CHAPTER I
- CHAPTER I -
sunflower, post malone ft swag lee
❝ i think your love would be too much ❞
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"PFFF, j'suis crevéééée", gémit Louise en enfouissant son visage dans son oreiller.
"Non, vraiment ?" ironisa Wendie. "C'est vrai que c'est pas comme si c'était la trentième fois de la matinée que tu me le faisais remarquer."
La jeune fille jeta un coup d'oeil dans les tiroirs de son bureau et se redressa avec un soupir.
"C'est toi qui m'a pris mon cahier de maths ?"
"Evidemment", râla Louise, la voix étouffée par son oreiller. "J'adore piquer les cahiers de maths des gens. Je les revends sur le marché noir."
"Ha, super, je vais faire comment maintenant ? Le prof de maths est vraiment horrible, j'ai pas envie de l'avoir sur le dos tout le cours parce que j'ai pas mes affaires."
"Ça fait à peine une semaine qu'on l'a", rétorqua son amie en s'extirpant de son lit.
"Oui, ça fait à peine une semaine, mais j'en peux déjà plus de cet endroit."
Elle referma son sac d'un coup sec. Louise ne répondit rien et se contenta de traverser la chambre pour aller prendre sa douche dans la salle de bains. Wendie se laissa retomber lourdement sur l'unique fauteuil de la pièce et lâcha un soupir. C'était un mardi. Il restait donc quatre longues et interminables journées avant qu'elle puisse retourner chez elle pour le week-end.
Elle détestait cet endroit, principalement parce que Visions était un internat et que sa chambre douillette lui manquait. Heureusement qu'elle connaissait Louise depuis la primaire, car elle n'osait même pas imaginer l'horreur de partager sa chambre avec une inconnue. Mais ses parents avait tellement insisté pour qu'elle passe le concours qu'elle n'avait pas vraiment eu le choix. Ils lui avaient répété pendant tout l'été qu'ils faisaient ça pour elle, pour son avenir.
Elle n'avait pas vraiment protesté. Après tout, elle avait besoin d'un peu de renouveau, elle voulait voir de nouvelles têtes. Mais elle ne s'attendait pas à voir autant de nouvelles têtes. Dès le premier jour passé dans l'établissement, elle s'était sentie dépassée. Tout était démesuré : il y avait trop de monde, les bâtiments étaient immenses et interminables, les professeurs s'arrêtaient à peine pour répondre aux questions des élèves et Wendie n'avait qu'une ou deux minutes pour souffler entre chaque cours.
Louise, elle, semblait s'être habituée à ce nouveau rythme. Mais après une semaine, Wendie ne parvenait toujours pas à s'y faire.
"Allez, W, remue-toi, on va être en retard."
Louise surgit de la salle de bains, tirant Wendie de ses pensées. Elle jeta un dernier coup d'oeil à son bureau, puis renonça à trouver son cahier de maths et saisit son sac de cours.
"On est déjà en retard", lui fit-elle remarquer. "Ça sonne dans cinq minutes."
"En courant, on peut carrément y être dans cinq minutes", répliqua Louise en ouvrant la porte.
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Six heures et une pause-déjeuner plus tard, Wendie et Louise parvenaient au dernier étage du bâtiment C. Arrivée en haut, la première s'appuya contre la rambarde pour reprendre son souffle.
"Pourquoi faut-il que les labos se trouvent toujours au dernier étage ?" se plaignit Louise en la rejoignant. "J'ai même pas fini de digérer ma compote."
"Allez, courage, il reste encore deux heures de cours", soupira Wendie en jetant un coup d'oeil au planning des salles accroché sur le mur. "Salle C309."
"Oui, et après on va passer la soirée sur notre DM de français", renchérit Louise en prenant la direction de leur classe. "Yoo-hoo."
La sonnerie retentit et elles pressèrent le pas. Le reste de leur classe était déjà réuni devant la salle. Wendie s'appliqua à ne croiser le regard de personne. A part Louise, elle ne connaissait personne à Visions, et elle n'avait pas vraiment envie de se faire de nouveaux amis. Tous les élèves de Visions lui apparaissaient comme de petits génies prétentieux et égocentriques. Elle ne tenait pas plus que ça à faire leur connaissance.
Elle s'appuya contre le mur et poussa un soupir. Elle était déjà épuisée. Les cours s'étaient enchaînés sans lui laisser le temps de se reposer, comme d'habitude. Elle n'avait plus qu'une envie : retourner dans sa chambre, s'affaler sur son lit et dormir jusqu'au lendemain matin. Voire jusqu'à la fin des temps.
Des pas résonnèrent dans le couloir, couvrant les conversations des élèves et ramenant la jeune fille à la réalité : il lui restait encore deux interminables heures de cours.
"Bonjour", lança la professeure de physique en se frayant un chemin parmi le groupe d'élèves massé dans le couloir.
Wendie lui jeta un coup d'oeil : très sévères, cheveux bruns ondulés, lunettes rondes... Un vrai cliché. Elle glissa la clé dans la serrure, jetant à peine un regard à ses élèves. La jeune fille n'avait pas encore d'idée précise sur son avenir, mais une chose était certaine : elle ne deviendrait jamais prof. Il n'y avait rien d'aussi peu palpitant que la routine d'un professeur, entre les cafés pendant les intercours, les élèves insupportables et les cours inintéressants.
C'était d'ailleurs peut-être pour ça que tous les profs de Wendie faisaient une tête de six pieds de long et jetaient des regards mauvais à leurs élèves.
"Sortez une feuille", annonça la professeure lorsque tout le monde se fut installé. "On commence un nouveau chapitre."
Elle se tourna vers le tableau pour inscrire le nouveau sujet tandis que Wendie se penchait vers Louise, installée un rang devant elle, pour lui demander une feuille.
"Pour introduire le sujet", continua la professeure de sa voix plate et monotone, "je vais vous passer un documentaire sur un projet de la société Alchemax."
Un murmure de satisfaction parcourut les rangs des élèves, rapidement remplacé par des marmonnements de dépit lorsque leur prof ajouta : "Vous prendrez des notes pour rédiger une synthèse pour le cours de la semaine prochaine."
Wendie poussa un soupir agacé. Pendant une fraction de seconde, elle avait espéré pouvoir somnoler sur sa table toute la durée du documentaire. Les lumières s'éteignirent, le vidéo-projecteur se mit en route dans un ronronnement et bientôt la seule chose audible dans la pièce fut le crissement des stylos sur les feuilles de papiers.
Soudain, la porte s'ouvrit en grand, laissant un rai de lumière filtrer dans la classe plongée dans la pénombre. Tous les élèves redressèrent la tête lorsqu'un garçon s'avança dans la pièce. Il hésita en s'apercevant que le cours semblait déjà bien entamé.
"Miles Morales, se faufilant dans le noir", fit platement la professeure en interrompant le reportage. "Vous êtes encore en retard."
L'intéressé se figea devant le tableau avant de reprendre contenance.
"Einstein a dit que le temps était relatif, alors peut-être que ce n'est pas moi qui suis en retard, mais vous qui êtes tous en avance."
Il ponctua sa tirade d'un sourire satisfait, et un grand silence tomba sur la classe. Wendie pouffa et la moitié des élèves se retourna vers elle.
"Désolée, je suis fatiguée", s'excusa-t-elle à demi-voix, embarrassée.
"Est-ce que vous allez rester planté là, ou vous préférez vous assoir ?" reprit la prof d'une voix sarcastique.
Sans attendre la réponse de Miles, elle remit le film en route et les élèves piquèrent du nez vers leurs notes. Miles s'empressa de s'installer, juste à côté du bureau de Wendie. Lorsque le silence fut retombé sur la classe, Miles se pencha vers elle.
"Merci d'avoir rigolé à ma blague", souffla-t-il, suffisamment bas pour qu'elle soit la seule à l'entendre. "Ç'aurait été gênant, sinon."
"Non, mais c'est juste que je suis fatiguée, donc je rigole un peu pour un rien", se justifia-t-elle. "Enfin c'était drôle quand même, hein", bafouilla-t-elle en essayant de se rattraper. "Enfin je crois."
Elle sentit ses joues chauffer et baissa les yeux pour donner le change.
"Tes lacets sont défaits", fit-elle remarquer.
"Je sais", répliqua-t-il. "Mais c'est un choix."
"Ah."
"Morales, Watts, taisez-vous", siffla la professeure à voix basse en passant entre eux, coupant court à leur conversation.
La jeune fille s'empressa de se replonger dans ses notes.
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