60 | « Bye bye miss caniche »
N O L A
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— FAUT ABSOLUMENT QU'ON TROUVE UN MOYEN POUR DÉGAGER PAULINE.
Nous étions tranquillement allongés au bord de lac pour nous reposer, en prévision de la prochaine soirée montdesboisienne à laquelle nous étions conviés. Noé avait baragouiné quelque chose à propos d'une clairière et de bracelets assortis, mais je mentirais si je vous disais que j'avais tout compris de ce qu'il avait essayé de nous expliquer.
Toujours est-il que nous étions tranquillement en train de faire bronzette sur la berge. Hortense, Noé, Basile et Julie — si je ne me trompe pas — avaient réquisitionné l'une table des tables en bois un peu loin, pour pouvoir tranquillement jouer aux cartes.
Dorian était étalé dans le sable tel une étoile de mer, mais il n'allait sans doute pas tarder à se lever pour rejoindre l'eau. J'avais cessé de comptabiliser le nombre de ses aller-retours en arrivant au vingtième. Maël et Pauline jouaient avec un ballon de volley dans l'eau du lac.
Quant à Jules et moi, nous étions allongés sur nos serviettes, faisant semblant d'être occupés pour éviter que le pseudo couple ne nous force à venir jouer avec eux.
— Non mais vraiment, insista Jules, les yeux toujours rivés sur les deux adolescents qu'on entendait rire de la plage.
— S'il est heureux avec elle, qu'est-ce que tu veux qu'on y fasse ?
— Il est pas heureux.
J'haussai un sourcil et me redressai sur ma serviette de plage, délaissant le livre que j'avais ouvert pour la première fois depuis notre arrivée au camping des Trois Dauphins.
— Il a l'air vraiment malheureux, c'est clair, approuvai-je ironiquement en apercevant sans problème le sourire niais de Maël, par dessus mes énormes lunettes de soleil.
— Il s'en rend pas encore compte, c'est tout, s'entêta le brun. Il faut qu'on fasse quelque chose pour lui. Il a rien à foutre avec elle.
Après avoir posé mes lunettes de soleil sur ma tête, je détaillai brièvement les deux adolescents qui s'amusaient dans l'eau. Ils avaient tout du nouveau couple de jeunes ; rire, complicité et insouciance. Mais, difficile d'oublier les récents événements.
— Ok, tu proposes quoi ?
Jules m'adressa un grand sourire.
— J'en ai aucune idée. On parle de notre plan à Dorian ?
— On n'a pas de plan, rappelai-je avec un demi-sourire. Mais, je suis pas sûre que ce soit une bonne idée. Il s'entend plutôt bien avec Pauline, non ?
— Ouais, c'est un peu grâce à lui qu'ils se sont mis ensemble. Dorian s'est retrouvé dans la même classe qu'elle en seconde, donc c'est lui, en quelque sorte, qui les a présentés.
Honnêtement, vu les plans proposés par Dorian à chaque fois et sa capacité à se mettre dans des situations improbables — vous vous souvenez de l'opération qui consistait à enfermer Hortense et Maël dans la cabane du maître nageur ? Et qu'il avait ensuite perdu les clefs dans le lac ?
— Non, décidai-je avec fermeté. Hors de question d'inclure Dorian dans notre plan.
Alors que mon regard glissait sur les gens présents sur la plage, il s'arrêta sur un couple d'une vingtaine d'années qui semblait se disputer. Visiblement, la femme avait fait quelque chose qui avait fortement déplus à son copain car, même de ma place, je pouvais nettement voir des larmes au bord des yeux de ce dernier.
— J'ai une idée ! m'exclamai-je en me relevant brusquement, faisant sursauter Jules qui réfléchissait à côté de moi.
— Quoi ? C'est quoi ?
— Suis-moi !
J'attrapai Jules par le bras et le traînai jusqu'à la table de pique nique qu'occupaient nos quatre amis.
— Basile, tu peux venir voir une seconde s'il te plaît ?
Le Montdesboisien m'adressa un regard surpris mais daigna tout de même se lever pour nous suivre. Avant de partir, Hortense me regarda bizarrement, et je devinai qu'elle avait très bien compris que nous préparions une connerie avec Jules. Nous entraînâmes Basile a l'écart du reste du groupe pour échapper à leur vue.
— Qu'est-ce que vous complotez tout les deux ? lança Basile en fronçant les sourcils.
— Ça se voit tant que ça ? répondit Jules en feignant la surprise.
— Nola a un air de conspiratrice, et toi on dirait que tu prévois de tuer quelqu'un.
Nous échangeâmes un regard avec Jules avant qu'un sourire sadique n'apparaisse sur son visage.
— Ah, c'est une idée. Si ton plan ne marche pas, Nola, on pourra toujours essayer l'assassinat.
Nous nous regardâmes d'un air complice sous le regard blasé de Basile, qui ne comprenait rien à la situation.
— Des explications seraient la bienvenue, marmonna les Montdesboisien. Surtout que vous m'avez kidnappé en pleine partie de président, alors que j'allais faire une révolution et écraser tout le monde.
— On a besoin de toi pour mettre notre plan à exécution, déclara solennellement Jules en s'asseyant par terre en tailleur.
Basile et moi-même nous assîmes également sur le sol en terre devant le bar.
— Quel plan ?
— On veut séparer Maël et Pauline, expliquai-je avec un petit raclement de gorge.
— Et on peut savoir pourquoi ?
— Elle l'a jeté comme une vieille chaussette juste avant le bac, et là elle revient comme une fleur alors qu'il venait de se réconcilier avec Hortense. Et, en plus elle nous gâche nos vacances. À cause d'elle, on fait que des trucs séparément en ce moment.
— Franchement, c'est pas une fille bien, appuya Jules. Et, t'aurais dû voir l'état de Maël quand elle l'a quitté ; une vraie loque. J'ai cru qu'il allait rater son bac à cause d'elle. Hors de question qu'il finisse à nouveau comme ça.
Basile nous observa quelques minutes d'un air songeur, analysant sûrement la situation.
— Ah ouais, c'est pour ça qu'Hortense fait semblant de sortir avec Noé ?
— Euh, ouais, avouai-je en faisant la moue. C'était pas prévu au programme, mais elle a paniqué.
Basile se frotta les yeux, soupira, jeta un regard autour de nous comme pour vérifier que personne ne nous épiait. Puis, il soupira à nouveau en nous fixant avant de déclarer :
— Ok, je veux bien vous aider. En quoi consiste ce plan si génial ?
— L'idée, ce serait que t'essayes de te rapprocher de Pauline et que Maël vous surprenne : si t'es en train de l'embrasser à ce moment là, c'est encore mieux ; comme ça, ils se disputent. Et, tchao ! Bye bye miss caniche.
Les deux garçons m'observaient maintenant avec des yeux ronds.
— T'es sûre que ça va marcher ?
— Connaissant Maël, c'est sûr à 4738392%, rétorqua Jules.
— Mais, ça va pas lui briser le cœur ?
Je roulai des yeux et laissai échapper un soupir d'agacement.
— Oh, le but c'est de le faire rompre avec son ex avec qui il vient de se remettre. On peut bien faire n'importe quel plan, si on atteint notre objectif ; le résultat sera le même dans tous les cas de figure.
Les deux adolescents hésitaient. Même Jules ne semblait plus aussi sûr de lui. Pourtant, j'étais convaincue que c'était le seul moyen pour que Pauline disparaisse définitivement de la vie de Maël — et des nôtres également.
Cette fille n'était peut-être pas méchante en apparence, mais qu'est-ce que l'apparence après tout ? Le simple fait de savoir qu'elle avait largué le blondinet juste avant le bac, et que maintenant elle revenait lui mettre le grappin dessus, alors qu'il s'en remettait tout juste, m'assurait que ce n'était pas une bonne personne. En bref, elle me donnait envie de gerber.
— Ok, on fait comme ça, décida Jules en me fixant droit dans les yeux. Hors de question qu'il reste plus longtemps avec Pauline. Elle mérite pas un gars comme lui.
— Je marche aussi, suivit Basile en m'adressant un clin d'œil. Les potes, c'est le plus important.
J'adressai un franc sourire aux deux garçons. Il ne restait plus qu'à mettre notre plan en marche, en croisant les doigts pour qu'il réussisse — contrairement aux autres. Et, si Maël se retrouve à nouveau au fond du trou, il lui restera au moins ses fidèles amis.
Après tout, comme l'avait si bien dit Basile, les potes c'était plus important.
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chapitre de :
chercheusedemots
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