Je pensais avoir de la chance lorsque j'avais vu que le secrétariat était ouvert aujourd'hui. Je crois que chacun d'entre nous, nous nous sommes déjà plaints des horaires abominables des secrétariats qui n'ouvrent que lorsque personne ne peux s'y rendre. Mais désormais, j'aurais préféré qu'il soit fermé. Cela m'aurait évité d'avoir affaire à cette bonne femme aigrie et bornée, qui ne comprenait rien à rien.

- Comment vous appelez-vous? me demande-t-elle d'un ton lasse.

- Hadley Lane, je vous l'ai déjà dit, essayé-je de rester calme.

Elle me toise sûrement mécontente du ton que j'emploie avec elle et continue de pianoter sur son ordinateur. J'appuie mes coudes sur le comptoir et observe son bureau pour patienter.

Son espace de travail est assez simple mais spacieux, des murs blancs, un comptoir séparant son bureau du reste de la salle. De l'autre côté de la pièce se trouve un autre bureau mais ce dernier est vide. La secrétaire me sort de mes pensées.

- Vous êtes inscrite en quoi ?

- Éducation, répondis-je agacée.

- Pourquoi vous n'arrivez que maintenant ? Les cours ont déjà repris depuis plus d'un mois ! me reproche-t-elle.

Comme si je ne le savais pas, franchement. Elle me prend pour une débile ou quoi ? Je souffle ennuyée et lui réponds.

- J'ai eu quelques problèmes.

Elle me regarde attentive en attendant que je poursuive. Ce que je n'ai pas l'intention de faire, je ne vais pas déballer ma vie à une inconnue, désagréable qui plus est. Elle continue à me fixer ce qui m'énerve.

- Vous attendez quoi ? Les détails ? Ça ne vous regarde pas.

Je l'entends marmonner avant qu'elle me dise que tout est bon et que je peux entrer en cours quand je le souhaite. Je ressors du secrétariat avant de commettre un meurtre et je m'émerveille encore une fois. Chaque fois où j'ai posé un pied dans cette université, j'étais impressionnée par son immensité et sa beauté. Bien que je ne m'intéresse pas vraiment à l'architecture, je dois reconnaître que celle de l'Université de Californie à Los Angeles, aussi connu sous le nom de UCLA, est magnifique. Sa couleur rouge est en harmonie avec le temps ensoleillé et chaud. Beaucoup d'étudiants déambulent dans la fac, certains profitent du beau temps pour s'allonger dans l'herbe écoutant de la musique ou lisant un bon livre. D'autres se pressent d'aller en cours ou rigolent avec leurs amis. La vie peut paraître tellement simple pour certains, pourquoi faut-il que pour moi ce soit extrêmement compliqué ?

Je me dirige vers le métro pour rentrer chez moi puisque je n'ai pas prévu de faire ma rentrée aujourd'hui. Je mets mes écouteurs et lance ma playlist pour patienter jusqu'à chez moi étant donné la longueur du trajet.

Heureusement que nous ne sommes pas en plein horaire de pointe car j'en aurais pour pas loin de deux heures de transport. Là, dans un peu plus d'une heure, je devrais être chez moi.

*

Comme prévu j'arrive à Long Beach après une heure dix de métro et de bus. Qu'est-ce que les allers et retours vont être fatigants ! Je ne suis pas vraiment d'humeur à rentrer chez moi, d'ailleurs je ne le suis presque jamais, alors je préfère me promener un peu dans les rues de ma ville natale.

J'ai toujours vécu ici. J'y ai fais mes premiers pas, dis mon premier mot, j'y allais à l'école, puis au collège, j'ai eu mes premiers amis ici. Toute ma vie est à Long Beach. J'aime beaucoup cette ville, il y a beaucoup d'activités, du soleil, la plage, de nombreuses boutiques, de belles maisons, des rues accueillantes, des gens chaleureux.

Pourtant depuis quelques temps, je me sens prisonnière de cet endroit, je suis bloquée ici. Aller à UCLA c'est comme un nouveau départ, un sentiment de liberté. Enfin c'est ce que je pensais. C'est ce que j'avais toujours espéré. Mais je sais que ce n'est pas le cas, puisque sinon je me serais enfuie dès la rentrée, la vraie, pour aller à l'université. Malheureusement j'ai dû attendre un mois. Un misérable mois. Croyez moi j'aurais préféré y aller avant. Vous devez me prendre pour une folle, pressée d'être en cours, mais à choisir j'aurais largement préféré aller à la fac même cet été plutôt que de rentrer un mois plus tard.

Je regarde l'heure sur mon portable et me dirige vers l'école de ma petite sœur pour la récupérer.

J'attends devant le portail avec quelques parents peu nombreux. Ici, la plupart des enfants rentrent chez eux tout seul en bus puisque souvent la famille n'est pas très présente pour eux. L'excuse la plus récurrente c'est le travail. Moi j'ai toujours eu la chance qu'on s'occupe bien de moi et je veux faire pareil avec ma petite sœur. Je n'accepterai pas le fait qu'elle se sente abandonnée.

Des gamins commencent à sortir en courant. Je tente de repérer une petite tête reconnaissable. Je la vois arriver à toute vitesse vers moi, le sourire aux lèvres, ses cheveux châtains clairs au vent. Elle me saute dans les bras et je la réceptionne.

- Hady ! crie-t-elle joyeuse.

Je l'embrasse, puis la repose avant de lui prendre la main.

- Alors comment s'est passée ta journée Cél ?

- Trop bien, me dit-elle enjouée. Je sais faire les multiplications à deux chiffres toute seule maintenant !

Je ris face à tant d'enthousiasme de sa part. Céleste a toujours aimé l'école, comme moi.

- Ouah, c'est que ma petite sœur devient grande !

- Et oui ! affirme-t-elle avec fierté.

- Ça te dit une glace pour te féliciter ?

- Oh oui Hady tu es la meilleure des sœurs !

Ses yeux verts se remplissent de lueurs de bonheur. C'est pour ces moments là que je prends soin d'elle, que je passe le plus de temps possible à ses côtés. C'est pour sa petite bouille d'amour que je vais faire tout ces longs trajets jusqu'à mon université chaque jour.

Trop contente et pressée d'avoir sa glace, Céleste se met à courir m'entraînant avec elle.

*

- Mais enlève tes chaussures Hady, tu vas avoir du sable dans tes chaussures sinon, me conseille la jolie petite fille qui me sert de sœur.

- Et toi fais attention à ta glace si tu ne veux pas qu'elle se retrouve par terre ou dans mon ventre.

- Non tu oserais pas, me certifie-t-elle.

- Tu veux parier ?

Je lève un sourcil comme signe de défi. Elle comprend de suite que je ne rigolais pas et s'éloigne de moi le plus vite possible. Je la poursuis en rigolant. Qu'est ce que cela peut être bénéfique de passer du temps avec une personne heureuse, une personne qui vous fait du bien. Elle hurle en me disant d'arrêter, ce que je ne fais pas et finis par la rattraper. Je l'attrape par les hanches pour la stopper. Elle tente de s'enfuir en vain et je ressers mon étreinte.

- Allez partage ! lui ordonné-je en souriant.

- Jamais de la vie je partagerais ma glace avec toi, s'entête-t-elle.

- Qui c'est qui l'a payé cette glace à la vanille dis-moi ? la taquiné-je.

Elle fait la moue ce qui me fait sourire.

- Sinon je te fais des chatouilles, la menaçé-je.

- Non, hurle-t-elle en se rendant, tiens ma glace !

Elle se retourne pour me la tendre effrayée par ce chantage ce qui me déclenche un fou rire. Nous nous asseyons toutes les deux sur le sable pour partager notre glace en se racontant notre journée, parlant des personnes que nous voyons passer. Une fois terminé, nous nous dirigeons vers la maison pour rentrer.

- Hady, j'ai plein de sable partout à cause de toi, se plaint-elle, même dans les cheveux.

- C'est pas grave, en rentrant tu les laveras.

- Tu pourras le faire s'il te plaît ?

Elle me fait les yeux doux pour que j'accepte, ce que je fais immédiatement, incapable de lui résister. Elle aime bien quand je lui lave les cheveux, elle dit que c'est un massage de la tête mieux que chez le coiffeur.

*

J'ouvre la porte et je suis de suite accueilli par des cris.

- Céleste monte te doucher je te rejoins, ordonné-je durement.

Elle obéit sans broncher, sachant pertinemment que quand je suis dans cet état il ne faut pas me contredire.

- C'est à cette heure-ci que vous rentrez ? beugle mon père.

- On est passé par la plage, Céleste a bien réussi sa journée, elle avait le droit à une récompense, expliqué-je en essayant de rester calme.

- Parce que tu crois que c'est à toi de décider de ce à quoi elle à le droit ou non ? aboie-t-il.

Je sais qu'il est préférable de ne rien répondre dans ces cas là, alors je m'écrase.

- Non je ne crois pas, tu es simplement sa sœur Hadley, retiens bien ça dans ta petite tête, rugit-il en posant son doigt sur ma tempe.

Je fulmine de l'intérieur mais je ne rétorque rien de peur d'envenimer les choses, alors je prends la fuite vers la salle de bain pour rejoindre ma petite sœur. J'entends mon père crier quelque chose derrière moi, mais je n'y fais pas attention, trop habituée à ses cris et ses mots blessants. Voilà, bienvenu dans mon quotidien. Ce quotidien contradictoire entre le bonheur d'être avec Céleste et l'accablement de devoir supporter les infâmes agissements de mon père.

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Voilà ma nouvelle histoire! Je travaille dessus depuis pas mal de temps et je me suis dis que ça serait le bon moment pour publier le début!

Par contre je vais publier les chapitres de façon très espacés, et je m'en excuse d'avance, car j'essaye en même temps de ne pas délaisser les autres.

J'espère que le début vous a plu, n'hésitez pas à me donner votre avis.

Merci à tous !!