soixante-onzieme
Des pas lents et mesurés traversaient la vaste cour du lycée, en cette matinée couverte de gros nuages gris comme si un évènement malheureux allait s'abattre sur la ville de Magnolia.
La jeune fille leva légèrement la tête afin de contempler le ciel nuageux et nébuleux. Et la lointaine brume lourde du matin se dissipait lentement, laissant place à une atmosphère froide.
Le temps était mauvais, tout comme ce jour de pluie - la bleutée ferma les yeux, ayant l'impression d'entendre les plics et les placs violents mais étouffés de l'eau tombant du ciel de ce jour-là alors qu'elle s'était enfermée dans sa chambre - sa main serra doucement le sac en papier carton coloré qu'elle tenait dans sa main - son cœur s'affolait aussi fort qu'au moment où elle avait surpris Gajeel sous la pluie en ouvrant sa porte, et le sourire qu'elle avait réprimé tant la surprise avait été grande se dessina sur ses lèvres en se remémorant les déclarations passionnées de Gajeel.
Complètement absorbée au milieu des élèves qui allaient et venaient, et dont les conversations s'entrechoquaient, une main se glissa sous ses bras pour se poser autour de sa taille, provoquant manifestement chez elle un sursaut de peur. Elle retint un cri d'effroi en reconnaissant les nombreux piercings qui ornaient le visage de l'intrus lorsqu'elle tourna la tête.
— Tu m'as fait peur !
— Désolé, s'excusa-t-il.
Ce dernier déposa furtivement ses lèvres dans son cou, lui faisant frémir, et elle ferma docilement les yeux.
— Tu m'as manqué, souffla-t-il.
Gajeel relâcha ensuite la jeune fille et elle lui fit face en lui remettant le sac qu'elle transportait avec elle.
— Qu'est-ce que s'est ?
— C'est ton pull-over, finalement hier tu es rentré sans le prendre avec toi.
Comment aurait-il pu ? Leur discussion c'était terminée sur un sujet très triste. Penser à récupérer son vêtement était alors la dernière chose à laquelle il aurait pu penser.
Dans la cour de l'établissement, deux à trois personne provoquaient une certaine agitation en distribuant des dépliants aux élèves présents. L'une d'entre elles s'approcha de Levy et lui tendit le bout de papier.
— C'est pour le spectacle, si vous êtes intéressée à y participer venez à la pièce de théâtre à la fin des cours.
— Ah merci, remercia-t-elle récupérant ladite brochure.
La jeune camarade de lycée se précipita pour distribuer la petite brochure publicitaire aux autres élèves présents sans en donner un à Gajeel, ayant été assez effrayé par le regard perçant du brun contrarié d'avoir été interrompu.
— Qu'est-ce que c'est ?
— Le lycée veut présenter un spectacle pour les fêtes de fin d'année, alors s'il y'a des volontaires ils devront se présenter à la fin des cours.
La bleutée continua à lire attentivement le dépliant. Un spectacle de talent, relut-elle intérieurement plusieurs fois.
Elle pourrait chanter ?
Arrivant devant leur bâtiment et toujours le nez dans le dépliant, Levy se heurta à la première marche des quelques escaliers menant à l'intérieur et tituba, faisant paniquer Gajeel qui réagit malgré tout à temps. Il entoura son bras autour de la jeune fille et soutint sa tête contre sa poitrine pour l'empêcher de se heurter contre le sol, ou pire, d'aggraver son état en tombant sur les marches.
— Bordel ! Regarde droit devant toi quand tu marches. Tu vas finir par te faire mal et me faire faire une crise cardiaque, la reprocha-t-il, prise d'une énorme peur.
— P-Pardon, s'excusa-t-elle, la voix à peine audible. Je suis dés-
Le jeune homme étreignit la jeune fille avec tant de force, comme s'il craignait qu'elle puisse s'échapper ou se blesser.
La main tremblante, Levy plia immédiatement la cause de son inattention et la rangea dans la poche de sa veste.
— Désolée, s'excusa-t-elle une nouvelle fois en s'écartant doucement de lui.
— Tu n'as pas cessé de regarder ce papier, tu veux y'aller ?
— Euh n-non, pas du tout. Allons en classe.
La jeune fille monta les différentes marches en faisant très attention cette fois-ci et tous les deux entrèrent dans leur salle de classe, se dirigeant vers leur siège.
À mesure que les élèves arrivaient un à un tout au long des nombreuses minutes avant le début des cours, la salle de classe était vivante et très animée, principalement par un seul sujet de conversation : le spectacle prévu en l'honneur des fêtes de fin d'année.
— Pourquoi tu n'irais pas Natsu, toi qui aime faire le clown, ça sera un bon moyen de t'exprimer pendant ce spectacle, taquina Grey, faisant ainsi rire les autres amis.
Le garçon au tempérament de feu s'irrita et grinça les dents.
— C'est bon Grey me cherche pas, suis pas d'humeur.
Inquiète, la blonde se pencha vers le garçon et lui demanda quel était le problème qui le perturbait. Il lui répondit simplement qu'il avait passé une mauvaise nuit.
— Plus sérieusement moi je compte y aller, fit savoir Mirajane.
— Oh c'est vrai que tu es douée en chant, c'est une bonne décision, encouragea Lucy.
— Merci, mais j'imagine qu'il y aura sans doute du monde, vu que cette année c'est pas une classe en particulier qui a été désigné pour présenter l'événement.
— Ne t'inquiètes pas, même avec milles personnes devant toi, tu te demarqueras toujours, rassura la rousse.
— Erza a parfaitement raison, je restes toujours sans voix quand tu te mets en chanter que j'en suis jalouse, continua Juvia en faisant un rire délicat.
— Question jalousie t'es vraiment la reine, glissa Grey.
— Hey ! s'offusqua-t-elle.
Les autres éclatèrent de rire alors que Juvia se mit à bouder son petit ami.
* * *
Le dernier professeur de la journée libéra ses élèves quelques minutes avant la sonnerie signalant la fin des cours. Néanmoins, les plus discrets rangeaient encore leurs différents effets, pendant que la bleutée restait complètement pensive, tenant dans sa main le dépliant qui lui avait été remis plus tôt ce matin.
— Levy !
Celle-ci eut un léger sursaut, se réveillant brusquement de ses pensées profondes.
— Bon sang, je t'appel depuis des heures, dramatisa-t-il.
— Pardon, s'excusa-t-elle, terminant de ranger le reste de ses effets dans son sac. On peut rentrer, j'ai terminé
Le brun fit un lourd soupir.
— Si tu as envie d'aller, on n'a qu'à y'aller. Je t'ai vu fixer ce papier de toute la journée et tu étais complètement distraite aujourd'hui.
La jeune fille resta silencieuse.
— Mais je ne suis pas sûr que si j'y vais je pourrais même réussir à faire grand chose.
— Tu ne perds rien en essayant ; dans le cas contraire tu seras juste rempli de regrets plus tard. Si tu veux, je peux t'accompagner.
Après un certains temps de réflexion, l'adolescente hocha la tête.
Gajeel récupéra la béquille de la jeune fille qui reposait contre le coin de la fenêtre et la lui remit. Par la suite, il prit son sac à dos dès qu'elle eut fermé la fermeture.
— Laisse moi porter ça, dit-il, accrochant le sac à son épaule.
— Merci, le remercia-t-elle, se mettant sur ces deux pieds en prenant appui sur sa béquille.
Les deux adolescents sortirent du bâtiment pour se diriger vers un autre, celui qui abritait la salle de théâtre. Le brun poussa la porte et laissa la jeune fille entrer en premier.
— Je m'attendais à plus de monde, commenta Levy, analysant des yeux les élèves présents.
— Hum... Faut croire que tout le monde n'est pas si intéressé que ça.
— Sans doute, souffla-t-elle.
— Hey, Levy !
Les deux adolescents repéra Juvia, celle-ci bien évidemment en compagnie de ses amis qu'elle délaissa un moment pour aller à leur rencontre.
— Pourquoi vous êtes là ? demanda-t-elle. Ne me dit pas que Gajeel veut y participer ? Ça ne lui ressemble pas du tout ce genre de rassemblement.
Ce dernier roula des yeux.
— Effectivement non, c'est moi qui suis là pour une représentation. Il n'y a pas autant de monde que je m'imaginais mais nous sommes plutôt nombreux pour que nous puissions tous y participer. Je suppose qu'il y aura une sélection.
— C'est probable. Tu es là pour quoi ?
— Et bien... Chanter.
— Oh d'accord. Moi je suis là juste pour encourager Mira, elle aussi va chanter.
— Je vois.
— J'ai hâte de te voir à l'œuvre. Bonne chance, encouragea-t-elle avant de rejoindre ses amis à nouveau.
Deux femmes d'âges mûrs se dirigèrent vers la scène principale et attirèrent l'attention des élèves présents afin de les inciter à mettre fin à leur bavardage plutôt bruyant. L'une d'entre elles, celle vêtue d'un pantalon tailleur noir, coiffée d'une queue de cheval haute et qui semblait d'apparence assez strict, prit la parole.
— Je tiens à remercier tous ceux qui ont pris la peine de venir. Cet événement est organisé par notre lycée en l'honneur des festivités de fin d'année. Comme mentionné précédemment, c'est un spectacle mettant en valeur les talents, que ce soit en danse, en chant, ou même ceux qui sont doués d'un instrument de musique et bien d'autres, nous comptons sur vous pour nous montrer tout ce dont vous êtes capables. Mais attention, je tiens à souligner que vous êtes assez nombreux, nous essayerons donc de sélectionner la majorité d'entre vous en privilégiant les meilleurs. N'hésitez pas à donner le meilleur de vous-même !
Les élèves commencèrent à chuchoter entre eux, de plus en plus excités.
— Certes, ce n'est pas une compétition dans laquelle vous serez récompensés, mais plutôt une opportunité pour le lycée de valoriser les talents de chacun. Nous souhaitons vous donner la possibilité de démontrer vos compétences et nous sommes là pour vous soutenir. C'est encore un moyen pour l'école de vous montrer qu'elle s'intéresse à vos intérêts, vos passsions et de vous aidez à les mettre en avant, et quoi de mieux de le faire pendant les fêtes quand tout le monde est en réjouissance.
Toutes les personnes présentes commencèrent à applaudir, émues par la profondeur de ce message, tandis que l'autre femme qui était restée silencieuse prit enfin la parole.
— Et si on commençait maintenant ? Nous avons mille choses à faire. Tous ceux qui sont intéressés par l'idée de prêter leur voix pendant le spectacle sont invitée à monter.
Les élèves s'avancèrent sur scène pour rejoindre la dame aux longs cheveux bicolores, principalement de couleurs noirs et roux aux extrémités.
— Oh mon dieu je stresse, comme si c'était un concours ou un truc du genre, angoissa Levy.
— T'inquiète pas, fais de ton mieux, et de toute façon c'est toi la meilleure, l'encouragea Gajeel, déposant un baiser sur le haut de son crâne.
— Merci, sourit-elle avant de rejoindre les autres.
La bleutée rejoignit la file qui était composée de pas mal de personnes pour une sélection de cinq au total.
Gajeel adressa un sourire rassurant à Levy. Elle semblait tellement paniquée qu'il craignait qu'elle ne s'évanouisse. Avait-elle du mal à chanter devant un public ?
— Respire, chuchota-t-il.
Il n'était pas certain qu'elle l'ait entendu - probablement pas, étant donné la distance qui le séparait de l'avant de la scène - mais au moins elle semblait de moins en moins nerveuse.
Les élèves se succedèrent les uns après les autres. Ils étaient tous exceptionnels, ce qui suscita une légère inquiétude dans le cœur de la bleutée.
Quand vint le tour de Mirajane, il était impossible de nier à quel point elle se démarquait des autres participants. Sa performance était d'un tout autre niveau, réduisant considérablement leurs chances d'être sélectionnés. Elle semblait être une professionnelle, comme si elle avait pratiqué cela toute sa vie. Même le professeur ne put résister et sourit lorsqu'elle eut terminé.
Levy attendit son tour, anxieuse, et un certain temps s'écoula avant que ce ne soit enfin à elle de jouer. Son cœur battait si fort qu'elle ferma les yeux et prit une profonde inspiration avant de commencer à chanter. Cela laissa les autres élèves bouche bée devant sa prestation.
— Oh mon Dieu, Gajeel, pourquoi tu n'as jamais dit que Levy chantait. Mais qu'est que je raconte ? Pourquoi tu ne m'as jamais dit qu'elle chantait aussi bien ?!
Ce dernier se contenta de sourire.
Bien que sa nervosité et son stress transparaissaient à travers les légers tremblements de sa voix, la tonalité et la douceur angélique de sa voix étaient d'une incomparable beauté, totalement singulières, captivant l'attention de tous. Chaque partition dégageait des émotions profondes qui étaient clairement ressenties par ceux qui l'entendaient, agissant sur chacun comme le ferait une mélodie enchanteresse.
L'expression satisfaite du professeur fit bondir le cœur de Levy dans sa poitrine.
— Je suis vraiment éblouie par vous tous et mon cœur saigne sachant que malheureusement tout le monde ne pourra pas être des notres, mais il faut procéder à un choix.
La femme aux cheveux bicolore décida de faire avancer ceux qu'elle avait choisis d'un pas en avant.
Levy fut surprise lorsqu'on lui demanda d'avancer en premier, ensuite Mirajane et enfin les trois autres.
L'adolescente remarqua avec satisfaction le regard heureux de Gajeel, et elle éprouva l'envie irrépressible de se jeter dans ses bras.
— Tu es sûr de tes choix ? demanda la dame en tailleur, l'air pas très satisfaite.
— Oui. Il y'a quelque chose qui ne vas pas ? s'inquiéta le professeur de musique.
— Un assez minime. Certes tes choix sont indiscutables mais j'ai un soucis avec la petite là.
— M-moi ? s'étonna Levy, son sourire s'effaçant.
La salle fut surprise et commença à chuchoter, consciente du fait que Levy avait offert une très belle performance.
— Il y'a quel soucis ? J'aimerais comprendre. Je trouve qu'elle à fait une prestation intéressante.
— Je suis responsable de l'organisation d'un spectacle qui met en valeur les capacités de chaque participant dans une combinaison parfaite, sans se limiter à une simple représentation de performances vocales. Dans ce cadre, il est essentiel que tous les participants puissent se fondre dans le jeu. Cependant, j'observe qu'elle rencontre un certain problème qui risque de restreindre ses mouvements et de gêner les autres dans leurs actions.
Les bruits confus présents dans la salle devinrent de plus en plus forts, empreints d'indignation.
— Qu'est-ce qu'elle raconte ? Elle est folle ?!
— Quand même elle n'a pas tout à fait tord, pourquoi elle veut participer à un spectacle alors qu'elle n'est même pas libre de tout ses mouvements.
— Mais c'est n'importe quoi. Elle n'a qu'à dire simplement qu'elle ne veut pas d'une handicapée dans son spectacle.
— J'arrive pas à croire ce que j'ai entendu, s'outra Juvia. C'est tellement grotesque et indigne ce qu'elle dit. On dirait qu'elle en a rien à faire de ce que Levy peut ressentir. Je suis dégoûtée.
— Oui, c'est... Horrible, acquiesça Lucy, mal à l'aise.
La blonde ressentit une gêne et baissa les yeux, prenant conscience qu'elle était probablement la dernière personne à pouvoir juger de la situation, et son dégoût envers elle-même ne fit que s'amplifier. En quoi pouvait-elle vraiment prétendre être différente de cette femme ? Il était essentiel qu'elle s'excuse auprès de Levy, même si Gajeel refusait catégoriquement de la laisser l'approcher. Elle n'en pouvait plus de cette culpabilité qui la consumait petit à petit de l'intérieur.
Le professeur de musique arborant les cheveux bicolores porta son regard sur Levy. Le visage de la bleutée était d'une pâleur extrême et elle avait l'étrange sensation de ne plus pouvoir respirer.
— Vous ne pouvez pas dire des choses ainsi, d'autant plus que ce n'est pas quelque chose avec lequel on ne peut pas s'adapter.
— Tous le monde va interagir entre eux et elle va juste rester droit comme un piquet ou assise dans un coin. Ensuite on dira qu'on a pas voulu l'impliquer davantage. J'ai une vision plus grande que ça pour cet événement.
Levy s'attendait à une autre réplique blessante et elle ne désirait certainement plus être insultée.
— Ce... Ce n'est pas grave je comprends. Je v-vais sûrement gêner les autres, souffla-t-elle la voix toute bégayante. Choisissez quelqu'un d'autre.
La bleutée entreprit de descendre de la scène, la tête baissée et les mains tremblantes. Gajeel se dirigea automatiquement vers elle et eut instinctivement le réflexe de la prendre dans ses bras.
Sans répondre à son étreinte et complètement paralysé dans ses bras, la jeune fille se trouvait dans un état d'impuissance totale, et sous les regards intenses qui se posaient sur elle, sa honte fut décuplée et elle éprouva un fort désir de disparaître.
Dégoûtée, elle se retira des bras du jeune homme et se précipita vers la sortie et dans sa hâte, elle percuta quelqu'un dans le couloir et s'excusa rapidement.
— Désolée.
— Attend ! Levy ? Si tu viens de la pièce de théâtre là bas tu n'aurais pas vu Mirajane par hasard ?
Levy garda la tête baissée mais elle parvint tout de même à reconnaître la voix de son interlocuteur. C'était l'ami de Gajeel : Luxus.
Le jeune homme ne sut comment interpréter le silence de l'adolescente, d'autant plus qu'elle évitait son regard.
— Tu as vu mira ? redemanda-t-il.
Au collège, elle était toujours partante pour ce genre d'événement, donc il avait espéré la rencontrer.
— Pourquoi tu ne réponds pas ? Regarde moi au moins.
Vexé face à son mutisme, il releva son visage et fut pris de surprise en remarquant ses yeux humides, semblant prêts à verser des larmes. Morte de honte, elle réussit à se libérer de son emprise mais il attrapa à nouveau son bras.
— Attends ! Je peux pas te laisser t'en aller dans cet état. Où est Gajeel ?
Une larme dévala en silence la joue de l'adolescente causant une grande inquiétude qui parcourut le visage du blond. Très perturbé par la situation, il poussa intérieurement un juron, tentant néanmoins de conserver son calme. Il était clair pour lui que d'une minute à l'autre, elle allait fondre en larmes.
— C-Calme toi, dit-il, en la prenant instinctivement dans ses bras un peu dépassé par la situation. Je vais envoyer un message à Gajeel.
La jeune fille resta silencieuse et immobile, restant raide telle une statue contre le torse du garçon, encore sous le choc des paroles prononcées par cette professionnelle. Luxus sortit son portable de la poche de son pantalon pour envoyer un message à son ami.
— Essaye au moins de me parler. J'ai envoyé un message à Gajeel, je suppose qu'il ne va pas tarder à arriver. Ah... Excuse la bêtise de ma question mais, tu as un problème ?
La porte s'ouvrit à nouveau et deux lycéens furent immédiatement figés en voyant la proximité de Luxus et Levy.
Mirajane fut la première à tourner le dos. Elle desirait simplement dire à Levy qu'elle avait fait une magnifique performance et qu'elle aurait vraiment aimé chanter avec elle, mais elle ne s'attendait pas du tout à retrouver ces deux là dans une situation si troublante. Pourquoi Luxus la tenait dans ses bras ? Allait-elle mal ou un truc du genre ? Même si cela était avéré, cette vision horripilait. Hier déjà, il ne pouvait pas s'empêcher de lui adresser de drôles de sourires à l'arrêt de bus. Soupçonnait-elle des choses qui n'existaient pas ? Juvia lui avait pourtant confirmé que Levy éprouvait des sentiments pour Gajeel et que ceux-ci étaient réciproques.
La bleutée repoussa de manière très brusque le blond et porta sa main à sa bouche, semblant reprendre ses esprits. Jamais elle n'aurait dû le laisser la prendre dans ses bras, même si cela partait d'une bonne volonté à l'aider. Comment se sentirait Gajeel s'il les surprenait ici ? C'était son ami.
— Tu es sûr que ça va ? Attend au moins que Gajeel arrive. Je peux l'appeler au cas où il n'aurait pas vu mon message.
Sans prendre la peine de lui répondre, l'adolescente se contenta de poursuivre son chemin, s'eloignant de cet horrible endroit.
— Super, murmura-t-il.
Il essayait simplement de l'aider, mais elle le regardait comme s'il avait fait quelque chose de mal.
Luxus soupira en détournant son regard de la sortie, et fut surpris de croiser le regard sombre de son ami.
— T'étais là-dedans depuis le début ? Enfin bon, y'a ta meuf qui ne va pas très bien et je... Pourquoi tu me regardes comme ça ?
— Pour rien, répondit-il, suivant le chemin qu'avait emprunté Levy.
Gajeel regarda la jeune fille marcher lentement dans la cour de l'établissement et il avançait en maintenant une certaine distance entre eux. Elle commençait à gagner peu à peu confiance en elle-même et en lui, mais ce manque flagrant de respect venait soudainement anéantir tous ses efforts et la fragilisait. Comme si elle n'avait aucune valeur.
La jeune fille s'assit sur le banc vide de l'arrêt bus et Gajeel la rejoignit une minute après. Il resta silencieux ne sachant pas comment engager cette discussion, mais l'adolescente se serra doucement contre lui.
— Tu comptais rentrer sans ton sac à dos ? demanda-t-il, caressant lentement ses cheveux.
— Je savais que tu me l'apporterais, souffla-t-elle. Je t'attendais.
Une nouvelle pause silencieuse s'installa entre eux.
— Désolée de t'avoir ignoré. Et... Je ne veux pas que tu l'apprennes d'une autre façon et que tu te fasses des idées mais ton ami a vu que je n'allais pas très bien, il a essayé de me calmer en me prenant naturellement dans ses bras. Il voulait t'appeler mais je ne désirais pas rester avec lui dans cette situation inconfortable. Je suppose que ça serait égoïste de te demander de ne pas te sentir mal et je me sens aussi très mal par rapport à celà.
Gajeel ferma les yeux. La rassurer ou lui dire qu'il les avait vus et que, bien évidemment, cette image avait été très déplaisante à regarder ? Qu'il aurait pu frapper son ami ? Même si techniquement on ne pourrait totalement pas qualifier cela d'une "étreinte passionnée", car il avait simplement posé sa tête contre son torse comme pour cacher ses larmes et sans oublier que Levy n'avait pas répondu à son affection. Malgré tout, leur proximité avait été beaucoup trop dérangeant pour lui.
Le brun saisit la main de la jeune fille et déposa un baiser sur ses fins et délicats doigts.
— Dis-moi, comment tu vas ? s'inquiéta-t-il.
— Je sais pas. Je crois que je ne me suis jamais sentie aussi misérable.
La douleur était d'autant plus violente sachant que ces remarques désobligeantes sortaient de la bouche d'un corps enseignant.
Aussi loin qu'elle s'en souvienne, depuis son arrivée à Magnolia, tout le personnel du lycée s'était toujours très bien comporté envers elle, et ses professeurs encore plus. Leurs actions toujours magnanimes et empathiques envers sa personne l'avaient poussé à croire que ses camarades le traitaient si mal parce qu'il manquait certainement de ''maturité''. Néanmoins, s'ils continuaient encore, une fois adultes à faire des remarques discriminatoires envers les personnes dans sa condition, les rejetant et les humiliant de manière extrême, tout devenait à la fois inacceptablement douloureux et injuste. Cela se résumait à dire que ces personnes n'évoluaient pas tous dans leur mentalité si... Superficiel.
— Je veux juste rentrer. J'aurais jamais dû y aller.
Gajeel se crispa. Il l'avait encouragé à y aller malgré sa réticence et maintenant le résultat était bien trop décevant et horrible.
Le brun inclina la tête et caressa doucement la joue de la jeune fille avec une expression empreinte de tendresse. Leurs respirations emmêlées devenaient extrêmement insupportable, et succombant à leurs irrépressibles envies, Levy ferma les yeux et Gajeel s'empara des lèvres si désirantes de l'adolescente.
La bleutée glissa sa main le long de sa nuque, poussant le garçon approfondir leur échange. Cependant, il fut contraint de s'arrêter lorsqu'une des nombreuses larme qui roulaient le long de la joue de Levy s'écrasa contre son pouce.
— Tu veux que je rentre avec toi ? souffla-t-il contre sa bouche en essuyant ses joues couvertes de larmes.
— Je... Je crois que je voudrais être un peu seule pour le moment.
La jeune fille se cacha le visage dans le torse du garçon et il caressa tendrement son dos pour la calmer.
— Tu es bien trop douée pour faire partir de ce spectacle. Ils devraient normalement te supplier pour t'avoir.
La bleutée se contenta de sourire.
— J'aurais pas dû insister si tu ne voulait pas y aller. C'est ma faute si tu te sens comme ça, s'en voulut-il.
— Ne dit pas ça. Et puis tu sais, j'ai pu au moins vaincre une partie de mon trac parce que j'ai du mal à chanter devant du monde. Cette expérience m'a bien été utile, alors ne te sens pas coupable ou responsable de quoi que ce soit. Tu voulais juste m'encourager à faire quelque chose que j'aime
Elle regarda Gajeel en lui faisant un doux sourire.
— Je t'aime, lui souffla-t-elle. Je t'aime tellement, Gajeel.
Il resserra sa main dans la sienne et déposa un baiser sur le dos de sa main tout en fermant les yeux. Lui aussi l'aimait énormément, c'est pourquoi il ne pouvait qu'éprouver une grande tristesse en la voyant dans cet état.
— C'est demain que tu joues ton match n'est-ce pas ? demanda-t-elle, ne désirant plus aborder ce sujet désagréable.
— Oui. C'est demain.
— J'ai hâte d'y être. Vous allez jouer avec le ballon que je t'ai offert ?
— Le ballon que tu m'as offert il y a que moi qui ai le droit d'y toucher.
— Oh ! rit-elle.
Voyant l'atmosphère devenir de plus en plus froide, il retira de l'emballage son pull-over pour couvrir les épaules de la jeune fille. Le prochain bus n'était pas prêt de garer étant donné qu'ils avaient raté le précédent.
— Le prochain bus va mettre du temps à arriver et il fait de plus en plus froid. Je vais stopper un taxi pour que tu rentres.
En tenant la main de l'adolescente, il avança vers la route pour haler un taxi. Une fois qu'il en trouva enfin un, il aida la jeune fille à monter à l'intérieur
Le brun remit de la monnaie à l'adolescente et déposa un rapide baiser sur lèvres.
— Écris-moi quand tu arrives.
Gajeel referma la portière et regarda l'automobile s'éloigner.
— Allez Levy, déprime pas.
* *
Une fois rentrée chez elle, la jeune fille s'etait directement allongée dans son lit après s'être débarbouillée, n'ayant pas le moral nécessaire pour réviser ses cours de la journée. Quoi qu'il en soit, il était peu probable qu'un jour de retard puisse la pénaliser, d'autant plus qu'il ne restait qu'une semaine et quelques jours avant les congés.
<< J'observe qu'elle rencontre un certain problème qui risque de restreindre ses mouvements et de gêner les autres dans leurs actions.>>
<< Tous le monde va interagir entre eux et elle va juste rester droit comme un piquet ou assise dans un coin. >>
La bleutée se redressa dans le lit. Elle avait passé des heures à se retourner sans relâche sous ses couvertures, luttant pour trouver le sommeil. Épuisée, elle attrapa son téléphone posé sur la commode pour envoyer un message.
Gajeel ♡♡
——————————
Tu es occupé ?
——————————
La réponse de ce dernier ne tarda pas.
———————————
Pas vraiment. Je matte un film. Et toi ?
Rien, je n'arrive pas à dormir.
Il n'est pas un peu tôt pour dormir ?
Si mais je n'ai rien d'autre à faire.
———————————
La bleutée fut surprise lorsque son téléphone portable se mit à sonner, annonçant un appel entrant de Gajeel. Elle décrocha alors rapidement.
— A-Allo ?
— Levy, dis-moi ce qu'il y'a ?
— Je... J'ai pas sommeil.
— Et bien il n'est que huit heures du soir, c'est un peu normal.
— Oui c'est vrai, désolé de te dérangé pour si peu.
— Tu veux que je vienne ?
Son cœur ratta un battement et ses joues s'empourprèrent de rouge. Il... Il proposait ça sérieusement ?
— N-Non, non Gajeel merci, mais il est tard pour que tu viennes maintenant. Je suis juste un peu agitée et je pense trop, dans cet état il est évident que je ne peux pas bien dormir. Désolée d'être autant ennuyeuse.
Gajeel garda le silence pendant un moment. Il était toujours mal à l'aise lorsqu'elle s'excusait pour un rien.
— Fais une chose. Essaye de t'allonger. Tu te souviens quand on s'est endormi tous les deux dans ma chambre ce jour de pluie ?
— Oui, souffla-t-elle. Comment oublier ce jour ? Tu m'avais avoué que tu m'aimais.
— Souviens-toi de ce que tu avais ressenti.
— C'était rassurant, et je me suis sentie aimée. Je me sens toujours apaisée dans tes bras.
— Alors ferme les yeux et dis-toi que je suis tout près de toi, que je te caresse la tête.
— Comme tu le fais à chaque fois ?
— Oui, comme je le fais à chaque fois. Et ensuite, que je te couvre de baiser en te murmurant à l'oreille.
La bleutée posa délicatement ses doigts sur ses lèvres, ressentant un profond vide intérieur et une larme commença à rouler sur sa joue. Cette douleur était bien trop vive pour être oubliée en quelques heures.
— J'ai envie de te voir, lui souffla-t-elle.
— Moi aussi, moi aussi j'ai très envie de te voir. Ne pleure pas.
— Comment tu...
— Je sais bien que tu penses à ce qui s'est passé au lycée, c'est pourquoi tu n'arrives pas à dormir.
L'adolescente ne répondit pas, et inutile de nier, Gajeel la connaissait bien.
— Je viens te chercher demain ? proposa-t-il.
— Ça me ferait très plaisir, mais je sais bien que j'habite assez loin de chez toi. Tu seras obligé de te lever très tôt, donc de couper ton sommeil.
— Alors je n'ai qu'à dormir plus tôt, sourit-il. Comme ça je dormirai suffisamment.
Sa voix la rendit émue au point de vouloir pleurer de bonheur. Pourquoi être aussi doux et affectueux alors que personne n'éprouvait la moindre compassion pour elle ?
— Je ressens une telle frustration de ne pas pouvoir faire grand-chose quand tu vas mal, et que je ne peux même pas sécher tes larmes.
— Tu essuies toujours toutes mes larmes, c'est moi qui pleure trop et inutilement.
Et elle se détestait pour cela, elle ressentait une aversion envers elle-même pour tant de choses.
— Et puis ta voix m'apaise. Je me sens déjà plus calme, lui rassura-t-elle.
— Tu veux une berceuse en plus ?
— Pff, non, refusa-t-elle, se mettant à rire. Je réussirai à dormir sans.
Gajeel afficha un sourire. Entendre son rire était une source de satisfaction pour lui.
— D'accord, repose toi bien.
— Merci, toi aussi passe une bonne nuit.
Après lui avoir souhaité de faire de beaux rêves, le brun déposa son téléphone sur le siège du canapé sur lequel il était assis lorsqu'il mit fin à l'appel.
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Je sais que ce chapitre ne fait pas réellement avancer l'histoire c'est pourquoi j'ai beaucoup pensé à le supprimer mais j'avais déjà beaucoup consacré mon temps dessus et c'était très important pour moi de l'écrire.
On se dit souvent qu'on commet des erreurs parce qu'on est encore jeune ou 'inconscient'' mais même en devenant des supposés ''adulte'', on ne gagne pas forcément en maturité et nos mentalités restent les mêmes et ce dans la plupart des cas. Les gens gardent leurs comportements odieux et leurs préjugés envers les autres. Comme dans le cas de Levy, on attend des personnes ''responsable'', à ce qu'ils soit plus compatissant, plus attentionnée, plus raisonnable et moins blessant envers ceux qui montrent des ''défaillances'' mais ce n'est malheureusement pas toujours le cas dans notre société. La discrimination, le rejet, les humiliations se sont des choses dont la plupart d'entre nous ont déjà été victime voilà pourquoi ce chapitre était important pour moi.
Avis ?
12 février
Marie
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