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Chapitre 14 : S'enfuir au signal

       Une vague de vent froid et salé lui gifla les oreilles. La brûlure du gel perturba son attention et elle se rattrapa au dernier moment, manquant de peu une belle dégringolade du haut d'un rocher. Un goéland la fixa de ses yeux rieurs tandis que Patte de Frégate se retourna en haussant une vibrisse. L'apprentie guérisseuse secoua les moustaches de gêne et sa camarade reprit sa route en balançant sa queue d'un air prétentieux.

       Patte d'Agneau soupira en silence et se remémora son cours. La veille elle avait diagnostiqué une fracture de la patte à Pépin de Pomme et Feuille de Maïs, mais elle n'avait rien osé leur faire, leur donnant juste des graines de pavot. Son frère, seulement atteint psychologiquement, y avait aussi eu le droit. Refrain de Ressac lui avait donc détaillé une nouvelle fois la procédure à suivre de façon plus précise. De bonne humeur il n'avait cessé de les taquiner, elle et Patte d'Ormeau.

       Toutes les informations macéraient dans sa tête, gloussant de nervosité. La novice redoutait le moment où elle serait face à ses deux patients, persuadée qu'elle n'avait pas le niveau pour les soigner. Parce qu'apprendre la théorie et la mettre en pratique était deux choses bien différentes, un os cassé était toujours délicat, bien plus que de remboîter une articulation. D'autant que la vision des membres disloqués ne cessait de la hanter de frissons.

       Afin de taire ses appréhensions elle se décida à poursuivre un peu son enquête sur le gui et Moustache de Méduse. Sa sœur dirigeait leur petit groupe, c'était le bon moment.

       « Dent d'Astérie... Je peux te poser quelques questions ? »

       La lieutenante la dévisagea par-dessus son épaule, puis déclara :

       « Patte de Frégate, passe devant. »

       Son apprentie renifla et accéléra la cadence. Elle prit rapidement de l'avance, bondissant, ou plutôt volant au-dessus des pics acérés. Une mouette apeurée par son atterrissage s'enfuit avec de frénétiques battements d'aile et de grands cris effrayés.

       « Alors ? »

       La jeune champêtre réfléchit à sa formulation, sachant que la rousse ne lui livrera pas facilement ses réponses. Puis elle repensa à sa discussion avec Patte de Chouette.

       « Est-ce que les méduses sont bien des coquillages ? »

       La guerrière la fixa en papillonnant des paupières puis pouffa d'un ronron amusé.

       « Bien sûr que non ! Ce sont des créatures étranges, blanches et visqueuses qui viennent parfois s'échouer sur la plage.

       -Je vois... Et l'astérie ?

       -Un animal qui s'échoue aussi rarement. Il est aplati et ne possède que cinq pattes souples et rugueuses, on l'appelle aussi étoile de mer. »

       Patte d'Agneau essaya de s'imaginer les drôles de bestioles qu'elles devaient être. Quels autres habitants cachaient encore l'océan ?

       « Moustache de Méduse m'a dit qu'elle t'avait laissé nommer ses chatons, miaula-t-elle d'un ton détaché, pourquoi ? »

       La rouquine se crispa, craignant visiblement le sujet. Elle finit par lâcher d'une voix sèche, toute gaieté disparue :

       « Elle a voulu me faire plaisir. Bien que je n'abandonnerai mon rang pour rien au monde, j'ai toujours voulu avoir des chatons, et j'ai longtemps regretté de ne pas pouvoir devenir reine.

       -Oui mais... Pourquoi toute sa portée ? »

       Son interlocutrice gronda et elle crut un instant qu'elle refusait de lui répondre.

       « Parce qu'elle ne voulait pas de ses petits au début, mais elle a rapidement ouvert les yeux et les aime de tout son cœur ! Elle donnerait sa vie pour eux, ne croit pas un instant qu'elle les rejette ! »

       Sur ces mots la lieutenante irritée lui tourna le dos et reprit son chemin, mettant un terme à la conversation.

       La novice était un peu mécontente, au vu de sa réaction elle ne pourrait plus espérer de précisions de sa part. Elle savait maintenant que la raison du souhait d'avorter de Moustache de Méduse venait du rejet de sa progéniture... Mais pourquoi ?



       Une fois arrivées au rocher aux oiseaux, Dent d'Astérie lui indiqua de rejoindre Rafale de Chevreuil d'un signe de la queue et fit volte-face en entraînant Patte de Frégate sans même prêter attention au chasseur adverse.

       « Tu as contrarié face de mouette ? miaula le guerrier une fois le duo parti, un peu surpris puisque d'habitude ils procédaient à un échange sec et orgueilleux.

       -Heu... elle réfléchit rapidement à une façon de détourner le sujet, tu savais que les astéries ont cinq pattes ?

       -Cinq ? Impossible, rejeta-t-il, les animaux en ont soit quatre, comme les chats, six comme les sauterelles, huit comme les araignées ou aucune comme les escargots.

       -Et les oiseaux ? Ils n'en ont que deux.

       -Non, quatre, les ailes sont des pattes.

       -Mais les sauterelles ont aussi des ailes...

       -Elles ne comptent pas comme des pattes. »

       La novice le suivit à travers les hautes herbes de leur territoire embrasées par le soleil couchant, un peu perdue.

       « Pourquoi certaines ailes sont des pattes, et pas d'autres ?

       -Les ailes des oiseaux possèdent des os.

       -Les insectes n'ont pas de squelette, fit remarquer l'apprentie.

       -Mais leurs pattes ont plusieurs articulations.

       -Alors les pinces des crabes sont des pattes ? »

       Rafale de Chevreuil poussa un soupir exaspéré, les poils de l'échine dressés. Patte d'Agneau préféra alors capituler, il dégageait déjà une forte énergie négative, mieux valait éviter de l'énerver davantage. « Au moins, il a oublié sa première question » pensa-t-elle.

       Ensuite elle repensa une nouvelle fois à sa leçon, Refrain de Ressac lui avait conseillé d'appliquer sur les membres fracturés un cataplasme de baie de genêt ou de feuille de consoude, et de les lier à l'aide de jonc. Puis il lui avait fait toute la liste des différents traits, les transversales, les obliques, ceux en bois vert... Ensuite il lui avait appris les types de fracture, sans déplacement, avec déplacement, avec lésion de la peau... Tout avait été très dense, et maintenant qu'elle y songeait...

       « Rafale de Chevreuil, on peut cueillir des plantes ? Je n'en ai pas assez dans ma réserve. »

       Le lieutenant, qui s'était calmé, ne lui répondit pas tout de suite, pensif. Il finit néanmoins par déclarer :

       « D'accord, mais ne traînons pas, les pattes-tueuses sont encore là. »

       En effet, malgré le crépuscule, quelques lointains hurlements effrayants parvenaient jusqu'à ses oreilles, faisant frémir ses tympans. Elle réfléchit rapidement, ils n'auraient pas beaucoup de temps avant la nuit et elle n'était pas sûre de trouver des baies de genêt en cette saison... Elle allait devoir se tourner vers la consoude.

       « Il me faut de la consoude, elle pousse... En bouquet dans les champs... On la voit de loin puisqu'elle est plus haute que l'herbe...

       -Comme la plante là-bas ? » suggéra son accompagnateur en lui indiquant l'endroit d'un signe de queue.

       Elle observa attentivement le végétal, il correspondait parfaitement à la description de son mentor.

       « Peut-être...

       -Alors allons voir. »

       Le lieutenant l'entraîna jusqu'au plant, les oreilles aux aguets et la truffe au vent. La jeune examina donc la touffe de feuille, à moitié déchirée par l'averse de grêle, mais recula presque instantanément, écœurée par l'odeur fétide qu'elle dégageait. Son aîné vint aussi la renifler, et feula, sa fourrure brune mouchetée hérissée.

       « Un chien vient d'uriner dessus !

       -Elle est inutilisable... » se lamenta l'apprentie.

       Puis le croassement d'une corneille noire couvrit la plaine et elle sentit le matou se contracter.

       « Baisse-toi !

       -Quoi ?

       -C'est un signal d'alerte. »

       Sans lui donner plus d'explication il s'appuya sur son dos, la forçant à se mettre au sol, le ventre collé à l'humus. Elle finit par imiter son supérieur qui, immobile, scrutait les brins dansants avec les oreilles dressées. Le parfum de la consoude cachait tous les autres, donc ils ne pouvaient plus compter sur leur odorat.

       « C'est un chien-tueur », souffla Rafale de Chevreuil.

       Bien moins habituée à les repérer, elle fut obligée de le croire sans pouvoir le vérifier et sentit ses muscles se paralyser sous la peur.

       « Tu vois l'arbre là-bas ? Cours t'y réfugier, je serais derrière toi. »

       Son corps refusa tout d'abord de lui répondre, puis un coup de patte du lieutenant sur son museau lui remit les idées en place et elle fusa tel un faucon sur sa souris vers le grand majestueux.

       Aussitôt elle entendit le molosse les prendre en chasse, ses gros coussinets martelant sourdement la terre. Le souffle chaud de son camarade la talonnant de près chatouilla son pelage.

       Son galop effréné la fit rapidement approcher du tronc toujours plus haut à chaque bond en avant. Mais elle paniqua en se rendant compte qu'elle ne savait pas comment y grimper...

       « Je... ne sais... pas... monter aux arbres... » réussit-elle à articuler entre ses foulées.

       Elle n'obtint cependant aucune réponse, et arriva aux pieds du géant les yeux ronds et le pelage gonflé.

       « Mais saute ! Accroche-toi avec tes griffes ! » hurla son supérieur, arrêté lui aussi à sa hauteur.

       Alors, tremblante, elle se précipita sur l'écorce, remercia ses allers et venus dans les rochers du Sel qui lui avaient musclé l'arrière-train et se hissa sur la première branche basse sans trop vraiment réfléchir. A présent hors de portée, tapie sur son perchoir et surprise d'y être arrivée, elle regarda en bas. Et se figea à nouveau.

       Rafale de Chevreuil, à cause d'elle, n'avait pas eu le temps de se mettre à l'abris et affrontait courageusement le chien-tueur, feulant de rage. Il évita habilement un coup de croc, puis un autre. Le molosse grogna, agacé de manquer sa cible. Peu à peu ses attaques se firent moins précises et le guerrier passa à l'offensive, touchant à chaque fois son ennemi dans les brèches qu'il lui ouvrait.

       La novice remarqua qu'il appliquait rigoureusement la stratégie qu'il lui avait enseigné lors de leur cours martial. Peu importe l'adversaire, la technique restait la même.

       Cependant le dogue ne semblait pas faiblir et aucun des deux ne prenait l'avantage. La queue de la jeune tressauta inconsciemment de nervosité, et si Rafale de Chevreuil sortait de cet affrontement blessé ?

       Soudain, un mouvement dans sa vision périphérique attira son attention. Elle manqua de s'étrangler en reconnaissant avec horreur la silhouette :

       « Rafale de Chevreuil ! hurla-t-elle, un deuxième chien-tueur arrive ! »

       Alors le chasseur intimida un instant son ennemi d'un gros feulement, et profita de la seconde d'hésitation pour bondir sur la branche, à côté d'elle. Au pied du tilleul, les deux canidés aboyèrent furieusement, refusant de les lâcher du regard.



       « Ils n'ont pas bientôt fini ces roquets ? » grinça Rafale de Chevreuil de sa voix sèche habituelle.

       Les chien-tueurs s'étaient tu, mais les fixaient toujours comme un prédateur affamé. De temps à autre, ils ouvraient leur gueule fétide, la langue pendante révélant une rangée de dents énormes. Leurs larges oreilles tombantes bougeaient parfois, alertées par un bruit parasite, avant de reprendre la position qui se voulait dressée. Le poil ras, ils avaient une robe blanche tachetée de brun et de noir sur le dos. Un peu plus grand au garrot qu'un chat, ils étaient néanmoins nettement plus puissants.

       « On... On fait quoi maintenant ?

       -On attend que leurs maîtres les rappellent », maugréa son lieutenant.

       La nuit avait fini par tomber, nimbant leur territoire d'obscurité, d'autant plus sombre que les nuages s'étaient imposés comme roi. Le duo de félins dû encore patienter un moment avant qu'un horrible cri aigu les rendent à moitié sourd. Heureusement, cet appel fit fuir les chien-tueurs à contre-cœur, déçus de devoir abandonner leur gibier.

       Rafale de Chevreuil la fit attendre encore quelques instants, le temps de s'assurer que leurs geôliers étaient bien partis, puis il descendit de l'arbre aux feuilles rousses avec soulagement. La novice l'examina rapidement du regard, il n'avait heureusement pas été touché par les morsures fatales. Elle l'imita ensuite maladroitement et failli se tordre une patte à la réception.

       « Nous n'avons plus le temps de chercher d'autres plantes, dépêchons-nous de rentrer avant qu'on n'envoie une patrouille à notre recherche », déclara le matou brun.

       Patte d'Agneau aurait bien voulu protester, mais elle savait que c'était inutile, rien ne ferait changer d'avis le vétéran. Alors elle le suivit au galop, l'esprit embrouillé d'idées noires.



       « ... mais qu'est-ce qu'elle fiche ? Elle est censée nous soigner, elle croit que les chatons vont le faire tous seuls ?

       -A croire qu'elle préfère le Clan du Sel ! Qu'est-ce qu'elle peut bien leur trouver à ces faces de mouette ?

       -Je me demande si Flèche de Courant d'Air ne s'est pas trompé en la choisissant...

       -C'est sûr qu'à part tuer Petit Cirse elle n'a pas fait grand-chose ! »

       En entendant la conversation qu'elle venait de surprendre en s'approchant du rocher plat, son sang se glaça. Elle failli faire demi-tour, ses entrailles compressées par une force invisible et herculéenne. La culpabilité la submergea, elle se sentait horriblement coupable.

       Pourtant, elle ne pouvait pas abandonner son devoir et s'engouffra sous l'abris obscur, privé de la lumière solaire par l'horaire tardif. Les trois chats interrompirent aussitôt leur discussion, et seule Pépin de Pomme semblait gênée qu'elle les ait entendus.

       « Pourquoi tu es en retard ? grogna Jolie Brize.

       -J'espère que maintenant tu sais nous soigner, cracha Feuille de Maïs, parce que tes fichues graines de je sais pas quoi sont aussi efficaces que des mouches sur une bouse de vache ! »

       Patte d'Agneau déglutit et décida de mettre sa mauvaise humeur sur le compte de la douleur. Elle dépassa les trois félins et s'engouffra dans son antre de ronce pour récupérer ses remèdes, ou du moins, ceux qu'il lui restait.


*****

Les chats des Champs parlent dans le dos d'Agneau, et cette dernière est mal barrée pour les soigner... Mais son enquête avance !

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