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Chapitre 12


 Ma tante m'avait finalement donné les clés de la cave. Il n'y avait pas assez de place dans son appartement, alors j'irais jouer là bas.

Et je venais de rentrer.

Je le vis tout de suite. Il en imposait parmi les objets sales et poussiéreux qui gisaient à côté de lui.

Je m'approchai, les jambes tremblantes. Je tirai le petit tabouret, et je m'assis.

J'étais seule face à ces touches noires et blanches. Seule avec le silence.

Et mes mains qui tremblaient.

Je n'avais pas joué une seule fois sur ce piano depuis leur mort. Jamais.

Était-ce enfin le moment ?

Les larmes me montèrent aux yeux. Et cette fois, ce n'était pas pour ma famille. Mais bel et bien pour lui, que j'avais abandonné à son sort, dans cette cave sombre. Comment était-il possible de s'attacher à ce point à un objet ?

Mes mains planaient au dessus des touches. Mais je n'osais pas appuyer, je n'osais pas jouer cette mélodie qui, je le savais, allait me replonger aussitôt dans... cette addiction que j'avais pour mon instrument, ou du moins que j'avais eu.

Parce que c'était le bon mot. Quand mes parents me l'avaient offert, j'étais devenu accro à ce son, cette mélodie, et à cette indépendance qu'il me procurait : depuis qu'il était à la maison, je pouvais jouer ma guise, autant que je voulais. J'avais perdu ce plaisir quand j'avais perdu tous sentiments autre que la tristesse, mais à présent que j'étais de nouveau devant lui...

Mais mes mains tremblaient. Je regardai mes doigts, suspendus quelques centimètres au dessus des touches. Mes phalanges rouges.

-Allez, Emy... murmurai-je dans le silence.

Silence que je mourrais d'envie d'interrompre.

C'était comme plonger d'une falaise. C'était une étape à franchir. Je ne devais pas réfléchir.

Alors, sans prendre le temps d'y penser, je lançai mes mains à l'attaque du piano.

Mes doigts frappèrent plusieurs touches en même temps. Le son qui s'échappa du piano était celui, bizarre, étrange, d'un orgue désaccordé. Mais je relevais mes doigts, et, doucement, j'appuyai sur un do.

Et puis, sans même le vouloir, mes doigts se mirent à jouer l'un des menuets que j'avais appris quand je prenais des cours. Je fermais les yeux, laissai mes doigts, le piano me guider.

Les souvenirs me submergeaient.

Les sensations aussi.

Le souvenir de ces soirées passées à jouer dans le salon, avec Papa qui lisait sur le canapé, Thalia en haut dans sa chambre, et la bonne odeur qui s'échappait de la cuisine, grâce à Maman qui s'activait pour nous faire à manger.

Les applaudissements de ma famille quand je jouais à Noël. Le sourire de fierté de ma mère quand je lui faisais écouter un nouveau morceau.

Le rire de Papa quand il parlait avec Maman en commençant l'apéro.

Thalia qui, assise sur mes genoux, me regardait avec intérêt appuyer sur les touches.

Maman qui me serrait dans ses bras, par derrière, pendant que je jouais.

...

Dieu qu'ils me manquaient.

Ça faisait cinq mois, maintenant, cinq mois avec cette douleur omniprésente.

Mais à mesure que la musique s'échappaient de mon instrument, les larmes sortaient aussi. Mais ces larmes n'étaient pas coupantes comme du verre sur mes joues. Elles n'étaient pas explosives comme celles qui m'avaient poussé jusqu'au bord du pont, ce jour là. Elles étaient comme épuratrices. Elles nettoyaient mon âme pleine de ces pensées négatives.

Je n'en avais pas fini avec ces dernières. Ça non. Mais pour l'instant, tant que je jouais, ça allait mieux. Elles n'étaient plus là.

Trois heures plus tard, mon téléphone sonna. J'étais occupée à pianoter sur mon instrument, sans plus vraiment jouer de morceaux, mais plutôt chercher un semblant de mélodie pour la chanson que Callia et Alex m'avaient demandé d'écrire.

Je décrochais : Alex.

-Allô ?

-Allô Emy ? Ça va ?

-Euh, oui, et toi ?

-Ça va, ça va... Dis moi, j'avais quelque chose à te demander.

Je fronçais les sourcils : que voulait-il ?

-Oui, dis moi ?

Il eut un rire nerveux à l'autre bout du fil, puis annonça :

-En gros, j'ai vu que demain soir, il y avait une fête foraine sur l'Île-de-Nantes, et... J'ai proposé à Callia de venir, mais elle avait la flemme, alors je me demandais... Tu veux venir avec moi ?

Je haussai les sourcils.

-Tu veux que je vienne avec toi... à une fête foraine ?

-Euh, oui, c'était l'idée.

Sa proposition me perturbait, d'une façon étrange. Ça ne faisait pas un peu rencard ?

Mais après tout, pourquoi pas ? Ça faisait longtemps que je n'étais pas sortie, et puisque les jumeaux semblaient avoir décidé de bouleverser le semblant de vie que j'avais essayé de construire depuis la mort de ma famille...

-Ouais. Ok.

Le soulagement d'Alex s'entendit depuis mon téléphone.

-Ok, bah... super alors !

Je souris, sans trop savoir quoi dire :

-Oui.

-Bon bah... On se voit demain ?

-Oui, à demain !

Sur ce nous raccrochâmes, et je me mis à fixer mon piano, déconcertée. Dans quoi est-ce que je venais de me lancer ?

Je remontai au bout de nombreuses longues minutes. Ma tante venait de finir de faire à manger, et je mis la table pendant qu'elle apportait le plat de poireaux.

Je m'assis face à elle, et me servis. Elle me regardait d'un air bizarre, mais je m'efforçai de ne pas relever. Au bout d'un moment, je pris une inspiration et me lançai :

-Dis, Tata ?

-Oui ?

-Je peux sortir, demain soir ?

Elle eut l'air surprise. Vraiment. Je la comprenais. Je ne lui avais jamais demandé de sortir en soirée. Si je quittais souvent l'appartement la journée, le soir, depuis la mort de mes parents, je restai confinée.

-Bien sûr, ma chérie, pourquoi est-ce que je te l'interdirai ?

Je souris pour la remercier, mais elle enchaîna :

-Par contre, tu n'échapperas pas à mes questions ! Ça a un rapport avec les jeunes gens que tu as rencontré récemment ?

Je grimaçais. Si j'avais dit à ma tante que je m'étais fait des amis, je ne lui avais pas dit que c'était les gens dont le père était mort dans l'accident, avec ma famille. Et je ne tenais pas vraiment à ce qu'elle le sache. Pourtant, je ne voulais pas non plus lui mentir, alors je répondis :

-Oui, le... le garçon m'a proposé de venir avec lui à la fête foraine qu'il y a demain sur l'Île.

Ma tante haussa les sourcils d'un air complice. Je me rendis soudain compte, qu'en fait, elle était jeune. Encore très jeune. Trop jeune pour avoir à s'occuper d'une ado suicidaire comme moi. Elle avait seulement trente-deux ans, c'était la cadette de ma mère de huit ans.

-Mais ma chérie !! Voilà qui ressemble fort à un rencard ! s'extasia-t-elle en claquant des mains.

Je rougis, et portai mon verre à mes lèvres dans l'unique but de me cacher derrière. Ainsi n'étais-je pas si bizarre que ça d'avoir pensé à ça quand Alex m'avait invitée...

-Non, non, bien sûr que non !

Ma voix s'étouffa dans ma gorge et ma tante tendit le bras au-dessus de la table pour me donner un coup de poing taquin sur l'épaule :

-Et après ? Tu vas dormir chez lui ? Il faut que j'achète des préservatifs ? me taquina-t-elle.

Je me levai d'un bond, l'air faussement outragé.

-Tata ! J'ai même pas 18 ans, d'abord !

Elle haussa les sourcils, comme si elle ne voyait pas le rapport :

-Et alors ? Ma première fois, je l'ai fait à ton âge, je te signale !

Je me mis à rire face à ses insinuations, et elle fit de même.

Au bout d'un moment, elle s'arrêta, m'observa un instant, puis déclara d'une voix douce :

-Ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vu sourire. Ça te va bien.

Je relevai les yeux vers elle. Son visage était triste.

-Et toi, tous tes sourires étaient forcés, pour me donner l'impression que tu tenais le coup, répliquai-je avec tendresse.

Ses lèvres se retroussèrent en un sourire amer, mais je m'avançai pour la serrer dans mes bras, sans laisser le temps à la tristesse de faire venir les larmes.

Je n'étais pas seule.

Il fallait que j'arrête de le penser.

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