Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Watson - 1/3

(Époque victorienne, personnages de C. Doyle)






Sur un lit de larmes rouges, aussi douces que la soie, tremble un corps de chair et de pétales.

Respire ! Respire !

Il ouvre les lèvres, mais c'est une fleur qui sort, qui surgit de sa gorge comme un splendide démon. Elle roule sur sa joue et se pose contre son oreille. Sa poitrine se crispe, prise d'un ultime spasme. Quelque chose brûle sous sa peau, assez fort pour le consumer de l'intérieur, pour le déchirer d'une douleur blanche où seul ressort le rouge des pétales.

Respire, Watson ! Respire !

Il se tord, arc bouté, une main crispée sur le cœur, cherchant en vain à extirper tout ce qui s'est agglutiné dans sa poitrine, bloquant sa respiration, ne lui permettant que quelques halètements avortés. Quelque chose grandit de nouveau, quelque chose qui lui rappe la gorge, lui caresse la langue. Il recueille au creux de sa paume une autre fleur ensanglantée.

Le monde se délite sous l'effet des larmes qui s'échappent enfin, brulantes, réduisant la lumière à quelques fragments étoilés.

Il s'arque une dernière fois, la bouche ouverte au maximum, et retombe lourdement sur le sol. Les fleurs poussent à toute vitesse entre l'espace de ses lèvres, dépliant leurs pétales soyeux. Elles grandissent, encore, encore, encore, se frottant les unes contre les autres avec de longs murmures froissés, formant un nom, un seul, toujours le même.

Holmes.

~

Cinq jours plus tôt.

Watson ouvrit lentement les yeux. Fallait-il vraiment se lever ? Il avait l'impression de ne pas avoir dormit de la nuit. Il entama un bâillement qui s'arrêta à mi-chemin. Quelque chose se trouvait sur son oreille. Un point rouge, incongru sur les draps crème que Madame Hudson venait de changer. Ses yeux clignèrent plusieurs fois pour éclaircir sa vision, encore embuée de sommeil.

Un pétale ?

Maintenant parfaitement alerte, il s'assit sur son lit, le minuscule objet rouge au creux de la paume. Son regard fouilla rapidement l'espace familier qui l'entourait. Aucun bouquet n'était apparut pendant la nuit, la fenêtre était fermée, et il était catégorique : aucune fleur ne se trouvait dans son lit la veille.

- Comment es-tu arrivé là, toi ? s'amusa-t-il en pinçant le coupable entre deux doigts.

Il devrait demander à Holmes. Le détective avait toujours une explication concernant les petits mystères de la vie ordinaire.

Une pensée le frappa de plein fouet, menaçant de le renverser. Et si c'était Holmes qui était venu, avec des fleurs, au milieu de la nuit ? Après tout, il arrivait au détective de rentrer dans sa chambre pour le regarder dormir, lorsqu'il était au plus profond de ses humeurs noires ou qu'il n'arrivait plus à réfléchir.

L'image de Holmes pénétrant dans sa chambre avec une fleur suffit à faire brûler ses joues. Non, non, il ne devait pas y penser, ne pas se laisser aller à imaginer... Mais quelle autre explication y avait-il ? Certes, cela semblait bien improbable, mais lorsque l'on a éliminé toutes les possibilités, ce qui reste, aussi improbable soit-il, doit être la vérité. Son cœur bondit dans sa poitrine alors qu'il sautait du lit pour s'habiller, pressé de descendre au salon.

Il enfila son pantalon, expédia ses ablutions matinales, glissa le pétale dans sa poche et se rua dans les escaliers. À la première marche, cependant, il se retint et tenta de ralentir sa course, plaquant un air qu'il espéra tout à fait habituel sur son visage radieux.

- Ah, mon cher Watson ! l'accueillit une voix familière. Bien dormit, à ce que je vois ? Tant mieux, vous n'aviez pas l'air en forme, hier. Un peu de café ?

Holmes était assit à la table du petit déjeuner, le journal déplié, une cigarette aux lèvres. Il le regarda descendre les marches avec un sourire amusé.

- Auriez-vous fait un rêve particulièrement plaisant ? s'enquit-il alors que Watson prenait place en face de lui.

Le docteur adorait ces matins-là, sans enquêtes et sans humeurs noires, simplement Holmes et lui, dans leur salon, illuminés par la lumière du matin.

- Quelque chose en rapport avec des fleurs, répondit Watson en le fixant pour essayer de déceler sur son visage le moindre tic qui pourrait le trahir.

- Des fleurs ? Répondit Holmes, surprit. Si j'avais su que cela suffirait à vous tirer de votre humeur morose de ces derniers jours...

C'est forcément lui ! Songea Watson, exalté, en essayant de retenir son sourire béat. Son cœur battait la chamade, recouvrant presque ses pensées. J'ai eu tort de désespérer ! Il lui fallait juste du temps ! Car c'était bien là la cause de l'humeur morose à laquelle Holmes venait de faire allusion : Watson aimait son détective avec passion, mais ce dernier semblait totalement ignorer cet état de fait. Ils avaient passé la soirée à l'opéra, la veille, et Holmes avait écouté la musique pendant trois longues heures, les yeux fermés, tandis que son compagnon le dévorait du regard, le cœur brulant de ne pouvoir le toucher. Mais tout va mieux, maintenant. Il faut juste que je lui fasse avouer...

- Watson, je m'en voudrais de vous presser, mais n'aviez-vous pas des patients, ce matin ?

Le regard du docteur se posa sur l'horloge.

- Nom de... ! s'exclama-t-il en sautant sur ses pieds, un toast grillé entre les dents. À che choir, Holmch ! Cria-t-il en se ruant vers sa trousse médicale.

Le détective le regarda quitter l'appartement en secouant affectueusement la tête.

~

Watson passa la journée à voyager à travers la ville, de malade en malade, rassurant, prescrivant, examinant, expliquant gentiment lorsqu'il le fallait. Pas une fois le pétale rouge ne quitta ses pensées. Il était glissé dans la poche intérieure de son veston, contre son cœur. Il lui semblait même qu'il irradiait de chaleur.

Il laissa sa dernière patiente avec un sourire et prit le chemin de Baker Street, impatient de revoir son détective. Et si ce soir... S'il lui avouait ses sentiments ? Oh, grand Dieu, en serait-il capable ? Pourrait-il lui dire, enfin, à quel point il l'aimait, l'adorait, le respectait et l'estimait ? À quel point il lui était cher, et comme sa vie avant lui n'avait pas de sens ? Comme il était heureux de le connaître, de pouvoir lui parler, de pouvoir partager avec lui son existence ?

Les joues rouges, le cœur en fête, il s'arrêta près d'une petite marchande de fleur, qui lui adressa un sourire amusé. Elle avait deux types de clients, par les temps qui courraient : ceux qui voulaient ajouter une touche de couleur à leur boutonnière et les amoureux. Celui bonhomme faisait clairement partie de la deuxième catégorie.

- Sauriez-vous, par hasard, à quelle fleur appartient ceci ? Demanda Watson en tendant à la jeune fille le précieux pétale rouge.

La petite marchande de fleur s'en saisit et l'examina d'un œil critique.

- Faudra me pardonner, mon bon monsieur, j'en ai pas la moindre idée. On dirait un pétale de rose, mais pas tout à fait. Ou une sorte que je ne connais pas. Un truc rare, peut-être ? Dans tous les cas, j'ai des de très belles roses, moi aussi, vous n'avez qu'à m'en prendre une ou deux ! Votre dame en sera ravie !

Watson sourit en associant l'épithète à Holmes, puis rougit à l'idée de lui offrir des fleurs. Sans réfléchir, il sortit son portefeuille et acheta un bouquet entier de petites roses rouges avant de reprendre le chemin de l'appartement.

- Bonsoir, Madame Hudson ! Lança-t-il en passant devant les appartements de la logeuse, au rez-de-chaussé.

- Bonsoir, Docteur ! Répondit la vieille dame depuis sa cuisine. Le diner sera bientôt près.

- Holmes et là ?

- Il n'a pas bougé de la journée.

- Parfait ! s'exclama Watson en montant les escaliers.

Son cœur battait horriblement fort et ses mains lui semblaient moites. Il se faisait l'impression d'un adolescent à son premier rendez-vous, mais, dans son euphorie, s'en fichait un peu. Il prit une grande inspiration et ouvrit la porte du salon.

Holmes était installé derrière son bureau, le nez plongé dans un carnet, où il collait patiemment des coupures de journaux.

- Bonsoir, Watson, dit-il sans se retourner. Vous êtes de retour tôt, ce soir.

- Bonsoir, répondit l'intéressée d'une voix qui flancha sur la fin.

Intrigué, Holmes tourna la tête. Son visage s'assombrit aussitôt.

- Oh, je vois, soupira-t-il. Vous ne m'aviez pas dit que vous aviez rendez-vous. Une jeune fille que je connais ?

- Quelle jeune fille ? Répliqua le docteur, perdu.

- Mon cher Watson, s'amusa Holmes en se levant pour aller quêter sa pipe, lorsqu'un homme rentre plus tôt que prévu, un bouquet de fleurs à la main et un sourire béat aux lèvres, il n'est pas besoin d'être un grand détective pour déduire qu'une dame l'attend quelque part. Mais tout de même, Watson, des roses... Je sais que l'originalité n'est pas au centre de l'affaire, mais vous auriez pu faire un effort ?

Le cœur de Watson se pétrifia en plein vol et retomba lourdement au fond de sa poitrine.

- Vous n'aimez pas les roses ? Parvint-il à dire, malgré sa gorge serrée.

- C'est toute cette histoire de fleurs qui m'exaspère, répondit Holmes en allumant sa pipe. Tous ces comportements codifiés à l'excès... Heureusement, je suis un homme, on ne m'en offrira jamais ! Et heureusement encore, je suis capable de vivre sans m'empoisonner l'existence par une relation romantique ! Je n'ai jamais été amoureux et je ne m'en porte que mieux !

Par un acte de courage dénotant d'un héroïsme à nul autre pareil, Watson réussit à rassembler assez de force pour répondre :

- Oui, heureusement...

- Mais je ne disais pas ça pour vous, Watson, reprit aussitôt Holmes, se rendant compte que ses paroles pouvaient blesser. Je sais que vous n'êtes pas fait de la même fibre que moi. Vous avez le droit de courtiser qui vous voulez.

Watson aurait pu en pleurer.

- En fait, s'entendit-il dire, vous avez tort, Holmes. C'est la rémission d'une de mes malades qui me rends si heureux et c'est pour Madame Hudson que j'ai acheté des fleurs sur le chemin. Je sais que c'est sa variété préférée.

- Vraiment ? s'étonna Holmes avant de partir d'un grand éclat de rire. Eh bien, ça m'apprendra, à tirer des conclusions trop vite ! Cela signifie que vous passez la soirée avec moi ?

- Laissez-moi juste achever mon œuvre, répondit Watson en défaisant son manteau pour redescendre avec son bouquet.

Il s'arrêta au milieu des escaliers, les jambes flageolantes. Comment avait-il pu être aussi stupide ? Comment avait-il pu croire un seul instant... Il se sentait affreusement ridicule et certainement pathétique. Ses yeux le brulaient. Il avait mal d'y avoir cru, de s'être imaginé ne serait-ce qu'un baiser, pour ensuite se le faire arracher par la réalité.

Il ouvrit la fenêtre donnant sur la rue et jeta son bouquet sur la chaussée, le cœur lourd d'amertume. Quelque chose lui irritait la gorge. Sa main rejoignit sa bouche, juste à temps pour étouffer un éternuement. Lorsqu'il la descendit, un pétale rouge y reposait. Un reste du bouquet ? Il ne voulait pas y penser. Il le jeta au sol et remonta à l'étage, repoussant au mieux ses sentiments indésirables. L'amitié de Holmes lui était déjà incroyablement précieuse, il fallait qu'il apprenne à s'en contenter.

~

Le lendemain matin, deux pétales reposaient sur son oreiller. Comment était-ce possible ? Si ce n'est pas Holmes qui les avait déposés, alors qui ? Pourquoi ? Il aurait bien demandé au détective d'élucider le mystère, mais il n'avait vraiment pas envie de lui parler de fleurs.

À cet instant, la porte s'ouvrit en claquant, révélant une silhouette familière.

- Watson ! Cria Holmes, tout excité. Le jeu reprend ! Un fiacre nous attend dehors, je vous raconterais en cours de route !

Il fit volte-face pour partir, mais se retint au dernier moment pour ajouter :

- Il est question d'un bal masqué. Vous allez adorer.

Watson abandonna ses pétales pour sauter dans son pantalon, un carnet et un crayon déjà fourrés dans la poche, prêt pour une nouvelle aventure.

Et aventure, il y eut. Trois jours durant, ils inspectèrent des scènes suspectes, interrogèrent des témoins et poursuivirent des bandits à travers Londres, pour rentrer épuisés, victorieux et ravis, livrer le tout à Lestrade, accompagné d'un discours dramatique révélant les tenants et les aboutissants de l'affaire. Holmes fut brillant, bien sûr. Il irradiait positivement, dans ces moments-là, au point que Watson en était parfois éblouis. Il brûlait d'envie de chanter ses mérites au monde entier, de le prendre dans ses bras et de lui faire comprendre à quel point il l'admirait. Ce qu'il ne faisait pas, cela va de soi. Il se contentait d'un sourire et du maximum autorisé de compliments, juste assez pour faire rosir les joues de son colocataire.

Oh, Holmes, soupira-t-il intérieurement alors qu'ils descendaient du fiacre qui les ramenaient chez eux. Une quinte de toux le prit par surprise.

- Vous n'avez pas attrapé froid, Watson ? s'inquiéta le détective en lui ouvrant la porte.

- Ne vous inquiétez pas, le rassura l'intéressé. Ce n'est rien.

Son poing serré écrasait trois pétales rouges.

~

Il se réveilla en toussant, cette nuit-là. Quelque chose de désagréable lui irritait la gorge. Il cracha l'intrus du mieux qu'il le put, tentant de ne pas s'étrangler.

Quatre pétales rouges sombrèrent sur son oreiller.

Il s'assit, le cœur glacé. Il n'y avait plus de doute : c'était de lui que les pétales venaient. Pourquoi ? Comment ? En toutes ses années de médecine, il n'avait jamais entendu parler d'une chose pareille. Est-ce qu'il avait ingurgité une fleur par erreur, peut-être au milieu d'une crise de somnambulisme ? Il n'en avait pas eus depuis des années, mais qui sait...

Non, si c'était ça, la crise n'aurait durée qu'un jour, tout au plus, avant qu'il ne digère la fleur ou ne la rejette. En plus, il n'y en avait pas dans l'appartement.

L'alternative était terrifiante. Est-ce qu'une fleur était en train de pousser dans son corps ? C'était impossible ! Et pourtant...

Il fallait qu'il fasse quelque chose. Holmes, il fallait qu'il demande conseil à Holmes

Il se leva, se dirigea vers la porte, mais s'arrêta au dernier moment, la main sur la poignée. Et si le détective ne le croyait pas ? Lui-même aurait eu du mal à y accorder crédit, il ne pourrait pas le blâmer d'être sceptique. Et si cela ne se reproduisait plus jamais et qu'il perdait toute l'estime de Holmes avec ses affabulations ? Ou alors... Et si c'était grave ? Vraiment, vraiment grave ?

Un calme glacé l'avait envahi. Il se rassit sur son lit. S'il était atteint d'une maladie mortelle, il préférait que Holmes ne le sache pas, pas jusqu'au dernier moment. Il ne voulait pas gâcher le temps qu'ils passaient ensemble et il ne voulait pas lui causer plus de peine qu'il n'était nécessaire. Holmes ne l'aimait peut-être pas romantiquement, mais il n'avait aucun doute sur son amitié. Il serait certainement affecté si quelque chose lui arrivait.

Ou peut-être ne le serait-il pas. Peut-être était-ce là la véritable raison de son hésitation.

Il se rallongea, ramenant sous son menton des couvertures qui ne suffisaient plus à vaincre le froid. Il se demanda fugitivement l'effet que cela ferait, de ne pas être seul dans son lit. Puis se roula en boule en serrant son oreiller contre sa poitrine et tenta de ne pas pleurer.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro