"- Attends quoi ?! Mais c'est grave Changbin !!

- Ça va, il ne m'a pas touché je t'ai dit...

- Encore heureux pour lui ! C'était à quelle heure ?

- Vers 11 heures.

- Je savais que c'était une mauvaise idée...

- Mais je t'assure que je vais bien, il m'a juste fait peur !

- Je te laisserais plus seul ici.

- Mais...

- Non Changbin. Je connais Chan depuis pas mal de temps, et il est complètement malade. Il fera tout pour te rentrer dedans, tu peux me croire."

Changbin souffle péniblement, attrape son sac et ouvre la porte de la salle de réunion.

"- Tu vas où comme ça ?

- Voir Felix."

Et sans même adresser un regard à Hyunjin, il sort de la salle, traverse le couloir et claque la porte du cybercafé derrière lui.

Bien sûr, il n'a pas tout raconté à Hyunjin. Il s'est retenu de lui dire qu'il avait fait une crise d'angoisse quelques minutes plus tard, et qu'il avait peur, même maintenant. Il ne l'aurait pas laissé filer aussi facilement, il en est sûr.

Après avoir signé la feuille de visite de l'hôpital, Changbin traverse le couloir menant à la chambre de Felix, toque doucement à la porte et entre. Le jeune blessé sursaute en voyant Changbin se faufiler à l'intérieur de la pièce, se redresse rapidement et baisse le regard. Il fixe ses deux petites mains posées sur la housse de couverture, en se mordillant la lèvre inférieure.
Changbin s'approche du lit et s'assoit à côté de celui-ci.

"- Salut Felix. Tu vas mieux ?

- Salut...Oui, merci. Merci pour avoir appelé les urgences si rapidement.

- Je l'aurais fait avec n'importe qui, c'est tout à fait normal.

- ...

- Tu as bien dormi ?

- Oui, longtemps surtout.

- Hm..."

Changbin se mordille nerveusement la lèvre. Doit-il lui parler de ce que l'infirmière lui a dit ?
Après un long silence, il se lève et plonge son regard dans celui du plus jeune.

"- Écoute, une infirmière est entrée dans ta chambre pendant que tu dormais, et elle m'a assurée que tu avais dit mon nom dans ton sommeil.

- Que...

- Si tu ne veux pas m'en parler je comprendrais."

Le jeune homme se rassoit et baisse la tête. Un silence s'installe entre les deux garçons, tous deux mal à l'aise. Le plus âgé lance de furtifs regards à son cadet, puis se remet à triturer ses doigts.
Soudain, le plus jeune s'éclaircit la gorge.

"- Je n'ai pas dit ton nom parce que j'ai rêvé de toi. À vrai dire, je me souviens de tous mes rêves, et je sais que tu n'étais pas dedans. J'ai dit ton nom parce que tu étais la dernière personne que j'ai vu, avant de m'évanouir complètement. J'imagine que j'ai dû repenser à toi, mais tu n'es pas apparu dans mon esprit...

- ...Donc, tu te souviens que c'est moi qui ai appelé les urgences ?

- Oui, je me souviens t'avoir entendu crier au téléphone.

- Oh, d'accord..."

En silence, Felix s'enfonce dans son lit. Changbin le regarde par moments, mais n'ose pas prendre la parole.
Alors que le plus âgé relève une énième fois sa tête vers Felix, leurs deux regards se croisent.
L'un fait basculer son regard entre les iris noisettes et les tâches de rousseur couleur de miel de l'autre, tandis que le plus jeune garde son regard fixé dans les pupilles profondes du plus âgé.
Leurs deux corps sont comme attirés l'un vers l'autre ; Changbin s'approche lentement du visage de son cadet, et celui-ci en fait de même.
Alors, quelques centimètres avant que leurs lèvres ne se touchent, Changbin se recule soudainement. Le plus jeune cligne des yeux nerveusement. Ils continuent à se regarder, mais un certain malaise s'installe entre les deux.
Après un long silence — pratiquement une éternité, Changbin se lève.

"- Désolé pour tout à l'heure...Je pense que je vais y aller maintenant. Si tu as besoin, appelle moi.

- Je...D'accord, rentre bien. Je suis désolé aussi. À bientôt, merci d'être passé..."

Le plus âgé salue et sourit timidement, puis sort de la pièce. Il inspire une énorme bouffée d'air ; après que les deux garçons aient repris leurs esprits, Changbin n'avait quasiment plus respiré. Beaucoup trop mal à l'aise, il s'était retenu d'émettre le moindre son, ne serait-ce qu'une respiration un peu trop bruyante.
Il sort de l'hôpital, une main sur le coeur. Il retourne chez lui.
Il doit retourner chez lui.

*

Le vent glacé du mois de février frappe les joues de Hyunjin. Il est assis à son balcon, le téléphone collé à l'oreille.

"- Mais t'es complètement malade ?! Tu peux pas y retourner , pas maintenant !

- J'ai pas le choix Hyunjin, je dois y retourner...

- T'imagines si il pete un câble sur toi ?

- C'est pas grave, c'est déjà arrivé plusieurs fois et je suis pas mort.

- Tu te rends pas compte Changbin, mais c'est trop dangereux...Non tu dois pas y retourner.

- C'est pas toi qui choisit. J'y retourne ce soir.

- Non Changbin !...Changbin ?"

A l'autre bout du fil, seul une longue sonnerie se fait entendre. Hyunjin pose violemment son téléphone sur la table, tourne les talons et s'enferme dans la salle de bain. Une bonne douche ne serait pas de refus, pour calmer les nerfs...

*

"- Où est mon fils ??"

Madame Lee déboule dans le hall de l'hôpital. Son regard balaye les environs, cherchant une infirmière. Elle se rue vers l'accueil.

"- Bonjour madame.

- Où est mon fils ?

- Puis-je avoir son nom ?

- Lee Felix...

- Chambre 28, au bout du couloir, à gauche.

- Merci !"

La femme s'enfonce dans le couloir étroit, en balayant les murs des yeux. Le numéro 28 lui fait l'effet d'une bombe dans le coeur. Elle jette un coup d'œil par la petite vitre sur la porte, et aperçoit son fils, allongé sur le lit, des câbles et des machines tout autour de lui. Une petite larme roule jusqu'à sa lèvre. Elle l'essuie d'un coup de manche, puis pousse la porte et entre silencieusement à l'intérieur de la pièce.
Alerté par le bruit de la porte, Felix ouvre un œil. Il voit la silhouette d'une femme s'approcher de lui. Apeuré, il se redresse d'un coup.

"- Q...Qui êtes-vous ?

- Felix ?

- Maman ??"

La jeune femme adresse un sourire chaleureux et rassurant à son fils, qui écarquille les yeux.

"- Qu'est ce que tu fais là ?

- J'ai été prévenue par Seungmin que tu était à l'hôpital. Je suis rentrée le plus rapidement possible. Je suis désolée d'avoir été absente à un moment crucial de ta vie...

- Maman, arrêtes de t'excuser.

- Je m'en veux terriblement de t'avoir laissé seul...Pardonne moi.

- Je ne t'en veux pas maman, pas du tout."

La femme s'assoit près de son fils en souriant faiblement, les larmes aux yeux. Elle prend ses petites mains dans les siennes, les approche de ses lèvres et les embrasse tendrement.

"- Maman...Tu sais que je déteste ça !

- Je sais. C'est pour ça que je le fais."

La femme éclate de rire, sous les yeux ébahis de son fils. Celui-ci sourit à son tour en regardant sa génitrice.

Ça fait du bien de la retrouver.

*

La grande maison se dresse devant les yeux de Changbin. En s'approchant de la porte, il remarque que les deux fenêtres donnant sur la rue sont grandes ouvertes.
Il toque une fois, pas de réponse. Une deuxième fois, toujours rien.

Quelle idée d'oublier ses clés avec un gars pareil à l'intérieur de la maison...

Il balaye les alentours des yeux, et son regard se pose une seconde fois sur les deux fenêtres ouvertes. Il réfléchit quelques secondes, puis s'avance vers la plus grande des deux et se glisse à l'intérieur de la maison en passant par l'ouverture. Sans bruit, il sort de la chambre, traverse le couloir et arrive dans le salon. Ce qu'il voit le désole ; le canapé est sale et tâché de gras, des miettes jonchent le sol, la table de la cuisine est écrasée par plusieurs dizaines de paquets de chips en tout genre, et plus que tout, l'odeur de cigarette et d'alcool lui brûle les narines. Il ne peut quasiment pas respirer, alors il ne risquerait pas une grande bouffée d'air, il sentirait cette puanteur jusqu'aux entrailles.
En s'avançant un peu plus vers la cuisine, ses yeux tombent sur le corps de son père, avachi sur le buffet.

"- Ça...Ça va ?"

L'homme grogne. Il murmure quelques mots incompréhensibles, puis se tait. Changbin s'approche prudemment de lui.

"- Tu m'entends ?"

Il se penche vers le visage de son géniteur, mais recule instantanément, dégoûté par l'odeur de l'alcool. Il pousse l'épaule de l'homme vers l'arrière. Celui-ci gigote plus violemment cette fois, et donne un coup dans l'air en direction de Changbin.
Le jeune homme recule une seconde fois, souffle, puis se retourne et marche jusqu'aux escaliers.
Avant de poser le pied sur la première marche, un léger bruit provenant de la cuisine attire son attention.
Une chaise est poussée. Puis, des bruits de pas. Sentant son coeur battre plus fort, Changbin monte les deux premières marches et se cramponne à la rampe d'escalier.
Alors, l'homme il y a peu avachi sur la table apparaît.

"- Ch....Changbin ?"

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désolé pour le retard, j'ai dû terminer mon edit et le poster ça m'as pris du temps mais me voilà, pour le plus grand plaisir de certain(e)s ! ^^