13 & 14
Une semaine de vacances en été était toujours bienvenue, surtout pour des adolescents. L'année scolaire était éprouvante et tout le monde avait grandement besoin de repos. C'était pourquoi la famille Seo avait proposé gentiment à Félix de les accompagner lors de leurs vacances dans une maison au bord de mer. Au début très réticente, la mère de Félix avait fini par céder. Après tout, depuis que son fils allait régulièrement dormir chez Changbin, ses notes n'avaient pas changé à l'école et il était toujours aussi assidu lors des événements religieux. Elle n'avait rien à en redire.
Ce fut ainsi que Félix fut emmené à l'arrière du véhicule familial des Seo, coincé entre Changbin et Changna, pour partir une semaine sur la côte. Il ne se souvenait pas à proprement parlé de sa dernière visite au bord de mer, ça remontait à trop loin pour lui. Lorsqu'il vivait encore en Australie, il y passait énormément de temps, mais depuis qu'ils étaient en Corée du sud ce n'était en rien une priorité pour ses parents.
Dans ses sacs, Félix avait entassé ses affaires pour une semaine. Des vêtements, un maillot de bain, une paire de claquettes, sa Bible ainsi que ses affaires de toilette dont un rasoir et de la mousse à raser. Il commençait depuis quelques semaines à avoir un désagréable duvet brun qui poussait au dessus des lèvres et tenait à s'en débarrasser à tout prix. Au milieu de tout ça se trouvait son téléphone portable flambant neuf, que sa mère avait concédé à lui acheter pour avoir de ses nouvelles autant qu'elle le voulait pendant cette semaine de vacances, ainsi que le cadeau pour l'anniversaire de Changbin. Pour les 14 ans de ce dernier, Félix avait cassé sa tirelire et lui avait acheté le jeu Fire Emblem sur lequel son ami lorgnait depuis quelques semaines. Il avait très hâte de le lui offrir.
Le voyage jusqu'au bord de mer se fit dans la bonne humeur ambiante, Changbin jouant sur sa console portable pendant que Félix l'observait faire et que Changna dormait profondément à côté d'eux. Les parents Seo parlaient ensemble de tout et de rien et le garçon se sentait à sa place. Ce n'était peut être pas sa vraie famille, mais il aurait adoré en faire parti. Il se sentait écouté et bien, il savait qu'il pouvait dire ce qu'il pensait sans retenu. Contrairement à lorsqu'il était chez lui, Félix s'était déjà surpris à se retenir de dire certaines choses en présence de sa mère pour éviter les conflits. Il était obéissant, mais pas sans jugeote.
La maison de vacances était un petit chalet en haut d'une colline, donnant accès direct sur une petite plage à l'écart du grand centre de vacances. A peine arrivé, les enfants sortirent en trombe de la voiture avec leurs sacs pour investir les lieux. En plus d'un gigantesque salon ouvert sur la cuisine et une salle à manger extérieure, la maison possédait deux grandes chambres ainsi qu'une mezzanine où se trouvait des lits jumeaux. La paire d'amis se rua naturellement sur l'escalier donnant accès à cette mezzanine donnant vu sur le grand salon ainsi que sur la plage via une petite lucarne sous les combles. Félix se sentait terriblement excité, jamais il n'avait été dans une si belle maison pour ses vacances et il sautillait presque sur place tant il était heureux.
Dès le premier soir, ils firent un barbecue avec les provisions qu'ils avaient emmené. Les parents Seo avaient déjà planifié de faire les courses le lendemain et avaient gentiment demandé à Félix ce qu'il mangeait habituellement pour lui faire plaisir. En bon invité, le garçon avait dit que tout lui convenait.
Félix se sentait bien.
Ces derniers mois, l'atmosphère à la maison était devenue étrange. Sa mère semblait attentive au moindre de ses faits et gestes. Si depuis le début, Félix interprétait ça comme de l'amour démesuré, il était récemment plus perplexe. Bien entendu, il comprenait les inquiétudes de sa mère pour l'école : elle voulait qu'il soit un bon élève pour aller dans une bonne école et faire les meilleures études possibles. Mais ça ne se limitait pas qu'à ça.
Une fois, il l'avait surpris entrain de fouiller sous le lit de sa chambre. Félix n'avait rien à cacher, mais il fut très étonné de trouver sa mère entrain de feuilleter un carnet qu'il gardait sous son lit qui ne faisait que contenir ses prières et quelques réflexions sur la religion. Elle avait semblé être déçue de le voir écrire des pages entières sur le questionnement de ses croyances et lui avait confisqué le carnet en question. Le garçon ne s'en était pas formalisé : il croyait en Dieu et ne remettait pas en cause sa foi. Il voulait juste poser des questions et comprendre.
« Dis Changbin... »
Il s'agissait du deuxième soir où ils passaient leurs vacances ensemble. Allongés l'un en face de l'autre dans les lits jumeaux de la mezzanine, il était déjà tard. Ils avaient regardé tous les deux un film d'animation dans le salon avec Changna, pendant que les parents Seo jouaient aux cartes sur la table de la terrasse et qu'ensuite tout le monde s'était couché. Pourtant, Félix ne trouvait pas le sommeil. A la lumière de la lune qui passait par la lucarne au dessus de lui, il voyait aussi que son aîné n'avait pas encore fermé les yeux et l'observait également dans la pénombre.
« Qu'est ce qu'il y a Lix ? » demanda Changbin d'un air curieux. Vieillir allait bien à celui ci. Ses joues étaient un peu moins rondes et sa mâchoire mieux dessinée que l'année précédente.
« Parfois, ma... ma mère est un peu trop curieuse et je ne sais pas comment lui faire comprendre. Je ne fais rien de mal mais j'ai l'impression qu'elle ne me fait pas confiance. » murmura le garçon en soupirant.
« Les parents ça s'inquiète toujours. » répondit son aîné en esquissant un léger sourire. « Mais je peux être sincère ? Je trouve ta mère beaucoup trop étouffante. »
Félix s'empêcha d'avoir un air choqué, car au fond de lui il se doutait que son ami disait vrai. Il voyait bien les différences entre sa mère et celles de ses camarades de classe. Même s'il n'était pas ami avec eux, il se rendait compte qu'ils sortaient souvent entre eux juste pour se promener ou bien aller chez les uns ou chez les autres. Hormis Changbin, lui n'avait personne. Il s'entendait bien avec un ou deux garçons et quelques filles, mais rien de plus. Il n'avait jamais le droit de sortir après les cours et encore moins de traîner dans les rues avec son voisin.
« Ne le prends pas mal, mais on arrive à un âge où c'est juste normal de vouloir découvrir de nouvelles choses. » continuait Changbin en calant sa tête contre son bras. « J'ai l'impression qu'elle te bride un peu trop, c'est toujours un cinéma pas possible même pour simplement faire tes devoirs chez moi. »
« Après je ne suis pas spécialement curieux de grand-chose. » répondit Félix, passant sa main sur son pendentif en forme de croix.
« Allez Lix, admet le moi. Tu peux tout me dire tu sais. »
Lorsqu'il leva les yeux sur son ami, Félix sentit une pointe dans son ventre. C'était de l'appréhension, il la ressentait régulièrement lorsqu'il devait se présenter devant la classe pour des projets scolaires ou autre. Changbin avait toujours un visage bienveillant, il était toujours sérieux et gentil quand ils abordaient des sujets sur lesquels Félix avait du mal à s'exprimer. Le garçon se mordilla les lèvres sous le coup de la nervosité.
« N-non vraiment... je ne vois pas... »
« Moi, je suis vraiment curieux de savoir ce que ça fait d'embrasser quelqu'un. » répondit alors Changbin en roulant sur le dos, les deux mains derrière la tête.
Tous les deux jeunes adolescents, ils n'avaient jamais eu l'occasion de parler de plus près à des filles qu'à celles de leur classe respective. Félix, de toute façon, ne voulait pas s'en approcher. D'après ses enseignements, il était trop jeune et voulait se préserver pour plus tard. Il savait que chaque personne se destinait à une autre et ne voulait pas déroger à cette règle. Lorsqu'il voyait un garçon et une fille s'embrasser dans la cour de son école, il trouvait ça dégoûtant. Il n'avait pas envie de le faire, ça le dérangeait et il ne voyait pas l'intérêt de le faire.
« Embrasser quelqu'un? » s'étonna t-il en faisant mine de vomir « ça doit vraiment pas être agréable, quelle idée de faire un truc pareil ! »
« Tu n'as jamais eu envie de faire quelque chose avec quelqu'un ? » demanda Changbin en tournant la tête vers lui d'un air curieux.
« Non, les filles sont pas spécialement jolies je trouve, à notre âge j'entends, on a le temps. »
« Et les garçons ? »
Félix se stoppa net à la suggestion.
Dans sa tête, dans ses croyances, l'homosexualité était quelque chose qu'il ne voulait pas envisager. Sa mère lui avait répété de nombreuses fois à quel point c'était quelque chose d'affreux dont elle ne voulait pas entendre parler. C'était une déviance, un irrespect ultime envers Dieu. C'était l'interdit ultime. S'approcher des femmes était proscrit, s'approcher des hommes était encore pire. Pour Félix, il était hors de question d'imaginer une chose pareille. La Bible condamnait clairement ces actes impurs.
Alors pourquoi d'un coup ça lui paraissait moins dérangeant qu'avec une femme ?
« Hey, Lix... ça va ? »
Le garçon releva les yeux vers son ami et se rendit compte qu'il serrait fermement son pendentif entre ses doigts. Changbin l'observait sans cesse, il avait l'air très inquiet. Félix déglutit péniblement. Il se sentait fiévreux, mal à l'aise et surtout il ne voulait plus regarder son aîné. Était il un pêcheur ? Est ce que lui ou Changbin risquait sa vie dans l'au delà à penser des propos pareils ?
« Félix, tu sais c'est naturel tout ça, ça n'a rien de... »
« Je vais prier pour toi. Pour nous. » répondit simplement le garçon en se redressant dans son lit. Il fallait qu'il prie tout de suite pour le salut de l'âme de Changbin. Si ce derniers avaient des pensées impures, peut être qu'il pourrait le sauver, son ami ne croyait pas en Dieu mais il n'était jamais trop tard pour s'éveiller et...
« Félix, non attends. »
Alors que Félix allait s'agenouiller pour faire une prière, Changbin s'était assis dans son lit pour l'empêcher de faire. Son aîné l'arrêta en attrapant ses poignets et le cœur de Félix s'emballa dans sa poitrine. Sans comprendre pourquoi, sa panique était entrain d'envahir ses veines. Pourquoi est ce que tout ça le mettait si mal à l'aise, pourquoi est ce que Changbin l'en empêchait ?
« Tu veux prier avec moi ? » demanda t-il d'une voix tremblante alors que son aîné serrait davantage ses poignets.
« Non, Lix, je ne veux pas que tu pries, tout va bien. »
Sans pouvoir lutter, le jeune garçon se laissa guider par son ami. Changbin le guida jusqu'à ce qu'il vienne s'asseoir à côté de lui sur son lit simple. Félix ne comprenait pas cette angoisse qui faisait palpiter son cœur de façon si erratique. Il se laissa faire, tétanisé par les paroles de son aîné, pendant que ce dernier attirait son attention en caressant ses mains de ses pouces. Changbin semblait sincèrement inquiet.
Au fil des ans, son ami l'avait déjà prit dans ses bras à de nombreuses reprises. Ça arrivait régulièrement à Félix de pleurer, il était un garçon sensible et il le savait. Lorsque cette fois ci, Changbin glissa ses bras autour de sa taille pour le tenir contre lui, le garçon se sentit trembler à peine.
« Tout va bien Lix, ne panique pas d'accord ? » murmura Changbin dans le creux de son oreille. Félix se sentit rougir avant d'accepter l'étreinte de son ami et de glisser à son tour ses bras autour des épaules de son aîné. Ce dernier laissa une de ses mains caresser doucement son dos pour le calmer, et l'angoisse cessa de faire trembler le garçon en quelques minutes.
Alors, Félix se laissa faire encore une fois. Doucement, Changbin le fit s'allonger dans son propre lit et vint s'installer à côté de lui. Ils avaient un peu chaud tous les deux l'un contre l'autre dans le lit pour une seule personne, mais le garçon s'en moquait. Il se sentait apeuré sans savoir pourquoi et la présence de son ami était la seule chose qui l'empêchait de se laisser submerger par ses émotions. Changbin l'observait toujours de son air bienveillant, et Félix se sentait ridicule.
« Je respecte ce que tu crois Félix. » murmura alors Changbin doucement. « Pourtant, j'aimerais te dire quelque chose... Je n'y connais rien à la Bible et à tout ça, mais mes parents m'ont toujours dit qu'il fallait respecter les gens pour ce qu'ils étaient et même s'ils sont différents de moi. Je ne veux pas que tu pries, je veux juste que tu m'écoute. »
Les yeux grands ouverts, Félix se sentait fébrile. Jamais il n'avait eu la sensation d'entendre une confidence plus intime et plus sincère. Changbin semblait se sentir mal, comme s'il doutait de ce qu'il devait dire sincèrement ou pas.
« Pour moi ce n'est pas important d'aimer ou pas les garçons. » continua t-il en esquissant un léger sourire. « Et j'aimerais juste que si je me rend compte que je n'aime pas les filles un jour, tu restera mon ami quand même. »
Dans sa poitrine, Félix sentit son cœur à la fois lourd et à la fois très léger. Il se mordillait de nouveau les lèvres. Quelle idée... Comment pouvait il détester un jour Changbin ? Il était la seule personne en dehors de sa famille à être compréhensif, et il savait qu'il pouvait compter sur lui plus que sur quiconque. Il était attentionné, toujours à l'écoute et toujours là pour lui. C'était impossible qu'il puisse s'écarter de lui pour une raison aussi... stupide.
Changbin pouvait aimer qui il voulait, ça ne changeait en rien qui il était. Les discours de sa mère semblaient bien terribles dans la tête de Félix. Jamais il ne pourrait dire que son ami était un « dégénéré » si un jour il lui disait qu'il aimait les hommes. Après tout, ça ne changeait en rien qui Changbin était...
« Bien sûr que je resterais ton ami. » finit il par répondre après avoir presque mordu ses lèvres au sang. « Rien ne peut nous séparer, tu le sais ça ? »
Seul le sourire de Changbin lui répondit ce soir là. Ils s'endormirent côte à côte dans le lit simple, serré presque tête contre tête avec leurs petits doigts entrelacés dans une promesse silencieuse.
Lorsqu'il se réveilla le lendemain matin, Félix était seul dans le lit simple de la mezzanine. La lumière du jour baignait déjà largement la pièce principale de la maison, faisant papillonner le garçon à travers son état endormi. Au loin, il entendait déjà le bruit de gens affairés dans la cuisine, dont Changbin et sa mère. Le garçon s'assit maladroitement avant de tâcher de se remémorer la veille. Même si l'embarras était encore dans ses veines, Félix soupira pour se calmer. Avec son ami, il était en confiance, aussi il ne craignait rien.
Était ce vrai qu'il ne dirait rien si jamais Changbin n'était pas intéressé par les filles ? Oui. Félix avait été sincère. S'il comptait cacher cette nouvelle à sa mère à tout prix, lui pouvait l'accepter. Dieu était amour, Dieu était tolérance et miséricorde. Respecter son prochain est primordial. Si sa mère voulait être stricte avec ce précepte, il était capable de l'entendre. Mais il voulait aussi respecter Changbin. Il était son ami.
Félix sorti du lit pour aller fouiller dans son sac de voyage, laissé en vrac sous le bureau de la mezzanine. Il en tira le paquet cadeau qu'il avait minutieusement emballé pour enfin l'offrir à Changbin. Aujourd'hui était l'anniversaire de ce dernier, et il voulait passer la meilleure journée possible avec lui. Aussi, il dévala les escaliers avec un change propre pour la journée, fit un crochet par la salle de bain pour se débarbouiller et fila ensuite dans la cuisine où se trouvait en effet son ami, attablé au comptoir alors que sa mère préparait des pancakes maison.
« Bonjour ! » lança t-il joyeusement, attirant aussitôt l'attention sur lui. Félix se sentit rougir en serrant étroitement le cadeau contre sa poitrine alors qu'il s'approchait de son aîné. Ce dernier était aussi déjà habillé et l'observait d'un air curieux. « Et joyeux anniversaire ! »
« Oh Lix, c'est déjà trop j'en suis sûr ! » répondit le garçon en se mettant à rire et en descendant de son tabouret.
L'excitation baignait les veines de Félix pendant que son ami déballait son cadeau avec curiosité. Ses yeux s'illuminèrent de joie en voyant le titre du jeu vidéo bardant la pochette, et Changbin se rua sur lui aussitôt pour le prendre dans ses bras et même le soulever.
« Ah Lix, c'est génial !! » s'exclama t-il en riant, faisant tourner son cadet dans ses bras avant de finir par le poser par terre. Bien entendu, Félix aussi riait à gorge déployée. « C'est trop bien, maman regarde ça !! »
« Tu es bien gâté ! » répondit alors la mère de Changbin qui s'était approchée pour observer le cadeau que son enfant avait reçu. « Ce n'est pas une raison pour rester à la maison, on est d'accord ? »
« Oui maman, de toute façon j'avais prévu de sortir avec Lix ce matin ! » répondit le garçon en levant les yeux au ciel. Devant l'air interrogatif de son cadet, il reprit : « On doit aller chercher le gâteau à la pâtisserie du village pour ce midi. »
Rien qu'à penser au repas du midi, à célébrer l'anniversaire de son aîné, Félix se sentit bien plus léger. Il décida d'abandonner toutes les sombres pensées de la veille pour se concentrer sur le présent : Changbin fêtait son anniversaire et il comptait profiter de cette journée avec lui plus que tout au monde. Ils engloutirent leur petit déjeuner, saluèrent Changna et le père de famille, avant de filer tous les deux à l'extérieur pour leur mission du matin. Le porte feuille de sa mère en poche, Changbin descendait la côte menant à la maison de vacances joyeusement accompagné par Félix qui ne pouvait pas s'empêcher de sourire.
« Tu as réussi à dormir tout de même ? » finit par demander l'aîné alors qu'ils étaient légèrement éloignés de la maison. « J'aurais aimé attendre que tu te réveilles ce matin mais ma mère a essayé de m'appeler pour me prévenir que mon cadeau était à la maison et elle voulait que je ne sois pas déçu en n'ayant rien aujourd'hui. »
« J'ai très bien dormi. » répondit Félix en esquissant un sourire. Le profil de son ami était si sérieux, il avait presque l'air de s'en vouloir de l'avoir abandonné ce matin dans son lit. « Heureusement que tu es là, je ne sais pas ce qui m'a prit hier soir, j'étais surpris je pense. »
Changbin fit une légère moue mais n'insista pas. Les deux garçons prirent le temps de se promener dans le village attenant aux locations de vacances, ils firent plusieurs boutiques pour les touristes, essayant chapeau et lunettes de soleil, avant d'hésiter à se prendre des glaces avant le repas. Ils se firent chasser d'une cave à vin dont la devanture ressemblait à s'y méprendre avec un magasin de souvenirs. Ils finirent par être raisonnables et se contentèrent de prendre le gâteau réservé la veille par la mère de Changbin à la pâtisserie avant de rebrousser chemin pour retourner à la maison.
Le soleil était déjà bien haut dans le ciel lorsqu'ils montèrent la côte pour retourner auprès de la famille Seo. Félix cachait tant bien que mal son visage du soleil : sa peau était encore sensible et lorsque le soleil était trop fort, sa peau finissait par rougir et ses tâches de rousseurs étaient encore plus marquées. C'était aussi un sujet sur lequel il était sensible : il était arrivé à de nombreuses reprises que des élèves de sa classe se moque de lui à ce sujet. Parfois, le garçon grattait nerveusement sa peau pour la faire saigner et ainsi espérer que ces tâches disgracieuses disparaissent. Perdu dans ses pensées, il leva d'ailleurs sa main de libre pour commencer à faire courir ses ongles sur la peau de sa joue, où se trouvait une tâche de son qu'il jugeait disgracieuse, pour commencer à la gratter. Le geste ne passa pas inaperçu.
« Lix, tu recommences à te gratter sans t'en rendre compte. »
A ses côtés, Changbin haussa les sourcils pour l'empêcher de continuer. Félix lui jeta un coup d'œil avant de secouer la tête. Encore une fois, il alarmait son ami pour rien... Alors qu'en quelques mots, Changbin avait fait monter en lui l'anxiété, ce dernier attrapa sa main dans la sienne pour la tenir fermement, tout en continuant d'avancer.
« Je vais être sincère Lix, je suis très content que tu m'aies offert le jeu. Mais en vrai tu m'as donné un cadeau encore plus important pour moi sans le savoir. »
Félix était perplexe. Il sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine lorsque son aîné entrecroisa ses doigts aux siens. Ainsi, ils marchèrent main dans la main tout en remontant la ruelle. Le garçon se sentait rougir sans comprendre pourquoi.
« Et qu'est ce que c'est? » trouva t-il la force de demander alors que les joues de Changbin rougissaient également.
« Me dire que quoi qu'il arrive, rien ne peut nous séparer. Je crois que c'est le meilleur cadeau que j'ai jamais reçu de ma vie. »
Le cœur battant et l'esprit embrumé, la fin du voyage jusqu'à la maison se passa en un clin d'œil. Lorsqu'ils dénouèrent leurs doigts entrecroisés, Félix sentit quelque chose en lui de différent. Changbin lui souriait avec ses joues roses, avant de rentrer dans la maison pour déposer le gâteau dans le réfrigérateur.
Toute la matinée, il avait sentit le regard de son aîné sur lui. Il n'arrivait pas à ne comprendre ni à savoir ce que ça voulait dire. Et lorsque Changbin souffla ses bougies ce midi là, au bruit tonitruant de la comptine d'anniversaire que sa famille et Félix chantaient en chœur, ce dernier se demanda bien quel était le vœux de son ami avait fait en grandissant.
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