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Chapitre 24 : Suivre ses traces

       Elle contempla les anciens affalés sur leur litière. Les paupières alourdies, les moustaches pleines de mousse et la fourrure en pagaille, elle craignait qu'ils n'arrêtent d'inspirer. Leur flanc maigre se soulevait à intervalles irréguliers. La respiration sifflante et difficile lui faisait mal au cœur, de si beaux guerriers empêtrés dans les griffes de la mort...

       Leur gueule entrouverte laissait s'échapper un mince filet de salive verte qu'ils n'avaient réussi à avaler. Pourtant Patte d'Agneau avait longtemps mâché les limbes du mouron, s'appliquant à doucement couler dans leur gorge la sève salvatrice.

       La fatigue et la faim la tenaillaient, mais elle ne pouvait se résoudre à les apaiser. Son devoir était de veiller sur Lueur de Tornade et Racine de Buisson. Luttant contre ses pattes douloureuses, elle restait assise, bien droite et attentive.

       Mais le corps triomphe toujours sur la détermination de l'esprit.



       Elle se redressa dans un sursaut. La plaine aux lucioles, le doux parfum familier... Elle se maudit, encore une fois elle avait échoué.

       « Patte d'Agneau ! »

       L'apprentie se tourna vers la source de l'appel. Flèche de Courant d'Air bondissait vers elle, fendant les herbes sur son passage avec moins de grâce que Songe du Miel.

       « Tu dois te rendre aux plants de cataire, tout de suite ! »

       Elle le fixa avec incompréhension tandis qu'il arrivait devant elle, illuminant sa vision avec sa silhouette astrale.

       « Q... Quoi ?

       -La cataire, vois-tu où elle est ? Tu dois y être le plus possible, avant le départ des patrouilles de l'aube ! Maintenant ! »

       Son cri se perdit dans le lointain alors que son corps basculait de nouveau dans la réalité.



       L'état des anciens était toujours aussi précaire, leur vie ne tenant qu'à la résistance d'une toile d'araignée prise dans un orage. Pourtant elle ne pouvait contester les ordres du Clan des Étoiles, et encore moins ceux de son premier mentor.

       « Je reviens le plus vite possible », souffla-t-elle aux doyens malades.

       Elle jeta un coup d'œil à la sentinelle chargée de la surveillance du camp. Étoile de Crécerelle.

       La jeune déglutit, la chef se tenait juste devant la brèche, seule entrée possible. Ses oreilles pivotaient vers tous les bruits de la nuit, le hululement d'une chouette, ou encore le chant sinistre du vent. Elle ne la laisserait jamais sortir, même avec les meilleurs arguments imparables.

       La novice réfléchit à une ruse, elle devait l'éloigner de la brèche. Alors elle se glissa hors de la tanière des contaminés, rejoignit le fond du camp et secoua les fortifications à la manière d'un renard cherchant à passer.

       Elle n'eut pas à attendre longtemps pour entendre les pas feutrés de la meneuse. Elle fila aussitôt en silence, longeant les ombres pour rejoindre le passage. Avant de passer elle jeta un coup d'œil à la reine tachetée, occupée à renifler les branchages.



       La nuit était déjà bien avancée lorsqu'elle galopa vers la forêt. L'aube pointait le bout de sa truffe à l'horizon, faisant chatoyer les vagues de l'océan encore à moitié assoupi. Elle traversa la première moitié de son trajet sans encombre, guidée par les senteurs boisées rapportées par le vent.

       En arrivant à hauteur de la pâture des vaches cependant, la peur la gagna. Les ruminants lui jetèrent un coup d'œil, puis la jugeant inoffensives replongèrent le mufle dans les brins pleins de gouttes de rosée.

       L'aurore nimbait à présent entièrement le ciel, éclairant le paysage de ses calmes rayons. Elle passa sous la corde griffue, ses maigres épaules encore épargnées par leur petite taille, puis se réfugia dans un buisson.

       Elle reconnut aussitôt cet abri. Il s'agissait de la cachette où elle avait vu mourir Flèche de Courant d'Air, courant vers le second végétal qu'ils n'avaient jamais atteint.

       L'angoisse lui tordit les entrailles, elle ne pourrait jamais se loger sous les branches de ce bosquet. Alors qu'elle ferma ses paupières, se préparant mentalement à emprunter le chemin qui avait tué son mentor, une détonation lui vrilla les tympans.

       Ce bâton-fulgurant fut bien réel. Une ombre verticale s'agita quand un chien-tueur lui rapporta le faisan abattu. Pour eux elle était une proie.

       Elle laboura la terre de ses griffes. Elle devait passer, rejoindre la cataire, mais un obstacle meurtrier l'en empêchait. Le risque était bien trop grand, elle ne pouvait se permettre de mourir maintenant, sans relève pour soigner son Clan malade. Condamnée à patienter, elle serra les dents, essayant de faire le moins de bruit possible.

       La patte-tueuse ne partait pas, guettant une friche. Son fidèle compagnon furetait près de lui, à la recherche de gibier. Les prédateurs lui tournaient le dos, mais elle ne pouvait s'autoriser d'aller à découvert, convaincue qu'ils la verraient et lui infligeraient le pire des châtiments.

       Tétanisée, figée, son corps et son instinct refusaient de faire quoi que ce soit. Verrouillé dans la paralysie, son esprit divagua dans l'épouvante. Que pouvait-elle faire ? Et si les tueurs la trouvaient dans son gîte de fortune ?

       La brise s'intensifia et le parfum du Clan de la Pierre se posa sur ses poils hérissés. En analysant l'odeur elle reconnut les senteurs alléchantes de l'herbe-aux-chats. La cataire... Elle ne pouvait pas lâchement abandonner maintenant. Si près du but ! L'image des doyens emmêlés entre les griffes de la mort lui revint, les cadavres des chatons aussi.

       Alors, rassemblant tout son courage elle observa les silhouettes toujours tournées dans une direction autre que la sienne. C'était le moment ou jamais.

       Le visage de tous ses malades défila devant ses yeux. Elle inspira, expira, puis bondit. Une foulée après l'autre, toujours plus vite, focalisée sur son but. La pelouse sauvage s'ouvrit à son passage, le souffle sifflant du vent glissa sur son pelage. Le mur de limbes bruit quand elle fusa dedans, puis une seconde détonation déchira la plaine.



       Bien que tremblante, l'apprentie était vivante, plus rapide que le bâton-fulgurant.

       Plusieurs secondes s'écoulèrent avant qu'elle ne réalise ce qu'elle venait d'accomplir, sa peur, elle l'avait battu. Plus soulagée que folle de joie elle vérifia la position des prédateurs qui s'éloignaient puis continua son chemin.

       Elle prit soin de progresser dans les bosquets et les bouquets d'herbes hautes avant de se glisser derrière des ronces. Sans cesser de se cacher elle retrouva les plants de cataire à l'odeur. Le marquage fort ne datait cependant pas du matin, la patrouille de l'aube n'était donc pas encore passée. Elle avait intérêt à se dépêcher si elle ne voulait pas la croiser. Mais alors qu'elle s'apprêtait à cueillir sa première feuille, une brindille craqua juste derrière elle.

       Elle se retourna sec, l'échine droite et les yeux ronds de peur, prête à déguerpir à la première moustache d'un ennemi.

       « Tu peux te détendre, la patrouille de l'aube commence par le champ des taillées, elle ne sera pas là avant un petit moment. Et puis aucun guerrier de la pierre ne marche sur des brindilles.

       -En même temps quelle idée de vivre dans une forêt... »

       L'apprentie fut soulagée de voir apparaître Poil de Genette suivit par Refrain de Ressac et de Patte d'Ormeau fermant la marche. Cependant l'incompréhension poussa rapidement la joie passagère. Qu'est-ce qu'ils faisaient ici, tous les trois, à la même heure qu'elle ? Il ne pouvait pas s'agir d'une coïncidence...

       « Que... Que faites-vous là ?

       -C'est le Clan des Étoiles qui... entama Poil de Genette.

       -Comment évolue l'épidémie ? » la coupa son collègue.

       Le guérisseur failli bousculer la reine tachetée en se précipitant sur elle. L'état de panique dans lequel il se trouvait était si fort que la jeune brune fut surprise de constater que ses deux autres camarades ne soient pas contaminés par cette peur.

       « As-tu des morts ? Est-ce que des chats guérissent ? l'assaillit-il.

       -Heu... Oui et... Non », admit-elle en fixant le sol.

       Son mentor poussa un miaulement d'angoisse tandis que Poil de Genette haussa le ton pour s'imposer :

       « Vous trois, commencez à récolter l'herbe-aux-chats, moi je vais surveiller les environs. »

       La novice hocha la tête et son aînée fila aussitôt dans les sous-bois.



       Arracher avec délicatesse les feuilles alléchantes de leur tige avait fait taire les questions de Refrain de Ressac. Il s'appliquait à sa tâche malgré ses muscles tendus, ses mâchoires entièrement destinées à couper les pétioles.

       Patte d'Ormeau cependant avait beau être tout autant silencieux, il effectuait sa mission avec rapidité et maladresse. Il mordait dans les limbes sans se soucier des lambeaux qu'il ramassait. Son maître ne tarda pas à le remarquer.

       Il passa alors de la peur à la colère en une fraction de seconde, envoyant valser le tas de débris d'un coup de patte blanche rageur.

       « Mais ce n'est pas vrai, tu n'en as pas marre d'être une cervelle de bivalve ? Je te le répète tous les jours d'être plus... »

       Le brun roux agita mollement la queue, nullement atteint par la remontrance. Il lui tourna le dos et reprit de plus belle sa cueillette désastreuse. Refrain de Ressac se mit à gronder :

       « Patte d'Ormeau ! Regarde-moi quand je te...

       -Refrain de Ressac, moins fort ! On t'entend jusqu'à l'autre bout de la forêt, pire que le brame des cerfs ! » intervint Poil de Genette qui revenait en courant.

       Le matou gris se tourna vers elle, prêt à répliquer une réponse cinglante, mais la femelle était déjà passée à autre chose. Ignorant les yeux foudroyants, elle posa une souris fraîchement tuée sous la truffe de Patte d'Agneau.

       L'apprentie la fixa sans comprendre :

       « Je... J'en fais quoi ?

       -Tu la manges, répondit la guérisseuse sur un ton d'évidence.

       -Non je ne peux pas ! Cette proie appartient à ton Clan !

       -Je te la donne.

       -Je dois ramener de la cataire, pas des souris !

       -Tu la manges ici, maintenant. Tu es si maigre qu'un charognard t'attaquerait en pensant avoir affaire à un cadavre. Tu veux t'écrouler de fatigue et mourir de faim ? Je te l'ordonne en tant que guérisseuse. Un Clan privé de guérisseur est un Clan mort, tu le sais très bien, alors arrête de faire ta cervelle de lombric. »

       Elle commençait à montrer des signes d'impatience, alors l'élève capitula et se jeta sur l'offrande, guidée par son ventre vide et affamé.

       Refrain de Ressac, toujours en colère, revint à la charge sur elle :

       « Tu ramènes Patte d'Ormeau, il t'aidera à porter l'herbe-aux-chats et à soigner tes malades. Il est grand temps qu'il soit confronté aux responsabilités d'un guérisseur. »

       Stupéfaite, elle hocha simplement la tête et jeta un coup d'œil à son demi-frère. Les yeux vides, il s'obstinait à lacérer sans ménagement les pauvres feuilles odorantes, recréant un nouveau tas parmi le premier encore éparpillé.

       Elle finit rapidement son rongeur, ne laissant que peu de temps aux autres de rassembler les remèdes en deux piles égales. Elle saisit la sienne et attendit que Patte d'Ormeau soit prêt pour partir.

       « Que vos cueillettes soient bonnes, les encouragea Poil de Genette, je m'occupe de vous couvrir au rapport de la patrouille ! »



       La route du retour fut beaucoup moins stressante que l'aller. Déjà elle n'était plus seule, et les détonations lui indiquaient que les pattes-tueuses ne se trouvaient pas sur leur passage. Patte d'Ormeau l'avait suivi sans faire d'histoire, se contentant d'imiter sa position pour ne pas laisser sa queue ou ses oreilles dépasser des brins dansants.

       En passant dans la brèche, elle constata avec surprise que tous les guerriers sains étaient restés au camp. Dès qu'ils la remarquèrent, ils se jetèrent sur elle, Étoile de Crécerelle en tête.

       « Ah te voilà enfin ! Où étais-tu passée, on allait partir à ta recherche ! Mais qu'est-ce que... »

       La meneuse toisa l'apprenti du Sel avec incompréhension. Pour toute réponse, celui-ci se contentait de la fixer d'un œil vide. Freinant son envie de passer à côté d'elle pour s'engouffrer dans la tanière des anciens, la novice posa son fardeau et se prépara à faire accepter la présence d'un ennemi.

       Elle savait d'avance que sa chef ne voudrait jamais accepter cette aide qui ressemblait à un caprice de Refrain de Ressac, mais elle se devait d'y parvenir.


*****

Courant d'Air apporte une aide inespérée à Agneau !

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