
Groupe Alpha
Le lendemain arrive, et je m'autorise enfin à me lever. J'ouvre la remorque, constatant le résultat de nos ennemie : ils ne restaient plus que de la viande. J'en profite pour pousser ce qui reste d'eux sur le côté, et de vider mon sac de sel. Comme prévu, la viande avait tourné, et le sel est devenu impure. Heureusement, je suis chez des récupérateurs. Je trouve du sel de déneigement, normalement, il est pas prévu pour la consommation, mais nous vivons une époque troublée où plus rien n'a de sens. Je fouille un peu le conteneur. Beaucoup d'armes, trop pour un seul homme. Je ne prends ce que je peux maitriser : un fusil de sniper avec lunette améliorée, deux pistolets semi-automatique, des couteaux de combat, des grenades, un gilet pare-balles, et je laisse les mitraillettes et le lance-roquettes. Si j'essaye de vendre tout cela au marché, on sera soupçonneux envers moi, et je préfère que l'on garde de moi l'image du paysan chasseur plutôt que le chasseur assassin et voleur. Je récupère aussi toutes les conserves, la nourriture, le sac de sel, et quelques bricoles inutiles. Mon vélo est chargé, et j'avais gagné au change en perdant ma viande. En partant, je croise la fille, engorgée sur le bitume. Elle n'a pas compris que je me suis servi d'elle, et que j'espérais qu'elle distrait les méchants plus longtemps. Résultat, elle n'a gagné que trente secondes de liberté.
Je rentre à la maison et je vois une mauvaise nouvelle, ou plutôt une bonne nouvelle, selon le point de vue. Mes récoltes ont été piétinés par ces salopes, elles sont passé ici cette nuit. J'ai perdu les trois quart de mes récoltes, mais j'avais eu chaud aux fesses. Si ces dernières m'avaient remarqué ici, j'étais foutu. Je range tout mon matériel récupéré, et je m'occupe le reste la journée de mes plantations, jeter ce qui doit l'être, arranger le reste, replanter, désherber, arroser,... cela m'occupe, et je ne pense pas trop au carnage d'hier soir. Le soir venu, je rentre, et j'allume la radio.
« Groupe Delta à Groupe Leader, C4 en place point Delta 2. En mouvement pour point Delta 3 »
J'écoute et je comprends ce qu'ils veulent dire. Ils sont en train de poser des bombes dans la centrale ? Pourquoi ?
« Groupe Alpha à Groupe Leader, mise en place C4 sur point Alpha 2.
- Groupe Bêta à Groupe Leader. Ennemis en approche.
- Ordre maintenu à All groupe. Groupe Bêta, tir si nécessaire.
- Groupe Bêta, reçu cinq sur cinq, en progression vers point Bêta. »
J'attends. Malheureusement, ces salopes ne viennent pas au contact, et les groupes mettent les explosifs en place sans problème. La radio n'émet plus rien après, et je dois me recoucher une nouvelle fois, en entendant dans la nuit sans lune, des coups de feu, et des bruits de nos ennemies qui marchent.
Les jours passent, se ressemblent, se mélangent. Je cultive le reste des légumes, je chasse un peu plus pour compenser la perte légumière, je peux essayer mon nouveau fusil. Il me faut un peu de temps pour m'y habituer, mais j'ai l'impression qu'il est plus précis, que je fais plus de "one-shoot" avec. J'ai même un silencieux en prime, dans les affaires que j'ai subtilisé, mais il réduit grandement la précision, trop pour pouvoir l'utiliser pour la chasse. Mais ce fusil de précision mets à la retraite le mien, dommage que le prix à payer a été de tuer tout le monde, et de me service d'une innocente. Je perds mon humanité moi aussi, doucement, dans ce monde qui se meurt. La radio est, de son coté, toujours aussi silencieuse. Je ne sais pas ce qui ce passe, et je l'allume de plus en plus, quitte à risquer de la vider de son énergie. Je la recharge avec mon système de dynamo tous les jours, en espérant que cela fonctionne. Pendant ce temps, en ville, le temps continu son cours. Tout le monde est au courant de la razzia chez les récupérateurs que j'avais tué, et certains en ont déjà profiter pour récupérer ce que j'avais laissé. Mas il y a plus de soulagement que d'indignation, et en écoutant leurs conversations, je ne suis pas nommé dans leur différentes hypothèses.
Un jour de mauvais temps, je dois me rendre à la ville. J'avais chassé le matin, et il me fallait échanger cette viande rapidement. Je n'aime pas ces temps-là, personne n'aiment ces temps-là, surtout qu'aujourd'hui, ce sont de gros nuages noirs, qui cachent le soleil protecteur. Tout le monde à peur de ses ennemies, nous savons qu'elles peuvent attaquer quand le soleil n'est plus là. Je me dépêche de vendre la viande, et d'en réserver un peu pour le barman du bar. Comme à chaque fois, il m'offre un verre de vin d'autrefois. Je profite de ce moment, en trainant une oreille discrète sur les conversations des récupérateurs :
« Tu es au courant ? Elles on investit Fessenheim ?
- Hein pourquoi ? Il y a rien là-bas !
- Non justement, apparement, il y avait des mecs là-bas, des soldats. »
Je bois mon verre tranquillement, laisser toucher ce liquide transparent et agréablement sucré et alcoolisé, à la perfection, toucher mes lèvres et ma langue. Je me concentre sur la conversation.
« Quoi, des soldats ? Là-bas ? Il y a rien, juste de la radiation, je vois pas...
- Ils voulaient la faire péter.
- Quoi ? Pourquoi ?
- J'en sais rien, je te dis ce qu'on m'a dit, c'est tout. Maintenant, elles ont chassé les soldat il y a quelques jours. »
La conversation se coupe soudainement, par un tintement sinistre d'une cloche : l'alarme est déclenchée, Elles sont ici. Le calme se transforme rapidement en panique, tout le monde ferme les ouvertures du bar, nous plongeant dans une obscurité presque totale. Chacun prépare leurs armes, moi de même. Les pas sont lourds dans la rue, lents. Nous restons silencieux et immobiles. Nous n'avons pas de couvertures de survie ou de protection contre leurs détecteur de chaleurs, nous n'espérons que sur la chance pour qu'elles ne nous voient pas. J'ai alors un mauvais pressentiment. Je commence à bouger dans le noir. Je tâtonne, à la recherche de la pièce derrière le bar, je sais qu'il y a une porte de secours.
Elles arrivent près du bar, et s'arrêtent. Je comprends alors avant tout le monde l'issus irrémédiable. Je commence à paniquer, et j'accélère l'allure. Les vérins se réenclenchent, et le toit s'effondre d'un coup, comme un vulgaire château de cartes.. Je me lève après avoir chuter et je cours le plus vite possible vers la sortie. Je ne peux aider les personnes encore présentes, elles sont déjà condamnées. J'entends les coups tirer, les bruits remplir le reste du bar, les cris de douleur, les pleures, les demandes de grâces ou d'aides, mais c'est impossible. Nos ennemies sont froides, sans humanité, sans même savoir ce qu'est une humanité. Je dois être le seul survivant dans tout cela, et j'espère qu'elles ne m'ont pas vu m'enfuir. Je sors enfin du bar, et je me précipite dans la cave juste à coté, fermé par une porte en bois.
C'est un bunker anti-atomique qui m'attend devant moi, je savais que la barman en avait un, à force de s'en venter. La situation a voulu que j'avais compris avant eux, et cette pièce doit être maintenant mon seul salut. Je cours vers ce bunker, j'ouvre la porte épaisse de métal, et je la ferme à double tour après être rentré. Je suis seul dans cette espace, sans vivre, sans mobilier, juste une pièce de plusieurs mètres carrées, au murs, plafond et sol de bétons et d'aciers. Il fait noir, un noir angoissant. Toute la pièce tremble, la poussière s'échappe du plafond pour tomber, je le sens tomber sur mes cheveux. Je n'entends rien, à part les pas lourds, mais je m'imagine le carnage. Personne vient frapper à la porte, je ne saurais même pas comment réagir dans ce cas-là. Cela dura une demi-heure, de pas lourds et sourds sur le sol.
Puis le silence. Cela m'étouffe un peu plus avec la nuit de cette pièce. Je reste des minutes, des heures peut-être, car plus le silence s'éternise, moins elle m'étouffe de peur. Au bout d'un moment, je décide de me lever, et je cherche à tâtons la grande porte glacé. Je l'ouvre dans la nuit. La lune éclaire ce qu'il reste du village : des débris partout, des morts mutilés, enfouis sous les décombres, ou écrasés. Les entrailles de ces derniers s'étalent dans la rue, laissant au sol une terre rouge. Je me mets la main sur la bouche pour ne pas vomir, et c'est finalement mes yeux qui vomissent des larmes. J'étais le seul rescapé de ce carnage, tout le monde git sur le sol, le vendeur, le barman, les récupérateurs, tout le village, réduit au silence en quelques minutes.
Je ne pouvais pas rester là. Malgré la nuit, je roule à une vitesse folle avec mon vélo chargé de mes affaires sur l'autoroute en quête de la remorque couché. Il ne restait plus rien qu'en j'arrive, plus de lits, plus de corps, rien, seulement les tâches de sang et de poussières, et l'odeur nauséabond de la mort. Je ferme le container, et je me réfugie dans ma couverture de survie, qui ne m'aurai pas été d'une grande utilité. Je ne réussis pas à dormir, mais de toute façon, je ne peux pas dormir. Heureusement, la nuit ne m'apporte pas d'autres surprises, et je réussis à passer une fois de plus une journée de plus dans cette enfer. Je remonte sur le vélo, avec devant moi un ciel menaçant, et je retrouve la maison. Je mange rapidement un morceau, je bois, parce que mon estomac me l'exige, et je vais plonger sur le lit d'enfant, pour essayer de dormir, oublier ces 24 heures passées. Pour accentuer le tout, il pleut dehors. Je m'oblige à me lever pour mettre le dispositif de captage d'eau, puis je remonte pour réfléchir.
Que me reste-t'il maintenant ? J'ai encore un endroit où dormir, un potager pour mes légumes, j'ai de quoi chasser, mais je ne pourrais rien faire maintenant que je n'ai plus d'endroit où troquer. Je ne pourrais pas sauvegarder la viande à moins de la sécher, ce qui est un processus lent. Il me faudra prendre une décision, chercher un point de troc, un autre village d'habitants. J'allume la radio pour me divertir :
«....tation en place. »
Enfin, un signal, cette nouvelle me redonne un peu le sourire.
« Groupe Alpha, connexion avec le générateur 1 et 3, les autres sont hors d'usages.
- Groupe Leader à Groupe Bêta, ouverture porte 1 et 3.
- Groupe Bêta, ouverture en cours. »
J'entends alors un cris strident, une porte de métal qui s'ouvre.
« Groupe Bêta, porte 1 et 3 ouverte au maximum.
- Groupe Leader à Groupe Delta, état du système.
- Groupe Delta, état du système ok, puissance en augmentation, réacteur 1 actif, réacteur 2 à l'arrêt. Puissance de 500Mégawatt, en augmentation. »
J'en revenais pas. je regardai par la fenêtre en quête d'une fumée blanche, et je la vis, au loin, faisant tache aux nuages gris.
« Groupe Leader à Groupe Bêta, revenez point de rassemblement, Groupe Alpha, vérification connections explosif pour mise à feu.
- Groupe Bêta, compris, en mouvement pour objectif. »
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