La radio continue à émettre des directives, mais pour une fois, je suis perdu dans mes pensées. Je ne comprends toujours pas la raison de tout cela. Pourquoi rallumer la centrale ? Pourquoi la piéger ? Je regarde par la fenêtre un long moment, avant de me rendre à une évidence : une centrale doit créer beaucoup d'électricité résiduelle, et les choses qui nous traquent les perçoivent. Je pense alors que l'idée est de ramener un maximum de ces choses à la centrale, et de la faire exploser. Je commence alors à angoisser : si c'est bien ce scénario-là, nous aurons au alentour un vilain nuages toxique, avec pluies acides, irradiation des animaux, des plantes et et sols, et certainement, la mort. Je me précipite alors sur la radio, et j'appuie sur le bouton pour les dissuader de faire cela. Peine perdu, le dispositif ne fonctionne pas. Je dois alors décider, sois je risque ma vie pour sauver les quelques vies qui restent encore dans la région, soit je m'enfuis loin d'ici. J'ai déjà fuis, je ne veux refaire la même connerie. Je décide donc de partir à Fessenheim, la plus vielle centrale nucléaire de France...
Je prends la voiture. Elle est prête à l'emploi, et la faire fonctionner me faire jouir, tel un enfant devant son nouveau jouet. Je cale plusieurs fois avant de partir vraiment, cela faisait longtemps que je n'ai pas conduis, mais c'est comme le vélo, ça s'oublie pas. Je pars alors sur les routes de campagnes, à une allure raisonnable, pour éviter de gaspiller, mais aussi pour me permettre de regarder la carte. Je traverse une route défoncée par le temps et la végétation, parsemées de carcasses de voitures. Le ciel est encore menaçant, mais il fallait que je les arrête. Le stress monte à mesure que je m'approche du site. Je ne croise personne sur la route, d'un côté tant mieux, cela me fait une menace potentielle en moins.
Au bout d'un moment, je freine. Je vois devant moi la route qui se déforme, comme des ondes de chaleurs. Mais ces ondes définissent une forme particulière. Je commence à faire machine arrière, mais c'est trop tard. J'avais fait du bruit, et la batterie au minimum crée de l'électricité statique, perceptible par ces salopes. La forme invisible commence à foncer, et je n'ai qu'une chose à faire : sauter de la voiture. Je fais des roulés boulés sur de l'herbe, et je ne peux entendre que des tirs, et ma voiture qui explose. En deux secondes, j'avais perdu ma voiture, que j'avais mis tant de temps à réparer. Mais je ne dois pas faire place à du sentimentalisme, je me précipite dans la forêt. La forme me suit, sans savoir qu'elle fonce contre un arbre. Le choc est terrible entre les deux, et l'arbre en est coupé en deux, tellement que le choc a été puissant. Je cours devant, essayant de rejoindre au plus vite la centrale. Je dois avoir cette chose qui me court après, c'est pour cela que dois m'enfuir au plus vite.
Je sors de cette forêt sans encombre, mais je continue de courir, la centrale est devant moi. J'ai encore un peu de soleil avant que la nuit ne tombe, je cours aussi vite que le peux. J'y arrive enfin,  devant le poste de garde. Je ne peux pas continuer maintenant, je me couche dans le poste de garde, avec ma couverture de survie. Je n'ai plus rien maintenant, pas de voiture, pas de nourriture, pas d'arme, car elle se trouvait dans la voiture. Je n'ai pas eu le temps de les prendre, et de toute façon, je n'aurai pas eu le temps, j'avais encore de la chance d'être en vie. J'écoute les alentours avant d'allumer la radio au minimum.
« Groupe Leader à Groupe Bêta, état de l'installation explosif.
- groupe Bêta, dispositif opérationnel, en attente de l'heure de mise à feu.
- Programmer explosion à 0800.
- Groupe bêta, programmation à 0800 demain ok. »

Il faut que j'intervienne demain matin. Je sais à quel heure le complexe explosera, il faut les convaincre d'arrêter avant, que le prix à payer soit trop gros pour tuer que quelques salopes, qu'ils peuvent y arriver sans...
Je me lève le lendemain, et je n'attends pas le levé du soleil pour bouger. je ne sais pas quelle heure il est, mais je dois me dépêcher. J'allume la radio :
« Groupe Leader à All groupe. préparer départ centrale
- Reçu cinq sur cinq, informent les trois groupes. »

Ils vont partir. Je ne peux faire machine arrière, je fonce dans le complexe. C'est là que je commence à voir des corps de soldat en décomposition à terre. Seules les mouches les intéressent. Je me rends compte de la tache ardu qu'a été de récupérer ce bâtiment. Je vois des cinquantaines de cadavres, voir des centaines, contre une dizaine côté opposé. Je pense être dans la bonne direction. Je suis la direction des morts et de son odeur, rentrant dans le bâtiment principal, suivant les traces de sang et les impacts de balle.
« Groupe Leader à All groupe, H-1h, commencer le départ.
- Groupe Alpha, compris.
- Groupe Bêta, compris.
- Groupe Delta, compris. »

Ils vont partir, il faut que je les retrouve avant, sinon, je mourais, comme le reste de la vie dans la zone. Mais une question me taraude : où sont les salopes ? Elle devraient être là, et pourtant, les couloirs sont irrémédiablement vide. L'espoir renaît, s'ils s'aperçoivent que leurs plans ne fonctionnent pas, ils peuvent tout arrêter, ils doivent tout arrêter... Je cours dans les couloirs, mais je commence à me perdre.
« Groupe Leader, M-30. »

Il ne restait plus que trente minute, j'avais sans doute atteint le point de non-retour, je devais réussir.
« Groupe Alpha, check présence ennemi couloir Est. »

Je sais où ils sont maintenant. Je prends un plan d'évacuation, je repère le couloir est, et je suis la route.
« Groupe Leader, M-20. »

Je cours comme j'ai jamais couru, la faim et la soif commence à me tirer les entrailles, la fatigue augmente grandement, les jambes deviennent lourdes, de grosses perles de sueurs tombent de mon front et trempent mon corps frêle.
« Groupe Leader, M-10. »

J'arrive enfin au couloir est, mais ils sont déjà parti. Je suis alors naturellement la sortie, c'est ce qu'il ont dû faire.
« Groupe leader, check présence ennemi extérieur. »

Ils sont dehors, je cours encore, puisant dans mes dernières forces. Je vois la porte de sortie, encore quelques pas.... je fonce dans la porte, elle s'ouvre avec fracas....

« Groupe Bêta, contact ennemi derrière. Demande d'engager combat. »

Mon regard se fige, je suis parcouru d'une sueur glacée. Devant moi, des dizaines de nos ennemies, qui me regardes de leur oeil luisant. Je viens de comprendre que je vais mourrir, comme ces hommes dans le village, comme les soldats dans la centrale. Il n'y a pas d'échappatoires.
« Groupe Leader, autorisation d'engager. »

Je suis parcouru alors par des dizaines de balles qui me traversent le corps, dans le bruit des mitraillettes. Je suis projeté à l'intérieur du bâtiment, les portes se referment sur ces bipèdes de métal. Je lâche la radio par terre, et je m'écroule. La douleur est atroce, je sens une horrible douleur me parcourir le corps, depuis le trou béant fait dans l'estomac par des dizaines de balles. Ces salopes sont sadiques, elle me laisse crever, alors qu'elles sont capable de tirer dans la tête ou le coeur.
« Groupe Leader, M-5. »

Je repense à toute ma vie, avant que je ne puisse plus le faire. quelle ironie, moi qui pensais de plus avoir d'humanité, je vais mourrir à cause d'elle. Je regarde le plafond. Je vais mourrir ici, c'est pas plus mal. De toute façon, cette vie ne me convient plus, je préfère tenter ma chance en enfer. Je ferme les yeux, les rares gouttes d'eaux qui me restent perlent sur ma joue. Je ne sais pas si je pleure de honte, de peur, de joie, de soulagement, de dégoût.
« Groupe Leader, S-60. »

Je vais mourrir ici. La douleur disparaît peu à peu, je sens que c'est bientôt la fin, comme tous ses hommes qui ont espérer combattre ces Machines. Je ferme les yeux plus fort...
« Groupe Leader, S-5, 4, 3, 2, 1. »

Ce fut les dernières paroles émissent par ce boîtier en plastique noir. J'entends un bruit sourd derrière moi, puis je sens l'atmosphère agréablement plus chaude, s'éclairer....

Je suis mort, à 8h00 et 40 secondes, ce mardi 3 mai 2044, dévoré par les flammes de l'enfer....