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» chapitre vingt-cinq.


Il fait beau. Presque chaud, pour être honnête. Plusieurs mois ont passé, les fleurs de mai se déploient dans les jardins, le froid hivernal laisse place à la douce brise printanière, les rues se remplissent à nouveau.

Felix aime le printemps. C'est même sa saison préférée de l'année. Il pourrait rester des heures devant les lilas blancs, les myosotis bleus et les jonquilles jaunes du jardin de sa mère.

Assis sur le banc du jardin, sous le grand prunier, il observe. Les petits d'un couple de mésanges piaillent à l'intérieur de l'abri à oiseaux attaché au tronc du grand arbre, attendant impatiemment leur repas. Une troupe de fourmi se presse à l'intérieur de la fourmilière pour échapper au becs affûtés des petits oiseaux. Au loin, Felix entend le faible son d'une flûte traversière ; il y a longtemps que sa voisine n'a pas sorti son instrument.

"- Tout va bien ?

- Mh ? Oui, ça va ! Je profite du calme.

- Je peux m'asseoir ?

- Bien sûr."

La jeune femme prend place près de son fils en lui offrant son plus beau sourire.

"- Tu as prévu quelque chose aujourd'hui ? demande-t-elle.

- Changbin va passer me chercher vers deux heures, on va faire quelques boutiques. Tu voulais qu'on fasse quelque chose ?

- Non, pas spécialement. Tu pourras passer chez le maraîcher en revenant ? Je te passerai des sous et la liste de course, pour le repas de demain.

- Oui pas de souci. Tu fais un repas spécial demain ?"

La femme souffle en riant, avant de passer sa main dans les cheveux presque auburns de son fils.

"- Je te l'ai déjà répété trois fois, Felix. Jackson et Sooyoung viennent manger avec leur fils, Jeongin.

- Ah ouais c'est vrai... Nan mais c'est parce que je les connais pas, c'est pour ça que j'ai pas retenu.

- Je travaille avec Sooyoung depuis déjà quelques années alors je me suis dit que ça serait pas mal de l'inviter. Son fils a à peu près ton âge, je suis sûre que vous vous entendrez à merveille."

Felix hausse les épaules et reporte son attention sur l'abri à oiseaux. L'une des mésanges se faufile à l'intérieur pour nourrir ses petits qui continuent de piailler. Les quelques nuages qui tâchent le bleu du ciel avancent, poussés par la brise. Felix frissonne et pose sa tête sur l'épaule de sa mère.

Le silence règne quelques minutes, avant que le roux reçoive un message sur son portable.

"- Ah. C'est Bin. Il est parti. J'vais aller me préparer !

- Je te prépare la liste de courses."

Felix acquiesce avant de quitter le banc et rejoindre l'intérieur de la bâtisse. Il grimpe les escaliers et se glisse dans la petite salle de bain pour se débarbouiller et enfiler des habits plus appropriés.

La sonnette retentit une dizaine de minutes plus tard. Felix dévale les escaliers et ouvre la porte, tout sourire.

Les bras de Changbin se referment autour de la taille de son bien aimé, et ses lèvres se posent sur sa joue tachetée. Felix frissonne toujours autant lorsque le brun l'effleure de ses lippes rosées, lorsque ses doigts caressent ses fines hanches. Au fil du temps, Changbin est devenu plus doux, plus délicat. Il connaît son cadet, il connaît les points les plus sensibles de son corps et sait comment lui faire plaisir. Rien de sexuel, seulement envie de rendre Felix heureux.

"- T'as pas eu de problèmes sur la route ? demande le roux. T'as été long à arriver.

- Nan, aucun. J'ai fait un détour, pour acheter un cadeau à ta mère, répond Changbin en baissant la voix.

- Ouuuuhh, tu lui a acheté quoi ??

- Rien de spécial en vrai."

Il tire de son sac à dos une petite boîte marron, fermée à l'aide d'un ruban de tissu rose. Le nom d'une célèbre marque de chocolatier est imprimée en lettres dorées sur la boîte.

"- Ma mère va t'adopter, j'espère que tu le sais."

Changbin pouffe en entendant les mots de son cadet avant de l'embrasser sur le front. Puis, les deux jeunes hommes rejoignent le jardin où est toujours assise la mère de Felix.

"- Changbin ! Comment ça va ?

- Tout va bien, et vous ?

- Mais de même. Vous partez tout de suite ou vous restez ici un peu ?

- On ne va sûrement pas tarder, dit Felix, mais d'abord Bin a quelque chose à te donner."

Madame Lee plisse les yeux, perplexe. Changbin trifouille dans son sac pour en ressortir la boîte de chocolats.

"- Je me suis dit que ça vous aurait sûrement fait plaisir !

- C'est le cas, répond-elle tout sourire. Même mon propre fils ne m'achète pas de chocolats...

- Bah alors Lix ? dit Changbin d'un ton moqueur.

- Gngngn, j'ai pas besoin de lui acheter des trucs pour qu'elle sache que je l'aime...

- Je t'aime aussi, mais de temps en temps une boîte remplie de sucre ça me fait encore plus t'aimer !"

Felix fond dans les bras de sa mère en riant et en lui promettant de lui faire des surprises plus souvent. Finalement, les deux jeunes hommes quittent le domicile après une demi-heure à discuter avec la mère du plus jeune.

"- J'adore ta mère.

- Crois-moi, elle t'adore aussi, chuchote Felix à l'oreille de son amant."

Le quartier de Felix n'est qu'à une quinzaine de minutes du centre de Seoul. Ainsi, les deux jeunes hommes atteignent rapidement les rues piétonnes. Un samedi après-midi de printemps, avec un si beau ciel bleu, les rues sont bondées. Les passants se bousculent devant les stands de crêpes et gaufres, les queues aux caisses des magasins s'allongent et les voitures peinent à se frayer un chemin au milieu de tout ce capharnaüm.

"- Tu veux qu'on aille où ?

- Il faut que je passe à la librairie, j'ai envie de m'acheter de la lecture pour les vacances.

- Ok. On est pas loin de chez ma mère, dit Changbin, on pourra passer la voir ? Elle est un peu seule en ce moment, elle a besoin de voir du monde.

- Oui pas de soucis ! J'vais lui acheter un cadeau, moi aussi..."

Sans en dire plus, Felix s'élance dans une petite ruelle reliant deux grandes artères du centre-ville. Changbin le suit de près, un sourire discret sur les lèvres. Il sait que Felix est heureux. Ou tout du moins, il va mieux. Son sourire ne cesse de s'agrandir, il est plus vivant, est motivé à sortir, à faire des activités...

Oui, il va mieux.

Deux mois ont passé depuis que Chan et lui se sont entretenus. Deux mois que Chan n'est plus sur son dos, et que le roux vit paisiblement, avec sa mère, ses amis et Changbin. Avec lui-même, aussi. Chan et lui ne parlent pas beaucoup, et le blond évite de fréquenter son établissement scolaire lorsqu'il sent qu'une crise pourrait éclater. Heureusement, les vacances d'été sont presque là, il va pouvoir se reposer. Tout quitter, changer d'air, ne plus penser à Felix.

"- Elles sont jolies celles-ci, dit le roux en pointant son doigt vers une vitrine."

Un énorme bouquet de pivoines rose fuchsia à demi-ouvertes est plongé dans un cas rempli d'eau, derrière la vitre d'un fleuriste. Changbin sourit et hoche la tête.

"- Ma mère adore les pivoines, en plus. Toi aussi, elle va t'adopter...

- Faudrait vraiment qu'on fasse se rencontrer nos mères, j'pense qu'elles ont des choses à partager. Leurs goûts sont déjà bien similaires !

- C'est vrai.

- J'vais aller les acheter. Je reviens, bouge pas !"

Felix délie sa main de celle du brun et entre dans la petite boutique. Changbin n'a pas besoin d'attendre longtemps, le roux en ressort rapidement, le bouquet coloré en main.

"- J'ai ajouté deux lys blancs pour contraster, et des pousses vertes, j'ai oublié le nom. Ça faisait trop simple sinon, faut que ça claque quand même."

Changbin pouffe et poses des lèvres sur celles de son vis-à-vis.

"- T'es trop grand, dit-il au roux, on dirait que j'suis plus jeune.

- J'avoue que t'es pas de ouf grand... répond Felix.

- Gngngn, eh oh ça va hein !!

- Susceptible, souffle le cadet.

- Mais- Bon, on rentre ? Ma mère nous attend pour quinze heures trente.

- Yes, je te suis."

Les deux amants quittent les rues bondées pour celles un peu moins fréquentées, mais tout de même charmantes. Les grands immeubles de style haussmannien contrastent avec la modernité du centre-ville, offrant aux passants l'une des plus belles vues de cette partie de la ville.

"- Ta mère habite dans cette rue ? demande Felix.

- Oui, depuis trois semaines. Elle a commencé la procédure de divorce avec mon père, même s'il a bien protesté. Elle a vite trouvé un appart pour s'éloigner au maximum de lui. Je vis pas encore chez elle, et la plus grande partie de mes affaires est restée dans la maison familiale. J'attends que le divorce soit terminé et que ma mère soit un peu plus en forme pour officiellement emménager chez elle.

- Pourquoi t'y vas pas maintenant ?

- Ma mère a besoin de repos. Après son séjour à l'hosto, elle était vraiment crevée alors je préfère ne pas la déranger avec tout mon déménagement. Pour l'instant je la laisse tranquille, toute seule dans son appart. Je l'ai aidé à emménager et je passe quelques nuits sur son canapé mais la journée je la laisse se reposer.

- Oh je vois. Tu seras en garde alternée ?

- Je suis majeur, je suis libre de choisir chez qui je vis. Je vais vivre à temps plein chez ma mère, le temps que je trouve un CDD et que je loue un studio.

- Si c'est trop compliqué de rester avec ton père tu peux venir chez nous, le temps que ça se termine. Je suis sûr que ça ne poserait pas de problème à ma mère.

- Nan, je ne veux pas m'imposer et déranger votre routine habituelle. Et puis, ça va, j'ai l'habitude de ses crises d'hystérie et de son comportement en général. 'Suffit que je sois patient, ça sera bientôt réglé. Mais merci quand même pour la proposition, dit Changbin en offrant un joli sourire au roux.

- Mh. Dans tous les cas, si t'as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à passer à la maison, ok ?

- J'y manquerai pas, merci ! On monte ?"

Le roux acquiesce et suit son aîné dans le hall d'un des immeubles. Ils traversent la pièce, tournent à gauche et poussent la porte menant à l'escalier. Ils montent deux étages et traversent le long couloir éclairé avant de s'arrêter devant une grande porte vert olive. Changbin sort de sa poche un trousseau de clés.

"- J'ai le double ! Entre, fais comme chez toi."

La porte s'ouvre sur une jolie entrée claire, décorée de quelques babioles colorées attachées au grand miroir. La pièce de vie est elle aussi éclairée des rayons du soleil, et très bien agencée, laissant assez d'espace vide pour ne pas se sentir étouffé, à l'étroit ; un couloir sur la droite du vestibule mène à deux autres portes, sûrement la salle de bain et la chambre.

La mère de Changbin est assise à la grande table, dans la cuisine située à gauche de l'entrée.

"- Salut m'man !

- Changbin ? Tiens, je ne m'attendais pas à te voir aujourd'hui ! Oh, et bonjour Felix, comment vas-tu ?

- Bien, et vous ? Changbin m'a dit que vous étiez un peu fatiguée.

- Oui, c'est vrai, mais ça va un peu mieux. Je ne travaille pas pour l'instant, je suis en congé mais il va falloir que je me remette au travail, je vais être à court de revenus.

- M'man, on en a déjà parlé...

- Oui, mais je ne vais pas te laisser payer mes repas chaque jour, avec ton salaire de stagiaire. Je suis une grande fille, Bin, il faut que je bosse un peu !"

Changbin souffle simplement et s'assoit à l'autre bout de la table. La femme les yeux au ciel, ce qui fait sourire Felix, qui prend place à son tour près de son petit-ami.

"- Oh ! s'exclame le plus jeune, d'ailleurs, j'ai quelque chose pour vous."

Il pose le sac en papier au sol, sous le regard attentif de la femme. Il en sort l'énorme bouquet de fleurs coloré et le lui tend en souriant.

"- C'est toujours agréable d'avoir un beau bouquet chez soi ! J'espère qu'il vous plaira.

- Woah, souffle-t-elle, il est superbe. Merci beaucoup 'Lix !!"

Elle quitte sa place et contourne la table avant de déposer un baiser sur la joue de son gendre. Celui-ci rougit face au sourire espiègle du châtain.

"- J't'avais dit qu'elle allait t'adorer...

- Dis moi, Changbin, dit la femme en ouvrant un étagère remplies de vases et de bocaux, j'ai jamais compris pourquoi tu tenais tant à travailler là-bas.

- Où ?

- Au cybercafé. Pourquoi pas ailleurs ?

- Oh, baffouille-t-il, eh bien..."

Il n'a jamais dit à sa mère qu'il a fait ce stage pour gagner de l'argent et payer ses traitements et frais d'hospitalisation. Il ne lui dira pas. Il sait qu'elle lui en voudrait beaucoup.

"- J'adore les jeux vidéos.

- Menteur, dit-elle en riant, tu as toujours détesté ça."

Changbin pouffe et poses ses orbes brunes sur le visage tacheté de Felix. Ses grands yeux verts pétillent, ses lèvres couleur grenadine s'étirent en un joli sourire, et ses pommettes se teintent de rose lorsqu'il regarde le brun dans les yeux.

Changbin sait pourquoi il a tenu à travailler au cybercafé. La réponse est sous ses yeux. Il sourit au roux et lui prend la main. Sans détourner le regard, il répond :

"- Bon, j'avoue, je raffole de leur grenadine."

• • • • •

un chapitre plus long que mon avenir mais bon, j'suis quand même contente de cette fin !!
eh oui, on y est, grenadine est presque bouclée ! il ne reste plus que l'épilogue, et tout sera terminé :D il sera publié d'ici quelques jours !

merci d'avoir attendu aussi longtemps la suite et — presque — fin de cette fiction, j'espère sincèrement qu'elle vous a plu même si les derniers chapitres étaient bâclés lol :')
je vous aime trop jpp vraiment gros love à tous mes lecteurs <33

lu'
(j'ai pas relu j'avais la flemme t'façon je ferai une correction globale plus tard)

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