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Chapitre 9

Hanamiya ne portait que peu d'attention au regard des autres, du moins lorsqu'il s'agissait de ses camarades de classes qui ne lui inspiraient aucune forme de respect. Cependant, ce jour-là, il lui fut difficile de manquer l'intérêt qui se porta sur lui. Dans un premier temps il était arrivé en retard en cours, un événement pour le moins rare. En retard, qui plus est avec un oeil au bord noir.

Il ne s'étonna pas des murmures qui s'élevèrent alors qu'il rejoignait sa place, après avoir donné un justificatif d'absence au professeur.

Il resta imperturbable, même en percevant quelques mots de ses camarades si peu discrets. De nouvelles rumeurs allaient encore tourner sur lui, mais il n'était plus à ça près. Il espérait juste que le corps enseignant ne lui ferait pas perdre du temps en le convoquant, il n'avait pas envie de se justifier inutilement.

Évidemment le cours le désintéressa très vite, il maîtrisait déjà la matière et le fait que certains poses des questions et ralentissent le cours n'aidait pas. Il aurait bien sorti son téléphone pour faire quelques recherches sur les adoptions, comment prendre la garde d'un enfant, mais il se doutait que le professeur n'allait pas accepter ça, quand bien même Makoto était l'élève le plus brillant de l'établissement.

Ainsi Hanamiya décida plutôt de sortir son carnet d'entraînement, prenant note des informations qu'il avait retenu la veille. Seto lui avait dit de ne plus perdre son temps à élaborer les entraînements, mais c'était plus fort que lui, les idées d'exercices, de duos, de tactiques, lui venaient naturellement et sa main le démangeait, il avait besoin de tout noter sur papier.

Il gratta le papier longuement, faisant abstraction du cours. A dire vrai, il en oublia même où il se trouvait, plongé dans sa bulle, et ça lui fut reposant. Après s'être tant pris la tête au sujet de Yuki, de Kamine, de son père... ça lui faisait du bien de se retrouver en paix avec ses pensées, oublier ses soucis même pour un moment éphémère.

La sonnerie le tira de ses réflexions. Il releva les yeux, jetant un œil au professeur qui quittait la salle tandis que certains élèves prenaient leur pause. Lui resta à sa place, songeant qu'il rejoindrait son équipe au déjeuner. Il regarda quand même son téléphone, mais le rangea en ne voyant aucun message. Il ne savait pas trop à quoi il s'attendait en fait : que ses coéquipiers demandent à le voir à la pause ? Ou que les autres rois sans couronne demandent de ses nouvelles?

Il soupira, agacé. Depuis quand avait-il besoin qu'on lui manifeste de l'attention ? Ce n'est pas comme s'il était mourant.

Il préféra reprendre ses notes. Pourtant il fut interrompu par une fille de sa classe, dont il n'avait pas retenu le nom.

« Hum... Hanamiya ? Excuse-moi, tu es demandé en salle des professeurs. »

Hanamiya lui jeta un bref coup d'œil, retint un autre soupir et rangea ses affaires, avant de simplement hocher la tête en prenant son sac, puis quitter la salle. Il avait eu l'espoir que son retard passe inaperçu, puisque l'école lui passait déjà bon nombres de caprices. Mais peut-être avait-il été trop confiant.

« Putain... » pesta-t-il dans un murmure, prenant sur lui pour garder la tête haute et marcher correctement. Il avait déjà assez de son œil, hors de question de boiter en plus de ça. Mais sa jambe le lançait douloureusement.

La prochaine fois il ferait semblant d'être malade pour rester chez lui tiens...

Il parvint à destination, signala sa présence en toquant à la porte. Il attendit patiemment qu'un professeur vienne le voir. Pourtant il tomba des nus devant l'étonnement de l'enseignant :

« Convoqué ? Non, personne ne t'as convoqué.

- ... Vous êtes sûr ? La personne s'est peut être absentée ?

- Non, je suis sûr que personne ne t'as appelé. Ta camarade à dû se tromper. »

Sceptique, Hanamiya ne s'attarda pas davantage et reprit la direction inverse. Il était énervé de s'être déplacé pour rien, mais au-delà de ça... il doutait que la fille se soit simplement trompée. Il ne voulait pas se montrer paranoïaque, mais avec les tentatives de harcèlements auxquelles il avait fait face, il craignait qu'une chose similaire n'arrive. Au moins il avait eu la présence d'esprit de prendre ses affaires avec lui, si un abruti souhaitait fouiller il s'en mordrait les doigts.

Malheureusement ça ne manqua pas. En retournant en classe, méfiant, il s'aperçut que l'ambiance avait quelque peu changé. Pas de tampon plein de craie ou de seau d'eau, mais les coups d'oeils curieux et moqueurs des élèves le mettaient en garde. Il parvint à sa place, allait pour se réinstaller, mais interrompu son geste alors que ses yeux tombaient sur sa chaise.

Il ne savait qui avait eu la brillante idée d'y étaler une bonne dose de crème, mais il songea que la personne jetait de l'argent par la fenêtre. Il fallait être stupide et s'ennuyer ferme pour prendre le temps d'acheter de la crème juste pour emmerder quelqu'un.

Il perçut les ricanements autour de lui. Difficile de définir clairement qui était l'auteur de cette mauvaise farce. Peut-être y en avait-il même plusieurs. En fait, à ce stade, toute la classe était dans le coup.

Il posa son sac au pied du bureau, souleva la chaise dont il avait attrapé le dossier, fit volte face et se dirigea droit vers la fille qui l'avait envoyé voir les profs. Celle-ci eut un mouvement de recul inquiet, et Hanamiya retint un sourire narquois. Il était connu pour ses coups foireux et sa violence, pas étonnant qu'on le croit capable de frapper quelqu'un avec une chaise. Mais Hanamiya n'était pas ainsi, il était bien plus subtile.

Alors que ses camarades retenaient leur souffle, persuadés qu'il allait lever la main sur quelqu'un - d'ailleurs ils étaient bien hypocrites, si Hanamiya voulait user de violence il pourrait le faire sans que personne n'ose l'en empêcher, ces sales lâches - Makoto se contenta d'échanger sa chaise avec celle de la jeune fille, puis il retourna naturellement à sa place et s'assit, ressortant son cahier, prêt à reprendre les cours.

Enfin, il donnait l'impression d'être calme, au-dessus de tout ça et prêt à travailler, mais en vérité à l'intérieur il avait un large sourire, guettant les réactions qui n'allaient pas tarder à fuser.

Ca ne manqua pas : la jeune fille resta de longues secondes interdites, à fixer la chaise qui était maintenant sienne, cette chaise pleine de crème... et son visage d'ange se métamorphosa en une pure colère. Elle fusilla Hanamiya du regard mais ravala aussitôt ses mots, comme craignant les conséquences de faire face au basketteur. Elle préféra jeter son dévolu sur une autre cible :

« Putain Futsuki ! Je fais quoi maintenant ? Je m'assois pas sur cette merde ! »

Ledit Futsuki, visiblement un garçon de la classe, devint complètement rouge de honte et jeta un regard nerveux à Hanamiya. Hanamiya qui continuait de faire celui qui n'en avait rien à faire, mais maintenant il connaissait l'instigateur de ce stupide piège, et il comptait bien s'en venger.

« Je.... hum ... » bégaya Futsuki qui ne savait plus où se mettre.

Pourtant il se calma un peu trop vite au goût de Makoto.

Une personne se sent en position de force lorsqu'elle est bien entourée, et dans le cas de Futsuki, une majeur partie de la classe était derrière lui. C'est sans doute ce qui lui donna le courage, l'audace même, de retrouver un sourire narquois et venir récupérer la chaise piéger pour s'approcher de Hanamiya :

« Hey, Hanamiya, tu peux pas échanger le mobilier comme tu le souhaites. »

Le capitaine l'ignora superbement et griffonna de nouvelles notes. Un instant Futsuki se crispa, mais pris sur lui pour ne pas perdre son sang froid : il posa sa main sur l'épaule de Makoto, quoiqu'un peu brutalement, et parla plus sèchement :

« M'ignores pas. Cette chaise est à toi, si elle est dégueulasse t'as qu'à la nettoyer. »

Hanamiya fronça les sourcils, se dégagea sans mal de la prise. Il jeta un regard noir à Futsuki, se délecta de son sursaut et de son mouvement de recul.

« La nettoyer ? répéta Makoto. Je ne nettoie pas les saloperies des autres. »

Il se leva, lentement, laissant le temps à l'autre d'assimiler la situation, de comprendre à quel point il s'était mis dans la merde. Hanamiya n'était certes pas bien grand mais il restait un sportif possédant une belle carrure, ainsi qu'un regard terrible qui aurait fait trembler n'importe qui. Par ailleurs, son rictus sadique provoqua un frisson au reste de ses camarades.

« Mais si échanger cette chaise te gêne tant, tu peux toujours t'en plaindre aux profs. Je suis sûr qu'ils seront ravis d'apprendre que la classe se plaît à harceler le meilleur élève de l'établissement. Je me demande de quel côté ils seront : un groupe d'élève stupide, ou bien l'étudiant qui peut leur rapporter une bonne réputation par son intellectuel ? »

Le poing de Futsuki s'abbatit sur la table, juste à côté d'Hanamiya qui trembla à peine.

« Une bonne réputation...? répéta-t-il. T'oses faire croire que tu nous apportes bonne réputation?! T'es un boursier sans la moindre thune, t'as juste la chance d'être assez malin pour te faire passer pour un génie ! Mais tes coups foireux, on les connaît ! T'arrives à dissimuler les preuves, mais nous prend pas pour des cons, on sait tous ce que tu fais dans ton putain de club, on sait ce que tu fais aux mecs qui te reviennent pas ! Et si les profs ne daignent pas intervenir, s'ils préfèrent protéger un connard juste à cause de ses notes, alors c'est à nous les élèves d'intervenir ! »

Hanamiya dû avouer que ce gars poussait à l'admiration. Du moins, un peu. Il n'avait pas tort : les adultes étaient pathétiques et hypocrites, ils le laissaient agir à sa guise grâce à ses notes. Pas étonnant que les autres élèves enragent. Mais il se demandait quand même... s'il avait été plus sympa, aurait-il eu droit à un traitement différent ? Ou bien les étudiants auraient trouvé une autre excuse pour s'en prendre à lui ?

Une question qui n'aurait jamais de réponse, sauf peut-être dans une timeline alternative.

En tout cas, Hanamiya ne comptait pas s'attarder sur cette interrogation. Il préféra rouler des yeux, partageant son agacement :

« Ce qu'il se passe au basket concerne les basketteurs, rien à voir avec toi. Et hors club, je ne fais chier personne. Par contre ouai, je me défends si on s'en prend à moi.

- Si on s'en prend à toi...? »

Makoto sursauta, pris de court quand l'autre lui agrippa le col violemment pour le plaquer contre la fenêtre. Le mouvement brusque éveilla la douleur dans sa jambe en plus de lui brûler le dos. La vitre, à demi-ouverte, laissait entrer un faible courant d'air. Hanamiya jeta un bref regard derrière lui, pour déglutir en voyant que seule cette mince barrière de verre le séparait du vide. Il revint soutenir le regard de Futsuki, gardant son calme autant qu'il en était capable.

« On s'en prend à toi parce que t'es un connard !! hurla l'autre. T'es un connard qui mérite juste de crever !! Va donc sauter d'un toit, tire-toi une balle, disparaît !! Ta simple vue nous dégoûte, qu'un salop pareil puisse vivre sa vie tranquillement, là où des personnes honnêtes galères, ça me donne envie de gerber ! »

Hanamiya tressaillit. La première chose qui lui vint à l'esprit fut Kyoshi, le souvenir de leur match, de cette fois où le brun, au sourire d'habitude si rayonnant, s'était retrouvé à terre à hurler de douleur.

Il eut un vertige, un bourdonnement dans les oreilles qui vint parasiter son esprit. Ce type lui faisait mal. Il avait mal, et pourtant il n'arrivait pas à réagir, à se défendre. Là où il aurait dû se dégager, où il aurait dû répliquer, il ne fit rien. Son corps lui semblait trop lourd, engourdie. Pourquoi personne n'intervenait ? Pour la première fois, la solitude qui était sienne le bouleversa réellement. Pourquoi aucune personne n'avait la présence d'esprit d'arrêter ça ? Il ne s'attendait pas à être apprécié, loin de là, mais un humain s'en prenait tout de même à un autre humain. Il avait si peu d'importance pour que personne ne juge bon d'intervenir, ni même d'aller chercher un prof ? C'était quoi ce bordel ?

« Futsuki ! »

Leur professeur était arrivé. Non pas parce que quelqu'un l'avait appelé, non pas pour l'aider, mais juste parce qu'il était à l'heure pour son cours. Rien de plus.

« Ça suffit. Prenez place, le cours va commencer. »

Juste ça ? Hanamiya regarda le professeur qui s'était déjà détourné d'eux pour s'installer à son bureau. Il regarda les autres élèves se rassoir comme si de rien était. Il regarda Futsuki qui le lâcha bien trop lentement, seulement pour lui laisser la chaise pleine de crème et reprendre celle qui était propre.

Makoto resta ahuris. Les rares fois où il s'était battu publiquement, cela avait toujours été de la défense. On s'en prenait à lui alors il répliquait, et généralement il terminait en position de force. Dans ces moments-là on le prenait pour l'agresseur, on l'interrogeait, et il devait se justifier.

Mais cette fois, pour la première fois, il était clairement victime de la situation. On s'en prenait à lui, et personne ne faisait rien, ne disait rien.

Futsuki c'était juste assis tranquillement sans avoir à se justifier. Parce que, à leurs yeux, il était normal qu'on s'en prenne à lui ? Il était normal que les gens veuillent lui faire du mal ? Ca avait été accepté, dans l'esprit collectif, que Hanamiya Makoto était une ordure à qui il fallait péter la gueule ?

« Hanamiya, assis toi, que le cours puisse commencer. »

Le basketteur ne regarda même plus le professeur. Il n'eut même pas envie de rire. L'absurdité de la situation était lamentable.

Ça le fatiguait.

Par automatisme il rangea ses affaires.

« Hanamiya, peux-tu... ? »

Il ignora le prof, prit son sac, quitta la pièce sans un mot, avec un tel calme que personne ne réagit immédiatement. Hanamiya ne sut même pas si quiconque réagit même après son départ. Il s'embarqua simplement dans les couloirs sans que personne ne l'en empêche, sans que quiconque cherche à le rattraper.

Ses jambes le guidèrent jusqu'au toit. Évidemment, aucune trace de ses coéquipiers. Ceux-ci ne seraient pas là avant le déjeuner. Il partit s'asseoir au pied du banc, posa son sac à côté de lui, releva la tête pour observer le ciel bleu, se laissant happer par la contemplation des nuages. Le bourdonnement continuait, le plongeait dans un état second.

Combien de personnes souhaitaient sa mort ? Hanamiya n'y avait jamais vraiment réfléchi. Beaucoup peut-être. Est-ce que ça l'importait vraiment ?

... Oui. Doucement, ça commençait à l'importer. A l'importer beaucoup trop.

Comment réagirait-on, s'il venait vraiment à mourir ? Qui se sentirait concerné, triste ? Qui le regretterait ? Est-ce que ces questions étaient réellement importantes ? Elles le parasitaient. Ce n'était pas tant les mots de Futsuki qui le frappaient, mais ce manque de réaction autour de lui.

S'il ne se défendait pas, il était un homme mort. Il ne pouvait pas compter sur les autres.

« ... putain... »

Il se passa une main sur le visage. La douleur lui rappela son oeil au bord noir.

Nebuya l'avait frappé. Il l'avait frappé sans la moindre hésitation, et ne s'était excusé qu'en reconnaissant ses torts. Mais le fait était qu'il l'avait frappé et Hanamiya s'interrogeait : si ça avait été quelqu'un d'autre, aurait-il levé la main sur lui ? Si c'était Mibuchi qui avait agit comme un enfoiré, ça aurait été différent, non ? Ne serait-ce que parce que Mibuchi n'était pas un enfoiré de nature, pas comme lui.

« ... putain... ! »

Il balança son sac, une impulsion qu'il regretta presque aussitôt. Sa main resta suspendue en l'air alors qu'il observait son sac ouvert, la plupart de ses affaires déversées au sol, à quelques mètres de lui. Il ouvrit la bouche dans une expression béate, les yeux écarquillés, assimilant ce qu'il venait de faire.

« ... Merde... merde merde merde... »

Il se releva précipitamment, approcha ses affaires, les ramassa une à une en examinant que rien ne soit abîmé. Son carnet était légèrement égratigné sur la tranche, rien de bien grave. Quelques crayons nécessiteraient une nouvelle mine sans doute. Mais il stoppa tout mouvement quand son regard tomba sur son téléphone, dont l'écran avait éclaté sous l'impact.

Sa gorge se noua. La vitre était foutue, fissurée tant et si bien qu'il serait impossible d'utilisation. Il sentit l'émotion le prendre, les larmes lui monter aux yeux, alors qu'il venait ramasser le téléphone délicatement, qu'il tentait quand même de l'allumer. Malgré les fissures, il perçut une légère lumière, distingua difficilement l'écran d'accueil.

L'écran était foutu mais le téléphone marchait. Tout n'était pas bon à jeter. Combien coûtait une nouvelle vitre ? Il devait y avoir pour une centaine d'euros...

« .... Merde ... »

Il serra les dents, mais déjà sa vue se floutait. Il n'en avait pas marre de chialer ? Il n'y avait rien de grave, juste un putain d'écran à changer... Comme s'il n'avait que ça à foutre, de faire réparer son téléphone. Comme s'il n'avait que ça a foutre, de gâcher son argent pour une connerie pareille. Juste parce qu'il n'avait pas été foutu de contrôler une putain de pulsion... !

« PUTAIN ! »

Il frappa son sac, l'envoyant voler plus loin encore. Sa colère augmentait, le bouffait de l'intérieur, et il faisait tout l'effort du monde pour ne pas envoyer fracasser son portable une nouvelle fois, pour ne pas aggraver les dégâts plus que de raison.

« MERDE !! »

Il se passa une main dans les cheveux, agrippa quelques mèches avec force, assez fort pour les tirer et s'arracher une grimace. Il avait envie de pleurer. De pleurer devant sa connerie, devant son manque de logique, son manque de discernement. De pleurer devant sa faiblesse, devant son incapacité à juste rester calme, à ne pas se laisser bouffer par ces sentiments qu'il avait toujours su contrôler, mettre de côté.

Il se mit à faire les cents pas, tourner en rond, nerveux, incapable de se rassoir, prenant sur lui alors qu'il serrait plus fort son téléphone, qu'il sentait la main le démanger, l'envie de refrapper son sac fourmiller dans ses jambes et réveiller sa jambe blessée. Un grincement provoqua son arrêt, il relâcha ses cheveux, tourna son regard humide vers la porte du toit et grimaça.

Furuhashi et Hara étaient connus pour sécher relativement souvent, surtout lorsqu'ils voulaient se trouver en tête à tête pour flirter sans être déranger. Autant dire qu'ils n'avaient pas prévu de trouver leur capitaine sur le toit avant la pause déjeuner. Mais s'il n'y avait eu que ça pour les surprendre, ils se seraient vite repris. Or là, un autre élément les pétrifia : l'attitude d'Hanamiya. Son corps crispé, ses épaules voûtées, son regard brillant de larmes.

Leur capitaine pesta, leur tourna aussitôt le dos, passa une main sur son visage en espérant dissimuler son expression. Furuhashi échangea un regard d'incompréhension avec son amant, hésita avant de faire le premier pas :

« ... capitaine... ? Tout va bien ... ? »

Son regard glissa sur le sol. Il aperçut les affaires éparpillées. Difficile d'ignorer ce qui avait pu se passer. Lui-même avait déjà eu des excès de colère, tout comme il avait vu des proches en avoir. Mais que Hanamiya Makoto vienne à craquer, qui plus est dans leur école, c'était inattendu.

« ... Mêles toi de tes affaires. » grogna justement le capitaine, mais sa voix éraillée était chargée d'émotions qui débordaient.

Furuhashi se mordit la lèvre, regarda à nouveau Hara sans savoir que faire. Valait-il mieux partir, laisser leur supérieur tranquille, ou était-il préférable d'insister ?

Hara prit la décision pour eux, puisqu'il le dépassa promptement pour atteindre Hanamiya, venir saisir son épaule pour l'obliger à se retourner. Makoto sursauta, le regarda avec surpris puis colère, avant d'hausser la voix :

« Lâches moi putain ! Ou je te pète les genoux !!

- Qu'est-ce qui s'est passé ? »

Hanamiya déglutit. Hara était le premier à faire profil bas quand il élevait la voix, mais cette fois il restait parfaitement calme, sourd aux menaces.

Le capitaine perçut son regard derrière sa frange mauve, un regard intrigué, inquiet, transperçant. Il fut incapable de le soutenir plus longtemps, baissa les yeux, la frustration revenant lui nouer l'estomac alors que Furuhashi assistait à la scène avec stupéfaction : Hanamiya venait-il vraiment de détourner le regard ?

« ... J'ai juste... J'ai ...

- ... besoin de prendre l'air ? » demanda Hara.

Hanamiya resta silencieux une brève seconde, puis hocha doucement la tête. Hara le relâcha en soupirant :

« ... Ouai, je vois l'idée. Quand ça devient trop oppressant de rester à l'intérieur. Ou avec des enfoirés. »

Ce fut au capitaine d'aborder un regard confus, ne s'étant pas attendu à se faire comprendre. Hara se détourna sans une explication pour partir s'avachir sur le banc, venant mâchonner un chewing-gum tandis que Furuhashi soupirait et s'avançait à son tour, pour venir ramasser les affaires de leur capitaine.

Hanamiya resta bête quelques instants, avant de reprendre pied et venir en aide à Furuhashi, mal à l'aise de le laisser faire. S'il ne le remercia pas par des mots, son regard fut suffisant pour que son coéquipier comprenne sa reconnaissance. Ils retournèrent vers le banc pour s'asseoir de part et d'autre de Hara, qui continuait de mâcher en observant tranquillement les nuages.

« Je pensais pas te voir sécher un jour, commenta-t-il à l'adresse d'Hanamiya.

- La ferme. Je suis pas d'humeur.

- Je vois ça. Le prof t'a pété les couilles ? Ou les élèves ? »

Hanamiya grommela en examinant son téléphone qu'il savait déjà foutu :

« ... Un peu des deux. »

Il pensait que les deux autres insisteraient mais il n'en fut rien. Ils hochèrent juste la tête, silencieusement compréhensifs. S'en était perturbant. Perturbant, mais aussi rassurant. Hanamiya n'aimait pas avoir à s'expliquer, se justifier. C'était souvent une perte de temps.

« Tu veux qu'on aille faire un tour dans le centre ? interrogea Furuhashi alors qu'il zieutait l'écran fracasser de son capitaine. On pourrait y déposer ton tél et le récupérer ce soir après les cours ? »

Hanamiya quitta son téléphone des yeux pour regarder son coéquipier, puis regarder à nouveau son portable et hésiter. Sourcils froncés, il essayait de se souvenir combien il lui restait, avant de se décider à fouiller son sac et en sortir son porte monnaie, auquel il jeta un œil avant de grommeler :

« ... Ça coûte combien, un nouvel écran ?

- Eu... Bonne question, répondit Furu en sortant son téléphone, pour aller sur le net. Attends je regardes. Mm... Hors garantie, et selon le modèle, ça peut aller de 150 à 300 euros. »

Hanamiya fronça davantage les sourcils. Aussi cher ? Lui qui avait naïvement espéré que ça ne coûterait qu'une centaine d'euros...

Voyant sa réaction, Hara lui donna une légère tape dans le dos :

« On peut t'avancer !

- Quoi ? Non, certainement pas, aucune envie de vous devoir quoique ce soir !

- T'inquiète, t'auras qu'à rembourser en nous faisant des bentos~ »

Hara ricana alors que le regarde de Furuhashi pétillait :

« J'avoue, tu cuisines tellement bien... ! Allez capitaine, c'est gagnant-gagnant ! »

Hanamiya les fusilla du regard, davantage pour la forme que par réelle colère. Il bougonna en examinant une nouvelle fois son téléphone, avant d'hausser les épaules et pester :

« Pff, si vous insistez... Mais venez pas pleurer si la réparation dépasse votre budget !

- Eheh t'inquiète, on est ptêtre pas aussi riche que Seto mais on a quand même de la thune!»

Hara se leva le premier, motivé et salivant d'avance pour leur future récompense, rapidement suivi de Furihashi qui, bien qu'abordant son expression neutre, continuait d'avoir le regard brillant. Hanamiya leur emboîta le pas, quelque part gêné : il avait déjà traîné avec ces deux-là, mais toujours en présence de toute l'équipe. Ce retrouver seulement tous les trois, en sachant que ces deux là étaient en couple, c'était assez embarrassant. Et en même temps ils agissaient sans le laisser à part, évitant la sensation de 'tenir la chandelle'.

Hanamiya s'interrogea alors. Est-ce qu'ils oseraient le frapper ? Est-ce qu'ils interviendraient si quelqu'un s'en prenait à lui ? Est-ce qu'ils le laisseraient tomber s'il recommençait à agir comme un connard ?

Makoto retint un sourire amer. Il pourrait provoquer de lui-même une situation qui lui donnerait les réponses... Mais il n'en avait pas l'envie. Il avait trop peur de la réponse.

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