CHAPTER II
- CHAPTER II -
familia, nicki minaj & anual aa & bantu
❝ nobody mention my familia ❞
___
WENDIE lâcha un soupir de soulagement en poussant enfin la porte de sa chambre. Dès qu'elle eut posé un pied dans la pièce, elle se débarrassa de son sac en l'envoya rouler sur son lit.
"Freeedoommm", marmonna Louise en déposant le sien avec un peu plus de douceur. "Ou pas, étant donné qu'une loooongue liste de devoirs nous attend pour la soirée."
"Super", grogna son amie en s'affalant sur le fauteuil. "J'avais vraiment besoin qu'on me le rappelle."
"D'ailleurs, il me semble que tu me dois des explications", renchérit Louise.
"A quel sujet ?"
Wendie se pencha par-dessus le bureau et alluma l'ordinateur.
"Miles Morales, là, le type à qui tu as parlé tout à l'heure en physique."
"Oui, et ?"
Elle jeta un coup d'oeil à son amie, et son regard suffit à lui faire lever les yeux au ciel.
"Yoo-hoo, je lui ai adressé la parole pendant plus d'une minute, c'est forcément l'amour de ma vie !" ironisa-t-elle en se retournant pour pianoter sur le clavier de l'ordinateur.
"Oh, ça va, hein. J'essaye de te caser depuis la primaire, alors permets-moi d'avoir un minimum d'espoir."
"Il fait chaud, là, non ? Tu as baissé le radiateur ? Je vais ouvrir la fenêtre", ajouta-t-elle en faisait mine de se lever.
"WENDIE WATTS, NE CHANGE PAS DE SUJET."
Le portable de Wendie vibra dans sa poche. Elle jeta un coup d'oeil au nom qui s'affichait sur l'écran puis se décida à décrocher au bout de quelques secondes. Louise se détourna, s'absorbant déjà dans ses devoirs. Wendie s'approcha de la fenêtre.
"Allô ?"
"Wendie ?"
"Ouii, maman, qui veux-tu que ce soit d'autre ?"
Elle entendit sa mère soupirer à l'autre bout du fil et appuya son front contre la vitre.
"Oh, Wendie, ne commence pas sur ce ton, s'il te plaît."
"Qu'est-ce qui se passe, maman ?" la coupa la jeune fille, renonçant à entamer un débat. "Pourquoi tu m'appelles ?"
"Wendie, est-ce que par hasard tu aurais oublié que ton père est à New-York ce soir ?"
"..."
Wendie décolla son portable de son oreille et se tourna vers Louise.
"Oh, merde."
"Qu'est-ce qu'il y a ?" s'enquit son amie en relevant les yeux de ses cahiers.
"Wendie ?" lui parvint la voix de sa mère, insistante.
"Oui, maman, je suis là", reprit-elle en essayant de maîtriser sa voix.
"Parce qu'il m'a appelé et tu n'es toujours pas à votre lieu de rendez-vous."
"Je... dis-lui que j'arrive, alors", bafouilla-t-elle en attrapant sa veste.
"Wendie, tu sais très bien qu'il faut que tu te prennes en main, maintenant. Je ne peux pas toujours être derrière toi pour te rappeler ce qu'il faut que tu fasses. Je suis débordée en ce moment et je -"
"Je sais, maman", la coupa la jeune fille en contenant difficilement l'agacement dans sa voix. "J'ai juste été retenue un peu plus longtemps que d'habitude en cours, c'est rien. Dis-lui que j'arrive."
"Wendie, je -"
"Au revoir, maman, merci de m'avoir prévenue", fit-elle avant de raccrocher.
Elle se tourna aussitôt vers Louise, la mine défaite.
"Lou, je suis tellement désolée, j'avais complètement zappé mais je dois rejoindre mon père et je serai pas rentrée d'ici longtemps et..."
Son amie poussa un soupir à fendre l'âme et se laissa retomber sur son oreiller.
"Quoi, tu es en train de me dire qu'il faut que je fasse les devoirs pour toi aussi ?"
"J'suis tellement désolée, mais je le vois vraiment pas souvent", plaida-t-elle d'une petite voix, tout en enfilant sa veste.
"C'est bon, j'ai compris", râla Louise. "Mais si je m'endors sur ma table demain en cours de maths, ce sera ta faute, ok ?"
"Ok, merci, cool, à tout à l'heure !" lança Wendie en se glissant dans le couloir, adressant un grand sourire à sa compagne de chambre.
Elle referma la porte et se promit de ramener des bonbons à Louise pour se faire pardonner.
___
"Alors sinon, comment ça se passe à Visions ?"
Wendie baissa les yeux sur ses baskets et enfonça ses mains dans les poches de sa veste, frissonnante. La nuit était déjà tombée sur New York et les buildings étincelaient de mille feux, éclairant allègrement la ville, mais cela n'empêchait pas la jeune fille d'avoir froid.
"C'est... cool. Enfin, il me faut encore un peu de temps pour m'habituer, mais sinon ça va", lâcha-t-elle en évitant le regard de son père.
A quoi bon lui dire qu'elle haïssait d'ores et déjà le collège ? Que chaque journée était un supplice ? Qu'elle serait déjà morte si Louise n'avait pas été là pour l'aider ? Inutile de rajouter une énième raison de s'inquiéter à son père. Il était déjà suffisamment préoccupé comme ça.
Un peu plus tôt, ils avaient pris un hot-dog au vieux fast-food où ils avaient l'habitude d'aller avec le petit frère de Wendie, du temps où leurs parents n'étaient pas encore séparés.
"C'est super que tu t'y sentes bien", commenta son père, marchant d'un pas tranquille à côté d'elle. "Ta mère s'inquiétait beaucoup à ton sujet, tu sais."
Les épaules de la jeune fille tressautèrent.
"Vraiment ? Moi qui croyais qu'elle était débordée en ce moment..." marmonna-t-elle d'un ton amer.
Elle sentit son père se raidir à ses côtés. Il lâcha un soupir, cherchant ses mots. La jeune fille regretta aussitôt d'avoir exprimé le fond de sa pensée : elle ne tenait pas plus que ça à écouter un énième sermon sur la situation familiale.
"W, tu sais bien que c'est dur pour elle en ce moment, avec ton frère, la maison, son nouveau boulot... Elle a un peu de mal, d'accord ? Il faut vraiment que tu essayes d'être un peu plus compréhensive."
La jeune fille ne répondit rien, se contentant de fixer le trottoir pendant un instant.
"Et toi, ça se passe bien à Washington, avec... Morgan ?"
"Jordan", rectifia son père avec un petit claquement de langue désapprobateur. "Il a bientôt trois ans, tu sais ?" ajouta-t-il avec fierté. "J'aimerais bien que toi et ton frère vous le rencontriez, un jour."
"Oui, ce serait cool."
Elle esquissa un sourire, même si au fond d'elle, elle n'avait pas très envie de rencontrer son demi-frère. De constater de ses propres yeux que son père avait refait sa vie ailleurs. Une vie géniale, une vie meilleure. Loin d'elle, de son frère et de leur mère.
"Tu reprends l'avion ce soir ?" s'enquit-elle en levant les yeux vers lui alors qu'ils s'arrêtaient devant un passage piéton.
"Oui, mais j'ai eu le temps de voir un peu ton frère. D'ailleurs", ajouta-t-il en jetant un coup d'oeil à sa montre, "tu fais bien de me le rappeler. Je dois prendre le bus dans cinq minutes."
"Oh", lâcha Wendie, un peu déçue.
"Tu sauras rentrer à Visions toute seule ?"
"Oui, je dois juste prendre le métro. Louise doit m'attendre."
Wendie regarda son père, dans son costume-cravate sobre et strict, ses cheveux impeccablement coiffés, ses chaussures propres et luisantes. Il était à la tête d'une entreprise florissante, avait une femme brillante et un fils adorable. Le citoyen parfait, en somme.
Il serra sa fille dans ses bras, non sans émotion. Malgré toute la rancoeur qu'elle éprouvait contre lui, il restait son père et il lui manquait.
"Tu me manques", fit-elle, la gorge serrée, lorsqu'il la relâcha.
Les traits de son visage s'adoucirent.
"Je sais, ma chérie. Vous me manquez aussi. J'essaierai d'être là pour les vacances de Noël, d'accord ?"
Wendie acquiesça. Il lui adressa un dernier sourire, lui recommanda de prendre soin de sa mère et de son frère, puis tourna les talons. La jeune fille le suivit du regard jusqu'à ce qu'il s'évanouisse dans la foule.
___
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro