38. Tends-moi la main
Le lycée est bien plus accueillant cette année. Le comité s'est donné beaucoup de mal pour mettre en place des décorations ainsi que des sapins dans les couloirs. Je suis surprise que le proviseur ait accepté une telle chose. Encore à moitié endormie, j'ouvre la porte de mon casier pour récupérer les manuels dont j'aurais besoin pour mes cours de la matinée lorsqu'une petite pochette réalisée en crochet tombe à mes pieds. C'est quoi ça ?
Je m'abaisse pour le ramasser, soupçonneuse. Est-ce une nouvelle façon pour Clara de me faire du mal ? La pochette en question est suffisamment petite pour contenir un mot, mais pourquoi se donner tant de mal ? Je retire le bouton pour découvrir son contenu et fronce les sourcils en voyant un joli pendentif avec une tulipe. Un petit mot accompagne le bijou d'une écriture que je ne reconnais pas.
Ho ! Ho !
Quoi de mieux qu'un lundi matin ennuyeux pour découvrir ton premier cadeau ? Aujourd'hui, je te donne l'accès au premier élément qui composera ta tenue pour le bal de l'hiver.
Avec toute mon affection,
Ton Père Noël Secret.
J'avais complètement oublié cette histoire. Il y a deux mois, Alex m'a supplié de m'inscrire avec lui. En théorie, nous sommes supposés recevoir un petit cadeau chaque semaine dès le 1er Décembre. Le mien n'est visiblement pas une personne assidue. Le bal de l'hiver est à la fin de la semaine. Je n'avais pas spécialement envie de m'y rendre après tout ce qui s'est passé.
De plus, cette semaine nous aurons le droit à un nouveau spectacle de mon ancien club. J'ai cru comprendre que le lycée entier est contraint de s'y rendre. Je range le premier cadeau dans mon sac en essayant de ne pas y songer. La seule bonne nouvelle est l'arrivée de grand-mère ! J'ai tellement de choses à lui raconter et j'ai besoin d'entendre ses conseils. Mon envie de mettre un point final à ma relation avec ma mère est toujours d'actualité. Je n'ai pas évoqué ce désir avec qui que ce soit.
— Salut ! Comment vas-tu ?
Une voix familière me donne des frissons. Je me retourne pour faire face à Clara. Elle est toujours aussi pomponnée, mais je ne vois que la méchanceté. Je suis sur le point de partir en l'ignorant, mais elle m'attrape par le bras.
— Accorde-moi cinq minutes.
— Pourquoi ?
— Je n'ai aucune réponse à te donner en toute sincérité. En cette période de l'année, j'estime que c'est l'heure du pardon.
Un rire s'échappe de ma bouche.
— Il est huit heures du matin, Clara et je n'ai aucune envie d'écouter tes excuses à deux balles. Maintenant, je vais rejoindre mes amis alors dégage.
— La jalousie dévore tes entrailles, Maxine. Tu ne supportes pas que je sois la nouvelle présidente du club. L'année dernière, je t'ai laissé accomplir tout ce que tu voulais alors maintenant c'est mon tour. Tu ne peux pas être heureuse pour moi ?
Je serre les poings.
— Rectification : TU as volé mon propre club en implantant tes propres idées en me faisant passer pour la garce jalouse. J'éprouve juste de la pitié pour celle que tu es, Clara. Ta vie doit être pathétique pour détruire celle des autres.
— Pardon ?
— Je n'ai rien d'autre à ajouter.
Je plante Clara dans le couloir, le cœur battant la chamade. C'est une bataille de gagnée ! Je ne laisserai plus qui que ce soit me blesser. Ava est la première amie sur laquelle je tombe aujourd'hui. Elle est en grande discussion avec Julian, je n'ose pas les déranger. Nous ne sommes pas proches à ce point. Elle me surprends à secouer la main dans ma direction.
— Tu vas pouvoir clôturer le débat, Price.
— Quel débat ?
Julian sourit.
— Ma soeur et moi n'arrivons pas à nous mettre d'accord sur la meilleure saveur. Elle affirme que le caramel est la chose qui manquerait le plus au monde.
— Nous avons un combat caramel contre ?
— Le chocolat bien entendu ! Imagine un monde sans chocolat, ça serait tellement fade. Qu'est-ce que les enfants trouveraient dans leurs jardins pour la chasse aux œufs ?
Je lève les mains en hochant la tête. Rien ne peut égaler le chocolat.
— Insulter le chocolat est une abomination. Le caramel est souvent associé à la douceur chocolatée. Désolée Ava, mais je me joins à ton frère.
— Vous manquez de goût tous les deux !
La compagnie des jumeaux est réconfortante. Ava n'éprouve aucune haine ou rancoeur envers moi après la découverte de son secret. Elle porte une autre perruque d'une jolie couleur rose.
— Vous êtes vraiment ma lumière aujourd'hui. J'ai eu la mauvaise surprise de tomber sur Clara il y a quelques minutes.
— Qu'est-ce qu'elle voulait ?
— Je ne sais pas trop, mais ce n'était pas amical. Elle a obtenu le club et la plupart de mes amis de l'an dernier m'ont tourné le dos.
Ava hausse les épaules.
— À partir du moment où un ami t'abandonne pour une autre personne, c'est qu'il n'était pas réellement ton ami. Tragique histoire, mais véridique.
— Ça reste douloureux, ajoute Julian.
Je ne peux malheureusement pas nier le sentiment dans ma poitrine. J'étais certaine que les membres du club ne me tourneraient pas le dos, mais j'ai eu tort.
— Il est temps de parler d'un sujet moins déprimant. Je continue le développement de l'application, elle a rencontré quelques problèmes notamment lors de l'affichage du message, mais tout rentre dans l'ordre. Tout est en place pour lancer la deuxième phase.
— La partie la plus amusante de notre plan ! Un compte anonyme partagera un lien vers l'application. On va détruire le club de cette pétasse.
Je ne suis pas mécontente de lancer la deuxième phase du plan surtout avant les vacances. Clara va perdre la tête en découvrant une organisation similaire à la sienne. J'espère que l'application permettra de fonder une nouvelle organisation, rencontrer de nouvelles personnes me manque un peu.
Alex ne tarde pas à nous rejoindre de mauvaise humeur. Il porte une tenue débraillée et ses cheveux ont besoin d'un coup de brosse. On dirait bien que je ne suis pas la seule à affronter le lundi matin comme une punition.
— Panne de réveil ? demande Ava.
—Non, panne de voiture tout court ! Je me suis réveillé de bonne humeur pour affronter le monde et qu'est-ce que je découvre ? Ma voiture ne démarre plus ! Moi être pauvre et ne pas pouvoir racheter de batterie.
Il place la main sur son coeur de façon dramatique. Nous savons tous les deux que ses parents paieront le remplacement nécessaire pour ne plus l'emmener au lycée ou supporter ses plaintes au sujet des transports en commun. Alex est un véritable comédien, je suis étonnée qu'il ne se soit pas lancé dans le club de théâtre.
— Ça veut dire que nous n'avons plus de moyen de transport pour aller au bal ? Il faut que je demande à ma mère de nous y conduire, dit Julian.
— Elle sera réparée avant le bal de samedi alors prépare ton plus beau costume parce que je compte bien être ton prince pour la soirée.
Ouille, Alex est une véritable catastrophe lorsqu'il est amoureux. On va devoir retravailler sur sa façon de draguer. En réalité, je le trouve adorable avec Julian même si je ne sais pas exactement où se trouve leur relation. Amicale ? Amoureuse ? Entre les deux ? Nous bavardons un petit moment avant la sonnerie du premier cours. J'abandonne brièvement mes amis pour aller aux toilettes - les normales cette fois - avec le coeur plus léger.
Je pousse la porte des toilettes, mais je fais face à un spectacle auquel je ne m'attendais pas. Julia est en grande conversation avec un garçon que je ne connais pas.
— Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Je rentre à la fac l'année prochaine et j'ai des responsabilités qui m'attendent. Tu devrais juste te débarrasser de cette chose pour reprendre une vie normale.
— Espèce de connard !
Il n'accorde pas un regard supplémentaire à la blonde. Je m'écarte pour le laisser sortir, la boule au ventre. Il est trop tard pour faire demi-tour et prétendre ne rien avoir entendu. Julia est adossée contre le mur, les larmes aux yeux. Elle ne commente pas mon arrivée, son regard est vide et malgré la méchanceté dont elle a fait preuve à mon égard, je ressens une certaine pitié.
Je marche en direction du lavabo pour me rafraîchir sans rien dire. Je sens le regard de Julia dans mon dos, ce qui me rends nerveuse.
— Qu'est-ce que tu attends pour donner ton incroyable point de vue ? Après tout, c'est ce que tu fais le mieux.
— Tu te trompes à mon sujet, Julia.
Je passe mes mains sous l'eau froide en lançant un regard à la blonde dans le miroir. Elle semble triste, fatiguée et surtout avec un coeur brisé. Cette histoire ne me concerne pas, mais je ne peux me résoudre à la laisser dans un tel état.
— Je ne vais certainement pas te juger. Mais si je peux te donner mon avis, ce mec est un gros connard. Il ne devrait pas te faire sentir comme une merde parce qu'il est en parti responsable de cette... grossesse.
— Ma vie est terminée.
Elle se laisse tomber sur le sol en pleurant.
— Ne laisse personne influencer ton choix. Nous ne sommes pas amies toutes les deux, mais je serais toujours présente pour te rendre la main en cas de besoin.
J'essuie mes mains sur une serviette en papier puis lance un dernier regard à mon ancienne ennemie. Je ne veux pas insister, mais j'espère qu'elle acceptera mon aide. Je me retourne en souriant.
— Tu n'as pas à t'inquiéter, je ne le répéterai jamais.
Hello ! Comment allez-vous ?
J'avais tellement hâte d'écrire ce chapitre ! Julia est de loin le personnage le plus complexe à écrire.
On entre bientôt dans la dernière partie de ce second tome, preparez-vous d'autres surprises arriveront !
J'espère que la suite vous plaira tout autant.
À la semaine prochaine !
12.08.2023
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