soixante-quatrième
Les pieds remontés jusqu'à son menton et confortablement installée dans le canapé une place en tissu modal gris de la salle de séjour, la cadette de la famille Strauss faisait lentement défiler l'écran de son appareil électronique, prêtant particulièrement attention aux nombreuses écritures noirs sous fond gris contenues dans les bulles de dialogue et laissées sans réponse jusqu'à ce jour.
— Bickslow, souffla-t-elle, le cœur serré.
Des mèches de cheveux blancs effleurèrent ses genoux lorsqu'elle reçut un subtil baiser à la joue qui lui fit automatiquement décrocher son regard de la boîte de dialogue lui demandant de confirmer la suppression du fil de la discussion.
— Mira ? reconnut-elle.
Le retour de sa sœur si peu de temps après son départ était assez surprenant. C'était bien rare que celle-ci pointe le bout de son nez avant moins de deux heures lorsqu'elle s'en allait rejoindre ses amis. Avait-elle inventé cette excuse juste pour la laisser seule en compagnie de Natsu ?
— Alors, comment c'était ? demanda avec enthousiasme son aînée.
— Quoi donc ? releva Lisa, déroutée.
— Ta sortie avec Natsu voyons.
— On n'a pas fais de balade, on est juste resté quelques minutes dans le jardin, lui rappela-t-elle.
— Tu aurais dû sortir tu sais, ça fait des jours que tu es enfermée ici.
— T'inquiète pas, j'ai demandé à Millianna si elle était d'accord pour une sortie demain. Je compte bien profiter de mon week-end.
À présent, se sortir Bickslow de la tête devait être son unique priorité, et quoi de mieux pour ce faire que de passer le plus de temps possible avec ses amis, parce que broyer du noir dans sa chambre était loin d'être une solution miraculeuse. Au contraire, se retrouver toute seule avec ses pensées n'avait fait que ressurgir les moments passés en compagnie du lycéen et l'attristée davantage.
Mirajane entoura ses bras autour de sa sœur, soulagée.
— Je ne sais pas ce que Natsu t'a dis mais je suis vraiment très contente de t'entendre parler ainsi. Il devrait venir plus souvent, rit l'aînée.
Lisanna se crispa à l'entente du nom de rosé, désirant au plus vite parler d'autre chose que des exploits du garçon au tempérament de feu et le seul exploit qu'il avait accompli aujourd'hui était qu'elle se sente encore plus honteuse avec ce baiser tout ridicule.
— Ça a été ? Chez Juvia, demanda-t-elle, changeant immédiatement de sujet.
— Bof. Dit moi plutôt, et si on se goinfrait de glace et de chocolat ? Je crois qu'il en reste encore, proposa Mira, cherchant à évacuer ses ressentiments en compagnie de sa petite sœur.
— Merci mais j'en ai pas très envie.
Mirajane crut recevoir une douche froide suite à la réponse de sa petite sœur. Il y'avait bien des choses que Lisanna adorait et personne dans la famille n'était sans ignorer son amour inconditionnel pour les glaces – qui était pour elle ce que le lumière représentait pour les plantes selon ses propres dires – et raison pour laquelle les parents s'assurait toujours qu'il y'en a dans la maison même si ça ne devrait pas être spécialement bon pour la santé qu'elle consomme autant toutes ses crèmes sucrées et froides quotidiennement.
— Tu vas bien ? questionna Mirajane.
Lisanna se doutait bien que ce refus accentuera davantage l'inquiétude de sa soeur qui croyait que tout commençait à aller pour le mieux pour elle.
— Mira, j'ai... J'ai fais une bêtise.
À entendre la voix tremblante et l'expression totalement paniquée de sa sœur, Mirajane comprit qu'il s'agissait de quelque chose de sûrement délicat. Se trouvant toujours dans le dos de celle-ci, la blanche prit alors place sur un des accoudoirs de la chaise qu'occupait Lisanna, posant doucement sa main sur son bras.
— Qu'est-ce que c'est ?
— J'ai embrassé Natsu, avoua-t-elle dans un murmure.
La blanche fixa sa cadette d'un air interdit. Sa sœur était pourtant une fille raisonnée qui agissait très peu par pulsion. Pourquoi aurait-elle prit le risque d'embrasser un garçon déjà en couple et ce même alors qu'elle prétendait ne plus l'aimer ?
— Pourquoi ? Je croyais que tes sentiments pour lui étaient de l'histoire ancienne.
— Je... Je sais mais quand j'étais avec lui j'ai eu l'impression de revivre ses émotions qui me pertubait auparavant. Je crois... que je voulais en être sûr ou peut-être que je voulais juste commettre une folie, penser à autre chose, je sais plus. Il était vraiment en colère.
Lisanna se cacha le visage dans ses jambes remontés jusqu'à son menton.
— Lucy va me tuer.
— Elle n'irait pas jusqu'à là. Ce n'était qu'un baiser.
— Toi tu accepterais que la sœur de ton amie embrasse ton petit ami ?
— Je suppose que non.
— Tu n'aurais pas dû nous laisser seuls, j'avais un mauvais pressentiment dès le départ. Je fais quoi maintenant ? Comment on répare ce genre de chose ?
— J'en sais trop rien. Peut-être que tu devrais lui parler et prendre le temps de lui expliquer pourquoi.
Lisanna se sentit davantage confuse. Comment lui expliquer si elle-même n'en connaissait pas la raison exacte ? Est-ce qu'elle avait vraiment voulu rendre Bickslow jaloux ?
— Et euh... Parmis les deux, tu sais à présent de qui tu es amoureuse avec certitude ? lui demanda Mira.
La jeune sœur hocha positivement la tête.
— C'est qui ? voulut impérativement savoir Mirajane.
Lisanna ne pouvait ignorer cette eteincelle plein d'espoir briller dans les yeux de sa sœur. Comme elle se doutait, son aînée préfèrerait entendre le nom de Natsu même si son cœur était déjà conquis, plutôt que celui de Bickslow malgré la réciprocité de leurs sentiments.
— J'aime Bickslow. Je suis sûr de ça.
— Je vois, souffla Mirajane.
La déception de sa sœur fit naître en elle un horrible sentiment. Lisanna regarda une nouvelle fois la boîte de dialogue toujours affiché sur son écran.
— Il état là, souffla-t-elle.
Supprimer tout d'un coup ? Le mieux ne serait-il pas d'effacer ses souvenirs tout doucement ? Question de se faire moins mal.
— Bickslow... Était ici, précisa-t-elle.
— Ne me dit pas qu'il a osé revenir ? s'outra sa sœur.
— Si, mais il ne cherchera plus à me voir. J'ai finalement décidé de mettre un terme à tout ça. Tu n'as plus à t'en faire.
— Il va te harceler jusqu'à ce que tu cèdes, c'est un malade, lui mit en garde Mirajane.
— Même s'il le désire il ne pourrait pas, pas après ce que je lui ai demandé.
— Tu lui as demandé quoi pour que tu sois si sereine ?
— De changer, de présenter ses excuses mais ça m'étonnerait qu'il le fasse. Il avait comme été horifié par cette demande. Je crois que je n'ai rien à attendre de lui. C'est dans sa nature d'être quelqu'un de mauvais.
La douleur enfouit au fond de son cœur s'exprimait par le tremblement dans sa voix, ses mains moites et ses yeux humides qui retenaient ses larmes. Affligée, sa sœur lui prit dans ses bras.
— Et s'il le fait quand même ? S'il décide d'être une tout autre personne, tu sortiras avec lui ?
Lisanna prit un moment avant de pouvoir répondre.
— Je... En fait je ne veux pas qu'il le fasse uniquement pour moi, mais parce qu'il juge que c'est la meilleure chose à faire. S'il le fait par obligation, il finira par retomber dans ses vices.
— Ça va aller ?
— Oui. Je vais l'oublier.
— Il existe de bien meilleur garçon que lui que tu rencontreras. Bickslow est une personne vicieuse, il ne mérite pas que tu souffres ainsi pour lui.
— J'ai l'impression d'avoir un vide dans mon cœur à présent. C'est... C'est horrible. Je ne veux plus tomber amoureuse.
— Tu es encore très jeune pour dire de telle chose.
— Mais j'ai pas envie d'aimer un autre garçon.
— Je te comprends, je sais que cette perspective te paraît impossible mais avec le temps ça ira.
— C'était aussi douleureux pour toi quand Luxus t'a repoussé ? demanda-t-elle, levant le regard vers sa sœur.
Mirajane resta silencieuse, se remémorant leur discussion échangé il y'a une demi-heure dans la maison Lockser.
— Juvia s'est arrangé à ce que je rencontre Luxus aujourd'hui. Il m'a présenté ses excuses et... il m'a demandé une chance.
— Alors pourquoi tu fais cette tête ? Ça ne te rend pas fière ? Vous allez pouvoir vous mettre ensemble, tu en rêves depuis le collège.
— Le problème c'est tout ce qu'il m'a dit, ses mots blessants. Quand ces souvenirs me reviennent ça m'étouffe et je ne ressens plus que de la rancœur pour lui.
— Mais il a reconnu son erreur. C'est le plus important, non ? Ça prouve qu'il tient à toi et est prêt à recommencer sur de nouvelle base.
— Oui mais... J'arrive pas à lui pardonner.
— Quand on a la possibilité de pouvoir être avec la personne qu'on aime on ne devrait pas la laisser filer. Tu ne te rends pas compte de la chance que tu as. Je... Je t'envie tellement.
— Lisa...
Celle-ci quitta le sofa presque en larme pour retourner dans sa chambre sous le regard attristé de sa grande sœur.
En regardant le chemin qu'elle avait emprunté, sa dernière phrase lui fit énormément réfléchir. Se montrait-elle trop exigeante envers Luxus ? Il l'avait pourtant si blessé en la traitant avec autant d'indifférence et de mépris.
* * *
Des doigts fins effleuraient ses lèvres entrouvertes et sa main libre froissa le tissu de sa robe, assise sur le canapé après avoir délaissé le sol où elle se trouvait auparavant emprisonné dans les bras de Gajeel et à la merci de ses baisers.
Le brun rejoignit la jeune fille à ses côtés sur le sofa après l'y avoir installé quelques minutes plus tôt en lui précisant de l'attendre.
— Ouvre la bouche, lui demanda-t-il.
L'expression de la jeune fille fut longuement hésitante avant d'ouvrir les lèvres où il y glissa un comprimé sous sa langue qui tout lentement, commença à fondre au contact de la salive.
— Pourquoi tu me donnes ça ? lui questionna-t-elle, déroutée.
Elle n'était pourtant pas malade et encore moins souffrante d'un moindre mal sur une quelconque partie de son corps à l'exception faite de sa jambe gauche devenu invalide depuis l'accident.
— Comme ça, répondit-il, glissant son regard enflammé sur ses lèvres.
La jeune fille rougit violemment, assaillit par le souvenir de leur dernier baiser. Cet échange purement sensuel et débordante de passion durant lequel la langue du garçon avait glissé dans son cou avant de revenir chercher ses lèvres. Elle ne saurait décrite les délicieux frissons l'ayant parcourut le corps dans cet intervalle de temps et ô combien le fait qu'il avait murmuré son prénom avant de l'embrasser à nouveau l'avait déstabilisé. C'était tellement déroutant pour elle et nouveau qu'elle l'avait inconsciemment repoussée et de manière assez brusque.
La bleutée baissa la tête au souvenir de ce geste complètement irrespectueux qui avait bien évidemment brisé la magie qui avait prit place dans la maison. Ils avaient donc été contraint de regagner leur place sur le sofa en quittant le sol de l'appartement.
— C'est amer, frisonna-t-elle, faisant une grimace.
Pourquoi s'embêtait-il à lui donner un médicament alors qu'elle n'allait pas tomber malade juste parce qu'il l'embrassait. Une fièvre ce n'était pas contagieux ! Surtout qu'il était déjà sous traitement.
La jeune fille releva la tête lorsqu'il quitta la place à ses côtés pour s'agenouiller devant la table basse pour couper en plusieurs petit carré le gâteau restant à l'aide du couteau qui gisait non loin de la pâtisserie, récupérant ensuite entre ses doigts un seul bout qu'il présenta à la jeune fille.
— Ouvre la bouche, souffla-t-il. C'est sucré.
La jeune fille ouvrit timidement la bouche et il y enfouit par la suite la pâtisserie sucrée pour atténuer le goût amer qui agressait ses papilles gustatives.
— Tu me traites comme une enfant, rougit-elle.
— T'en es pas une peut-être ?
— bien sûr que non, lui contredit-elle. j'ai seize ans déjà.
— C'est bien ce que je dis.
— Mais non !
La jeune fille gonfla les joues. Il la considerait comme une enfant parce qu'elle était trois ans plus jeune que lui ? Mais ce n'était pas si énorme, non ?
— Arrête de me taquiner, souffla-t-elle.
Gajeel sourit lorsqu'elle prit une expression toute bougonne et il tapota par la suite le sol à ses côtés, lui indiquant ainsi de venir prendre place ce qui ne tarda évidemment pas. La bleutée le rejoignit assis au sol en face de cette table, laissant le canapé vide dans leur dos.
— Tu es sûr que tu voudrais que je ne prenne pas ça en considération ? lui demanda-t-il.
Ignorant à quoi il faisait à présent allusion, la jeune fille posa sur lui son regard plein d'interrogation.
— Le fait que tu es encore très innocente, précisa-t-il.
La bleutée se sentit rougir jusqu'à la racine des cheveux et ses joues devenir brûlantes. Son embarras s'intensifia lorsqu'il pressa ses lèvres contre les siennes, laissant son souffle glisser sur sa peau blanche et son regard enflammer ses sens. Ses yeux cramoisis troublèrent sa respiration qui devint anormale et très désordonnée. Constatant sa nervosité, il laissa glisser ses doigts dans ses cheveux avant de d'effleurer ses lèvres des siennes à nouveau.
— Respire, lui chuchota-t-il.
Le lycéen glissa entre leurs deux lèvres le déssert récupéré à table en quelques secondes et l'odeur de chocolat qui s'y dégagea fit automatiquement ouvrir la bouche à la bleutée sans qu'il ne lui en fasse la demande pour qu'il y enfouit la pâtisserie. Ses doigts effleurèrent la langue toute chaude de l'adolescente lui faisant lâcher un soupir de délice avant d'emprisonner ses lèvres dans les siennes dans une succession de râle de plaisir, glissant lentement sa langue dans son organe buccale.
Durant leur échange, il prit dans sa bouche une partie de la douceur, faisant hoqueter de stupeur et rougir de honte la jeune fille. Leurs lèvres n'étaient plus la seule chose qu'ils se partageaient à présent, mais également cette pâtisserie déjà transformée en une espèce de bouillie au contact de leur salive respective. Cette action pourtant si sale et indécent aurait dû la dégoûter, toutefois, le feu lui consummait et son corps s'embrasa lorsqu'il la bloqua contre le canapé, prenant de façon plus abrupte ses lèvres lui faisant relâcher honteusement des gémissements incontrôlables.
Leurs respirations complètement anarchique troublèrent le silence agréable, et si auparavant un brin d'amitié existait encore dans leur relation, celle-ci s'était à présent envolé. Il ne restait plus que du désir et une ambiance très électrique en cet instant, l'air devenant étouffant.
La jeune fille se cacha le visage dans les mains en rougissant lorsqu'ils se séparèrent.
— Bon sang ! Pourquoi tu as fais ça ? s'exclama-t-elle.
Comment est-ce qu'il pouvait avaler sans gêne ce qu'elle avait mâché dans sa bouche ? C'était si peu hygiénique. Le pire c'était qu'elle avait apprécié. Ne lui manquait-il pas tous ses sens ?
— Je rêve ou... Tu viens de jurer ? s'étonna-t-il fortement.
— Hein ? Euh oui... Ça... ça m'arrive souvent, répondit-elle, se dégageant la vue.
— Je crois que je devrais plus t'embrasser, j'ai dû te refiler mes mauvaises habitudes.
L'embrasser.
C'était normal qu'elle ait trouvé cela étrange, non ? Lire cela dans un livre et l'expérimenter était deux choses complètement différentes.
Gajeel glissa ses doigts dans les cheveux azurés de l'adolescente et elle ferma les yeux.
— T'as pas aimé ce baiser ? demanda-t-il.
— Euh... Hum... Si, avoua-t-elle.
— On peut recommencer si tu veux.
— N-Non !
— D'accord, rit-il.
Le garçon avança sa main vers le reste de la pâtisserie mais la jeune fille l'arrêta, prise de panique.
— J'ai dis que je ne voulais pas le refaire.
— Bah quoi ? T'as pas fait ce gâteau pour moi ? Je suis juste en train de le manger, dit-il tout en enfouissant le dessert dans la bouche.
— N-Ne... Ne te moques pas de moi, l'interdit-elle, voyant son sourire s'élargir.
— Quoi ? J'ai rien fais, rit-il.
Couverte de honte, la bleutée pria intérieurement que le sol s'ouvre sous ses pieds et que la terre l'engloutisse, l'entraînant dans les tréfonds des abîmes pour qu'elle s'y cache le temps nécessaire que cet énorme malaise se dissipe.
— Arrête de rire, bouda-t-elle.
La bleutée se cacha le visage en allongeant sa tête sur les jambes du garçon avant de se mordre nerveusement les lèvres, mais celle-ci sursauta légèrement, prise par surprise lorsque le brun posa la main sur sa tête en lui chuchotant de se calmer.
— Pourquoi tu n'aimes pas ton anniversaire ? demanda-t-elle.
Gajeel se raidit et un silence envahit la pièce jusqu'au fond des angles comme un gaz pesant et irrespirable, mettant mal à l'aise la jeune fille qui comprit qu'elle n'obtiendra sûrement pas de réponse aujourd'hui.
— C'est Juvia qui t'a dit ça ? demanda-t-il, brisant le silence de glace.
— O-Oui, elle avait peur que tu t'énerves, souffla-t-elle.
S'énerver contre elle n'aurait-il pas été inapproprié et déraisonnable ? Parce que contrairement aux autres, elle était ignorante du fait qu'il détestait qu'on lui accorde une particulière attention en ce jour qui n'arrivait qu'une fois dans l'année. Il ne désirait pas qu'on lui souhaite un joyeux anniversaire ; ça lui rappelait certains souvenirs assez désagréables.
— C'est pas que j'aime pas mon anniversaire, j'aime juste pas le célébrer, répondit-il enfin.
— Quelque chose c'était passé ?
Un long silence s'en suivit, un silence oppressant pour la jeune fille. Peut-être ne devrait-elle pas s'aventurer sur ce terrain là.
— Tu n'es pas obligé de m'en parler si tu ne veux pas. Je comprendrai.
Le brun ferma les yeux avant de soupirer.
— J'avais cinq ans quand j'ai rencontré mon père pour la première fois. C'était le jour de mon anniversaire.
Cinq ans ? La majorité des personnes situait leurs premiers souvenirs d’enfance entre les trois et quatres ans, bien que se remémorer de leurs moments passés revenait à faire appel à sa mémoire épisodique qui durant l'enfance ne présentait qu'une importance évolution entre les sept ans. Autrement dit, cela expliquerait la perte de certains souvenirs d'enfance avant cet âge là et dans le cas contraire, cela revenait à dire que l'événement inoubliable sortait de l’ordinaire ou aurait provoqué une émotion intense. C'était en résumé ce qu'elle avait pu retenir de sa lecture il y'a deux ans de cela de cet ouvrage abordant le sujet de l'amnésie infantile.
Si elle interprétait bien les choses, cette rencontre avait vraiment dû être très importante pour Gajeel pour qu'il s'en souvienne encore jusqu'à aujourd'hui malgré ses nombreuses années.
— C'était comment ? lui demanda-t-elle.
— De ce que je m'en souviens, à part qu'il était nerveux et qu'il ne savait pas quoi dire à un gosse de cinq ans, c'était sympa.
La bleutée resta toutefois perplexe, ses incompréhensions n'étant encore point toutes levées. L'unique fois qu'elle avait posé la question concernant le divorce de ses parents, il lui avait pourtant dit qu'il avait onze ans quand ils s'étaient séparés.
— J'ai cru comprendre que tu avais onze ans quand ils ont divorcés. Ils vivaient loin de vous avant ? C'est pourquoi tu n'as pas pu le rencontrer avant tes cinq ans ?
— Non, ils se sont mariés quelques temps après mais ils ont fini par divorcer.
— T-Tu sais pourquoi ils ont divorcés ?
— Je sais pas mais vu comment c'était invivable dans cette maison, ils étaient juste pas fait pour vivre ensemble tous les deux.
— C'était si impossible qu'ils n'ont pas pu se donner une seconde chance avant de prendre une décision aussi radical que le divorce ?
— Leurs sentiments étaient loin d'être réciproque.
— Je vois.
Peut-être y avait-il une autre raison lié à leur divorce mais il en avait aucune idée car jamais il ne leur avait posé la question. Le simple fait qu'ils n'arrivaient pas à vivre ensemble était une raison largement suffisante pour justifier cette séparation. N'était-ce pas étouffant pour un homme de vivre avec une femme dont il n'éprouvait aucun sentiment amoureux ? Et difficile pour une femme de supporter davantage le désintérêt de son mari pour elle ?
— Elle a toujours dit qu'ils s'étaient mariés juste à cause de moi. À force de le répéter j'ai fini par ressentir ce truc au fond de moi... Comme si j'ai toujours été indésirable, une source de problème. Bref ce genre de chose. J'aime pas qu'on me souhaite joyeux anniversaire, je trouve ça ironique puisque ma naissance a juste été une nuisance, surtout pour elle.
Le regard du brun s'assombrit, brisant le cœur de la jeune fille. Elle désirait tellement lui accorder du réconfort, alléger cette douleur qu'il gardait enfouit en lui depuis tant d'années.
— Je suis sûr qu'elle ne voulait pas le dire pour te blesser et qu'elle ne regrette pas le fait que tu sois née.
— Peut-être, souffla-t-il.
— Bien sûr que si ! s'exclama-t-elle, quittant ses jambes pour le fixer. Qui ne serait pas ravi que tu fasses parti de leur vie ? Beaucoup de personnes t'aiment et ont besoin de toi.
— De quoi tu parles ? Tout le monde a peur de moi, sourit-il, amèrement.
— Moi ! Moi je t'aime et j'ai besoin de toi.
Les battements de cœur de Gajeel s'accélerèrent lorsqu'elle plongea son regard pétillant et brillant dans ses pupilles grenats.
Ses joues se teintèrent légèrement de rouge en se rendant compte de sa propre témérité et elle se mit donc à bégayer, posant son regard partout ailleurs dans la pièce en évitant soigneusement celui embarrassé de l'adolescent.
— Euh... Je... Je voulais dire que tu comptes beaucoup pour tes amis. Oublie les paroles de ta mère, je pense pas qu'elle ai eut vraiment conscience que ça te blesse et puis, elle devait vraiment souffrir de son mauvais mariage à cette époque.
Levy s'affaissa sur elle-même et ce léger mouvement brusque fit glisser le manche du blouson de son bras gauche déjà très instable, laissant à découvert son avant-bras dépourvu d'un bout de vêtement étant donné qu'elle ne portait qu'une robe à bretelle en-dessous.
Le regard de Gajeel resta figé, ses pupilles se dilatèrent et il eut du mal avaler sa salive en apercevant la marque violacée qui s'estompait doucement sur sa peau mise à nue.
Grâce à Jet qui ne savait pas tenir sa langue, son père était au courant que c'était de sa faute, non ? C'est sûr qu'il ne l'aimait pas. Qui apprécierai quelqu'un qui blessait ainsi sa fille ?
La bleutée remit en place le blousson en serrant fermement le tissu dans sa main, mal à l'aise. C'était pourtant de sa faute si Gajeel avait perdu le contrôle ce jour là en l'accusant injustement sans même prendre la peine de l'écouter. Elle voulait tellement faire disparaître cette expression coupable de son visage.
Gajeel serra les dents, incapable de lui demander comment son père avait prit la chose, quoique ce n'était évidemment pas très difficile à deviner, il avait dû être très en colère et c'était légitime de sa part.
— Comment va ton père ? se contenta-t-il de demander, baissant la tête.
— Honnêtement, je ne sais pas. Ces derniers jours il me parle très peu. Je suis vraiment très inquiète, chaque matin je le vois prendre des médicaments, des antidépresseurs. Je ne veux pas qu'il devienne dépendant de ces choses.
— Il suivait pas un psychologue ?
— Je ne sais pas s'il y va encore. J'ai tellement peur. Je sais qu'il lutte fort pour son problème d'alcool mais j'ai le sentiment qu'il fait une substitution.
— Essaye de lui parler.
La jeune fille hocha la tête et il sourit.
— Tout s'est bien passé au lycée aujourd'hui ? demanda-t-il.
— Euh... Oui. Comme d'habitude, répondit-elle, détournant le regard du sien.
Face à son expression réticente et évasive de sa réponse, Gajeel comprit qu'elle ne comptait rien lui dire s'il ne demandait pas directement. Il soupira et s'adossa contre le canapé, regardant droit devant lui.
— Juvia m'a dit que tu t'es disputée avec quelqu'un en fin de journée. C'était Jet n'est-ce pas ?
L'adolescente fut surprise qu'il ait été mise au courant de cet incident, ayant préféré qu'il n'en sache rien de cette histoire. Elle avait honte de ne pas s'être maîtrisée.
— Elle n'aurait pas dû t'embêter avec ça, ce n'était rien de grave.
— Si ce n'était rien de grave tu ne l'aurais pas giflé. Qu'est-ce qu'il t'a dit pour que tu réagisses comme ça ?
— Il m'a dit pleins de choses mais je pense que je me suis juste trop emportée, dit-elle, forçant un sourire. Oublie ça.
— Qu'est-ce qu'il t'a dit ? redemanda-t-il.
Crispée, la bleutée se mordit les lèvres en remontant ses jambes contre elle, commençant à étouffer aux souvenirs de ces paroles méchantes et désagréables.
<< Juste que tu as facilement pardonné à Gajeel le fait de t'avoir blessé. Je constate que tu n'es pas très juste. >>
— Il a dit que je suis injuste envers lui.
— Quoi d'autres ?
<< Je suppose qu'il t'a dit des mots doux pour te faire croire le contraire. >>
— Que... que je suis naïve, souffla-t-elle, la voix tremblante.
<< Pourtant tu as pardonné si facilement à Redfox alors qu'il t'a blessé. Si ça avait été moi est-ce que tu aurais tenu compte que c'était une erreur ? >>
— Que je suis irrationnelle quand il s'agit de toi.
<< Bien sûr que non. Tu sais ce que tu aurais fais ? Tu m'aurais demandé de disparaitre. J'ai l'impression que tu me méprises. Pourtant quelque soit ce que Gajeel peut faire, comme tu l'aimes tout va bien, tu laisses tomber parce que t'as besoin qu'il t'aime. On dirait que tu mendies son amour. Tu sais quoi ? Tu fais pitié. >>
— Que je n'ai pas de... De respect pour moi même. Q-Que je fais pitiée, bégaya-t-elle, presque en larme.
<< Je perds sûrement mon temps avec quelqu'un qui n'a qu'une chose en tête : Être avec Gajeel Redfox. Je me demande comment tu pourrais te faire des amis ainsi. >>
— Le pire c'est quand il m'a dit que je ne pourrais jamais me faire d'amis, craqua-t-elle, la voix se brisant par les larmes qu'elle coinçait dans sa gorge.
Gajeel poussa un juron avant de prendre la jeune fille dans ses bras qui étouffa ses pleures dans son énorme pull.
— T'aurais dû le frapper avec ta béquille en plus, dit-il.
Cette simple phrase réussit à arracher à l'adolescente un maigre sourire, faisant tarir ces perles salées sur le point de couvrir ses joues.
— L'écoute pas, rien de tout ça n'est vrai, lui rassura Gajeel.
— Ça m'a tellement fait mal. Pourquoi il m'a dit des choses aussi affreuse d'un coup alors que je ne lui ai jamais rien fait ?
— Malgré qu'il a essayé de t'éloigner de moi en te mettant toutes ces choses dans la tête, il est frustré parce qu'il se rend compte que tu peux pas l'aimer.
Prise au dépourvu par cette nouvelle, Levy se mit à secouer la tête, comme si cette possibilité n'était pas envisageable.
— N-Non... souffla-t-elle, de moins en moins convaincue.
— Jet est amoureux de toi, lui affirma-t-il.
<< Parce que je suis jaloux ! Voilà pourquoi. Oui je suis jaloux, jaloux de l'amour que tu lui portes. >>
La bleutée écarquilla les yeux et mis une main sur sa bouche.
<< Je remarque juste que tu ne fais pas attention à moi. Tu ne parles que de lui, tu ne penses qu'à lui. Tu t'en fou de moi. >>
— Ça... Ça n'a fait qu'empirer en lui son amertume quand je lui parlais de toi, comprit-elle.
Quand bien même, cette amertume et cette jalousie pouvaient-elles justifiées tous ses mots horribles ? Ça l'avait si blessé du plus profond de son cœur.
Les deux adolescents restèrent enlacer une bonne dizaine de minutes dans le silence apaisant de l'appartement et la chaleur que produisait le contact de leurs deux corps faisait descendre la température glaciale de cette soirée hivernale.
— T'as l'air fatigué, remarqua-t-il, caressant ses cheveux.
— Un peu, répondit-elle, les paupières alourdies.
— Tu veux t'allonger ? Je peux t'amener dans ma chambre, proposa-t-il, faisant rougir l'adolescente.
— N-Non... J'ai pas sommeil. Merci, refusa-t-elle poliment se retirant de ses bras.
Gajeel fronça les sourcils. Pourquoi était-elle mal à l'aise tout d'un coup ?
— À quoi tu penses dans ta petite tête ?
— À r-rien. Euh... Je me disais juste qu'il serait peut-être temps que je rentre, balbutia-t-elle, le fuyant du regard.
Il était loin d'être un idiot pour ignorer la pensée qui avait sans doute effleuré son esprit au point de la mettre dans un tel embarras suite à sa proposition.
Le brun repoussa légèrement la tête de la jeune fille en arrière en appuyant son front de son index.
— Je sais bien à quoi tu penses et sache que je suis loin d'être un connard.
— Je ne pensais pas ça de toi, souffla-t-elle. Je crois que je suis encore assez mal à l'aise avec toi avec tout ce qui se passe entre nous depuis hier. Je sais très bien que tu t'es toujours bien comporté avec moi, lui sourit-elle.
Gajeel fixa amèrement le bras de la jeune fille. À l'exception de cette fois et ça le rongeait tellement les entrailles.
— Ça ne me dérange pas si tu veux rentrer, dit-il.
D'autant plus que son père allait bientôt être de retour. Il ne désirait pas embarrasser Levy et dieu qu'il savait qu'elle se sentait très vite gênée dans certaines situations.
— Tu vas encore dormir ici aujourd'hui ? demanda-t-elle.
— Non, il faut que je rentre. Je suis ici depuis hier, Lily doit être tout seul.
Le garçon se releva, aidant la jeune fille à se mettre sur ses deux pieds en lui prenant la main. Celle-ci récupéra sa béquille adossée contre l'accoudoir du canapé et Gajeel s'affaira à débarrasser les couverts utilisés par ses amis il y'a près d'une heure déjà.
Après avoir laissé un mot pour son père, il partit rejoindre l'adolescente qui l'attendait déjà au pas de la porte en empoignant d'un geste précis le sac contenant le cadeau que lui avait offert Levy à son passage.
Prenant le chemin menant aux appartements de la jeune fille, ils y arrivèrent en quelques minutes de marches et, au pas de sa porte, la bleutée sortit la clé rangée dans le sac de petite taille accroché à son épaule.
— Tu es vraiment sûr que tu ne veux pas que je t'accompagne jusqu'à l'arrêt bus ? demanda-t-elle, inquiète.
— Pour qu'en suite tu rentres toute seule ?
— Il vient à peine d'être dix-huit heures, ce n'est pas tard.
— Dit celle qui s'est enfuit hier à une cette heure en prétextant qu'il se faisait tard.
La bleutée ne sut quoi répondre à cela et comprit qu'il devait sûrement être très blessée par ce geste pour qu'il en reparle à nouveau. Qui ne l'aurait pas été lorsque la fille qu'on aimait s'enfuyait comme une voleuse juste après l'avoir fait une si inoubliable déclaration ? – La jeune fille ferma obstinément les yeux – Son geste avait été si insultant, pourtant il était toujours là à lui tendre la main.
— Tu vas encore me reprocher ça pendant combien de temps ? souffla-t-elle, blessée. Je suis désolée d'être partit de cette façon hier, s'excusa-t-elle pour une énième fois aujourd'hui.
L'adolescente sursauta légèrement et ouvrit subitement les yeux lorsqu'une chaleur soudaine prit naissance contre sa joue, lui faisant lever son regard très inquiet vers Gajeel. Sa main était brûlante. Comment faisait-il pour tenir au juste avec une si forte température ?
— C'est bon, rentre et fais bien attention à toi, dit-il, caressant ses cheveux.
— C'est pas plutôt à moi de te demander de faire attention ? C'est toi qui est malade. Ne saute pas tes médicaments, d'accord ?
— Je suis bien plus en santé que tu ne le penses.
— Tu as toujours de la fièvre.
Le brun se contenta de sourire, déroutant la jeune fille.
— Ça t'amuse ?
— Juste que je sens que je vais passer une mauvaise nuit. Ça va me manquer.
— Qu'est-ce qui va te manquer ? demanda-t-elle, sa curiosité piquée.
Gajeel brisa la maigre distance qui les séparait avant de baisser la tête au niveau de son oreille pour lui chuchoter tout lentement :
— Tes lèvres, dit-il.
Le cœur de la jeune fille fit un bond dans sa poitrine.
— Tu ne veux pas plutôt rentrer avec moi ? Comme ça je pourrais t'embrasser toute la nuit, continua-t-il.
Comme un geste réflexe, l'adolescente le repoussa de sa main libre, ses sens plus que pertubée.
— Mais non ! Mon père va me tuer et te tuer aussi ! s'exclama-t-elle, toute rouge.
— Je plaisante, rit-il.
La bleutée serra très fort la clé dans sa main, mal à l'aise. Il plaisantait ? Elle n'allait pas lui manquer ?
Il fronça les sourcils lorsqu'il remarqua ses doigts tremblants qui essayait tant bien que mal de tourner la clé dans la serrure.
— Il y'a un problème ?
— Ah non, répondit-elle à la hâte.
Pourquoi en faire tout un plat pour pas grand chose ?
— Rentre bien, lui sourit-elle, ouvrant la porte à présent déverrouiller.
Il l'empêcha juste à temps de rentrer à l'intérieur de la maison en l'entraînant dans ses bras pour l'étreindre violemment et si étroitement contre son torse comme s'il désirait que son corps entre en écho avec le sien et que leur passion s'entremêlent.
— Merci. Pour aujourd'hui, murmura-t-il.
Ils étaient si pressés l'un contre l'autre que leur respiration s'écrasant contre leurs chairs les enflammait, que le battement de leurs cœurs se confondaient et que l'odeur charnelle que dégageait chacun de leurs pores paralysaient leurs sens.
— Merci, répéta-t-il.
— Joyeux anniversaire Gajeel. Je t'aime.
À quand remontait la dernière fois qu'il avait ressentit cette joie ou cette chaleur lorsqu'on lui souhaitait un joyeux jour de naissance ?
L'adolescente grimaça légèrement lorsqu'il l'adossa assez brusquement contre l'embrasure de la porte, entrelaçant les doigts de la jeune fille dans la chaleur sa main et scellant leurs lèvres dans l'euphorie de leur désir.
Elle n'aurait jamais cru recevoir autant de baiser en une même soirée. Il était comme fou de ça.
..........
Salut. Je me demandais si l'histoire était devenu ennuyante ou un peu trop lente ( c'est vrai que c'est assez lent au développement) mais j'ai perdu pas mal de lecteur depuis les quatre ou cinq derniers chapitres et ça m'a un peu fait réfléchir. peut-être qu'il y'a quelques qui ne va pas.
Toutefois merci à tous ceux qui sont restés et qui attendent les mises à jour même si elle arrive dix mille ans plus tard à chaque fois xD. Prenez soin de vous ♡
Avis ?
23 août
Marie
PS : j'ai failli signer avec Gajeel Ptdrrr 😂
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