02 | « Il a de beaux yeux verts non ? »
N O L A
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LE CAMPING est toujours présenté de manière surcoté dans les films si vous voulez mon avis. Les jeunes dorment dans des tentes immenses et très confortables, il n'y a pas de moustiques et l'endroit est souvent rempli de beaux garçons. Moi, Nola Terrence, je décrète que c'est totalement faux et très loin de la réalité.
— Ça doit pas être si compliqué de monter une tente, grognai-je en me mettant de nouveau à genoux dans le sable.
Mais le pire dans tout ça, c'est que j'avais déjà fait du camping. Plusieurs fois en réalité. Sauf qu'avec ma mémoire de poisson rouge, difficile de me rappeler comment s'y prenait mon grand-père pour monter la tente.
— J'en ai marre, soufflai-je exaspérée.
J'avais chaud, soif et très envie d'aller me baigner, ce qui resterait impossible tant que la tente ne serait pas parfaitement montée. Mais que fout Hortense ? Le camping n'est pas si grand, et puis il suffit de demander à n'importe qui de nous aider.
Énervée, je tapai du pied dans la seule sardine qu'on avait réussi à planter correctement. Mal m'en prit quand la douleur se propagea dans mes orteils. Ok, Nola, règle numéro une : ne pas taper dans un bout de métal quand on se balade en tong.
— Besoin d'aide ?
— Non sans blague ? C'est pas comme si ça faisait deux heures que j'essaye de monter cette putain de tente ? Étant donné qu'elle est toujours pas debout, oui j'ai besoin d'aide !
Lorsque je me retournai pour voir qui venait de prendre la parole, je me sentis soudain très bête d'avoir été si agressive.
— Oups, sorry, c'est la chaleur qui doit me rendre plus agressive, corrigeai-je en tentant un grand sourire aux trois arrivants.
Les trois garçons éclatèrent de rire et je ne tardai pas à les rejoindre. Avec une petite pensée pour Hortense, toujours en cavale dans le camping : impatiente de voir la tête qu'elle ferait en découvrant que nos voisins étaient très agréables à regarder.
— Alors, on peut peut-être t'aider à monter ta tente ? reprit le métisse en m'adressant un grand sourire.
— Faut bien s'aider entre voisins, approuva un blondinet.
En quatorze minutes top chrono, la tente était montée et fermement accrochée au sol. Je remerciai chaleureusement les garçons de nous avoir aidées, et alors qu'ils repartaient faire je-ne-savais-quoi vers leur campement, j'envisageai de sortir nos valises du coffre de ma voiture : une petite Clio rouge — c'était important de le préciser.
Ce fut ce moment-là que choisit Hortense pour revenir, bredouille soit dit en passant, et pour rester figée devant notre campement, la bouche grande ouverte et le doigt tendu vers la tente désormais parfaitement dressée. Après un moment particulièrement gênant pour Hortense, mais également très drôle d'un certain côté, elle fit la connaissance de nos voisins. Ce qui, visiblement, était loin de lui déplaire.
— Bon, lança le métisse en se frottant les mains. Qu'est-ce que vous nous proposez à boire ?
J'échangeai un regard avec Hortense. En vérité, on n'avait pas énormément de trucs à boire car la glacière, que la mère de ma meilleure amie nous avait prêtées, n'était pas très grande.
— On pourrait aller au bar du camping ? proposa Hortense. On vous paiera un truc à boire là-bas. Il est juste à côté de la piscine.
— La piscine ? commentai-je, soudain très intéressée.
J'avais toujours adoré nager, c'était l'une de mes activités favorites. Que ce soit dans la mer ou à la piscine, j'adorais l'eau et me baigner me mettait instantanément de bonne humeur.
— Il y a le lac sinon, intervint le garçon brun aux cheveux mi-longs, c'est vraiment pas mal pour se baigner aussi, et il est pas très loin. En plus on peut sauter du ponton.
— On va boire un coup et après on va se baigner, ok ? implorai-je en me tournant vers Hortense.
Elle roula des yeux mais acquiesça quand même d'un mouvement de tête, pour mon plus grand plaisir. Je savais qu'elle ne refuserait pas une petite baignade par cette chaleur.
Après avoir enfilé nos maillots de bain sous nos vêtements, on se dirigea en petit groupe vers le bar trouvé par Hortense — à défaut de nous avoir ramenées quelqu'un pour nous aider, elle trouve un bar, ça me va aussi — et on se laissa tomber sur les chaises en plastique de la terrasse. Alléluia : cette dernière était à l'ombre.
— Vivement le lac, commentai-je la bouche sèche en avisant les enfants qui jouaient en criant au bord de la piscine du camping.
— Vous prenez quoi ? questionna Hortense en regardant nos trois voisins.
J'avais complètement oublié qu'on devait leur payer à boire à ces trois-là.
— Deux bières et un Coca, répondit le blondinet avec un petit sourire.
Hortense se leva pour aller prendre la commande et je la suivis avec un petit sourire en coin. Nous soupirâmes de concert en entrant dans le bar climatisé.
— Alors, il a de beaux yeux verts non ? ricanai-je en m'accoudant au bar en attendant qu'un des serveurs daigne nous prêter attention.
Hortense me lança un regard qui signifiait très clairement que je n'avais pas intérêt à essayer de m'en mêler.
J'avais toujours beaucoup aimé mettre les gens en couple, ça m'amusait vraiment, sauf que bizarrement, alors qu'avec les amies de ma classe je m'estimais plutôt douée, ce n'était pas le cas avec Hortense. Et pour tout vous dire, on s'était régulièrement retrouvées empêtrées dans des situations invraisemblables.
De toute façon quand on est toutes les deux on ne cherche pas les ennuis, ce sont les ennuis qui nous cherchent.
— Tu bois quoi ?
Je me contentai d'adresser un sourire à Hortense sans répondre : elle savait très bien ce que je voulais boire ; et partis me rasseoir à la table.
— Ok, l'étendis-je dire au serveur, rajoutez une bière et un Orangina s'il vous plait.
J'aurais juré qu'elle avait levé les yeux au ciel en prononçant le nom de ma boisson.
— Au fait, commença le métisse en sirotant son Coca Light, vous ne nous avez toujours pas dits comment vous vous appelez.
— Nola, et elle c'est Hortense, répondis-je en avalant une gorgée de ma bière.
Les trois garçons se présentèrent également. Ainsi, Jules le brun aux cheveux mi-longs et au regard espiègle, Dorian le métisse et Maël le blond aux yeux verts, seraient nos voisins pour les quatre semaines à venir. Nous eûmes seulement le temps d'apprendre qu'ils venaient des alentours de Bordeaux, avant de prendre la direction du lac pour ma plus grande joie.
— Boire pour avoir soif juste après, marmonna Hortense alors qu'on marchait depuis plusieurs minutes.
Heureusement, les garçons s'avérèrent de très bons guides et on évita de se perdre dans la campagne. Ce qui serait très certainement arrivé si on avait voulu essayer de rejoindre le lac seulement toutes les deux.
Après avoir manqué de me faire renverser par deux vélos qui descendaient une côte à toute allure — deux garçons : un blondinet aux cheveux bouclés qui hurla un « désolé » sans pour autant arrêter sa course, et un autre du même âge, brun coiffé d'un bandana —, on arriva sains et saufs au lac de Montdesbois.
L'étendu d'eau rayonnait sous les rayons du soleil en cet après-midi. Des gens se prélassaient sur les berges, ou étaient installés près du snack-bar occupés à manger des glaces, s'hydratant avec des boissons fraîches. Quelques pédalos loués par des familles, glissaient lentement sur les eaux calmes tandis que les jeunes du coin, habitués au lieu, effectuaient des saltos depuis les plongeoirs au milieu du lac.
— Le dernier à l'eau a un gage ! hurla Dorian en courant comme un cinglé vers l'eau, sans même prendre la peine d'enlever son tee-shirt et ses chaussures.
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Premier chapitre du point de vue de Nola ! On espère qu'il vous aura plu !
N'hésitez pas à nous donner votre avis en commentaire ! On prend tout ce qui peut être utile — ou inutile — tant qu'il ne s'agit pas d'insultes !
Des suppositions sur qui va perdre le jeu de Dorian ? Que va-t-il se passer au lac ? Avez-vous remarqué le petit caméo situé dans ce chapitre ? Si oui, de qui s'agissait-il ?
Sur ce, on vous laisse et on vous dit à Samedi pour un nouveau chapitre d'Hortense cette fois-ci !
-missIndecise
& chercheusedemots
chapitre de :
chercheusedemots
musique :
Freaky friday — Lil Dicky, Chris Brown
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