujours retourner des têtes curieuses voir dégoûtés sur son passage.
— Il vient par ici ! lui avertit l'autre.
La brune n'osa relever la tête, désirant disparaître à présent. Elle en avait assez de voir les gens froncer les sourcils, afficher une regard horrifié ou dégoûté lorsqu'on posait les yeux sur elle.
Luxus arriva près des deux jeunes filles et adressa principalement la parole à celle qui malgré tout ne daigna relever la tête dans sa direction à son approche.
— Désolé de déranger mais j'aimerais te demander quelque chose.
Cette dernière se contenta juste d'hocher la tête, signe qu'elle l'écoutait malgré l'impolitesse dont elle faisait preuve en évitant soigneusement tout contact physique avec lui.
— Tu étais bien au collège Lamia Scale ?
— Oui. O-On se connait ?
Cette voix ne lui paraissait pourtant pas familière et ce même en fouillant profondément dans sa mémoire. Peut-être avait-elle attiré l'attention à cause de sa cicatrice lorsqu'elle fréquentait encore cet établissement. C'est vrai que personne ne pourrait oublier d'avoir croisé même une seule fois une horreur pareille.
— Non, mais peut-être tu connais Mirajane Strauss.
Le nom de la blanche lui fit rater un léger battement de cœur.
— Euh... On était juste dans la même classe.
— Comment est-ce qu'elle était, comme camarade ? Est-ce qu'elle causait des problèmes ?
— Pourquoi tu demandes ça ?
— Elle me plaît et je me demande bien qu'elle genre de fille elle est. Enfin ce genre de chose.
Les yeux de la brune s'illumina. Peut-être était-ce là la seule chance pour elle de réparer son tord. Elle leva alors les yeux et fit face au blond qui attendait impatiemment ses reponses.
— Tu la connais ? demanda-t-elle.
— On est dans le même lycée.
— Je vois. C'est une fille bien, elle était très gentille et traitait bien les autres.
Luxus fronça les sourcils à cette réponse accompagné d'un doux sourire, l'air de replonger tendrement dans de merveilleux souvenirs.
Manifestement, un truc n'allait pas. Sa réaction étaient diamétralement opposée à ce qu'il s'attendait.
— Alors pourquoi tu l'avais accusé de t'avoir harcelé ? Et quoi d'autres ? De victimisation verbale aussi. C'est ça non ? Ça colle pas.
La jeune lycéenne se crispa et baissa à nouveau la tête, serrant entre eux ses mains posées à table, une douleur aiguë lui tiraillant le cœur.
— J'étais aussi dans ce collège. Mirajane était la fille qui me plaisait. Qu'est-ce que tu crois que j'ai ressenti après toutes ces accusations qui circulaient sur elle ?
Le silence de la jeune fille énerva davantage le blond déjà plus que succeptible par cette histoire.
— Répond moi ! s'écria-t-il, attirant l'attention de certains dans leur direction.
— Laisse là tranquille, défendit l'autre, posant calmement sa main sur celle de son amie.
— Toi je t'ai pas parlé, jeta-t-il, lançant un regard courroucé à cette dernière lui clouant la bouche.
Une sorte de malaise régna au milieu de la table et la brune décida de briser enfin la glace.
— J'ai menti. Elle ne m'a jamais rien fait, ni à personne d'autres d'ailleurs. Au contraire, elle essayait toujours de nous venir en aide contre cette fille. Mais je savais qu'elle ne pouvait pas le faire éternellement, de plus que ça l'attirait des problèmes aussi.
— T'as pas pensé à la dénoncer ou quoi ?
— A quoi ça aurait servi ? C'était la fille du principal, elle savait que son père n'accepterait jamais de ternir son image, toutes les plaintes qu'on ait pu faire ne sont jamais allées plus loin. C'était mieux pour nous de rester sagement dans notre coin pour ne pas être un de ses divertissements. Mais Mirajane est arrivée dans notre classe et elle n'avait pas l'air intimidé par elle. Au contraire, je crois que c'était plutôt l'inverse. Elle a commencé à la détester et cherchait juste à la faire partir du collège. Elle m'a dit qu'elle me laisserai tranquille si j'accusais Mirajane.
— Laisse moi deviner. Je suppose qu'elle a continué quand Mirajane à été renvoyé.
Le blond n'obtint aucune réponse de sa part. C'était assez clair vu le regard coupable qu'elle affichait.
— Je m'en veux d'avoir fait cette erreur. D'avoir blessé Mirajane et je n'ai jamais pu la revoir et lui présenter mes excuses.
— Désolé ? Tu es consciente que t'as fichu son dossier scolaire !? En plus...
Luxus sera les dents, s'arrêtant au beau milieu de sa phrase. Il s'était mis à la détester à cause de ces fichues mensonge.
— Tu ne sais pas ce que ça fait de subir tout le temps des brimades et des humiliations, de se faire rabaisser juste à cause de son apparence. C'est facile pour toi de me juger, tu n'as sûrement sans aucun doute connu ça. Pour moi si mentir aurait pu me sortir de cette situation, je me suis dit que ça ne coûtera rien de le faire. Pourtant j'ai blessé une personne qui voulait juste m'aider.
Luxus resta impassible à ses paroles puis se retourna.
— S'il te plaît attend. Où est-ce que je pourrais revoir Mirajane ? J'ai toujours voulu m'excuser pour le tord que je lui ai causé.
— Sans blague, débrouille toi.
— Mais...
— Laisse-le. Il ne peut pas comprendre.
Luxus repartit s'assoir à table la gorge serrée et sa boisson qui pourtant était délicieuse ne lui faisait plus du tout envie : il était rongé par les remords.
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— Je voulais savoir si... Est-ce que Levy te plaît ?
Celui-ci fronça les sourcils. Cette même Levy qui rendait fou Gajeel ?
— D'où tu sors une bêtise pareille ? s'écria-t-il, choqué.
La réaction du blond lui fit comprendre que non.
— Je croyais que... C'est que... Oh j'ai mal interprété les choses, souffla-t-elle, honteuse.
— C'est pourquoi t'as fais un truc aussi dégueulasse que vouloir l'accuser de vol ?! s'énerva-t-il.
Le cœur de la jeune fille rata un battement. C'était certains qu'il allait penser que le coup venait d'elle.
— Non ce n'était pas mon idée. C'est Lucy qui...
— Jette pas tout sur ton amie, la coupa-t-il. Ça te ressemble bien de rabaisser les autres.
— Quand est-ce que j'ai...
— Putain arrête de faire l'innocente ! Tu crois que je sais pas pourquoi on t'avait renvoyé du collège ? Ça te plait tant de faire du mal aux autres ?
Mirajane était complètement choquée. Il pensait réellement qu'elle était ce genre de personne ?
— Ce qui c'était passé au collège n'est qu'une méprise. Je n'avais rien fait à cette fille, j'ai été accusé à tord.
— Bien sûr, encore une fois t'as rien à voir avec ce dont on t'accuse. Franchement ton hypocrisie me dégoute.
Mirajane reçut un coup brutal en pleine poitrine.
— Si je te dégoûtes tant, pourquoi m'avoir embrassé cette fois là ? Explique moi.
— C'était sûrement une erreur de ma part.
La gorge de la jeune fille devint serré, avalant difficilement sa salive.
— Je vois. Tu me condamnes injustement et ça me fait terriblement mal mais sois tranquille, je ne viendrais plus vers toi.
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Le blond prit sa tête dans ses mains. Lui présenter des excuses ne serait-il pas hilarant ? Lui-même qui avait douté sans aucune hésitation de sa parole, la traitant de menteuse, d'hypocrite et même, lui avoir dit qu'il éprouvait pour elle une terrible aversion. Ça relèvera d'un miracle si elle arrivait à oublier cela jusqu'à lui pardonner.
Luxus retira son téléphone dans sa poche et parcourut la liste de ses contacts avant de lancer un appel. Il fallait au moins qu'il essaie.
— Oui, allô ?
— Salut Juvia, tu peux me rendre un service ?
* * *
Assis au sol contre les remparts du lit, les pieds repliés vers lui et la tête sur ses genoux, ses pupilles fixaient avec intensité la porte devant lui alors que des voix fortes et en colère résonnaient jusqu'à la chambre silencieuse dans laquelle il se trouvait, pour une énième fois encore.
— Le mieux c'est qu'on se sépare. Divorcons.
Un silence régna momentanément dans l'appartement après cette annonce difficile à gérer pour l'autre partenaire.
— Non.
— Non ? Parce que c'est mieux de vivre de cette façon ? À se disputer tous les jours ? Ne soit pas ridicule, notre mariage n'a jamais été un mariage d'amour, tu l'as décidé parce que j'avais un enfant. Et si c'est ça qui te fais peur sache que je n'ai aucune intention de t'empêcher de le voir.
— D'accord.
La jeune femme se crispa. Au plus profond de son cœur elle avait espéré qu'il propose une autre solution. Mais à quoi bon garder ce vain espoir ? La seule chose qui lui a toujours intéressé c'était leur enfant. Pas elle.
Ça faisait drôlement mal quand même.
— Dire que si je ne n'étais pas tombé enceinte, tu ne m'aurais pas épousé et je n'aurais jamais ressentit toute cette douleur.
Son conjoint lui prit le bras, la dictant de se taire, jetant nerveusement un coup d'œil vers la porte de son fils.
— Dit ce que tu veux quand il n'est pas là. C'est pas vrai ! Tu es consciente qu'en plus c'est son anniversaire aujourd'hui ?
La maison devint à nouveau silencieuse ou plus précisément les voix devinrent moins forte et quelques instants plus tard une porte claqua. Oui et ça finissait toujours comme ça.
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Malgré la lourdeur de ceux-ci, ses paupières s'ouvrirent lentement lorsqu'il revint à lui et un rictus nerveux apparut sur son visage. Encore ce souvenir. Il n'aimait vraiment pas rester dans cette maison.
Croyant rencontrer un petit corps en avançant sa main, il se buta à une place vide : juste les draps du lit froissés et une place déjà refroidit.
— Elle est partie.
Sa place était glacial. Était-ce à cause de l'air humide causé par la pluie ? Où était-elle partit depuis longtemps déjà ?
Gajeel se releva dans le lit et passa une main dans sa chevelure sombre, comme un tic.
— Tu me tourmentes encore.
Il savait bien que ses paroles étaient trop soudaines pour elle, voir illusoires. Le fait qu'elle se soit en aller voudrait dire qu'elle n'y croyait réellement pas, non ? Malgré l'étincelle qui avait brillé dans ses pupilles, ceux-ci avaient caché au plus profond d'eux-même du doute.
Le brun grommela en regardant l'heure affichée à son réveil posé sur sa commode.
19h00.
Il était très tard par rapport à l'heure à laquelle ils s'étaient tous les deux endormis. Peut-être qu'elle n'avait pas pu attendre.
Bon sang ! Pourquoi avait-il dormi aussi longtemps ? Lui qui ne dormait jamais profondément, il aurait au moins dû sentir quand elle s'était retirée de ses bras – le soustrayant de cette magnifique chaleur de leurs deux corps enlacés – ou même lorsqu'elle était descendu du lit jusqu'a sortir de la chambre, mais à aucun de ces moments il ne s'était réveillé. Pourtant, il aurait désiré ouvrir les yeux et l'étreindre à en mourir, sentir son cœur s'arracher dans sa poitrine en déposant ses lèvres sur sa peau et entrelacer leurs doigts en chuchotant tout contre elle.
Cette fille le rendait complètement fou et ce dans tous les sens du terme.
*
La bleutée fixait inlassablement la page de son livre depuis plusieurs minutes déjà et lorsque quelques gouttes d'eau frappèrent le toit lui surprenant dans sa lecture, elle sursauta.
— Il pleut encore, souffla-t-elle.
Elle ressera contre elle le blouson de Gajeel qu'elle n'avait toujours pas retiré. S'était-il déjà réveiller ?
La bleutée quitta son siège pour aller se recroqueviller sur elle-même dans son lit après avoir rangé son livre parmis ceux soigneusement compilés sur sa table d'étude.
Allongée dans son matelas remplit de couverture, la pluie fit ressurgir en elle les évènements précédent son retour : l'immense chaleur que lui avait procuré cette douce étreinte incommensurablement intense recouvrant avec tendresse chaque parcelle douleureuse de son corps, de son cœur ou voir de son âme – La jeune fille ferma un instant les yeux – Pourtant, elle s'était sentit infâme dans ses bras protecteurs.
<< Tu veux encore me faire mal ? Aah alors vas-y. Blesse-moi donc. >>
<< Je ne veux pas te voir >>
<< Alors tout ce que tu faisais pour moi était une façade ? >>
Encore et encore tournant en boucle.
La bleutée se couvrit les oreilles, accablée par le poids de ses propres mots.
Après lui avoir infligé toutes ces souffrances, après lui avoir déversé les paroles les plus odieuses, comment aurait-elle pu rester dans ses bras ? Sa culpabilité et ses regrets étaient si immense qu'elle était rentrée.
De toute ses forces, elle désirait effacer ces délicieuses sensations de sa mémoire en guise de punition, mais chaque goutte de pluie qui tombait à présent lui rappelait la tiédeur de ses lèvres sur sa peau, l'intensité de son regard, la beauté sans pareille de ses mots. Ces sensations étaient à présent imprégnées comme jamais dans sa chair.
L'adolescente laissa échapper un soupir mais la pluie qui ravageait les rues à l'extérieur apaisait ses tumultes, ses peurs et ses doutes.
Une sonnerie brisa le silence presque inquiétant dans lequel était profondément plongée la jeune fille, bercée par le tambourinement violent de l'averse.
La bleutée ouvrit lentement les yeux reconnaissant cette mélodie émanant de son téléphone et d'où émanait une faible source de lumière, celui-ci posé à son chevet.
La jeune fille prit son portable en main et les battements de son cœur s'accélèrent davantage en lisant seconde après seconde le nom afficher à l'écran de son appareil.
Gajeel ♡
Et si tout ceci au final n'était qu'un rêve ? Et si en décrochant cet appel elle se rendait compte qu'elle avait tout imaginer ?
Troublée, la bleutée hésita à répondre mais la sonnerie lui tordait à chaque fois la poitrine. Alors, avec appréhension et la main assez tremblante, la jeune adolescente décrocha à l'appel qui n'avait pas l'air de vouloir s'arrêter.
— A-Allo ?
— Levy, t'es rentrée ?
— Oui je... Je ne voulais pas te réveiller, préféra-t-elle répondre.
Le soupir d'exaspération voir presque de colère qu'elle entendit à l'autre bout du fil lui noua l'estomac.
— Désolée, s'excusa-t-elle.
Le brun resta longtemps silencieux créant ainsi un sentiment d'inconfort à la jeune fille qui se mit presque à retenir sa respiration, fermant lentement les yeux. Il allait s'énerver.
— Tu rentres sans me rien me dire.
— Pardon, je ne voulais pas rentrer très tard, j'ai laissé la maison sans fermer à clé en plus... Tu sais bien, se justifia-t-elle encore.
Levy remit abruptement une mèche de cheveux en place signe qu'elle était nerveuse. Et s'ils se disputaient encore ?
— T'es partis depuis ?
— Il y'a une heure je crois.
Celui-ci fixa la fenêtre de sa chambre. La piece était complètement plongée dans le noir et même les lumières des maisons avoisinantes réussissaient à peine à s'infiltrer.
— Tu es toute seule ?
— Oui, mon père n'est pas encore rentré.
Le brun fronça les sourcils. Il détestait toujours autant l'idée qu'elle soit toute seule tous les soirs et à l'exception de dimanche, tous les jours de la semaine.
— Je vois, dit-il simplement.
Depuis tout à l'heure, à chaque fois qu'il prenait la parole, elle ressentait une étrange sensation. Était-ce dans sa tête ?
— Tu... Tu vas bien ? s'inquiéta-t-elle.
— Hum... J'vais bien.
— Tu es sûr ?
— J'ai juste la tête qui tourne, dit-il, s'allongeant momentanément dans son lit.
— C'était... C'était probable. Tu n'aurais vraiment pas dû entrer sous la pluie, tu risques de tomber malade à présent et...
— T'inquiètes pas, la rassura-t-il. J'irais bien d'ici demain, faut juste que je dorme encore un peu.
Il l'espérait à vrai dire car son corps semblait assez affaibli. Peut-être était-ce la raison pour laquelle il s'était autant endormi et si profondément.
— Levy ?
— Oui ?
— Vient demain. Le matin.
— Tu vas rester dormir chez ton père ?
Avait-il seulement le choix ? Il n'était pas en état de se déplacer là.
— Oui.
— D'accord. Je viendrai demain alors.
C'était pour qu'ils aillent au lycée ensemble n'est-ce pas ?
— Dors bien, dit-il, se sentant incapable de tenir une discussion en cet instant.
— Ah oui, fit-elle un peu déçu. Merci. Toi aussi dors bien et prend soin de toi.
Gajeel déposa son téléphone sur sa table de nuit avant de croiser ses mains sur son front. Sa température était montée par contre.
La maison était silencieuse, bien trop – il ferma les yeux – A l'époque c'était rare. Il y'avait toujours une porte qui claquait, deux voix qui s'élevaient, l'une toujours plus en colère que l'autre.
<< Dire que si je ne n'étais pas tombé enceinte tu ne m'aurais pas épousé et je n'aurais jamais ressenti toute cette douleur. >>
<< Dit ce que tu veux quand il n'est pas là. C'est pas vrai ! Tu es consciente qu'en plus c'est son anniversaire aujourd'hui ? >>
Son anniversaire, hein ? Il détestait son anniversaire depuis ce jour : Depuis ses neuf ans
Gajeel se retourna dans son lit, essayant de penser à autre chose. À quelqu'un d'autre à vrai dire.
Les contrôles étaient terminés à présent pour le plus grand plaisir du brun, car en effet Levy avait bien précisé qu'elle n'accepterait son invitation à sortir qu'après ceux-ci : c'est à dire, demain – ce dernier sourit – Elle voulait voir le parc de magnolia et ça lui ferait plaisir de l'y amener.
* * * * *
D'une main frêle, Levy réajusta son bandeau en admirant son reflet dans le miroir pour une dernière vérification. Malgré la courte nuit qu'elle avait passé, tourmentée par les douces paroles de Gajeel, aucun cerne n'avait prit forme sous ses yeux, heureusement !
La bleutée quitta sa coiffeuse en empoignant son sac à dos et sa béquille après avoir rangé sa brosse à cheveux. Celle-ci referma doucement la porte de sa chambre et se dirigea vers la salle à manger prendre son déjeuner sachant qu'à cette heure son père avait déjà tout préparé : Il était toujours très matinal malgré les demi-nuits qu'était son quotidien.
L'adolescente salua poliment son parent en prenant place à table et il lui gratifia d'un sourire en guise de réponse avant d'avaler des comprimés de la boîte qui gisait dans sa main, inquiétant intérieurement la jeune fille.
— Tes contrôles se sont bien passés ? demanda-t-il à sa fille, se servant le jus de fruit qu'il pressait toujours avec amour pour elle.
— Euh... Pas très bien. J'étais assez pertubée ces derniers jours. Mais je ne pense pas que mes notes seront catastrophiques.
— D'accord, dit-il, portant sa tasse à ses lèvres.
Suite à cela, un silence très inconfortable s'installa entre eux et seul le bruit des ustensiles dérangeait parfois. C'était vraiment malaisant.
— Papa, tu... tu es en colère contre moi ? souffla-t-elle, la voix assez tremblante.
— Pourquoi tu penses ainsi ? s'étonna-t-il légèrement.
L'adolescente serra les dents. Depuis sa dernière discussion avec lui – lundi après sa sortie de l'infirmerie – son père était vraiment distant avec elle. D'habitude, il passait toujours dans sa chambre quand il rentrait tard du travail et lorsqu'il ne la trouvait pas endormie, il prenait de ses nouvelles ou dans l'autre cas, il restait quelques instants à caresser sa tête avant d'aller s'endormir à son tour. Toutefois, il ne le faisait plus depuis ces trois derniers jours.
— Tu ne passes plus dans ma chambre depuis peu pour voir comment je vais. Si ce n'est pas contre moi alors c'est quoi ?
— Je ne suis pas en colère contre toi, lui rassura-t-il.
La bleutée se pinça les lèvres. Mensonge. Alors pourquoi est-ce qu'il était si distant avec elle ? Il ne se parlait plus sauf lors du petit-déjeuner : Exactement comme à cet instant.
Blessée, le repas devint soudainement insipide dans sa bouche. C'était d'un étrange goût amer à présent. Sa mère n'était plus et maintenant la relation avec son père était-il en train de se dégrader ?
— Tu es toujours contrarié pour ce qui s'était passé avec Gajeel ? demanda-t-elle, touchant nerveusement son bras.
Monsieur Mcgarden fixa intensément sa fille qui gardait la tête baissée sur son assiette. S'il y'avait bien une personne contre qui il était en colère, ce n'était autre que lui-même : Pour sa faiblesse, son désespoir, ses troubles, son addiction, pour ce qu'il n'était pas capable d'offrir à sa fille, un vrai bonheur et surtout pour ce qu'il lui avait prit de plus cher, sa mère et sa faculté de pouvoir se déplacer librement.
Oui, depuis ce fameux incident il s'arrêtait devant sa porte mais n'osait plus y entrer. Longtemps il s'était voilé la face mais maintenant il avait comprit. Ce qu'il était – Sa personne intérieur – rendrait toujours sa fille malheureuse et ça, rien ne pouvait le changer.
— Prend ton déjeuner, dit-il simplement.
La jeune fille enfonça ses ongles dans son bras pour calmer sa colère montante. Il l'ignorait encore.
— Je n'ai plus faim. J'y vais.
Quelques pas loin de lui, elle avala difficilement sa salive et serra fortement le manche de sa béquille, un pincement au cœur. Avant de se rendre au lycée, elle lui faisait toujours un bisou à la joue en lui souhaitant une bonne journée.
— Passe une bonne journée, souffla-t-elle avant de continuer sa route.
L'adolescente referma la porte de la maison en inspirant fortement et son cœur se mit à battre un peu plus fort sachant qu'elle devait à présent se rendre chez Gajeel.
La jeune fille prit la route jusqu'à l'appartement de celui-ci autour duquel on y trouvait quelques parterre de gazon tout comme ceux des maisons avoisinantes.
Arrivée au devant de la porte, elle pressa doucement la petite sonnette et attendit. Des milliers de secondes suivirent la sonnerie mais aucune voix ne résonna et personne ne se présenta. La bleutée fut donc obligée de sonner pour une deuxième fois mais la maison restait toujours autant silencieuse.
Inquiète, la jeune fille sortit un instant son téléphone s'assurant n'avoir pas reçu de message de Gajeel annulant le rendez-vous. Mais leur derniere conversation datait du début de la semaine.
Est-ce que monsieur Redfox était sortit très tôt ? Et Gajeel alors ? C'est bien lui qui l'avait demandé de venir ce matin, il ne pourrait déjà pas être partit sans la prévenir au préalable.
Une forte inquiétude frappa dans son cœur. Hier il n'allait pas bien, et si son état s'était aggravé au point qu'il ne pouvait pas se lever ? Il avait plu toute la nuit et la température glacial qui avait fait rage aux heures tardives n'aurait pas été à son avantage.
Prise de panique, la bleutée abaissa la poignée de la porte priant que celle-ci soit ouverte. Voyant ainsi un entrebâillement, elle poussa la porte et entra affolement dans la maison, se précipitant du mieux qu'elle le pouvait vers la chambre de Gajeel bien que dérangé par sa béquille.
En ouvrant la porte, le brun était allongé dans le lit et la bleutée se dirigea vers lui.
— Gajeel !
La jeune fille s'assit sur le lit et observa avec attention le garçon. Il respirait abruptement et ses joues étaient colorés. En posant sa main sur son front, la bleutée s'exclama de stupeur. Il était tellement brûlant.
— Levy ? souffla-t-il, ouvrant les yeux.
— Oui, je suis là, lui sourit-elle, glissant tendrement ses doigts sur sa joue brûlante. Tu es malade.
— Qu'est-ce que tu racontes ? J'ai juste un peu de fièvre, essaya-t-il de la rassurer, saisissant sa main qu'il serra aussi fort que le pouvait son état.
— Ne dit pas ça, tu es tellement brûlant que ça me fait peur. Ton père est absent ? Personne n'est venu ouvrir.
— J'en sais rien. Il est tôt pour qu'il soit déjà allé travailler.
— Tu as au moins dormi de la nuit ?
— Hm... je suppose.
La bleutée eut un pincement au cœur. Il paraissait vraiment très affaibli et sa voix portait à peine. Celle-ci lâcha sa main pour se lever mais il lui arrêta la main.
— Où est-ce que tu vas ?
— Je dois vérifier si ton père est là ou pas, peut-être qu'il ne m'a pas entendu sonner. Il faut qu'il sache que tu ne te sens pas bien. Tu as besoin de médicament pour baisser ta fièvre, c'est alarmant.
Le brun soupira avant de laisser la jeune fille s'en aller et celle-ci referma doucement la porte derrière en lui faisant un tendre sourire.
— Je fais vite, avait-elle dit.
L'adolescente partit toquer timidement quelques coups à la porte juxtaposant la chambre de Gajeel.
— Monsieur ? Euh... Monsieur Redfox ? appela-t-elle.
— C'est moi que tu cherches ?
La bleutée sursauta avant de reconnaître le maître des lieux et de calmer l'ardeur de ses battements de cœur. Pourquoi il lui faisait toujours peur à chaque fois qu'il apparaissait ? Enfin, pourquoi apparaissait-il toujours subitement ?
— Qu'est-ce que tu cherches ?
— Pardon monsieur d'être entrée comme ça chez vous. Euh... En fait Gajeel m'a demandé de passer ce matin et en sonnant à la porte personne n'est venue ouvrir. J'ai eu peur parce que hier il ne se sentait pas très bien alors je suis entrée voir si tout allait bien. Il est malade.
Monsieur Redfox fut sceptique. Depuis quand il tombait malade ? Certes à son retour du travail hier il avait trouvé son fils enfermé dans sa chambre et ce dernier n'avait pas daigné sortir dîner. De même jusqu'à ce matin lorsqu'il l'avait appelé désirant savoir ce qu'il préférait pour le déjeuner – car il se rendait à une supérette tout près – il n'avait vraiment pas entendu de réponse de sa part. Sachant que son fils était du genre distant, il n'avait pas insisté mais peut-être qu'il aurait dû s'inquiéter de son silence depuis hier.
Quand bien même, comment aurait-il pu y prêter sérieusement attention ? Il était toujours ainsi quand il venait ici : il s'enfermait dans sa chambre.
Ce dernier soupira et se rendit dans la pièce dont venait à peine de quitter la bleutée, suivit de près par cette dernière.
Ils trouvèrent le brun essayant de se redresser dans le lit et Levy alla le rejoindre pour lui apporter son aide.
— Ça va ? demanda-t-elle, lui adossant contre le dossier du lit.
Il acquiesça d'un hochement de tête avant de remarquer son père au pas de la porte.
— Tu aurais pu le dire hier que tu ne te sentais pas bien. Regarde l'état dans lequel tu es ? soupira-t-il. Je vais à une pharmacie, déclara immédiatement monsieur Redfox.
Metallicana sortit de la pièce laissant les deux jeunes adolescents seuls.
— Pourquoi tu fais cette tête ? demanda Gajeel dès qu'ils furent seuls.
— Je me sens fautive. Si je n'étais pas rentrée hier alors tu n'aurais pas eu à traverser la pluie pour venir me retrouver. Si seulement on en avait parlé depuis, si seulement, alors tu ne serais pas malade en cet instant. Je me sens tellement coupable et puis je suis vraiment en colère aussi. Tu n'aurais pas dû faire ça. Il a tellement plu hier. Je savais bien qu...
Il tira la jeune fille dans ses bras avant qu'elle ne termine sa phrase. Prise par surprise, celle-ci se retrouva entre ses jambes, et emprisonné dans ses bras.
— Tu parles beaucoup, sauf de ce que j'ai vraiment envie d'entendre depuis hier. Tu veux vraiment faire comme si de rien n'était ?
La jeune fille rougit légèrement et détourna son regard du sien, incapable de le soutenir à l'évocation de ces événements de la veille encore trop pressant dans sa mémoire.
— Comment je pourrais faire comme si de rien n'était ? souffla-t-elle. C'est... C'est juste...
— Juste que quoi ? demanda-t-il, redressant son visage vers lui. Tu ne me crois pas c'est ça ?
Il posa son pouce sur ses lèvres en soupirant d'envie. Il nourrissait ce désir fou et brûlant en lui depuis des jours durant. Ne pas l'avoir assouvi hier avait été un véritable supplice pour lui. Mais il s'était retenu pour elle.
Elle avait paru tellement choquer par toutes ses paroles qu'elle se serait juste évanouie s'il l'avait embrassé. Attendre un jour de plus n'aurait pas été insurmontable pour lui, s'était-il dit.
Le brun approcha son visage de l'adolescente de près, si près qu'il suffirait juste d'un léger mouvement en avant pour que leurs lèvres se scellent.
Si près que leurs deux visages s'effleuraient.
Si près que le souffle chaud et brûlant de Gajeel caressait sa peau, accélérant la respiration de la jeune fille.
— Tu ne sens pas mon cœur exploser quand tu es dans mes bras ? Ou même que j'ai du mal à respirer en inspirant ton parfum ?
Comme si ses paroles d'hier n'était pas déjà assez pertubantes, voilà qu'il recommençait, et plus fort encore cette fois.
Si fort que son cœur se comprimait anormalement dans sa poitrine et qu'elle fut obligée de s'éloigner légèrement pour reprendre une respiration plus normal.
La fièvre le faisait délirer ou quoi ?
— Tu... Tu es brûlant Gajeel, ça m'inquiète.
C'est juste ce qu'elle trouvait à dire ?
— T'es inquiète parce que tu m'aimes ?
Juste un petit mot : oui. ou même, un petit geste en guise de réponse. Pourtant dans les deux cas, elle n'apporta aucun élément de réponse satisfaisant pour ce dernier.
Qui aime une personne en lui disant des paroles affreuses ? En piétinant ses efforts ? En le blessant comme elle l'avait fait.
— Ne sommes nous pas amis ? se contenta-t-elle de répondre.
— Des amis non pas le genre de pensée qui me traverse l'esprit quand je te vois, dit-il.
La bleutée écarquilla les yeux, choquée, ce qui amusa légèrement le brun.
— Ne fait pas cette tête. C'est la fièvre qui me fait dire des conneries.
On dirait qu'elle n'était vraiment pas prête à accepter tous ses sentiments et il se demandait bien pourquoi. Y'avait-il un problème ? Le reprochait-il de quelque chose ? Qu'est-ce qui la bloquait ?
Il caressa son visage et pressa la main de l'adolescente contre ses lèvres chaudes.
— Tu es belle, dit-il.
Les yeux de l'adolescente se mit à briller à se compliment si inattendu. Il la trouvait belle.
— M-Merci, rougit-elle.
— Reste avec moi aujourd'hui.
— Mais Je... Je dois aller au lycée.
C'était vraiment trop demander à cette fille de manquer une journée de cours encore moins juste pour lui alors que c'était sa passion – bien qu'il ne comprenait pas vraiment comment elle pouvait être passionné des études.
La bleutée s'appuya sur son torse pour lui faire face, venant de faire un constat important.
— Tu seras tout seul si ton père s'en va au travail. Et si ton état s'empirait ? Si je manque juste une journée de cours ça ne sera pas très grave. Je peux rester avec toi entre temps.
Peut-être qu'il avait parlé trop vite, peut-être qu'elle pouvait aussi faire certaines concessions pour lui.
— Je peux veiller sur moi tout seul. Va au lycée.
— Mais... Si tu restes seul...
— Comment tu comptes justifier tes absences après ? coupa-t-il. Ou même à ton père ? J'ai déjà un énorme problème avec lui, c'est suffisant.
La bleutée fut contrainte d'accepter. Si son père apprenait qu'elle avait manqué les cours à cause de Gajeel, il n'appréciera pas.
— Je viendrais te voir après les cours alors. J'espère que tu iras mieux d'ici là. Je vais d'abord attendre que ton père revienne avec tes médicaments avant d'y aller.
— Tu vas être en retard si tu tardes trop.
— C'est pas grave.
Gajeel soupira en la serrant doucement contre lui. Comment ne pourrait-il pas être fou d'elle avec tout ça ?
.........
Hey ! ça fait longtemps depuis le dernier chapitre. J'avais des évaluations qui ne sont toujours pas terminés *veut mourir*
Avis ?
27 juin
Marie
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