19. Amis ?
Asher
Perdu, je fixe la porte par laquelle Hadley vient de s'échapper. Mon cerveau semble avoir fui mon corps pour m'éviter de disjoncter à trop réfléchir sur ce qu'il vient de se dérouler. Un vide intersidéral emplit ma poitrine et ma tête. Je profite de ce calme avant que la tempête ne se déchaîne en moi. Malheureusement, le silence aura été de courte durée.
Dès que Miles ouvre cette foutue porte qui a englouti Hadley il y a quelques minutes en me demandant comment je me sens, les vannes s'ouvrent et déversent le torrent de sentiments et de pensées avec violence. Je lui réponds faiblement que ça va avec une impassibilité presque effrayante alors que l'orage rugit en moi. Les mots que mon ex a prononcés plus tôt ne cessent de tourner dans mon crâne à m'en donner une migraine atroce. Le "parce que je t'aimais !" qu'elle m'a hurlé aux oreilles terrasse tout sur son passage jusqu'à effacer le reste. C'est au moment où ces quelques lettres ont dépassé ses lèvres que j'ai abdiqué. J'ai rendu les armes et me suis laisser charmer. Ses mots se sont insinués au plus profond de mon être pour apaiser ma douleur et réparer les fêlures comme à cet instant. Je ferme les yeux pour savourer le son si parfait de sa voix qui me chuchote inlassablement cette phrase qui m'a désarmé.
Peut-être était-ce son but ? M'ensorceler comme l'aurait fait un charmeur de serpent afin de me rendre inoffensif ? Je devais rester fort, lui résister afin de l'éloigner et l'oublier cependant je me suis fais avoir comme un bleu. Elle m'a séduit avec tellement de facilité que c'en est consternant.
Je souffle et m'allonge sans douceur sur mon lit en calant un bras en travers de mon visage. Putain, je suis vraiment qu'un crétin. J'ai été aussi faible qu'un petit chaton face à une lionne aux dents acérées.
Miles lâche un petit rire avant de me lancer :
— Je ne sais pas qui est cette nana mais elle à l'air de t'en faire baver.
Il ne croit pas si bien dire. Si il savait quel style de mec j'ai été avec elle, il me traiterait sûrement de couilles molles. Dans le genre amoureux transi, j'étais pas mal à l'époque. Et je ne dois pas être beaucoup plus coriace aujourd'hui.
Alors qu'il se marre encore, je grogne pour lui intimer de se la fermer. Je n'ai pas besoin de ses réflexions pour savoir que je me suis fait mener par le bout du nez par Hadley. Cette fille aura toujours une emprise sur moi. Malgré le mal qu'elle m'a fait, je n'arrive pas à la détester. C'est impossible d'ignorer ce qu'elle est au fond d'elle. Je ne parviendrai jamais à effacer tout ce qu'on a vécu et l'affection que je lui porte.
En plus, avec le mystère qui règne sur ce qu'elle vient de m'annoncer, elle ne risque pas de sortir de ma tête. Bien décidé à découvrir ce qu'elle m'a caché, j'attrape mon téléphone sous mon dos prêt à enquêter. De toute façon, je n'arriverai à rien d'autre ce soir. Lorsque mon pouce glisse sur l'écran pour déverrouiller le portable, une photo d'une magnifique brune souriante apparaît. Hadley. Oups. D'accord, je suis pris en flagrant délit, elle occupait déjà toutes mes pensées avant qu'elle n'entre dans cette chambre. Je quitte l'image et continue à défiler son mur Facebook. Seulement, la recherche est infructueuse. Son profil n'est pas public et comme elle m'a supprimé de partout quand elle m'a quitté, je ne peux rien récupérer comme information.
Sans hésitation, je clique sur le bouton d'ajout. Un coup de stress monte en moi et je suis propulsé des années en arrière quand j'essayai d'attirer l'attention d'une fille pour la première fois. Je suis aussi angoissé et excité qu'un gamin pré-pubère qui croise une jolie fille. Pathétique.
Le plus affligeant c'est que je ne quitte pas des yeux mon écran de peur de louper le moment où elle acceptera ma demande. Je suis prêt à rester éveiller toute la nuit s'il le faut. Lorsque je reçois une notification , mon cœur s'emballe et un sourire d'idiot s'étend sur tout mon visage. Elle m'a accepté ! Je peine à y croire. Elle devait être sérieuse quand elle disait qu'elle voulait améliorer les relations entre nous.
Maintenant, place à l'enquête. Je découvre rapidement une ou deux photos d'elle accompagnée de sa petite sœur, puis de paysages tels que la plage et le centre de Los Angeles. Lorsque je tombe sur une photo de moi, mon cœur bondit dans ma poitrine. Bordel, je ne m'y attendais pas du tout. Je crois que mon souffle s'est coupé tellement la surprise est grande. Je reprends tranquillement mes esprits et me concentre à nouveau sur mon téléphone.
Je me souviens du moment où elle a été prise. Nous étions chez moi, installés sur le canapé. On avait passé la journée rien que tous les deux car mes parents étaient partis en weekend sur la côte est pour leur anniversaire de mariage. Sournoisement, j'en avais profité pour inviter ma petite-amie à passer son samedi et dimanche avec moi. En sortant de la piscine, Hadley avait voulu regarder une de ses comédies à l'eau de rose. Elle m'avait supplié de toutes ses forces alors j'avais fini par accepter. Elle s'était lovée contre moi dans l'immense banquette de mes parents pour regarder son film.
Plus les minutes s'étaient écoulées, plus je rechignais et râlais pour éviter ce supplice. Sa comédie était beaucoup trop niaise. Alors j'avais enfoui ma tête dans son cou en enroulant mes bras autour de sa taille pour parsemer de petits baisers sur sa peau si douce. J'avais humé avec ivresse son odeur et l'avais supplié d'arrêter de regarder son film. Hadley avait alors explosé de rire en m'ordonnant d'arrêter de la déconcentrer. Loin de l'écouter, au contraire, j'avais eu pour mission d'attirer son attention. Entre chaque baiser posé sur son cou, je tentais de la faire flancher en lui murmurant tout ce qui me passait par la tête.
Son rire mélodieux m'avait encore frapper en plein cœur quand elle m'avait traité de gamin. Puis, elle avait immortalisé ce moment sur son téléphone pour qu'elle puisse montrer à ses copines le bébé que j'étais. Sur la photo, ses yeux souriaient autant que sa bouche, si ce n'est même plus. Ils brillaient d'une lueur joyeuse qui ne la quittait jamais. Ses joues étaient rosies et je me souviens avoir aimé penser que c'était dû à l'effet que je lui faisais. Dans son cou, on apercevait seulement une partie de mon visage pourtant on ne pouvait pas louper le fait que j'étais raide dingue de cette fille.
D'ailleurs, je lui avais prouvé cette nuit-là. Mon corps lui avait transmis tous mes sentiments pendant que nous faisions l'amour pour la toute première fois. Hadley m'avait témoigné la réciprocité de mes sentiments quand elle m'avait cédé. Grâce à quelques baisers plus appuyés sur sa peau douce qui avaient ébranlés ses sens et fait accélérer sa respiration, elle avait délaissé son film pour m'embrasser fougueusement. Elle avait ensuite entrepris d'enlever en hâte mon haut et nous n'avons jamais connu la fin du film.
A ce souvenir, mon ventre se sert. Nous étions si bien ensemble. Il n'y a qu'avec elle que je me sentais si serein et heureux. Ces émotions me manquent.
Pour tenter de passer à autre chose, je poursuis mon enquête. Toujours troublé par mes pensées, je fais défiler des photos où on la voit avec Emilia, sa meilleure amie de l'époque. En regardant la date de publication, je vois que chaque semaine, elles partageaient un moment de leur quotidien. Elles étaient inséparables.
Ce constat me fait soudainement tiquer. Je remonte jusqu'en haut de son profil pour vérifier ma théorie. Comme je le pensais, il n'y a plus aucun échange entre elles depuis presque deux ans. A vrai dire, son compte Facebook est quasiment vide depuis la même date. Tout ceci correspond à peu près au moment où elle m'a largué sans aucune explication. Bordel, c'est trop gros pour que ce ne soit qu'une coïncidence.
Quoi qu'il lui soit arrivé, elle a tenté de le cacher. Ou alors c'était tellement grave qu'elle a coupé les ponts avec tous ses amis.
Cette constatation me rend encore plus curieux. Qu'est-ce qui lui est tombé dessus ?
Je suis coupé dans ma réflexion par un nouveau message. La bulle de Messenger s'affiche sur mon écran. Je clique dessus sans vraiment faire attention à l'expéditeur.
Quand je disais être ami c'était dans la vraie vie ! Je ne pensais pas que tu prendrais à la lettre mes mots.
Même à travers l'écran, j'arrive à imaginer l'air espiègle de mon ex quand elle a écrit ces mots. Bizarrement, j'oublie un instant tout ce que je viens de découvrir pour me focaliser sur son message.
Il faut bien commencer quelque part. Et puis, tu disais pas que Facebook rapprochait les gens justement ?
Comme si on était toujours tous ensemble les uns les autres, ouais. Mais je me suis lassée. J'étais jeune et bête.
Sa réponse est instantanée. Je me surprend à apprécier ces échanges comme si elle était près de moi et que nos erreurs s'étaient effacées. Pourtant, rien n'est plus pareil. Alors qu'avant je balançais ce qui me passait par la tête, aujourd'hui je choisis avec soin mes mots. Quoi qu'elle en dise, la nouvelle Hadley est différente de l'ancienne. Il faut que j'apprenne à nouveau à la connaître.
J'étais jeune et bête aussi, peut-être même plus que toi et pourtant je préférais quand même le contact humain.
Que veux-tu Wade ? Que je te dise que tu as raison ?
Je souris. Peut-être que finalement elle n'a pas tant changé que ça. Son air taquin est toujours là.
Ouais ça serait pas mal.
Ok, alors je me lance.
Celle-là je ne m'y attendais pas. Avant, jamais elle n'aurait baissé les bras si facilement. Alors que je m'apprête à répondre, un nouveau message s'affiche.
Tu étais vraiment beaucoup plus bête que moi.
Je laisse échapper un petit rire. Mon cœur se gonfle dans ma poitrine. Secrètement et sans vraiment le savoir, j'espérais ceci : retrouver la fille dont j'étais tombé amoureux. C'est ce que je souhaite depuis le soir où je l'ai revu au stade mais j'étais trop occupé à me convaincre que je la détestais pour m'en apercevoir. Le déclic s'est fait ce soir quand ce connard de Wildcat s'en est pris à elle. Il m'a fallu attendre cette confrontation pour me rendre compte que je tenais toujours à mon ex.
Maintenant que j'ai les idées plus claires, un choix s'offre à moi. Soit je tente de récupérer Hadley et dans ces cas-là je dois oublier toute ma rancœur. Soit j'essaye d'assouvir ma curiosité en découvrant ce qu'elle me cache et je reste éloigné. Ce ne serait pas sain d'enquêter dans son dos tout en étant avec elle, ça me rendrait complètement dingue. Sauf que je me sens désormais incapable de lâcher l'affaire sur la raison qui l'a poussée à prendre ses distances avec ses proches mais en même temps je crois que je ne pourrais pas être simplement ami avec cette fille.
Asher Wade, tu es dans la merde jusqu'au cou.
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