soixante-septième
Une tasse fumante à la main contenant une quantité assez importante d'une infusion des feuilles séchées du théier donnant à l'eau une coloration verte céladon, Nora sortit de la cuisine et prit la direction de la chambre de Gajeel n'ayant aperçu personne au salon et, à mi-chemin de la surface séparant les deux pièces, elle tomba nez à nez avec son fils.
— Ah tu tombes bien ! Est-ce que ta camarade va mieux ? Je lui ai fais du thé, tu peux le lui donner ?
Gajeel récupéra la boisson fraîchement préparée en se saisissant de la sous-tasse et il retourna précautionneusement avec celle-ci dans sa chambre pour ne pas en renverser le contenu.
Dès qu'il mit un pied à l'intérieur de la pièce, il fut accueilli par une faible mélodie le bloquant momentanément à l'entrée. Tout comme la première et unique fois qu'il l'avait entendu chanter les premiers jours suivant la rentrée derrière un des bâtiments du lycée, il était à nouveau émerveillé, voire bluffé par le timbre si angélique de sa voix et la singulière beauté des paroles harmonieuses lorsqu'elles sortaient d'entre ses lèvres et bien qu'aujourd'hui celles-ci étaient dotées d'un sens plus triste, cela restait tout de même magnifique à la sonorité.
Le brun rentra dans sa chambre après avoir doucement refermé la porte pour ne pas la pertuber et il s'assit par la suite dans le lit, attendant patiemment qu'elle termine ses notes vocales.
— C'était beau, apprécia-t-il, le silence faisant désormais place lorsqu'elle se tut.
— Merci, souffla-t-elle.
— Il y'a du thé, t'en veux ?
La jeune fille acquiesça d'un hochement de tête et, se redressant dans le lit, elle récupéra la tasse des mains du jeune homme en évitant soigneusement de le regarder, très honteuse de son comportement cette matinée.
La bleutée porta la tasse à ses lèvres et la vapeur qui s'y dégagea chatouilla son visage la faisant légèrement grimacer et froncer les sourcils dû à la température qui avait monté d'un cran à sa surface corporelle. Prenant soin de souffler à chaque gorgée pour éviter de se brûler la langue, elle termina la boisson dans un silence assez lourd pour les deux partenaires et le seul contact qu'ils eurent fut celui de leurs doigts qui s'effleurèrent lorsqu'il lui débarrassa de la tasse à présent vide en la déposant sur la commode au pied du lit.
— Ça va mieux ? demanda-t-il.
— On peut dire. Je... Je suis vraiment désolée, je n'aurais pas dû venir faire toute une scène, te réveiller et pleurer comme ça, allée jusqu'à inquiéter ta mère juste à cause d'un rêve.
— Ce n'est pas qu'un rêve.
À la seconde même qu'il termina de prononcer ces mots, l'adolescente souda son regard au sien cherchant à comprendre le sens de ses paroles. Ses pupilles tremblantes s'accrochèrent à ses iris rouges perçants cherchant à déceler en lui une lueur plaisantin, mais, à son plus grand désarroi, son expression restait très grave. Pourquoi est-ce qu'il disait cela ? C'était bien évidemment qu'un rêve, non ? Paniqua-t-elle.
— Pourquoi tu... J'ai... commença-t-elle, s'emmêlant les mots.
— Se sont les peurs qui te hantent, ces peurs qui ont prit une place démesurées. Tu as peur de te faire une nouvelle fois rejeter par une personne que tu aimes.
L'adolescente ouvrit la bouche pour tout réfuter mais ne trouva malheureusement rien à redire, se rendant compte que cette déduction était l'épineux problème de sa présente existence : la peur était ancrée dans sa chair lui causant une atroce souffrance, comme une épine dans le pied.
La discrimination qu'elle endurait cette année scolaire avait aggravé les cicatrices qu'elle croyait refermer, leur mépris et leur comportement haineux envers elle brisaient chaque jour un peu plus l'estime et l'amour propre qui était sien. Loin de là qu'elle désirait l'amour de tous ses camarades, c'était humainement impossible ; mais de là à être rejetée par autant de gens était la chose la plus horrible qui soit pour une personne ayant déjà des problèmes de confiance.
La jeune fille se rallongea dans le lit, tournant le dos au brun qui se contenta de glisser ses doigts dans ses cheveux ne sachant quoi lui dire. Non, plus exactement, il avait plein de mot réconfortant pour elle mais ne savait pas lesquelles seraient le plus rassurant et apaisant pour elle. Elle était si déchirée que des paroles ne suffiront sans doute pas à recoller les morceaux.
— Levy...
<< Tu es comme ton père. >>
Son geste se stoppa automatiquement lorsque ces paroles résonnèrent en lui et il se rappela les raisons pour lesquelles jusqu'à jeudi dernier, il avait hésité à lui confier la nature de ses sentiments qui avait drastiquement déviée de l'amitié vers quelque chose de profond et violent.
<< Tu es comme ton père, insensible et froid. >>
Cependant, malgré qu'il lui avait avoué la réciprocité de ses sentiments, rien n'avait l'air d'avoir changé pour elle, au contraire, on dirait que le vide et la solitude dans son cœur s'accentuait davantage. Peut-être qu'il n'était pas encore à la hauteur, peut-être que son amour n'était pas encore assez immense pour combler ce vide ou... Peut-être que sa mère n'avait pas tout à fait tord, peut-être qu'il était comme son père, incapable de rendre l'amour à une femme qui l'aimait sans limite – Tourmenté, les doigts du jeune homme se plissèrent – Réussirait-il alors à lui apporter du réconfort lorsqu'elle en aura besoin comme aujourd'hui ? Il avait peur. Oh oui terriblement peur de ne pas pouvoir la mériter, de ne pas être à la hauteur et l'aimer à juste titre, sans condition et sans artifice.
Epuisée par toutes les vives émotions qui avaient éreintées son cœur le long de cette semaine, la jeune fille ferma les paupières et abandonna totalement son corps aux sensations extérieures, à l'air frais qui balayait sa peau, à l'odeur de métal humide débordante dans la chambre qui titillait ses narines, lui rappelant la singulière odeur du jeune homme lorsqu'elle se perdait dans ses bras.
— Gajeel ?
— Hmm ?
— Est-ce que je peux te poser une question ?
— Oui, vas-y.
— Jeudi quand tu m'as dites toutes ces choses, tous ces mots magnifiques, tu sais, j'ai eu l'impression que tu savais déjà pour mes sentiments. Je me trompe ?
— Non, je savais déjà, avoua-t-il.
— Depuis longtemps ?
Un certain embarras prit possession de lui, se souvenant de la façon inconvenant dont il avait compris pour ses sentiments. Mal a l'aise, il s'adossa contre le lit en repliant un genou.
— Après cette journée au cinéma. Je sais que c'était mal mais j'avais surpris la conversation avec ton père, quand tu lui parlais alors qu'il était inconscient.
— Tu as dû me trouver ridicule, souffla-t-elle après un moment de silence.
— Ridicule ? C'est moi qui étais ridicule, j'avais cru que tu parlais de Luxus.
À ces mots, l'adolescente sembla se paralyser, complètement estomaquer par cet aveu des plus inattendu. Elle tourna son regard vers le lycéen, l'interrogeant silencieusement du regard. Il n'avait pas compris du premier coup que c'était de lui qu'elle parlait ?
— Mais c'était la première fois que je le voyais ce jour là et même, comment j'aurais pu être intéressé par lui ?
À ce souvenir, le brun se demanda comment cette absurdité avait pu lui traverser l'esprit.
— Comment ? répéta-t-il dans un murmure. Toutes les filles sont toujours intéressées par lui, j'ai cru que toi aussi il te plaisait. J'arrivais pas à l'admettre mais ça m'avait vraiment rendu jaloux.
La bleutée se sentit assez mal, se rendant compte que cette mauvaise interprétation aurait pu causé une certaine tension entre les deux amis.
— Tu as toujours cru que je l'aimais ? demanda-t-elle.
— Les heures qui ont suivis j'en étais persuadé et j'avais du mal à le supporter. Tu te souviens que le lendemain t'étais pas venu en cours ?
La jeune fille hocha vigoureusement la tête, se rappelant d'avoir été obligé d'aller à hôpital à cause des douleurs à son pied et qu'à la fin des cours, il était venu lui laisser les notes qu'elle avait donc manquée cette journée là.
— Quand je suis arrivé chez toi et que j'ai prêté attention, j'ai remarqué que tu ne me regardes pas comme on regarderai un ami. Quand tu me regardes il y'a comme une étincelle qui s'illumine, et j'adore cette flamme dans tes yeux.
Ses joues devinrent brûlantes. Il adorait la façon dont elle le regardait ?
Gajeel s'allongea à son tour et attarda ses doigts sur ses joues teintées de roses avant de les glisser sur sa nuque, laissant son pouce dessiner des cercles sur sa peau qui provoquèrent chez la jeune fille des battements de cœur irréguliers au contact de leur deux chairs.
— J'étais flatté de savoir que c'était moi qui t'intéressait, pas Luxus ni quelqu'un d'autre, et j'ai compris à ce moment que tu me plaisais aussi, beaucoup, même si j'ai toujours voulu me voiler la face et me résoudre à croire que ça n'ira jamais plus loin.
— C'est pourquoi tu n'as pas pu me le dire depuis tout ce temps ?
— En partie.
Surtout parce qu'il avait peur de ne pas suffisamment être à la hauteur pour mériter son amour et ce sentiment désagréable était malheureusement toujours présent.
— Pour moi c'est arrivé tellement vite, souffla-t-elle, je m'y attendais pas. J'ai cru plusieurs heures après que je venais de rêver comme toutes les autres fois où je t'ai imaginé me dire que tu m'aimes mais la réalité s'imposait violemment en moi et ça me faisait peur... Peur de perdre cette plenitude que je ressens à tes côtés et que toi seul me fait ressentir au quotidien, peur de te perdre toi, ton amitié comme ton amour. Je ressens une multitude de peurs en ce moment, avoua-t-elle.
Le jeune homme remit en place une mèche de ses cheveux qui débordait.
— Je comprends que c'est arrivé de façon assez précipité, moi non plus je ne me sentais pas encore tout à fait prêt à affronter mes sentiments, d'autant plus que je venais de m'en rendre compte mais t'entendre te dévaloriser de cette façon ce jour là m'a irrité, tu méritais de savoir qu'il y'a quelqu'un qui t'aime, qui pense tout le temps à toi, tous les jours, et à chaque seconde qui passe.
Une larme perla au coin de son œil, touchée par ses mots d'amour qui lui fit frémir. Malgré cela, elle baissa les yeux, ayant la vive impression de ne pas suffisamment mériter cette tendre affection qui s'exprimait à travers la lueur dansante et intense dans son regard.
— Mais pourtant il y'a rien à aimer chez moi, murmura-t-elle. Qu'est-ce qui peut te plaire chez une fille qui pleure à tout bout de chant, chez la pleurnicharde que je suis ? L'handicapée, la marginale de la classe, une paria ? Et si seulement c'était le pire, si seulement j'étais juste exclu, décria-t-elle en haussant d'un tantinet la voix pour l'empêcher de l'interrompre. Il m'humilie sans cesse. Qu'est ce que tu aimes chez une fille qui n'a de valeur pour personne ?
— Pour moi si, tu vaux plus que tout ça.
— Alors pourquoi je me sens comme ça ? Aussi minable, comme une... Comme un déchet qui n'a sa place nulle part qu'au milieu de ses paires : loin de tout le monde.
— Regarde moi, dit-il, prenant son visage en coupe dans sa main. Tu es une personne magnifique tu sais ? Ton innocence te rend spéciale et belle. Que tu sois en béquille ou en chaise roulante et même quelques soit tes défaillances et tes faiblesses ça ne devrait pas avoir d'importance pour ceux qui t'entourent. S'ils ne sont pas capable de t'apprécier tel que tu es alors ça vaut pas la peine de vouloir plaire à des gens comme eux si tout ce qui les intéressent c'est l'image de cette personne.
La jeune fille secoua la tête et s'éloigna de lui, s'asseyant dans le lit suivit par Gajeel.
— Tu dis ça parce que c'est pas toi qui traverse tout ça. J'en peux plus, j'ai envie de disparaître, de ne plus jamais me montrer devant quiconque. Je me sens indésirable.
— Tu n'es pas indésirable, parce qu'il y'a rien de mal à ne pas être comme les autres ; Quand on ne ressemble pas à tout le monde au final c’est nous que l’on regarde. C'est toi que moi je regarde. Tu sais comment ? Tu as tout de suite attiré mon attention parce que tu es une personne exceptionnelle, pleine de ressource et de bonne volonté envers tout le monde. Tu es une personne pure, ton regard est brillant d'attention et d'amour, tellement que quand je suis à tes côtés je me sens indigne. Levy, tout le monde devrait t'admirer
L'adolescente fondit en larme à ces mots. Pourquoi est-ce qu'il réussissait toujours à la toucher de la plus belle des manières ?
Gajeel attira contre lui la jeune fille qui essayait tant bien que mal de maîtriser ses sanglots, la serrant très fort dans ses bras et l'enveloppant d'une chaleur qui apporta un incommensurable réconfort à celle-ci.
— Je me sens si vide. Pourquoi, donc je me sens comme ça ? C'est insupportable.
— Tu t'es mise à te détester à cause du jugement des autres, expliqua-t-il en caressant tendrement sa tête. Tu ne t'aimes pas assez, encore moins pour accepter qu'on t'aime. Je comprends que même si je te dis mille fois que je t'aime, si tu n'arrives pas à t'accepter tel que tu es tu revivras la même souffrance qu'aujourd'hui, à voir les personnes que tu aimes t'humilier dans des situations que tu t'imagines.
L'adolescente ferma les yeux et agrippa fermement le pull-over que portait le jeune homme. Elle n'arrivait même pas à réfuter ces paroles, se rendant compte qu'elles étaient d'une vérité indéniable. Elle se sentait si mal dans sa peau et détestait la personne qu'elle était.
— Toi... Toi et moi est-ce que...
La jeune fille se mordilla les lèvres. À ces yeux, que signifiaient ces rapprochements qu'on pouvait qualifier d'intime et d'étroit entre eux depuis ces derniers jours ?
— Pour nous deux j'ai... j'ai besoin de temps Gajeel, dit-elle, la voix légèrement tremblante.
— De temps ? répéta-t-il, dérouté.
La jeune fille se crispa. Il n'avait pas l'intention de lui demander d'être sa petite amie ? Anxieuse, elle se rongea l'ongle du pouce en repliant ses jambes vers elle sous le regard perplexe du lycéen.
— Je... Je croyais que... On allait sortir ensemble vu qu'on s'est réciproquement avoué nos sentiments, expliqua-t-elle, la gorge serrée.
Il n'aimait pas ce genre de relation basée sur un engagement ? Préférait-il des relations plus libéral ?
— Ne fait pas cette tête, dit-il, caressant sa joue. Ça te ferait si plaisir d'être moi ?
— Ça me rendrait très heureuse, oui très. Juste je ne peux pas, pas en ce moment, je ne suis certainement pas prête. J'ai besoin d'équilibre, je ne voudrais pas être un fardeau trop lourd pour toi, j'ai peur de devenir quelqu'un de pénible, que tu te sentes tout le temps confronter à mes peurs, que tes sentiments s'effritent parce que tu dois tout le temps endurer mes états d'âmes.
— Je comprends que tu ne vas pas bien, y'a aucune chance que je te considère comme un fardeau.
— Peut-être, souffla-t-elle, fixant un point invisible sur le lit. Mais j'ai besoin de me sentir bien dans ma peau, j'ai besoin de m'accepter. Je ne veux pas prendre le risque de te perdre à cause de mes troubles. Je doute sans arrêt et mes peurs n'arrange rien. Ça ne serait-il pas plus compliqué entre nous si la relation qu'on entretenait est amoureuse ?
Gajeel ne sut quoi répondre reconnaissant la véracité de ces mots. Les situations que l'on pouvait supporter en tant qu'ami pourrait deviner lourd lorsque l'amour s'entremêlait. Au fond de lui il savait qu'il y avait une différence assez capital, encore plus maintenant qu'il voyait à quel point elle pouvait se mettre dans ce genre d'état psychique. D'autant plus qu'avec ses propres appréhensions, il avait peur d'être bancal avec elle. Elle cherchait sans doute une relation stable et sérieuse, loin de ce dont il avait connu jusqu'ici.
— Je ne sais pas combien de temps, reprit-elle. Même si tu ne comprends pas c'est important pour moi, tu sais, de prendre un peu de temps pour moi-même, m'aimer moi.
Et ne surtout plus attendre que cet amour vient d'autres personnes.
— Je sais, je comprends, lui rassura-t-il.
La jeune fille leva la tête pour capter son regard, lui offrant un sourire en déposant sa petite main sur sa joue.
— Merci. Je promets de ne pas te faire attendre longtemps.
— T'inquiète pas, t'as le droit de penser à toi avant tout. J'attendrai.
L'adolescente sourit et se jeta dans ses bras en encerclant les siens autour de son cou.
— Le fait que tu me comprennes me touche énormément.
Il serra fortement la jeune fille contre lui après avoir déposé un baiser sur sa joue.
— J'aimerais plus souvent t'entendre chanter, ta voix est magnifique.
Bien que flattée par le compliment, la jeune fille ne put s'empêcher de se tendre.
— Je le fais de moins en moins tu sais. Ça me torture, murmura-t-elle. Je sais que ça peut paraître bizarre.
— Je trouve pas ça bizarre, je sais que ça te rappelle ta mère. J'aurais peut-être pas dû te demander ça, s'excusa-t-il.
— Quand je chante j'ai l'impression qu'elle est là avec moi, c'est comme si sa présence s'imprègne à chacune des paroles que je prononce mais quand je termine la dernière note, le vide que je ressens est si large et la douleur est encore plus vive.
C'est pourquoi il était difficile pour elle de se mettre à chanter en dehors des moments où elle se sentait véritablement mal, comme aujourd'hui. C'était comme s'infliger volontairement une douleur plus vive qui avait donc pour effet d'amoindrir celle qu'elle ressentait déjà.
— Je... Je peux faire une exception pour toi. Si tu veux toujours, souffla-t-elle, levant la tête vers lui.
— J'ai droit à une prestation privé ? demanda-t-il, faisant un sourire en coin.
— Si tu es prêt à me payer mes honoraires, le taquina-t-elle, un sourire malicieux aux lèvres.
— Vraiment ? Est-ce que tu acceptes les payements en nature ? Hum ? Un baiser peut-être ? proposa-t-il, rapprochant son visage du sien.
— Un seul ? Et si j'en veux plus ? le provaqua-t-elle innocemment.
Gajeel descendit ses yeux sur les lèvres pulpeuses de l'adolescente lui faisant soupirer d'envie. Leurs respirations respectives devinrent désordonnées, leurs souffles qui erraflaient chacune leurs peau créèrent une tension insoutenable alors que leur regard s'accrochèrent.
— Combien ? Deux ? Trois ? Cinq ? Dit moi combien tu en veux ?
— Autant que tu pourras m'en donner, répondit-elle, glissant ses doigts sur les lèvres du garçon.
Gajeel saisit délicatement son poignet et déposa un long baiser sur la paume de sa main en plongeant son regard intense dans ses yeux, faisant rougir celle-ci. Elle ferma les yeux, appréciant la douce caresse sur sa peau.
— Je te chante quoi ?
— Celle que tu aimes le plus.
L'adolescente hocha la tête et s'assit confortablement dans le lit, quittant les bras rassurants du jeune homme pour se mettre à chanter la toute première chanson que lui avait apprise sa mère qui avait une importante toute particulière pour celle-ci. Cependant, le son de sa voix ne franchit pas le bout de ses lèvres et elle prit son visage dans ses mains.
— Pardon je... Je me sens tellement bouleversée et nerveuse. J'ai pas l'habitude et puis ça fait si longtemps que je n'ai plus chanter pour personne, la dernière fois c'était p-
Pour ses parents. Le jour de l'accident, dans la voiture que conduisait son père. Cette soirée pourtant si magnifique qui c'était transformée à un horrible souvenir.
— T'es pas obligé si tu ne te sens pas à l'aise.
— N-Non ça va, je crois que j'ai vraiment besoin de ça.
Un tendre sourire se forma sur ses lèvres et en fermant les yeux, elle éleva délicatement le son de sa voix qui laissa une nouvelle fois émerveillé le jeune homme en face de lui. C'était tellement profond, comme si le temps se déchirait pour leur plonger dans un univers fantastique certes qu'éphémère juste à travers sa voix.
— C'était magnifique, apprécia-t-il.
— Merci.
Les yeux de la lycéenne se voilèrent de tristesse ce qui peina le brun. Il ne savait rien de la perte d'un parent mais il trouvait Levy si silencieuse concernant ce sujet. Peut-être était-ce sa façon à elle de surmonter le deuil.
Gajeel se leva du lit et se dirigea vers un support tubulaire en acrylique noir près de son armoire contre lequel était rangé une guitare qu'il saisit, le tout sous l'œil attentif de Levy.
— Je savais pas que tu avais une guitare, commenta-t-elle.
Pourtant l'instrument était rangé dans un coin plutôt visible, mais l'état dans lequel elle était entrée dans la chambre ne lui avait laissé aucune place pour se mettre à contempler, ce qu'elle se mit automatiquement à faire et elle constata avec plaisir que son cadeau était déposé sur une étagère de rangement.
— Suis encore en train d'apprendre, dit-il, retournant s'asseoir dans le lit.
— Ça fait combien de temps ?
— Hum plusieurs mois ? Je l'ai reçu en cadeau d'anniversaire de mon père l'année dernière.
— Tu voulais une guitare ?
— Depuis des années, sourit-il, positionnant adéquatement l'instrument dans ses mains.
— Elle est belle, complimenta Levy.
— C'est une classique.
Le jeune homme se mit à décrire les caractéristiques de son instrument à corde sous l'œil attentif de l'adolescente.
— Tu peux la jouer ? J'ai envie de t'écouter.
Le lycéen acquiesça et se mit à glisser ses doigts entre les différentes cordes métalliques pendant plusieurs minutes, faisant naître un sourire tendre chez la jeune fille.
— Ne me dit pas que je joue si mal.
— Mais non, ça m'a vraiment plu. Et si je chantais pendant que tu joues ?
— T'es sûr que tu veux chanter ?
L'adolescente hocha la tête.
— Si tu veux bien m'accompagner avec ta guitare.
De l'autre côté de la porte, dans la salle de séjour, Nora fut interpellé par les différentes mélodies et notes musicales qui sortaient de la chambre de son fils.
— Ils ont l'air de s'amuser, murmura-t-elle, sourire aux lèvres.
C'était un véritable soulagement de savoir que Levy allait à présent mieux. Son état l'avait vraiment inquiété, elle qui arrivait toujours ici souriante pour aider Gajeel à lever ses difficultés scolaires.
*
Assise dans le lit recouvert de draps aux nombreux plis, la jeune fille se frottait doucement les mains, n'ayant qu'un châle lui recouvrant le haut de son corps en dessous de sa robe trapèze à manche longue et d'un collant qui n'arrivait plus à maintenir une température suffisamment chaude avec le froid grandissant.
Gajeel rangea sa guitare sur le support quotidien de ce dernier et haussa un sourcil en entendant des frémissements.
— N'me dis pas que t'as froid. Pourquoi t'es sorti aussi peu couverte ? Ça gèle ces derniers jours.
— Je sais, c'est bête de n'avoir prit qu'une écharpe, répondit-elle, jouant nerveusement avec les pans de son énorme châle fait de motif à carreaux.
Nullement surpris étant donné l'état dans lequel elle était arrivé ici, il sortit silencieusement d'un de ses armoires de rangement un pull-over qu'il partit lui donner.
— Mets ceci. T'as vraiment intérêt à me le rendre cette fois-ci.
La jeune fille se mit subitement à rougir. Elle ne pouvait nier qu'elle avait expressément retenu le dernier blousson qu'il lui avait prêté depuis plus d'une semaine déjà pour éprouver un certain sentiment de possessivité envers lui.
— Pardon, je vais te les remettre.
Gajeel passa une main dans les cheveux de la bleutée.
— Tu fais une sacrée tête. Tu n'as qu'à me rendre juste celui-ci et rester avec l'autre.
Le sourire de l'adolescente s'élargit.
— Merci.
La bleutée récupéra le vêtement et après s'être débarrassée de son châle qu'elle déposa non loin d'elle et enfila par la suite le pull-over à capuche grise dont les manches dépassait d'une bonne dizaine de centimètres ce qui fit automatiquement sourire Gajeel. C'était toujours le même scénario.
— C'est si grand, rit-elle, repliant les centimètre de trop pour dégager ses doigts.
— C'est toi qui est petite.
L'adolescente gonfla les joues avant de sourire et de secouer la tête.
— Je suis vraiment désolée, je n'ai même pas demandé à savoir comment toi tu allais et je t'ai embêté avec mes soucis. Comment tu te sens ? On dirait que ta fièvre est descendue, ta température est plus basse que la dernière fois.
— Mouais il était temps, ça fait trois jours que je trainais cette fièvre.
La bleutée s'allongea dans le lit en remontant les couvertures jusqu'à son cou.
— Je suis rassurée, souffla-t-elle.
Il sourit en constatant les paupières de la jeune fille se refermer doucement. Elle semblait épuiser.
— Tu devrais te reposer un moment.
— Sans doute, je me sens fatiguée, susurra-t-elle, fermant les yeux.
Gajeel déposa un baiser sur son front, scellant un second sur le coin de ses lèvres et la respiration calme et régulière de la jeune fille chatouilla son cou.
— Dors bien, souffla-t-il, glissant ses doigts le long de sa joue.
Le jeune homme attira la demoiselle, s'assurant à ne pas pertuber le sommeil réparateur dont elle avait évidemment besoin.
Une à deux heures plus tard, la bleutée papillona les yeux et ses pupilles brunes observèrent ses doigts déposés sur le torse du jeune homme, ses cheveux azurs éparpillés sur le vêtement du garçon et elle avait la vive impression d'être coincés entre ses bras encerclés autour de sa taille.
— Gajeel ?
— Hum... T'es réveillé ?
— Pardon, je me suis endormie sur toi ? s'excusa-t-elle, embrassée.
— Je voulais juste te serrer contre moi. Comment tu te sens ? Ça va mieux ?
L'adolescente hocha la tête.
— Oui, je me sens plus calme. J'ai eu peur de faire à nouveau un mauvais rêve, heureusement que non.
Elle avait dormi si bien enlacé contre lui.
— Il est quelle heure ?
— Dix-huit heures passé de quelques minutes je crois.
— Je pensais pas dormir si longtemps. Je devrais rentrer à présent.
— Tu pourrais pas rester plus longtemps ? T'es toujours si pressé de rentrer.
— Ce n'est pas ça, il y'a rien qui me fait aussi plaisir que d'être avec toi mais aujourd'hui c'est dimanche, mon père doit sûrement m'attendre pour dîner.
Gajeel soupira. Loin de là qu'il ne comprenait pas que c'était important pour eux de passer un moment ensemble – surtout qu'il n'avait pas la possibilité de le faire en dehors du week-end – mais les quelques heures qu'ils passaient rien tous les deux en dehors du lycée étaient insuffisantes. Il ne pouvait rien y faire pour remédier à cela pour le moment à part attendre plus ou moins la dizaine de jours qui restait avant les vacances d'hiver pour passer davantage de temps avec en sa compagnie.
— Avant que j'oublie, un match va être programmé cette semaine. Tu comptes venir me voir jouer ? J'ai envie que tu viennes.
— Oui, bien sûr. Je serais là, le rassura-t-elle. A part ça je dois rentrer.
— Je sais, souffla-t-il, réticent.
Il relâcha la jeune fille qui descendit du lit.
— Donne moi une minute je vais t'accompagner.
— D'accord, je t'attend au salon, déclara-t-elle, lui faisant un sourire.
La jeune fille sortit de la chambre, abandonnant le jeune homme qui se laissa tomber en arrière dans le lit.
<< Je ne peux pas, pas en ce moment, je ne suis certainement pas prête. >>
<< Le fait que tu me comprennes me touche énormément. >>
Pourquoi ça ne pourrait-il pas être moins compliqué entre eux ?
*
Levy trouva Nora confortablement installé sur le sofa et les pas de cette dernière attirèrent l'attention de la jeune femme qui tourna la tête dans sa direction.
— Levy, tu restes dîner n'est-ce pas ?
— Je suis vraiment désolée je dois m'en aller, mon père m'attends, s'excusa-t-elle.
— Ah d'accord c'est dommage, une prochaine fois alors. Si non Gajeel ne devrait pas t'accompagner ? Pourquoi tu es toute seule ?
— Si, il arrive.
Un silence plutôt inconfortable s'installa et Nora décida d'engager une conversation pour faire partir le malaise.
— Tu savais pour l'anniversaire de Gajeel vendredi ?
— En fait je lui avais fait un gâteau et inviter ses amis pour partager ce moment avec lui.
— Je suppose qu'il a apprécié.
— Il a dit qu'il aimait bien. C'est vrai qu'il était malade et c'était pas vraiment ce que j'avais prévu mais c'était de loin un très beau jour, une soirée qui ne peut s'oublier si facilement.
Comment le pourrait-elle ? Ils s'étaient mutuellement exprimés leur amour à travers des mots, leurs touchés et même leurs regards.
— Je suis contente pour toi. Moi par contre il a trouvé le gâteau que je lui ai acheté horrible, dit-elle, riant nerveusement pour cacher sa tristesse.
La bleutée fut assez surprise sur le moment.
— Je... Je suis sûr qu'il l'a dit juste pour vous embêter. Ça ne devrait pas vraiment être horrible.
— Je sais. Il ne m'aime pas.
Frappée de stupeur, Levy fut profondément touchée par le chagrin de madame Nora et elle s'assit donc à ses côtés.
— Ah pardon oublie ça, je dis n'importe quoi, dit-elle, forçant un sourire. Euh... Et Gajeel s'en sort bien pendant vos révisions ? demanda-t-elle, posant la première question qui lui vint en tête pour changer de sujet.
— Il s'en sort plutôt bien jusqu'à présent.
— Tu n'as jamais manqué un seul week-end depuis que vous avez commencé.
— Ce n'est pas grand chose, ça me fait très plaisir de l'aider et ça m'occupe vu que je n'ai rien de spécial à faire.
— Vraiment ? À votre âge on ne pense qu'à passer le plus clair de son temps avec ses amies, faire la fête, tous ces trucs en général, à attendre avec impatience le week-end pour faire des folies avec ses proches, rit-elle, se remémorant son passé d'adolescente. À part aider Gajeel, tu devrais passer du temps avec tes amis aussi.
L'adolescente se crispa.
— J'ai pas d'autre ami que Gajeel, souffla-t-elle.
— Désolée. Je... Je pensais qu'avec tes autres camarades... Enfin...
— Ils ne m'apprecient pas.
Et sont horrible avec moi, aurait-elle voulut ajouter.
— Pourtant tu m'as l'air d'une personne très sympathique. On devrait tous leur acheter une paire de lunette.
Le cœur de la jeune fille s'anima d'une certaine joie à cette phrase et un sourire étira doucement ses lèvres.
— Je suppose qu'il n'ont pas envie de traîner avec une handicapée. Je dois faire honte.
— Il y'a rien de honteux à utiliser une béquille, c'est eux qui devraient avoir honte de traîner des mentalités pareilles.
La bleutée avait la vive impression que son cœur reprenait vie à cette phrase.
— Merci.
— Pas le peine de me remercier.
— Si, vous ne savez pas à quel point vos paroles me sont d'un grand réconfort, ça me fait tellement du bien.
Surtout en ce moment où elle se sentait mal dans sa peau.
Nora sourit et prit la main de la jeune fille qui se remémora le câlin qui l'avait grandement apaisé il y'a à peine quelques heures aujourd'hui. Elle aurait tellement voulu lui demander de la prendre à nouveau dans ses bras mais elle avait peur de s'attacher à nouveau à quelque chose, de s'accrocher à un espoir qui pouvait la détruire par la suite si dans le plus grand des malheurs elle se retrouvait à nouveau abandonné.
La jeune fille ouvrit la bouche, désirant égoïstement malgré tout satisfaire ce caprice mais Nora leva la tête en entendant des pas.
— Voilà Gajeel. Rentre bien chez toi. Moi je vais mettre la table. J'aurais aimé que tu puisses rester dîner surtout que je n'ai pas l'occasion d'être souvent là, c'est moins agréable de manger seule, soupira-t-elle.
— Ne vous inquiétez pas, Gajeel ne va pas m'accompagner bien loin. Vous pouvez l'attendre quelques minutes si ça ne dérange pas.
— Sans doute, souffla-t-elle.
L'adolescente trouva l'expression de Nora étrange, comme s'il elle était mal à l'aise. Est-ce que Gajeel ne dînait pas avec sa mère ?
Le brun posa une main dans son dos en inclinant son visage vers la jeune fille la faisant ainsi sursauter.
— On y va ?
— O-Oui, oui.
— Tu rentres en bus j'imagine, demanda-t-il, la conduisant jusqu'à la porte.
Celle-ci hocha la tête avant de regarder à nouveau dans son dos et une étrange douleur lui saisit à la poitrine en voyant Nora toute seule à table.
— Je me disais que je peux rentrer toute seule. Euh... Je veux dire je peux y aller seule. J'ai pas envie de te déranger davantage, l'arrêt de bus n'est pas si loin que ça.
— Ça ne me dérange pas. À moins que tu as un problème ?
— Non ça va, j'ai juste envie de marcher, prendre un peu l'air. Toi peut-être tu devrais aller dîner. Je suis là depuis cet après midi, je t'ai assez accaparé pour aujourd'hui.
— J'irai dîner plus tard.
— Sûrement mais j'ai envie d'être seule un moment avant de rentrer.
Le jeune homme jeta un coup d'œil derrière lui. De quoi avait-elle parlé avec sa mère pour qu'elle soit ainsi préoccupée ?
— Levy...
— J'y... J'y vais avant que mon père ne commence à s'inquiéter. On se voit demain.
— Demain ?
— Au lycée bien sûr. Tu n'as quand même pas oublier qu'on a cours.
— J'aurais dû être malade un jour de plus, maugréa-t-il, pestant à l'idée de se rendre au lycée demain.
Levy rit légèrement et souhaita une bonne soirée au garçon avant de tourner le dos mais il lui arrêta la main.
— Si tu as un quelconque soucis appelle moi.
— Oui, c'est promis, dit-elle, déposant un baiser sur sa joue.
La bleutée sortit de l'immeuble et se rendit à pas lent à l'arrêt bus, profitant de la légère brise qui soufflait dans l'air faisant virevolter ses cheveux le long du chemin.
Emmitouflée dans l'énorme pull de Gajeel, Levy regardait d'un œil vide l'agitation qui avait lieu : les uns et les autres qui se bousculaient pour sortir du bus, ceux qui entamait une course effrénée pour ne pas manquer l'automobile prêt à démarrer et d'autres qui ralaient à l'idée d'attendre un autre des heures durant.
<< Tu t'es mise à te détester à cause du jugement des autres. Tu ne t'aimes pas assez, encore moins pour accepter qu'on t'aime. >>
— Désolée de devoir te faire attendre.
Mais elle en avait terriblement besoin de trouver cet équilibre, elle ne pouvait pas continuer à lui imposer des situations comme celle d'aujourd'hui. Ce sera trop invivable.
..........
Vu que je publie le chapitre après 4h de correction j'arrive à peine à formuler les phrases ( j'aimerais bien faire un petit commentaire sur le chapitre mais je suis très fatiguée. ) J'espère que la lecture vous a tout de même plu ♡
Avis ?
19 octobre
Marie
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