18 & 19
« Mon petit chat, est ce que tu crois que c'est vraiment raisonnable ? »
Le sac prêt, l'air déterminé et les chaussures entrain d'être lacées, Félix se préparait déjà à sortir pour rejoindre Changbin sur le campus universitaire. Ce dernier l'avait invité à plusieurs reprises à venir chez lui, entre deux soirées arrosées et les week-ends qu'ils passaient ensemble. Pour Félix, c'étaient les vacances scolaires mais pas pour son aîné, aussi ce dernier lui avait proposé de venir dormir un soir à son appartement qu'il partageait avec son senior pour passer du temps ensemble en dehors de chez leurs parents.
Lorsqu'il se redressa, Félix dégagea ses cheveux décolorés de son visage. Il avait osé sauter le pas quelques mois auparavant, abandonnant sa couleur naturelle pour un blond polaire qu'adorait Changbin. Il aimait aussi beaucoup cette couleur, prenait du temps pour l'entretenir. Même si ses parents n'étaient pas d'accord de prime abord, ils avaient finit par laisser couler. Après tout, pour eux ce n'était qu'une coloration, rien de plus. Mais pour Félix, c'était plus. C'était réussir à s'approprier son corps. Il avait également changé de style vestimentaire, portant désormais des pantalons plus près du corps ainsi que des tee-shirts informes à l'effigie de groupes de musique ou de marques adorées des adolescents. Sa croix brillait encore intensément à son cou : il ne la quittait jamais lorsqu'il était chez lui.
« Maman, c'est Changbin. Je ne risque rien avec lui. Il m'a même proposé de me faire un tour du campus après ses cours pour l'année prochaine, histoire que je ne sois pas perdu. » déclara t-il en s'appuyant contre le mur de l'entrée, dévisagé par sa mère qui semblait complètement déboussolé. Il ne lui avait jamais causé de soucis, jusqu'à maintenant.
« Justement, c'est Changbin. » rétorqua t-elle en soupirant. « Je n'ai jamais aimé ce garçon, j'ai toujours trouvé qu'il était... dépravé. Tu as vu à quel âge il a commencé à se teindre les cheveux ? Et puis il n'a jamais dû aller à l'église de sa vie... »
« En effet il n'y a jamais été. » répondit Félix en soupirant. « Mais ça ne fait pas de lui une mauvaise personne maman. Changbin m'a toujours protégé lorsqu'on était à l'école et il reste mon ami même en étant loin. Il m'apporte beaucoup de bonnes choses et... »
« Il n'est pas... enfin, tu sais ? » le coupa sa mère d'un air suspicieux.
Elle n'était au courant de rien, et c'était tant mieux. Félix n'aimait pas mentir, il n'était pas bon en le faisant, mais ce sujet était trop délicat pour annoncer librement à sa mère que Changbin était homosexuel. Sans compter le fait du nombre incalculable de fois où ils se tenaient par la main lorsqu'ils sortaient tous les deux. Félix adorait son aîné, il le chérissait plus que tout au monde, mais il était terrifié de mettre des mots sur ce qu'il ressentait. Aussi, Changbin le laissait aller à son rythme et le jeune homme préférait ne pas se poser de question.
« Je ne vois pas de quoi tu parles maman. » reprit il en attrapant son sac à dos pour l'enfiler et jeter un coup d'œil à sa mère. « Ne t'en fais pas, je ne risque rien avec lui. »
« S'il l'est je ne veux pas qu'il te contamine avec ses idées ou bien... »
« Maman ! » s'exclama t-il, choqué des propos de sa mère. Bien qu'il était moins pratiquant, il allait moins au sermon du dimanche désormais en prétextant des révisions intensives pour sa dernière année de lycée, il n'aimait pas dénigrer des personnes pour ce qu'elles étaient. Avec internet, il s'était beaucoup renseigné sur les genres et sur les identités sexuelles. Aussi, il n'appréciait pas ce genre de discours complètement archaïques.
« C'est par là que le mal commence ! Tu ne m'as jamais parlé d'une fille qui te plaisait, c'est toujours Changbin par ci, Changbin par là, j'ai rencontré ton père lorsque j'avais 17 ans et tu n'as jamais eu l'idée de trouver quelqu'un, je m'inquiète. »
Pour voir où le mariage de ses parents en était arrivé, Félix n'avait aucune idée de suivre la même voie. Sa mère était particulièrement seule à la maison. Son père travaillait beaucoup, certes, mais il esquivait aussi beaucoup de domicile familial. Avec du recul, le jeune homme s'était rendu compte que son père n'avait presque pas participé à son éducation et qu'il s'était souvent contenté de lui faire la morale. Pour un homme qui avait commencé à boire avec des collègues tard le soir pour rentrer aussi peu que possible, c'était ironique.
« Parce que je n'ai pas encore rencontré de fille sérieuse qui me plaisait, c'est tout maman. » répondit il en essayant de l'apaiser. « Je verrais certainement plus de gens à la fac, ça me fera du bien, d'accord ? »
Sa mère fit une moue plutôt triste et Félix ressentit de la peine pour elle. Lui avait la chance d'avoir pu s'émanciper dans sa façon de penser, de grandir et de se découvrir comme il l'entendait. Aussi il était très triste que sa mère ne puisse pas en avoir fait de même. Il soupira avant de faire un pas vers elle pour la prendre dans ses bras. Même s'il était encore maigre, il la trouvait minuscule. Elle aussi se mit à soupirer avant de se séparer de son fils.
« Je veux la meilleure vie pour toi, tu le sais ça ? » dit elle en se mordillant la lèvre. Félix hocha la tête.
« Oui je sais. Mais pour ça il faut que je vive de mon côté. Et Changbin m'accompagne pour ça, donc ne le dénigre pas d'accord ? »
C'était un argument imparable et Félix le savait. Sa mère hocha la tête et finit par le repousser pour qu'il puisse partir. Le jeune homme fit un signe de la main avant de fermer la porte du domicile familial. Il était terriblement impatient.
Bien entendu, Changbin avait été accepté dans la section de ses rêves à l'université. Le garçon y excellait d'ailleurs. Il avait un senior très gentil, de deux ans de plus que lui, qui s'appelait Chan. Ce dernier semblait être le vrai mentor de son ami : toujours gentil, disponible et agréable. Félix avait hâte de le rencontrer et appréhendait aussi un peu. Il était jeune et craignait de ne pas réussir à se faire sa place dans l'univers de Changbin à la faculté. Naïf, il savait très bien qu'il n'était pas le plus dégourdi des garçons de son âge sur pleins de sujets adultes, complètement cadré par ses parents sur ceux ci. Il espérait sincèrement pouvoir trouver sa place l'année prochaine à l'université et s'y sentir bien.
Après avoir emprunté les transports en commun jusqu'au campus, Félix descendit à l'arrêt de bus spécifié par Changbin par message. L'arrêt était plein à craquer d'étudiants légèrement plus âgés que lui : c'était la fin d'un jeudi après midi et tout le monde semblait se presser pour retourner dans leurs logements universitaires. Le jeune homme interpela un garçon pour savoir où se trouvait le bâtiment du numéro indiqué par son aîné et se laisse guider par les indications fournies. Objectivement, Changbin était plutôt bien placé. Une dizaine de minutes à pieds pour aller à son bâtiment principal, une grande surface à proximité... Félix espérait sincèrement que ses parents allaient accepter de le laisser partir vivre sur le campus lui aussi. A de nombreuses reprises, les garçons avaient parlé d'une potentielle colocation à deux, sans jamais avoir amené des idées plus concrètes. Mais diplômé dans quelques mois, Félix voulait voir venir et se préparer à enfin quitter le cocon familial.
Arrivé devant un gigantesque bâtiment, Félix chercha le bon numéro d'appartement pour sonner à la porte. Il entendit un grave grésillement avant que la porte ne s'ouvre dans un grincement effroyable. Le jeune homme se glissa dans l'ouverture avant de prendre l'ascenseur pour rejoindre le bon étage et enfin arriver à destination.
Ce fut avec une joie immense que la porte de l'appartement de Changbin s'ouvrit sur ce dernier, tout sourire. Félix ne pouvait pas s'empêcher de sourire non plus, s'approchant de son aîné pour le prendre dans ses bras sans hésiter. Déambulant maladroitement tous les deux, le jeune homme joua de son pied pour fermer la porte d'entrer avant de se mettre à rire en sentant les bras puissants de Changbin enserrer sa taille.
« Ah tu es enfin là ! J'en ai presque pas dormi de la nuit ! » s'exclama ce dernier en se décalant à peine pour observer son cadet, des étoiles dans les yeux. « T'as fais bonne route ? »
« Oui ça a été, il y avait du monde mais au final c'était facile de trouver. » répondit Félix en posant son sac au sol une fois que Changbin l'avait relâché.
Son regard balaya l'appartement dans lequel vivait Changbin avec son senior. C'était petit et cosy. Le salon était à peine assez grand pour deux, donnant clairement vu sur une cuisine équipée avec le strict minimum. Dans le fond, un micro couloir donnait accès aux deux chambres ainsi qu'à la salle de bain. La décoration était très minimaliste : ils avaient l'impossibilité de décorer quoi que ce soit, hormis la guitare acoustique de Changbin et quelques posters aux murs, rien ne pouvait indiquer sur l'appartement était habité.
Félix vit aussitôt l'homme assit sur le canapé. Il n'avait jamais vu Chan, il n'avait qu'entendu parlé de lui. Changbin avait vaguement évoqué le fait que ce dernier venait également d'Australie et était d'une gentillesse incroyable. En plus de ça, Félix constata avec aisance à quel point Chan était un homme simplement beau. Peut être plus petit que lui, mais musclé et avec un sourire éclatant, le jeune homme s'approcha de lui avec un accent très marqué pour se présenter.
« Salut Félix ! Ravi de faire enfin ta connaissance, Changbin m'a souvent parlé de toi. » lança t-il en tendant la main pour serrer celle de Félix. Ce dernier étouffa un rire nerveux avant de serrer la main de Chan, sans cesser de sourire.
« En bien j'espère, je n'ai entendu que du bien de toi de mon côté ! » répondit il en s'amusant de l'accent légèrement prononcé du senior de Changbin.
« Oh, plus que ça oui. » rétorqua Chan en lui faisant un clin d'œil, jusqu'à ce que le principal intéressé finisse par les séparer en se mettant à soupirer lourdement.
« Merci on a compris ! » balança Changbin en levant les yeux au ciel.
Ils se mirent à rire avant de s'installer aussi confortablement que possible dans le minuscule salon. Chan proposa du thé, que Félix accepta, avant de s'y atteler pendant que Changbin revenait vers son cadet pour s'asseoir si proche de lui dans le canapé qu'ils étaient cuisse contre cuisse.
« Alors, ta mère n'a pas fait de scène en partant ? » demanda t-il en glissant nonchalamment son bras sur le dossier du canapé, touchant à peine les épaules de son cadet.
« Un peu, tu la connais de toute façon. » répondit ce dernier. « Tu te souviens de la crise à laquelle j'ai eu droit quand je lui ai annoncé que je voulais prendre un petit boulot ? Elle a hurlé au scandale en disant que je devais me consacrer aux études ou à la religion, quel enfer. »
C'était quelques semaines auparavant. Afin de pouvoir commencer à mettre de côté, Félix avait demandé à pouvoir faire un petit boulot dans la supérette du quartier. Ce n'était pas spécialement bien payé ni même gratifiant, mais le jeune homme tenait vraiment à mettre de l'argent en réserve quelque part. Depuis qu'il était enfant il n'avait jamais eu droit à avoir de l'argent de poche, sa mère prétextait que s'il voulait quelque chose il n'avait qu'à le demander. C'était terrible car Félix avait eu la sensation de manquer plein de choses dans son adolescence. Acheter ses premiers vêtements seuls, prendre un jeu vidéo de son choix... tout ça, il ne l'avait jamais vraiment vécu. Tant et si bien que la seule échappatoire qu'il avait été les soirées chez Changbin. C'était ce dernier qui lui avait suggérer de prendre un job après les cours pour économiser. Après tout, il avait 18 ans, il était assez vieux pour faire du magasinage et il tenait sincèrement à se faire plaisir de temps à autre. Même si sa mère lui rabâchait que les possessions matérielles n'étaient rien.
« Si elle avait pu te foutre dans un couvent elle l'aurait fait. » répondit Changbin en soupirant de nouveau.
« Un monastère tu veux dire. » reprit Félix en retenant un rire. « Si elle avait pu me mettre sous verre elle l'aurait fait dès ma naissance. »
Changbin fit un sourire sarcastique avant de tendre la main pour tirer légèrement sur le collier de son cadet. Sursautant, Félix se rendit compte qu'il avait oublié de l'enlever. Aussi, il ôta sa croix rapidement pour la mettre dans la poche de son pantalon. Il n'y avait vraiment que chez lui qu'il la portait.
« Et voilà le thé ! » s'exclama Chan en revenant dans le salon. A défaut de pouvoir s'asseoir dans le canapé, il prit place sur une chaise pliante pour faire le service dans des gros mugs où des traces de café étaient encore visibles. « Tu vas à la soirée du département demain Changbin ? »
« Non. » répondit ce dernier sans hésitation. « Je rentrerais demain soir avec Félix, on a prévu de sortir un peu tous les deux pour préparer les fêtes de fin d'année. »
« C'est dommage. » continua Chan en reposant sa théière et en faisant une moue. « Je pense que Félix aurait pu venir. Après tout c'est ton m... »
« Mon meilleur ami oui ! » le coupa nerveusement Changbin en faisant les gros yeux à son senior. « Mais il a une famille vraiment puritaine, sa mère est capable de l'appeler n'importe quand pour vérifier qu'il est vivant donc je préfère encore rater des soirées pour l'éviter de finir dans un donjon comme une princesse de dessin animé. »
« Ah c'est dur ça. » répondit Chan en se tournant vers le principal concerné avec un air vraiment peiné. « C'est pas trop compliqué au quotidien ? »
« ça va, c'est une question d'habitude. » reprit Félix en esquissant un sourire, sincèrement touché par la considération du jeune homme. « Heureusement que j'ai Changbin depuis qu'on est gamin pour me sortir de là, sinon je ne sais pas où je serais à l'heure actuelle. »
Avec du recul, Félix n'en savait vraiment rien. Peut être aurait il continué à être un fervent croyant, complètement obnubilé par ses croyances sans avoir la présence d'esprit de remettre en question quoi que ce soit. Sa mère trouvait ça malsain de se poser trop de question, mais lui adorait ça. Il pensait sincèrement encore qu'une force au dessus des Hommes existait, mais il n'arrivait pas à savoir quoi. Pour lui, quelques épisodes de la Bible tenaient de la fiction pure. Il préférait désormais s'en servir de ligne directrice sans pour autant suivre aveuglément tous les préceptes religieux dont on lui bourrait le crâne.
Notamment sur la sexualité.
Félix avait conscience de ce qu'il aimait regarder. Et rien à faire, les filles étaient jolies, mais il n'avait jamais ressenti les pulsions comme le décrivait les connaissances de son âge. Il entendait souvent les garçons de sa classe se comporter comme des animaux dès qu'ils voyaient un bout de cuisse ou un décolleté chez une fille. Lui n'aimait pas spécialement ça. Par contre, le souvenir des mains de Changbin contre lui, lors de leur sortie au lac artificiel l'année passée, lui enflammait toujours les sens. Il avait adoré le sentir contre lui, fort et tendre à la fois, la flamme brûlant en lui dévorant la moindre parcelle de sa peau. Depuis, ils n'avaient jamais recommencé mais l'idée trottait toujours dans la tête de Félix. Il n'était pas répugné physiquement par les hommes, même si au fond de lui, une voix insidieuse essayait de lui faire comprendre qu'il ne fallait pas céder à la tentation. Même si c'était déjà trop tard.
« Enfin, sache que tu es bienvenu aux soirées étudiantes si jamais tu as envie de venir une fois Félix. » continua Chan en tendant la main pour tapoter le genou du jeune homme. « Avec Changbin et moi tu crains rien du tout... sauf peut être une gueule de bois mais bon, faut bien une première fois à tout. »
« Tu bois beaucoup en soirée ? » demanda Félix en se tournant vers son ami. Ce dernier haussa les épaules en essayant de garder un air vague.
« Plus ou moins, c'est toujours sympa d'être désinhibé pour en profiter à fond. »
« Je n'ai jamais vraiment bu d'alcool, hormis du vin pendant les messes. » continua le jeune homme en faisant une moue. Il s'attendait à être jugé par Chan, mais à la place, ce dernier lui décocha un immense sourire.
« Si tu veux on peut boire un coup, on a un peu d'alcool si t'as envie de goûter. »
Avant même de pouvoir réfléchir, Félix accepta. Il était curieux. Il savait qu'abuser de l'alcool était un pêché, mais il avait envie d'essayer. Ça ne pouvait pas être mauvais, en prendre légèrement. Changbin lui avait raconté que l'alcool avait des effets différents sur les gens selon leur humeur. D'après lui, il avait l'alcool joyeux et il avait tendance à beaucoup rire lorsqu'il buvait trop. Ici, dans l'appartement de ses aînés, Félix savait qu'il ne risquait rien. Même s'il buvait trop, il pouvait dormir le lendemain jusqu'à retourner chez lui le soir. Aussi, lorsque Chan retourna dans la cuisine pour fouiller dans le réfrigérateur, il croisa le regard de Changbin qui semblait très amusé.
« Qu'est ce qu'il y a ? » demanda Félix en rougissant.
« Rien, j'ai hâte de savoir à quoi tu vas ressembler après quelques verres de vodka. »
La réponse ne se fit pas attendre. Après avoir continué à papoter pendant un bon moment Félix accepta de sauter le pas en buvant un shoot que lui proposait Chan en souriant. Ils trinquèrent avant que le jeune homme ne descende son verre d'un coup. L'alcool lui brûla tout l'œsophage et l'estomac, il se mit à tousser pour essayer de reprendre sa respiration. C'était si fort que ses yeux se noyèrent de larmes. Pour autant, la brûlure était agréable et après quelques minutes, il ressentit une agréable sensation de chaleur dans tout son corps. Il se sentait plus à l'aise, plus libre aussi. Il riait pour rien, même au pires blagues de Chan et Changbin. Lorsqu'il descendit son deuxième verre, il se sentit légèrement étourdi. Mais toujours terriblement bien. Pour une fois, il oubliait clairement la maison, ses soucis avec ses parents, l'école...
Changbin apporta de quoi manger un peu en début de soirée pour éponger la nourriture. Ils commandèrent des pizzas et Félix but son troisième verre en plein milieu du repas. Une fois réduit à un bazar de rires désorganisés, Changbin lui confisqua son verre avec un air attendri avant de lui laisser à portée une bouteille d'eau. En milieu de soirée, Chan sortit pour rejoindre des amis à lui et leur souhaita une bonne soirée. Félix avait les joues rouges et l'esprit embrumé, aussi lorsque son aîné vint s'asseoir à côté de lui dans le canapé, le jeune homme roula pour venir le prendre dans ses bras sans cesser de pouffer de rire. Quand il sentit une main dans ses cheveux pour les caresser, ce fut presque comme s'il s'était mis à ronronner.
« Alors comme ça, tu es une petite glu quand tu as bu. » lança Changbin en se mettant à rire sans cesser de caresser les mèches sous sa main. Félix étouffa un nouveau rire avant de balancer sa jambe par dessus les cuisses de son aîné pour le coller davantage.
« Je vois pas de quoi tu parles. » répondit il en inspirant profondément l'odeur de son aîné dans le creux de son cou. Depuis qu'il avait commencé la faculté, Changbin avait arrêté de fumer pour faire des économies et pouvoir payer son petit logement universitaire. Il ne sentait donc plus la cigarette depuis longtemps, mais une odeur de cuir et de gel douche que Félix aimait beaucoup.
« Je me suis transformé en véritable oreiller, pas la peine de mentir Lix, je te connais trop bien. » reprit son aîné en attrapant de sa main libre la cuisse de Félix pour le maintenir tout contre lui. « Tu veux que je dorme dans le canapé ou... »
« Non » ! s'exclama le jeune homme en resserrant son étreinte. « On dort ensemble, on l'a toujours fait pourquoi ça changerait maintenant ? »
Félix ne comprit pas ce que son aîné soupira entre ses lèvres. Il était prêt à protester en sentant la main dans ses cheveux partir, mais il se rendit compte que c'était simplement pour changer la chaîne de télévision et monter le son pour occuper l'espace. Inconsciemment, le jeune homme changea sa position pour être plus à l'aise contre son aîné, repliant sa jambe et enfouissant son visage dans le cou de Changbin davantage.
Il aurait été probablement mortifié de se comporter comme ça en temps normal, mais là il ne savait pas pourquoi, il trouvait ça juste naturel.
La main de son aîné sur sa cuisse le caressait doucement, laissant les doigts malaxer ses muscles sans pour autant lui faire mal. Dans son corps, la chaleur lui donnait la sensation de planer. Félix ne savait pas vraiment ce qu'il se passait : tout ce qu'il savait c'était qu'il avait chaud, qu'il se sentait bien et qu'il adorait être ainsi enveloppé dans la chaleur de Changbin. Mais bientôt, sans comprendre pourquoi, Félix en voulait plus.
Plus de Changbin autour de lui, plus d'odeur entêtante et de mains sur son corps.
Le jeune homme puisa dans ses forces pour réussir à se hisser péniblement sur les cuisses de Changbin, l'attrapant par les épaules pour réussir à se redresser et à se tenir au dessus de lui à genoux, assis sur ses jambes. Son aîné l'observait d'un air incertain, tandis que Félix glissait ses bras autour du cou de son aîné sans cesser de sourire.
« Félix, qu'est ce... » commença t-il une voix que le cadet trouvait tremblante. Lui même ne savait pas trop ce qu'il faisait. Les yeux vitreux et les joues rouges, il s'allongea tout contre Changbin pour se plaquer contre lui, arrachant au passage un soupir des lèvres de son aîné.
« T'es pas assez près. » finit il par répondre en chuchotant à l'oreille de Changbin. Le réflexe de ce dernier ne se fit pas attendre : il attrapa son cadet par les hanches pour le tenir tout proche de lui.
Torse contre torse, ils n'avaient jamais été aussi proches physiquement. Félix était un peu saoul, mais il était surtout ivre de l'odeur de son aîné, submergé par l'envie de rester près de lui et de le tenir dans ses bras. Pourtant, les mains de Changbin ne restèrent pas sur ses hanches. Elles commencèrent par caresser doucement son dos, à travers son tee-shirt, avant de descendre jusqu'en haut de ses fesses lentement. Félix ne pouvait pas être plus rouge, mais il était presque embarrassé par le soupir qu'il laissa échapper à la caresse.
« Lix... » gronda doucement Changbin en prenant une grande inspiration. « Lix, attends une minute... »
Avant de pouvoir protester une seule seconde, son aîné l'attrapa de nouveau par les hanches pour le forcer à reculer un peu. Félix était persuadé qu'il devait être dans un état déplorable, à moitié saoul et plus rouge que jamais, mais Changbin l'observait toujours avec des yeux si baignés d'adoration qu'il sentait ses genoux trembler. Son aîné le relâcha l'espace d'une seconde, mais ce ne fut que pour glisser sa main le long de la joue de son cadet avec tendresse.
« Tu as un peu bu d'accord ? Je suis patient, je préfère que tu fasses tout ça quand tu sera sobre. Je t'attends depuis des années alors ne sois pas pressé. On a toute notre vie. »
Félix ne comprit par l'entièreté de la phrase de son aîné. Il se contenta d'hocher la tête pour faire signe qu'il avait compris avant de se décaler de lui pour se rouler en boucle contre Changbin. Ce dernier lui caressa de nouveau la tête avec délicatesse avant de lui suggérer d'aller dormir. Endormi, le jeune homme trouva la force de se relever pour aller se débarbouiller dans la salle de bain et enfiler son change pour la nuit. Guidé par son aîné, il se retrouva à s'écrouler dans le lit après avoir été forcé à boire un grand verre d'eau pour éviter la gueule de bois le lendemain.
Perdu dans les limbes de l'alcool, il ne se souvenait que d'une chose. Les bras musculeux de Changbin l'attirant contre lui dans le lit, afin que Félix puisse poser sa tête contre son torse et s'endormir au son des battements de son cœur.
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