soixante-seizième
Ses yeux marrons tiraient vers une nouvelle teinte, paraissant plus sombre sous la lueur de la veilleuse qui éclairait la chambre plongée dans la pénombre. Concentrée sur sa lecture, elle ne se dérangeait pas pour arranger le manche de son blouson qui avait glissé de son épaule et tourna une nouvelle page du livre, dévorant chacune des phrases avec attention.
Transportée par cet univers magique décrit dans le roman, la jeune adolescente n'entendit pas le cliquetis de la clé actionnant la serrure de la porte principale, ni les pas qui résonnaient sur le parquet du sol jusqu'à sa chambre malgré le silence absolu qui régnait dans la maison.
Mathias frappa doucement à la porte de sa fille, mais il ne reçut aucune réponse.
— Levy ? Tu dors ?
Sa fille ne lui répondit toujours pas. Était-elle encore en colère contre lui ?
— Je vais entrer, prévient-il.
Monsieur McGarden décida alors de pousser la porte et surprit la jeune fille adossée contre le lit, livre en main et écouteurs aux oreilles. Il fit un sourire : elle était tellement concentrée qu'elle ne l'avait pas entendu.
Un pincement lui saisit au cœur quelques secondes après. Depuis combien de temps n'avait-il plus vu sa fille ainsi concentrée dans les choses passionnantes qu'elle aimait faire, que ce soit lire ou étudier, et encore moins chanter ? Elle avait raison, il l'avait abandonné.
Matthias toqua à nouveau, question de faire savoir sa présence.
— Papa ?! sursauta-t-elle, étonnée.
Son père était déjà rentré ? Mais elle pensait pourtant n'avoir fait que quelques heures sur ce livre après le départ de Gajeel. Il était déjà si tard ?
Intriguée, la bleutée jeta un coup d'œil à son téléphone et fut surprise de voir qu'il n'était que huit heures du soir. Il ne rentrait jamais si tôt. Il y'avait eu un problème ?
— Je peux entrer ? demanda-t-il.
Elle hocha la tête et il vint s'assoir à ses côtés sur le lit.
— Tu rentres plus tôt que d'habitude.
— C'est normal, je ne suis pas allé travailler.
Où était-il donc allé depuis son départ ? se demanda-t-elle, surprise.
— Tu n'es pas revenu après notre discussion alors je pensais que tu étais au travail.
Était-il allé boire ? Il ne dégageait aucune odeur d'alcool pourtant.
— J'ai pris quelques jours de congé quand tu t'es retrouvé à l'hôpital pour pouvoir m'occuper de toi.
Oui c'est vrai, il s'était toujours occupé de son bien être jusqu'à présent du mieux qu'il le pouvait, reconnut-elle.
— Je suis désolée de t'avoir dit toutes ces choses blessantes, s'excusa-t-elle. Tu fais déjà tout ce que tu peux pour moi, je n'ai pas à trop te demander. C'est normal si tu te montres parfois défaillant, tout le monde connaît des limites.
Pourtant il reconnaissait la véracité des mots de sa fille, qu'il avait été lâche. Il s'était trouvé un deuxième boulot en soirée juste pour ne pas faire face à la réalité des choses. Il avait fuit et abandonné sa fille toute seule dans une grande solitude.
— Tu n'es pas allé travailler parce que mes paroles t'ont perturbé ?
— Non, ce n'est pas ça. Pour tout te dire j'ai démissionné.
— Tu as démissionné ? s'étonna-t-elle. Mais pourquoi ?
— Tu m'as ouvert les yeux. Honnêtement, ce travail était juste un échappatoire pour moi, parce que je ne pouvais pas supporter de voir la catastrophe que j'ai créée. Je voulais ne plus avoir le temps de penser à tous ces problèmes qui me hantent. Mais je n'ai fait qu'empirer les choses. Mon absence m'a empêché de voir que tu souffrais. Je ne veux plus que tu revives ça. Je veux que tu sois heureuse, dit-il, caressant sa tête.
— Papa, je... Je sais pas quoi dire. C'est si brusque.
— Alors ne dit rien. Tu as déjà dîner ?
Celle-ci secoua la tête.
— Pas encore, répondit-elle.
— Allons dîner tous les deux. Je te promets de veiller sur toi comme il le faut.
Heureuse, la jeune fille serra affectueusement son père dans ses bras.
— Merci. Je suis tellement heureuse que tu sois là avec moi ce soir. Même si maman n'est plus là soyons heureux tous les deux. Soyons heureux pour elle.
Monsieur Mcgarden serra affectueusement sa fille. Jamais plus il ne sera la cause de ses larmes.
Le week-end se termina à vive allure. Pour la première fois depuis des mois son père ne l'avait pas abandonné toute seule. Le savoir à la maison avec elle comme autrefois signifiait beaucoup pour elle, laissant présager que le soleil se levera bientôt dans leur maison.
* * *
Les températures baissaient de plus en plus chaque jour, les matinées étant généralement très froides. Malgré le chauffage actionné dans la pièce et les couches de vêtements qu'elle avait sur le dos sous son uniforme d'école, ses mains restaient glacées, non pas uniquement à cause du froid présent dans l'air, mais aussi à cause de la nervosité qui semblait paralyser presque tout son corps.
Levy jeta un regard vers son père installé sur le fauteuil près du sien avant de le rediriger vers celui du proviseur. Bien qu'elle pensait s'être suffisamment préparée à cette situation, son cœur fit un bond dans sa poitrine lorsque le proviseur prit la parole.
— Je comprends que ce n'est pas facile de parler lorsqu'on fait face à ce genre de problème, mais sache qu'il y a des gens qui sont là pour t'aider, ne l'oublie jamais. Depuis la dernière fois, je me doutais que tu n'avais certainement pas dit toute la vérité. Cette fois, est-ce que tu es prête à nous confier ce qui se passe réellement avec tes camarades ?
Levy resta un moment silencieuse et elle sentait le regard des deux hommes braqués sur elle, la rendant davantage nerveuse.
— Et... Et que va-t-il se passer ? demanda-t-elle, voulant savoir ce qu'il en sera.
— Ils subiront certainement la sanction qui les incombes selon la gravité de leurs actes.
La bleutée fixa le bandage entourant sa main.
— C'était suffoquant leur regard de mépris posé sur moi en longueur de journée, ou d'entendre leurs rires à chaque pas que je fais. Ils me traitent d'handicapée, ils murmurent dans mon dos quand je suis dans les parages. Pendant les cours ils me regardent avec dédain comme si... Comme si je ne vaut absolument rien. Est-ce que c'était trop demander de vouloir terminer mon année sans plus me faire pietener le cœur ?
— Je comprends. C'est pourquoi il faut que tu te rassures, ils seront certainem-
— Vous ne comprenez pas, ils ne m'aiment pas c'est tout et vous ne pouvez pas sanctionné quelqu'un juste parce qu'il n'apprécie pas une autre.
— Tu ne devrais pas voir les choses de cette façon. Ils ont des comportements dégradants et surtout discriminatoires envers une personne en situation d'handicap et ce sont des actes répréhensibles dans un établissement qui fonctionnent suivant des règlements.
— Suivant des règlements, répéta-t-elle. Je doute que vous vouliez renvoyer plus de la majeure partie d'une salle de classe. C'est bête. Ça ne renvoie pas une bonne image de l'école. Et c'est à quoi doit le plus penser le chef d'un établissement.
— Ce qui m'importe le plus c'est le bien être des élèves qui rentrent dans ce lycée, répondit calmement monsieur Makarov.
— Mais je m'en fiche en fait. Je ne veux pas traverser tout ça, reparler de tout ces travers qui me font toujours du mal, je ne veux pas me trouver ici, ou dans un autre endroit pour réclamer une justice qui ne me satisfera jamais. Je ne veux pas en parler, confia-t-elle, une larme roulant le long de sa joue. Qu'est-ce que ça va changer au juste ?
— Levy, écoute, je ne veux pas que tu restes dans un environnement hostile pour toi. Je peux demander un transfert si tu préfères être loin de tes camarades, lui informa son père.
— Mais je reste toujours moi, l'handicapée que personne n'aime, marmonna-t-elle. Je ne veux pas endurer ça une deuxième fois, un deuxième rejet.
De longues minutes s'égrainèrent pendant leur entretien avec le proviseur. Les deux parentés sortirent du bureau après un échange de près d'une heure et, enfin hors du bâtiment administratif, la bleutée fut surprise de trouver Gajeel adossé contre un mur, l'air d'attendre.
Le brun remarqua finalement la jeune fille et lui adressa un salut de la main alors qu'elle posa sur lui un regard plein d'interrogation. Ne devrait-il pas être en cours ?
L'adolescente était malheureusement contrainte de poursuivre le chemin avec son père et Gajeel les suivit tout en arrière.
— Tu es sûr que tu veux aller en cours ? Je ne suis pas du tout à l'aise avec cette idée, en plus ton proviseur était d'accord pour t'octroyer des jours de repos.
— Oui mais, je dois bien retourner en cours un jour ou l'autre.
— Tu n'es peut-être pas encore prête psychologiquement. La dernière fois tu t'es évanouie, alors que tu es à peine entrer dans ta classe.
— J'étais juste encore très perturbée par des souvenirs douleureux qui m'avaient tourmentés dans la nuit ce jour là. Mais ça va mieux aujourd'hui, je t'assure.
Monsieur Mcgarden capitula.
— D'accord, mais appelle moi si tu ne te sens pas bien, je viendrais te chercher.
— Oui, c'est promis.
L'adolescente posa un baiser sur la joue de son père et partit rejoindre Gajeel en retrait qui l'attendait devant le bâtiment abritant les classes de première.
— Qu'est-ce que tu fais là ? Tu es censé être en cours, dit-elle.
— Comment faire alors que je pense à toi dès que je me réveille ? Je suis venu parce que je m'attendais à ce que tu rentres directement.
Il se pencha légèrement en avant, pour lui murmurer :
— Tu m'as manqué.
La bleutée rougit, et avant qu'il ne puisse se redresser, elle entoura sa main libre autour de son cou puis déposa un baiser humide sur ses lèvres. L'échange fut doux et furtif, comme une tendre caresse.
Levy qui décide de l'embrasser dans la cour de l'école. Elle avait sans doute perdu la tête. Mais putain comme il adorait sa douceur, ses yeux brûlants lorsque son regard se portait sur lui, ces étincelles qui dansait au fond de ses yeux.
Après ce court moment de tendresse, les deux lycéens reprirent le chemin.
— T'es sûr que tu peux venir en cours ? s'inquiéta-t-il.
— Oui, je me sens plutôt bien.
— Comment ça s'est passé ?
— Le proviseur m'a posé quelques questions, et expliquer les directives à suivre.
— J'aurais dû mieux te protéger, j'aur-
— Ce n'est pas ta faute. Tu as tout fait pour m'aider et je ne te remercierai jamais assez pour le bien que tu m'as fait. C'est moi qui ai été injuste avec toi plein de fois.
— Dit pas ça. Le proviseur a décidé quoi ?
— Un conseil de discipline va être organisé, et ils décideront quoi faire. Je sais que ça sert à rien. Ils ne vont pas renvoyer même si c'est que pour quelque jours autant d'élèves juste pour moi. Je suppose qu'ils auront juste droits à des mesures de responsabilisation.
Gajeel imaginait bien. Mais Lucy et Bickslow avait poussé plus loin. Ils ne méritaient plus que de simplement participer à je ne sais quel quoi de responsabilisation.
— Et Lucy et Bickslow ?
— Gajeel, après ce qu'il m'ont tous fait subir dans la classe, j'ai à peine penser à faire des spécifications. Pour moi ils sont tous pareils.
Gajeel serra les poings. Elle avait banalisé tout ce par quoi elle avait traversé avec ces deux là en le réduisant à de la simple discrimination ?
— Ils t'ont harcelés, Levy. Pourquoi t'as fais ça ?
La bleutée baissa la tête.
— Mes journées en cours sont plus tranquilles, plus personne ne me crée d'ennui depuis.
— Ça n'efface pas ce qu'ils ont pu te faire. Tu t'es retrouvée à l'hôpital bordel, et tu t'es coupé avec du verre ! C'est rien ça pour toi ? Tu sais ce que j'ai dû faire à Lucy pour qu'elle te foute la paix ?
— Justement, je ne sais rien de ce que tu as fait à Lucy ou Bickslow pour qu'ils me ne cherche plus à m'embêter. J'ai peur que tu finisses renvoyer.
— De quoi tu parles ?
— Je sais bien que tu as déjà eu des problèmes et un avertissement pour violence. Juvia m'en avait parlé. Tu t'es peut-être en sortit avec des exclusions temporaires, mais je doute que tu aies autant de chance à nouveau.
— Pourquoi Juvia t'a parlé de ça ?!
— Gajeel, je ne veux pas qu'on te renvoie à cause de moi juste parce que tu voulais me protéger et m'aider. Faire la lumière sur tout ça, c'est aussi t'exposer et bien sûr, ils ne vont pas hésiter à te descendre. Tu les as violentés à plusieurs reprises aussi.
— Et alors si on me renvoi ? Je m'en fiche, parce que je regrette absolument pas.
— Pourquoi tu ne veux pas comprendre ? Pour toi c'est qu'un renvoi, il te suffira de changer de lycée mais tu crois que ça va être simple ? Ça va inquiéter tes parents parce que ta situation sera délicate. Quel établissement acceptera volontairement un élève potentiellement dangereux pour les autres ? Pense à ton avenir aussi.
Celui-ci resta un moment silencieux.
— Tu te soucies plus des autres que de toi-même. Levy, est-ce que pour une fois tu peux penser à toi et uniquement à toi ?
— Je le fais aussi pour moi. Je me sentirais mal après si tu te retrouves dans cette situation juste parce que tu t'es mêlé de mes problèmes.
— Et si ça ne change rien ? S'ils recommencent à te faire tous du mal ?
— Je n'aurais qu'à les frapper avec ma béquille.
— Je suis sérieux.
— Moi aussi je parle sérieusement. Tu me dis toujours que je devrais me défendre aussi et tu as raison, je dois être capable de prendre soin de moi et arrêter de me reposer sur les autres.
L'adolescente se blottit contre Gajeel. Ah franchement c'était de la triche. Il sentait sa colère s'apaiser automatiquement.
Les deux lycéens poursuivirent le chemin jusqu'à leur salle de classe et frappèrent à la porte, interrompant ainsi le professeur qui dispensait son cours : ce fut madame Mavis qui leur ouvrit.
— Pourquoi vous êtes aussi en rerard ? demanda-t-elle, s'adressant particulièrement à Gajeel.
— J'ai raté mon bus, mentit-il.
L'enseignante soupira et les pria d'entrer. Le brun s'avança alors dans la classe mais la bleutée eut du mal à en faire autant. Elle resta cloîtrée devant la porte, d'un coup intimidée.
Étonné de ne pas ressentir sa présence à ses côtés, Gajeel se retourna et fut inquiet de voir Levy immobile. Merde ! Elle ne risquait pas de s'évanouir à nouveau ? Pourquoi s'obstinait-elle à être ici alors que qu'elle sortait à peine de l'hôpital.
Il voulut la rejoindre mais madame Mavis le devança.
— Levy, tu va bien ?
— Oui, oui, ça va madame. J'ai été un peu distraite c'est tout.
— Tu es sûr que tu peux revenir en cours ? C'est normal si après tout ça tu as besoin de temps.
— C'est gentil de votre part de vous inquiéter, mais ce n'est pas nécessaire. Si je reste plus longtemps à la maison je risque de me remémorer continuellement tout cela et de m'isoler. En ce moment j'essaie d'avancer en surmonter mes troubles.
— Je comprends. Je suis ravie de voir que tu gardes un bon état d'esprit. Je n'ai malheureusement pas pu libérer du temps avant l'après-midi samedi dernier. Comme je suis votre principale, je tenais vraiment à te rendre visite. J'étais navré de t'avoir manqué mais j'étais rassuré de savoir que tu étais sortie de l'hôpital.
— C'est gentil d'être passée. Ça me fait tellement plaisir de voir à quel point vous vous êtes tous inquiété avec les autres profs.
— J'espère que tes camarades ont pu te rendu visite.
— Oui, Juvia est passée.
— Seulement Juvia ?
Madame Mavis se reprit bien vite. Elle avait une très mauvaise relation avec ses camarades. Après la plainte de son père, le proviseur avait posé plein de questions aux professeurs de la classe, particulièrement à elle.
— Après l'altercation que tu as eue avec Bickslow en début d'année, je t'avais encouragé à me parler s'il y avait un autre souci. Pourquoi tu n'es pas venue me voir quand ils ont continué à te persécuter ?
— Désolée, c'était très difficile pour moi et je n'avais pas le courage d'en parler.
Mavis comprenait parfaitement. Quand on traverse ce genre de situation, on a simplement l'impression de ne pas savoir quoi faire.
— D'accord. J'espère que tout s'est bien passé avec le proviseur.
— Oui.
— C'est très bien. Tu peux aller t'asseoir. Levy, sache que tu peux venir me parler si tu rencontres des problèmes à nouveau.
— Merci. Je l'oublierai pas.
La jeune fille rentra en classe attirant automatiquement des regards curieux sur elle et des chuchotements s'élevèrent dans la pièce. Mal à l'aise, elle baissa la tête et se dirigea vers son siège.
La pause déjeuner arriva bien vite pour le bonheur des élèves. Dès que la sonnerie retentit, Juvia partit avec enthousiasme saluer la bleutée.
— Je suis vraiment contente de te voir. Je pensais que tu ne reviendrais pas en cours si tôt.
— Je n'avais pas très envie de rester à la maison. En plus il allait falloir que je rattrape tous les cours ce qui est assez embêtant.
— Il y'a vraiment que toi pour voir les choses de cette façon. Moi j'aurais profiter pour rester des jours et des jours à la maison.
Peut-être l'aurait-elle fait dans d'autres circonstances. Sa maison lui rappelait les nombreux moments de solitude qu'elle avait dû y passer à l'intérieur. Heureusement que son père sera plus présent. C'était un véritable bonheur pour elle.
— Vous allez à la cantine ? On peut manger ensemble, leur demanda Juvia.
Gajeel se contenta de regarder la bleutée en l'interrogeant du regard. Prise de cours par la demande de Juvia, la jeune fille se mit à bégayer. D'habitude elle ne se rendait pas à la cantine, se contentant de déjeuner avec le repas que lui préparait son père aux côtés de Gajeel dans un coin tranquille du lycée.
— Et euh... et tes amis ?
— On mange ensemble tous les jours alors je peux bien déjeuner avec vous aujourd'hui.
— D-D'accord, accepta Levy.
— Super ! Je vais les prévenir d'y aller sans moi.
L'adolescente hocha la tête et termina de ranger ses affaires dans son sac à dos avant de prendre la sortie aux côtés de Gajeel.
En voyant la bleutée s'avancer vers la porte, le roux alla à la rencontre de la jeune fille mais Gajeel lui barra la voie.
— Tu veux quoi ?
Paniqué, Jet regarda Levy.
— Je veux juste lui parler.
— Pour l'insulter à nouveau ? C'est pas déjà suffisant ce que tu lui avais dit ?
— Oui j'ai été un imbécile avec elle, c'est pas pour autant que je ne sais pas me remettre en question. À chaque fois que je te vois avec elle je te demande pas si tu comptes encore la blesser, retorqua-t-il, agacé.
Levy arrêta le bras de Gajeel manifestement prêt à le confronter et ce d'une manière certainement très violente.
— Arrêtez ! Pourquoi vous aimez toujours vous provoquer ? Si vous voulez vous battre ne me mettez pas au milieu de tout ça.
— Je suis désolé, s'excusa Jet envers la jeune fille. Je voulais juste savoir comment tu vas. J'ai été très inquiet pour toi ces derniers jours.
— Je vais mieux maintenant, ne t'inquiète pas, le rassura-t-elle.
— Ça me rassure. Je suis vraiment très heureux de te voir aujourd'hui, tu as l'air en pleine forme.
En pleine forme, rigola Gajeel. Il ignorait tout de ce qu'elle traversait pour pouvoir avancer ce type de propos.
— Levy, euh... Je...
Jet se gratta l'arrière de la tête et rougit, mais il finit par baisser les yeux. En voyant la main de la bleutée tenir fermement celui de Gajeel, il eut un pincement au cœur. Elle n'allait jamais accepter.
— Tu as autre chose à dire ? demanda-t-elle, ne voulant pas faire attendre trop longtemps Juvia à la porte.
— J'espérais te parler comme avant. Tu sais, quand on se rencontrait souvent à la biblothèque.
Se rappelant de ces moments nostalgiques, Levy fit un sourire ce qui fit bondir le cœur du roux dans sa poitrine. Elle était si belle.
— C'était agréable, c'est vrai, souffla-t-elle.
— Je sais que j'ai été grossier avec toi à plusieurs reprises mais est-ce qu'on peut parler quand tu auras un moment de libre s'il te plaît ?
Gajeel se mit à rire. La bonne blague.
— Fait pas comme si j'existais pas. Tu es sacrément culotté pour lui demander un rendez-vous sous mes yeux.
— Je souhaite juste arranger les choses, je n'espère rien d'autre crois-moi, dit-il à Levy, ignorant Gajeel ce qui l'irrita encore plus.
— Je... je ne sais pas... Je verrai, se contenta-t-elle de répondre, perturbée. Sache que je ne te déteste pas Jet, mais c'est encore trop tôt pour moi.
Jet regarda tristement les deux élèves s'en aller rejoindre Juvia pour se rendre à la cantine. Pas une seule minute de silence s'était installée entre eux durant leur repas. L'ambiance était plutôt conviviale.
— Ah Levy si tu savais. Quand tu n'étais pas là c'était l'enfer. Les profs posaient de ces questions qui me donnaient des sueurs froides. Comment tu fais pour connaître autant de choses ? Tu réponds toujours bien à leurs interrogations.
— Je ne fais rien d'exceptionnel. La plupart des gens pensent que j'étudie beaucoup pourtant je passe plus de temps sur mes livres qu'autre chose, rit-elle.
— J'imagine, rit-elle aussi. Dit moi un truc, le garçon de tout à l'heure, vous êtes amis ? Parce que je sais pas si c'est moi mais il te mangeait carrément des yeux.
La bleutée rougit faiblement, montrant qu'elle était mal à l'aise. De plus, Gajeel n'appréciait pas Jet, et en guise de réponse, celui-ci roula des yeux.
— On se parlait de tant à autre mais les choses se sont compliquées. Il est juste venu me demander si j'allais bien.
— Ça se voyait à des kilomètres qu'il en pince pour toi ! s'écria Juvia, ravie de cette nouvelle croustillante. Et bien Gajeel, sache que tu as de la concurrence, tu devrais pas perdre autant de temps.
— De quel concurrence tu parles ? Me fait pas rire.
— Waouh, tu es tellement sûr de toi ! Mais Levy pourrait toujours changer d'avis tu sais. Il est pas mal.
— Tais-toi ! s'énerva-t-il, lui pinçant l'oreille.
— Aïe ! Mais ça fait mal ! gémit-elle.
Levy emit un faible rire. Juvia aimait énormément taquiner Gajeel, avait-elle remarqué. Cela signifiait qu'ils étaient vraiment très proche. Ils ne se fâchaient jamais longtemps tous les deux.
Gajeel observa la bleutée : ses yeux pétillaient. Il savait qu'elle avait toujours désiré avoir des amis, alors passer du temps avec d'autres personnes lui faisait énormément plaisir. La voir aussi joyeuse le fit sourire.
Depuis sa sortie de l'hôpital, elle semblait appliquer les résolutions qu'elle s'était fixées. Elle paraissait plus détendue, désirant aborder la vie avec sérénité en appréciant les belles choses qui se présentaient à elle. De plus, sa relation avec Juvia semblait se renforcer. Son père, quant à lui, lui accordait enfin plus d'attention et était désormais plus présent qu'avant. Les choses semblaient aller pour le mieux. Il voulait qu'elle garde cet état d'esprit positif et ce sourire sur son visage.
Cet incident avait apporté des changements significatifs tant dans sa vie personnelle que dans celle de son entourage, car même leurs camarades se comportaient différemment envers Levy. Bien qu'ils restaient toujours peu amicaux, ils n'étaient plus aussi hostiles qu'avant. En fin de compte, tous étaient bien conscients que si Levy s'était retrouvée à se blesser c'était dû à la pression qu'ils lui infligeaient au quotidien.
Voir la vie de Levy changer ainsi était une véritable satisfaction.
— Pourquoi tu me regardes comme ça ? demanda Levy, assise sur le banc de l'arrêt bus.
Gajeel enfonça ses mains dans les poches de son uniforme, adossé contre l'une des barres de fer soutenant le toit.
— Rien, j'aime juste te voir sourire.
— Qu'est-ce que tu racontes encore ? rit-elle, je souriais même pas à l'instant.
— Non, mais tu avais un grand sourire toute la journée. Tu souris plus ces derniers jours.
— Vraiment ? J'ai pas remarqué.
C'était déjà vendredi et elle devait admettre que cette semaine s'était merveilleusement bien passée pour elle. Malgré le conseil qu'avait tenu l'administration pour leur classe, ses camarades ne semblait pas lui en vouloir ? Ni pour les mesurent auxquels ils devront participer. Ils doivent tous bien être conscient que leur écart avait eut un grand impact psychologique sur elle.
— Gajeel, demain je commence ma première séance de thérapie. Tu veux bien m'accompagner ? demanda-t-elle.
— Je pensais que tu irais avec ton père, dit-il, haussant un sourcil.
— Hum pas vraiment... C'est que j'ai pensé que je pouvais te demander mais si tu n'es pas libre demain ce n'est pas grave.
— Non, j'ai rien de prévu. Je vais t'amener.
— Merci. J'étais un peu nerveuse à l'idée d'y aller toute seule.
Le jour suivant, en début d'après-midi, après avoir récupéré la jeune fille chez elle, les deux adolescents descendirent du taxi devant la bâtisse de l'hôpital et Gajeel l'accompagna jusqu'à l'accueil.
— Tu comptes rentrer seule ? Je peux t'attendre si tu veux, dit-il.
— Tu es sûr ? Je ne sais pas si ça prendra du temps. Une à deux heures sans doute.
— Hum... Je vais attendre à un café du coin, décida-t-il.
— Merci Gajeel. Je te rejoindrai quand j'aurais terminé.
Il regarda la jeune fille se diriger vers l'ascenseur après s'être renseignée auprès de l'hôtesse d'accueil.
* *
La petite sonnette retentit dans le modeste établissement aux decorations très florales cinq minutes après avoir répondu au message de la jeune fille, le confirmant qu'elle avait terminé.
— Désolée Gajeel, j'espère que tu n'as pas trop attendu, s'excusa-t-elle en s'asseyant.
Elle reposa sa béquille contre la table ronde en faisant très attention qu'elle ne perde pas l'équilibre plus tard.
— Pas trop, juste hmm... une heure et demie, répondit-il en consultant son téléphone.
— Pardon, se sont des séances de deux heures normalement.
— C'est pas grave. Je regardais des vidéos alors j'ai pas vu le temps passé. C'était comment ?
— Plutôt détendue. J'avais un peu peur de ne pas apprécier mon médecin mais il était très sympathique.
Gajeel sourit.
— Et ça consiste à quoi cette thérapie ?
— Aujourd'hui on a abordé les raisons pour lesquelles je désirais mourir. À partir de là on pourra développer des stratégies spécifiques et personnalisées. Il m'a expliqué plein de chose, j'ai pas envie de t'ennuyer avec ça.
— Pourquoi tu penses que ça m'ennuies ? Je ne t'aurais pas demandé si non.
— C'est que tu as attendu ici pendant longtemps. Je me dis que tu dois être épuisé.
— T'inquiète, en plus j'aime t'entendre parler. Ça compte durer pendant combien de temps ?
— Juste 4 à 6 séances, je suis contente que ça ne soit pas très long.
— Tu veux commander un truc avant qu'on parte ?
— J'aurais bien aimé mais mon père m'a appelé. Il doit m'attendre pour savoir comment ça s'est passé. En plus il voulait qu'on passe le week-end ensemble, comme on a pas eu l'occasion de le faire auparavant, sourit-elle. Il essaye vraiment de se racheter depuis.
Les deux lycéens se dirigèrent vers la porte de l'enceinte en entamant un nouveau sujet de conversation. Leur discussion fut brusquement interrompue par un énorme klaxon qui résonna depuis la circulation routière. Le cœur de Levy se mit à battre alors plus rapidement, effrayée, et le crissement des pneus dérapant réveilla en elle une énorme panique. Des souvenirs sombres que son cerveau gardait enfouis ressurgirent : une nuit tragique, des images qu'elle préférait oublier, sa mère coincée dans la voiture.
— Levy ? Levy !
La jeune fille sursauta et jeta un œil sur la route. De la fumée s'élevait, un embouteillage impressionnant se formait et les civils se pressaient, s'éloignant le plus possible de la circulation ce qui mit ses sens en alerte. Un accident !
Gajeel prit son visage en entre ses mains, profondément préoccupé. Elle avait la respiration difficile, et des larmes prêtes à tomber de ses yeux.
— Ma... Ma mère est morte dans un accident, souffla-t-elle, les mains tremblantes. Ils... Ils vont s'en sortir ?
Il l'enlaça dans ses bras et elle pleura silencieusement contre lui.
— Ça va, tout va bien. Ne t'inquiètes pas, les ambulances vont arriver, chuchota-t-il en caressant tendrement son dos.
Levy enfouit son visage dans l'énorme pull qu'il portait. Elle n'aimait pas qu'il la voie en larmes pour une si petite chose. Sentant son malaise, il lui releva le visage alors qu'elle avait encerclé ses bras tremblants autour de sa taille.
— Regarde moi. Tu n'as pas à avoir honte de te sentir mal, c'était un évènement marquant et tragique pour toi.
Il lui fit un sourire et glissa ses cheveux derrière son oreille.
— Retournons au café, tu es toute perturbée.
L'adolescente hocha la tête et se laissa conduire par son partenaire vers la table qu'ils occupaient il y'a quelques secondes encore et il la fit assoir.
Gajeel regarda par la vitre et constata que l'agitation à l'extérieur persistait. Ils devront encore patienter avant de s'en aller. Il était primordial qu'elle n'ait pas en tête son accident, au risque de retomber dans une période difficile. Elle luttait pour surmonter ses troubles, et il ne fallait pas compromettre ses progrès tout juste amorcés.
— Attend, je vais prendre un truc pour toi. Tu veux quelque chose en particulier ?
Elle donna une réponse négative d'un mouvement de la tête, très secouée pour répondre correctement.
Gajeel se rendit au comptoir sans savoir exactement quel type de boisson commander. Comme elle aimait bien les pâtisseries, il supposa qu'elle devait apprécier les boissons sucrées également. Après réflexion, il opta pour un latte.
— Merci, souffla-t-elle, lorsqu'il déposa la boisson.
La jeune fille porta sa tasse à ses lèvres. Elle fut particulièrement touchée qu'il ait remarqué qu'elle adorait les boissons sucrées.
— Comment tu vas ?
— Un peu mieux. Désolée, je ne voulais pas gâcher la journée.
— Hey, dit pas ça. Tu gâches rien du tout.
Il lui prit la main.
— Je me demandais si ça te dit qu'on sorte plus souvent ? C'est vrai que c'est un peu bizarre de te demander ça comme ça maintenant. C'est juste que j'aimerais que tu gardes la joie de vivre que tu ressens ces derniers jours, que cette étincelle dans tes yeux brillent pour longtemps. Je veux que tu ne penses plus à rien d'autre, juste à prendre soin de toi.
— C'est vrai. Ça sera bien que je me divertisse un peu. Je suis venue ici et je n'ai jamais pu profiter de mes jours de libre. Il y avait toujours quelque chose qui me bloquait ou me perturbait. Tu sais Gajeel, depuis ma sortie de l'hôpital je me sens vraiment différente. J'ai constaté que je suis restée longtemps renfermée sur moi-même et maintenant j'ai envie d'en profiter, de vivre.
— C'est bientôt les vacances d'hiver. On aura beaucoup de temps à passer ensemble et plein de choses à faire.
— Oui, je veux partager beaucoup de souvenir avec toi. J'ai jamais pu visiter depuis mon arrivée. Tu veux bien le faire avec moi ?
— Bien sûr. T'as même pas besoin de demander.
— On était censé aller au parc le jour de ton anniversaire mais tu étais tombé malade. Je sais que c'est bête, mais j'y suis plus allée parce que je ne voulais pas être seule.
— Alors on n'a qu'à y aller le week-end prochain. En plus, ça sera la dernière semaine de cours.
La jeune fille sourit.
— Oh et pour les fêtes de fin d'année tu as prévu quoi ? demanda-t-elle, se sentant à présent de meilleur humeur.
— Hum... Rien d'exceptionnel. Comme d'hab, je vais squatter mon lit si Juvia me tire pas à une de ses dingueries.
— Je vois, rit-elle. Moi non plus je ne sais pas encore. Mon père n'aura sans doute pas la tête à fêter. D'habitude on passait de très bon moments en famille tous les trois, avec ma mère. Il programmait des trucs supers. J'adorais les fins d'années.
Gajeel regarda plus intensément Levy sirotant son café. Il ne désirait qu'une chose pour cette fin d'année : Être avec la fille qu'il aimait.
Maintenant qu'elle prenait les choses autrement ça lui faisait toujours aussi peur de se mettre en relation ? Et s'il lui posait la question ? Et s'il lui demandait de rendre les choses plus sérieuse entre eux ? Et s'il lui demandait simplement qu'elle sorte officiellement avec lui ?
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Oh mon dieu j'en reviens pas. L'histoire a atteint plus de 7000 commentaires \(◎o◎)/ ça fait plus de trois ans que j'ecris mais aucune de mes histoires n'a atteint ce nombres.
Je suis trop heureuse ༎ຶ‿༎ຶ. Merci à tous ceux qui laissent un petit commentaire et qui clique sur l'histoire ça me met toujours en joie.
On a atteint les 30k de vues aussi. Merci a vous tous de suivre l'histoire malgré le temps énorme que je prends pour la faire avancer.
Avis?
06 juin
Marie
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