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       Toutes les valises avaient été pliées et on se bousculait bruyamment sur les différents quais des navettes de l'académie. Hagueveil était composé de quatre départements, l'un pour chaque élément où était alors rassemblé les dortoirs, leur réfectoire, ainsi que les salles de classe spécifique au cursus. Puis se rajoutait une large archipel centrale qui se voulait commune pour tous les étudiants. C'est sur cette archipel que les premières années se sont rencontrés la première fois pendant la cérémonie d'entrée et c'est sur celle ci que se trouvait les grands amphithéâtres où tous les étudiants, peu importe leur parcours, suivaient les cours principaux qu'ils partageaient. On y trouvait aussi le large restaurant académique que la majorité occupaient à l'heure du midi et évidemment le terminus de toutes les navettes. Chaque département était relié par un rapide train se dirigeant dans chaque directions opposées. En effet chacun des blocs étaient éloignés de plusieurs kilomètres et souvent diviser dans des paysages dissociés évoquant leur composant.

       C'était ainsi le jour où les premières années allaient enfin mettre un pas dans les quartiers qu'ils occuperont pour les prochaines années. Sur les quais les connaissances commençaient déjà à se faire, les groupes d'amis déjà proches se retrouvaient, les solitaires engendraient une discussion avec leur voisin de valise ou d'autre plus silencieux sortaient un livre à feuilleter ou leur téléphone. L'ambiance était vivante, bien plus bruyante que lors de la cérémonie et tous les quais dont les couleurs évoquaient chacun leur élément étaient à présent plus ou moins emplit. Chaque construction était bien différentes, le quai qui devait sûrement relier à la cité de terre ressemblait par exemple à une roseraie, des arches décoraient de fleurs aux milles et une couleurs transformaient la plate forme en un chemin lumineux et accueillant semblant mené à un jardin d'Éden. Pour la cité de l'air, la station n'avait que des murs en verre. De plus, leur navette ressemblait bien plus à un téléphérique qu'à un train, le département se trouvant sûrement plus en hauteur que les autres. Cohérent pour ceux qui écoutaient le vent.

       C'est le quai aux reflets bleus qui était le plus calme et aussi le vide, on pouvait compter les nouveaux étudiants sur les doigts des mains. Sur les trois salles plaines à craquer qui ont servi pendant la journée de bienvenue, ils n'étaient pas même une dizaine à avoir décidé de suivre le cursus aquatique. Sur l'un des bancs était installée Ash entrain de pianotée frénétiquement sur son écran tactile. Près d'elle se tenait une valise qui rassemblait son nécessaire personnelle et sur son épaule un large sac cuivré en bandoulière pour les babioles inséparables. Ses bottines frappaient frénétiquement le carrelage topaze alors qu'elle jetait un œil sur les entourages. Les autres sirènes qui l'accompagnaient étaient tout aussi silencieux qu'elle et chacun c'étaient installés dans un coin en attendant que leur navette ne se présente. Le quai était très beau s'en fit elle la réflexion. Le sol et les poutres étaient construites à partir d'une composition de marbres et de touches de topaze pour les nuances bleus qui ensemble dessinaient un agréable décor donnant l'impression de marcher sur une mer calme. Les pierres précieuses couleur pluie s'illuminaient comme des paillettes incrustées vaguement sur le chemin, similaire à des gouttes d'eau tombant éternellement sur la surface. Les railles en fer blanc installées plus bas que la plate forme avaient les pieds dans l'eau, un début de mer clapotait à son contact laissant imaginer que le transbordeur traversait sûrement une large étendu aquatique, probant pour le département fluviatile.

       Continuant son admiration, ses yeux fut attirer dans la direction d'où provenait d'euphoriques rires. Un peu plus loin, sur un autre quai dont le nez était tourné vers l'Ouest, celui ci bien remplit, une foule agglutinée s'esclaffait dans tous les sens. Le décor de leur arrêt était bien différent de celui que Ash occupait. Leurs marbres sombres donnaient l'impression de marcher dans le vide et les topaze avaient été remplacé par de plus large rubis placé comme des couronnes en haut de chaque colonne. " les allumettes... " pensa t'elle en les évaluant de la tête aux pieds. Tous semblaient bien énergiques et impatiens. En les examinant, elle remarqua la facilité qu'ils avaient à venir se parler, à discuter sans poids entre eux même s'ils ne se connaissaient que depuis une minute. Mais elle remarquait aussi les mauvais regards que certains envoyaient dans le dos de leur voisin, ce qui ne la surpris pas plus. "Courageux et fougueux, mais à la jalousie facile et à la langue de vipère" se souffla t'elle intérieurement. Il y avait tout de même quelques uns qui restaient plus silencieux et à l'écart des autres, les regardant timidement sans chercher à s'approcher. C'étaient sûrement des mineurs, dont le feu n'était pas l'élément le plus imposant. Il était parfois facile de voir une différence marquante dans les manières de chacun, un aigle et un colibri n'a pas la même manière de voler.

       Alors qu'elle continuait de balader son regard sur le quai des allumettes, celui ci croisa soudainement une paire d'yeux qui semblait la fixer en retour. Deux pupilles plus sombre et plus profonde que le marbre de leur plate forme paraissait ne pas la lâcher. Ash soutint alors le regard un long moment, se laissant avaler par ces trous noirs qui lui donnait une étrange sensation, un frisson lui parcouru même la longueur du dos. Puis finalement elle se concentra sur la personne qui semblait la regarder ainsi. Entouré par d'autres jeunes, seule sa tête s'évadait du groupe. Elle remarqua ses cheveux légèrement long amassés vers l'arrière et aussi sombre que ses yeux. Son visage était tourné dans sa direction et il ne bougeait pas, comme si il n'était pas du tout intéressé par les discussions accourant autour de lui et préférait la fixer étrangement, ses sourcils froncés.

Ce visage lui semblait alors vaguement familier, pas l'un qu'elle aurait approché mais qu'elle avait assurément déjà vu une fois. Puis comme une illumination elle se rappela d'où elle l'avait croisé. "le danger public de l'amphithéâtre !" s'exclama t'elle à elle même. Cela lui revenait, il était le sang pur qui avait mis le feu à toute la scène, Hwang hunji, hinju, hyunji.. quelque chose dans ce genre. Elle ne trouva pas son nom même si il semblait danser sur le bout de sa langue. « L'héritier Hwang bien sûr... »

       Ash allait relever les yeux dans sa direction pour voir si celui ci était toujours concentré sur elle, mais un bruit strident approchait à grande vitesse vers elle pour laisser quelques secondes après apparaître une large capsule en fer blanc jouissant de fenêtre sur chacune de ses faces. La navette était enfin là, ce qui invita la sirène à enfin quitter son banc et se rapprocher de celle ci. Les autres étudiants faisaient de même alors que les portes du transport s'ouvrirent dans un bruit d'air s'échappant pour dévoiler une silhouette habillé d'un long manteau au couleur du département. Une main nonchalamment installée au dessus de la porte, c'était un homme aux yeux fatiguées, ses cheveux jeté vaguement en arrière mélangés des pointes brunes et de racines déjà grisâtres, une barbe de trois jours s'expandait librement sur le bas de son visage. La chemise qu'il portait était encore froissée et la moitié des boutons n'étaient pas fermé, laissant alors le visu sur un t-shirt noir en dessous.

"-hmm bonjour.." marmonna t'il d'une voix grave et vague. Aucun doute, ce professeur semblait la tête encore dans son oreiller. Le professeur Wulin était pourtant l'un de ces quelques chercheurs renommés et celui à la tête du département bleuté. Il était le dernier étudiant en liste, et celui il y a de là plusieurs dizaines d'années déjà, ayant rejoint l'académie d'Hagueveil et dont l'élément principale était l'eau. Ses études ayant été un total succès, il a continué son parcours jusqu'à obtenir à son tour la place de professeur et chef de secteur dans l'académie. Bien qu'à présent il n'était plus le dernier en liste que l'eau avait choisi, avec l'arrivée de Ash qui avait fait fureur le premier jour et dont le nom avait déjà parcouru toutes les bouches du personnel d'Hagueveil.

       Le professeur, le regard à peine ouvert passa sans attention ses yeux sur la poignet d'étudiant qui le regardait sans piper mot. "- je suppose que tout le monde est là, marmonna t'il une nouvelle fois, l'appel sera une perte de temps donc prenez vos sacs et montez." souffla t'il en zieutant vaguement la feuille qu'il avait en main avant de finalement la ramasser dans sa poche et se retourner pour laisser la porte de la navette libre. Les quelques étudiants attrapèrent leurs valises et sacs sans attendre et montèrent dans la capsule en fer. Ash en fit de même en allant chercher la valise qu'elle avait laissé près du banc. Mais avant de monter dans leur train, elle lança un rapide coup d'œil vers le quai voisin, là où elle avait croisé cette étrange regard noire. A sa grande déception ou plutôt à son soulagement, ces yeux avaient disparu. La navette direction la cité flamboyante semblait elle aussi être arrivé et de leur côté ils étaient occupés à faire l'appel. Ash ne perdit alors pas plus de temps et monta finalement dans le transbordeur sans en être la dernière. Le professeur Wulin, bien qu'il semblait encore dormir debout, scrutait chaque étudiant lorsqu'il entrait et Ash eu l'impression qu'il l'examinait plus longtemps que les autres, lui laissant un sentiment de gêne la parcourir avant qu'il détourne enfin le regard. Il l'avait sûrement reconnu, la toute nouvelle "génie de l'eau".

       Le dernier jeune entré avec ses valises, les portes se refermèrent derrière lui et pas même après quelques secondes d'attente, le train commença doucement a avancé, entrant doucement ces railles dans l'eau. La jeune femme en profita pour prendre place sur l'un des sièges d'une rangé libre. Le wagon était spacieux et bien trop grand pour le peu qu'ils étaient. Les sièges étaient habillés d'un velours aux nuances perle aqua alors que la couleur du sol évoquait les plages de sable. Dans la navette aussi, l'ambiance était au roi du silence et seul les ronronnements de la machine résonnaient en continue pendant qu'à travers les fenêtres on voyait les bâtiments de la plateforme centrale s'éloignaient, laissant place à un large paysage libre. Le monstre de fer glissait à la surface d'une étendu d'eau dont le bout se perdait dans l'horizon. Un peu plus loin en hauteur, on pouvait vaguement apercevoir une gigantesque tour sombre s'élevait comme un titan sortant du sol. Par sa couleur et sa forme, on pouvait deviner qu'il devait s'agir du département du feu, là où le quai voisin donnait.

       Soudainement les ronronnements du transbordeur disparurent comme une bulle qui éclatait et les décors extérieur devinrent en un instant bleu sombre. La bête venait de plonger dans l'immense lac pour commencer son voyage aquatique. L'eau qui était d'abord sombre et épaisse devint doucement irréellement transparente, laissant alors apparaître un monde amphibien immense. La machine avançait toujours à grande vitesse pendant qu'autour d'elle différentes espèces se baladaient doucement près des railles. Des tortues plus ou moins grandes se laissaient porter par les courants. Plus loin des bancs de poissons similaires à un nuage jouaient à cache cache dans d'immenses branches d'algues qui se dandinaient en rythme. Plus loin encore, des bêtes connues injustement pour leur férocité semblaient espionner avec envie les bancs de poissons.

A l'intérieur du train, tout le monde restait happer par le spectacle de vie aquatique qui se jouait dans les fenêtres. C'était la première fois qu'ils voyaient tel chose. C'était un tout nouveau monde, celui de leur tout nouveau département et qu'ils allaient côtoyer quotidiennement à présent.

Après plusieurs minutes de voyage, un nouveau décor apparu à l'avant. Comme une énorme bulle, un bloc de verre pointa le bout de son nez dans les fonds marins avec à l'intérieur plusieurs bâtiments qui se dessinaient. Comme une Atlantide perdue, l'énorme bulle transparente devait être leur maison. 

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Signé,

Hecatombe.