ALORS que je savourais les lèvres sucrées de Juvia, on entendit un claquement de porte avant que de lourds pas se dirigent vers nous. Un autre claquement de porte retentit et je sentis Juvia se tendre. Jellal venait de s'enfermer dans sa chambre.

À court d'air, je m'éloignai d'elle sans pour autant lâcher son visage de mes mains. Ses lèvres étaient rouges à cause de mes baisers. Je sentais bien qu'elle n'était plus complètement avec moi puisqu'elle jetait de rapides coups d'oeil à la porte comme si elle avait peur qu'un tueur débarque et l'attaque. Je suis là, Juvia. Je vais te protéger au péril de ma vie.

-Que dirais-tu d'aller faire un tour ? proposais-je alors que je laissais mes doigts glisser le long de ses mèches bouclées.

L'après-midi était bientôt fini mais je n'avais pas envie de la laisser tranquille. Et vu comment elle serrait mon t-shirt entre ses petites mains, elle n'avait pas envie que je parte.

-D'accord mais laisse moi finir avec ton visage, insista-t-elle. Pas de distractions, s'il te plaît.

Je fus d'abord surpris avant de lui offrir un sourire joueur.

-Je suis une distraction ? demandai-je alors que je me rapprochais un peu plus d'elle comme si c'était encore possible.

Elle appuya sur un bleu près de mon arcade avec un coton, me faisant reculer avec une grimace. Son petit sourire disparu alors qu'elle baissait les yeux, redevenant innocente.

-Oui, souffla-t-elle. Tu crois que je ne t'ai pas remarqué l'autre jour à la bibliothèque ?

-Et qu'est-ce que je faisais ? demandai-je en faisant l'ignorant.

Elle rougit avant de prendre un pansement entre ses doigts et de jouer avec les bords.

-Tes cheveux bougeaient légèrement devant tes yeux sombres et rêveurs qui étaient fixés sur moi. Tu mâchouillais ton stylo alors que ta tête reposait dans ta main, dit-elle tout en posant le pansement sur mon arcade de ses mains légères comme des plumes. Sans bruits, tes doigts tapaient sur la table mais je pense que c'est un réflex quand tu réfléchis car tu n'osais pas attirer mon attention sans raison.

Elle tamponna encore un peu mon visage alors que je la regardais avec de grands yeux. Elle avait réussi à voir tout ça alors qu'elle était concentrée sur sa feuille. Je ne pus que me sentir flatté.

-C'est bien la première fois que quelqu'un me détaille de la sorte. Tu ne serais pas une voyeuse professionnelle par hasard ?

-Quoi ?! s'écria-t-elle. B... Bien sûr que non. C'est juste que... tu me plaisais déjà... beaucoup...

Sa confession étira un peu plus mon sourire alors que je me baissais pour embrasser une nouvelle fois ses lèvres parfaites.

-Si j'avais su...

-Je ne voulais pas m'imposer, me coupa-t-elle. Je pensais que tu étais ami avec Jellal et je ne voulais pas m'imposer entre vous avec mes problèmes.

Je fronçai les sourcils. Comment pouvait-elle croire que j'étais ami avec lui ? Son demi-frère était exécrable. Seules Lucy et Erza semblaient l'apprécier. Natsu n'avait jamais d'avis, il ne jugeait jamais personne. Monsieur était soi-disant parfait. Je ne savais pas si c'était parce que Jellal était plus âgé que nous mais je l'ai toujours trouvé quelque peu trop arrogant.

Je secouai ma tête. Je ne voulais pas parler de Jellal encore moins penser à lui.

-Tu n'aurais pas dû penser ça. Mais maintenant, on va profiter. Avez-vous fini, mademoiselle l'infirmière ? demandai-je prêt à quitter ce sinistre appartement.

Juvia referma la boite et secoua la tête. On se leva avant de laisser nos mains se joindre timidement. On se dépêcha de sortir de l'appartement pour être sûrs de ne pas croiser Jellal.

Le trajet dans l'ascenseur fut silencieux mais je sentis Juvia se coller légèrement contre moi. Je ne pus retenir un sourire alors que les portes s'ouvrirent pour nous laisser passer. Je jubilais de l'intérieur.

Une fois à l'extérieur, je jetai un regard autour de nous mais Erza avait disparu. Peut-être que je devrais m'excuser auprès d'elle. Après tout, j'avais sûrement mis le bordel dans la relation avec son copain.

Juvia me tira vers la gauche. Je secouai ma tête, rangeant mes pensées au fond de mon esprit, prêt à passer un bon moment avec Juvia. Je resserrai ma main autour de la sienne.

Sans but, nous marchions dans les rues de Magnolia alors que le soleil était en train de se coucher, colorant le ciel de mille feux.

Une animation semblable à la fête foraine de cet après-midi attira notre attention. Un immense manège tournait en rond, en rythme avec la musique et les cris des enfants. Juvia s'arrêta pour le regarder.

J'eus alors tout le plaisir de l'admirer encore et encore. Une multitude de sentiments me submergèrent sans raison. Ils me poussèrent à me pencher vers elle et à déposer mes lèvres sur sa joue. Je pouvais bien voir qu'elle était encore quelque peu perturbée par ce qui s'était passé plus tôt.

-Ne t'inquiète pas, ok ?

-Je... J'essaie. Je suis désolée, Gray, tu voulais me changer les idées mais je n'arrête pas de revoir le visage de Jellal et puis j'ai eu tellement peur pour toi.

Elle leva sa main et caressa mes pansements de ses doigts, son autre main ramenée contre son coeur. Je la lui pris et lui fis un baise-main.

-Ne t'inquiète pas, je suis un dur à cuire. Je suis prêt à tout pour te rendre heureuse, Juvia. Alors retire moi ce regard triste et allons nous balader. J'ai aussi très envie de t'inviter au restaurant après. Et si tu ne veux pas rentrer chez toi, on peut toujours aller au cinéma après.

Juvia m'offrit son plus beau sourire avant de secouer la tête, faisant voler ses boucles bleues et son parfum jusqu'à moi. Bonté divine !

-C'est tout un programme, dit-elle pour me taquiner.

-J'essaye de repousser l'heure de la séparation, expliquai-je alors que je poussais le portillon du jardin.

Mais, tellement absorbé par sa beauté, je ne vis pas la personne qui arrivait juste en face de moi. Nos épaules s'accrochèrent et, avec mon sang encore chaud, je me retournai pour faire face à cet intrus qui n'osait même pas s'excuser.

-Hé ?!

Le jeune homme se retourna et je tombai des nues.

-Natsu ?

-Tiens Gray, je t'avais pas reconnu avec tous ces... ces trucs sur ton visage... Mais qu'est-ce qui t'es arrivé ?

-Mais... c'est Juvia ! Comment vas-tu depuis hier ?

Bien sûr, j'aurais dû m'en douter. Lorsqu'il y a Natsu, Lucy n'était jamais loin. Juvia secoua légèrement la main avant de s'avancer mais je resserrai mon emprise pour ne pas être séparé d'elle alors qu'elle se dirigeait vers mes amis.

-Bonsoir Lucy, bonsoir Natsu, salua-t-elle poliment.

Elle leur fit la bise avant d'échanger les formalités. Elle avait l'air à l'aise avec eux. Ce seraient-ils vu sans moi pendant tout ce temps ? Vu le regard machiavélique que Lucy posa sur moi, je compris que j'avais vu juste. Et ça se dit mes amis ?!

-Mais qu'est-ce que vous faites ici ? demanda Natsu avec un visage en forme de point d'interrogation.

Comme d'habitude, il était légèrement à côté de la plaque et posa une question innocente. Mais Lucy, oh Lucy, posa la bonne question.

-Mais... On vous dérange, peut-être ?

Oui !

-Vous avez l'air d'être en plein rendez-vous ! s'exclama-t-elle les yeux brillants.

Les joues de Juvia rougirent rapidement alors qu'elle se mordait les lèvres comme si elle voulait cacher le sourire qui se formait sur son visage. Au fond de moi, je fus soulagé qu'elle ne cherchait pas à protester. C'est un super bon début ça !

-En effet, on est en plein rendez-vous et vous nous dérangez, dis-je en levant les yeux au ciel.

Je voulais passer un bon moment avec Juvia après tout ce qui venait de se passer et je n'étais pas sûr que Lucy soit capable de tenir sa langue. Dès demain, tout Magnolia allait savoir que Juvia et moi étions ensemble aujourd'hui. Bon, j'exagère légèrement, mais c'est l'idée.

-Mais c'est génial ! s'exclama mon amie alors que Natsu me tapota gentiment l'épaule.

Cette fois-ci, ce fut moi qui rougit. Ils en faisaient trop comme d'habitude.

-Si tu savais Juvia depuis combien de temps on essaye de caser Gray, dit Lucy.

-Mais on aurait jamais trouvé mieux que toi, assura Natsu.

Alors lui aussi, il était dans la confidence ? J'y crois pas. Mais je savais que même eux s'inquiétaient autant que mes parents. Malgré tout, la participation de Natsu m'étonna.

-V... Vraiment ?

Je t'attendais, Juvia. Il n'y a pas d'autres explications. Je vis mes deux amis hocher de la tête rapidement tout en souriant de toutes leurs dents. Malgré elle, je vis Juvia être intéressée par la tournure de la discussion.

-Si... Si vous voulez, vous pouvez vous joindre à nous, proposa ma trop gentille Juvia.

-C'est avec plaisir ! s'exclama Lucy.

Elle lui attrapa le bras et l'attira loin de moi, pour lui tirer les vers du nez à la méthode Lucy. J'y crois pas !

Mais vu les événements, je ne protestai pas. Peut-être que Juvia avait besoin d'une amie fille pour parler de Jellal... ou de moi. Après tout, on venait de s'avouer nos sentiments. Oh putain !

Je crus entendre Lucy lui dire un "c'était pas si compliqué" mais je fus coupé dans mon écoute par Natsu. Profitant de notre tête à tête, il passa son bras par dessus mes épaules tout en souriant.

-Alors ? Toi et Juvia, hein ? Petit cachottier.

-Il y a rien d'officiel, marmonnais-je. Mais c'est plutôt toi le cachottier dans l'histoire. Tu m'as bien caché que vous avez passé la semaine avec elle.

-Ah ah. Depuis la première fois qu'on l'a vue, Lucy traîne avec elle. Apparemment, elle lui aurait demandé des conseils et tout le reste malheureusement Lucy me poussait toujours hors des discussions mais je peux t'assurer qu'elles parlaient de toi.

Il me fit un clin d'oeil. Je me dégageai rapidement, ne voulant pas me laisser distancer par les filles et voulant cacher mes joues rouges à mon meilleur ami.

Mon coeur battait fort. Après tout, Natsu venait de me confirmer que Juvia avait eu des vues sur moi depuis le début de cette histoire. Elle me l'avait déjà avoué mais l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre donnait l'impression qu'elle n'avait pas cherché à le cacher. Comment ne pas se sentir léger maintenant que je savais tout ça ?

-Vous êtes pas possibles, marmonnai-je tout roulant des yeux.

Natsu rigola avant de parler d'autre chose. Je reconnaissais bien là mon meilleur ami. Les longues discussions ne l'intéressaient pas beaucoup. Tourner autour du pot le fatiguait. Il préférait aller droit au but.

Après avoir parlé un moment toutes seules, les filles revinrent vers nous, un franc sourire aux lèvres. Note à moi-même : penser à remercier Lucy de m'avoir aider à changer les idées de Juvia.

Mon amoureuse courut presque vers moi pour s'engouffrer dans mes bras. Mon coeur s'emballa alors qu'elle pressait son corps contre moi. Mais il s'arrêta complètement quand elle s'éleva sur la pointe de ses pieds pour poser ses lèvres sur les miennes.

Les joues rouges, je la regardais apprécier ma réaction de surprise. C'était notre premier bisou en public et rien ne me fit plus plaisir. J'espère que tous les mecs du parc qui avaient des vues sur Juvia ont noté qu'elle m'appartenait. Juste pour être sûr, je me mis à scanner les environs. On n'est jamais trop prudent.

-Vous êtes trop mignons, s'écria Lucy.

On rougit tous les deux mais Natsu détourna l'attention en criant qu'il voyait une roulotte de ballons et qu'il en voulait un. Je ne sais toujours pas si il l'a fait exprès ou pas.

Le reste de la soirée passa beaucoup trop rapidement à mon goût. Natsu et Lucy restèrent avec nous une bonne heure avant de nous souhaiter une bonne soirée.

Puis comme je l'avais proposé, Juvia et moi-même, nous nous installâmes à une table d'un bon restaurant et profitâmes de la présence de l'autre. La discussion était légère et amusante. Juvia était vraiment incroyable.

Une fois rassasiés, on prit la direction du cinéma de Magnolia et on acheta les places du premier film que nous vîmes sur le panneau d'affichage. Je dois avouer que je me rappelle seulement des dix premières minutes du film car après, j'étais beaucoup plus concentré sur les réactions de Juvia à chaque scènes. De quoi me rendre encore plus amoureux.

Mais même le film de plus de deux heures passa en quelques secondes. Et en deux temps, trois mouvements, nous étions de retour devant la porte de son immeuble.

Les yeux brillants de Juvia s'atténuèrent légèrement d'appréhension. Sans réfléchir, je pris ses joues entre mes mains et l'embrassa le plus délicatement possible. Elle enroula ses doigts autour de mes poignets pour m'encourager à approfondir notre baiser. Lorsque je la relâchai, nous étions à bout de souffle mais elle était à nouveau heureuse.

-Tu veux que je t'accompagne jusqu'en haut ? demandai-je.

-Non, c'est très gentil à toi Gray mais je vais m'en sortir.

-Je sais que tu vas y arriver, affirmai-je avec un sourire tout en caressant ses joues.

Elle me répondit par un doux sourire qui stoppa mon coeur. L'effet qu'elle avait sur moi était toujours immédiat.

-Sors avec moi, lâchais-je de but en blanc.

Vas-y Gray ! Défonce tout !

-Hein ? s'étonna-t-elle.

-Deviens ma copine, précisai-je. Je veux vraiment qu'on essaye de se donner une chance. Je le sens au fond de moi que ça pourrait être génial.

Surprise, elle cligna plusieurs fois des yeux. Mais juste après, un sourire se forma sur ses lèvres avant qu'elle ne passe ses bras autour de mon cou et m'attire vers elle.

-J'adorerais être ta copine, Gray.

J'eus l'impression que mon coeur faisait du saut à l'élastique dans ma poitrine. Deuxième note à moi-même : remercier Lucy et Natsu même si j'aimerai croire que Juvia a simplement succombé à mon charme.

Elle me relâcha prête à partir se coucher. Mais je ne pouvais pas la laisser partir comme ça. Certainement pas !

Je la tirai à nouveau vers moi et capturai ses lèvres. Ma langue lécha ses lèvres pleines pour demander l'accès à sa bouche. Je la sentis inspirer fortement avant d'entrouvrir ses lèvres. Dès que nos langues se touchèrent, mon sang se mit à battre dans mes oreilles alors que mes jambes faillirent me lâcher.

Je la sentis serrer ses doigts dans mes cheveux pour me rapprocher encore plus d'elle. Un doux et petit gémissement de plaisir retentit dans mes oreilles, accélérant encore plus mon coeur battant déjà à tout rompre.

Nos langues dansaient tout en apprenant à se connaître. Mais qu'est-ce que je raconte ? Elle avait déjà complètement ensorcelé la mienne qui ne pouvait plus se rassasier de son goût sucré et de sa douceur.

Quand on libéra nos lèvres, Juvia était complètement à bout de souffle et je vis à travers ses yeux qu'elle n'était pas prête d'oublier ce baiser. Tant mieux ! Car moi non plus. Son goût chocolat allait me hanter toute la nuit.

Notre rythme cardiaque reprit peu à peu son calme. Enfin, moi je ne fais que prétendre. Impossible de me calmer avec ce qui vient juste de se passer. Elle fit glisser sa main de mes cheveux à ma joue pour la caresser.

-Fais attention à toi en rentrant, me dit-elle.

-Compte sur moi. Et envoie moi un message si tu as le moindre problème avec l'autre.

Elle secoua sa tête avant de me sourire pour la dernière fois de la soirée. Elle me lâcha et je la regardai pénétrer dans l'immeuble. Elle se retourna une dernière fois avant de secouer sa main.

Je lui souris tout en répondant à son geste. Mon sourire doit être tellement niais mais peu importe. J'assume.

Si il y avait un prix pour être l'homme le plus heureux de la terre, je l'aurais gagné à coup sûr, ce soir-là.