Le jour J était arrivé. Jisung allait se rendre chez ses parents pour accompagner Minho. Son père lui avait assuré qu'il pouvait venir accompagné, mais il ne se doutait pas un seul instant qu'il verrait débarquer son nouveau collaborateur avec son fils. Ça allait probablement lui faire un choc, mais Jisung et Minho avait décidé qu'il était temps d'être honnête jusqu'au bout.

— Tu as bientôt fini ?

Minho entra dans la chambre et découvrit son petit ami assis au bout du lit. Il n'avait toujours pas fermé les boutons de sa chemise et restait immobile, les yeux dans le vide. Son angoisse était palpable.

— Hé, ça va aller mon cœur, chuchota Minho.

Il alla prendre place à côté de Jisung et lui saisit une main. Il la serra aussi fort que possible, il voulait lui montrer qu'il était là et qu'il ne le lâcherait pas. Cette épreuve, ils la surmonteraient à deux. Avec son pouce, il lui caressa tendrement la peau dans des mouvements circulaires.

— Je serai là, d'accord ?

Jisung hocha la tête, mais son visage montrait bien qu'il n'était pas convaincu. Même s'il n'était pas seul, que Minho était là pour le soutenir et prendre sa défense si les choses se passaient mal, il n'arrivait pas à se calmer. Il pensait surtout à sa mère et à l'image qu'elle aurait de lui. Ils ne s'étaient que très peu parlé depuis qu'il lui avait dit avoir menti sur ses études, alors il n'imaginait pas comment leur relation deviendrait. Il avait peur de la perdre pour de bon. Son père, c'était encore autre chose. Il n'avait pas vraiment d'affection pour lui, et ce depuis son enfance. Il n'avait de lui que l'image d'un homme strict et absent. Alors s'il lui faisait honte, il s'en fichait un peu.

— J'ai vraiment peur de leur réaction. Quand ils vont découvrir que leur fils, en plus d'être gay, a fait comme s'il ne te connaissait pas…

— Je sais. Si tu veux remettre ça à plus tard…

— Non, dit Jisung d'une voix assurée. Je veux qu'on leur dise.

Minho lui adressa un mince sourire.

— C'est toi qui décides.

— C'est déjà décidé.

Il posa la main sur celle de Minho et se pencha pour lui donner un bref baiser sur les lèvres. Il l'aimait plus que tout au monde et il n'avait plus envie de se cacher. À quoi bon ? Il était amoureux de Minho et heureux avec lui. Il n'envisageait pas l'avenir loin de lui, et qu'il accepte ou non, finalement cela ne changerait rien à l'amour qu'il portait à son petit ami.

— Tu finis et on se met en route ? demanda Minho en se levant.

— Oui, j'en ai pour cinq minutes.

Minho repartit en direction du salon. Jisung s'empressa de continuer à se préparer. Il se sentait un peu mieux maintenant que son petit ami l'avait rassuré. Il savait qu'une fois en chemin, le stress pointerait de nouveau le bout de son nez, et qu'il ne ferait qu'augmenter au fil des minutes. Mais il n'allait pas reculer. Il allait assumer ses actes jusqu'au bout. Ça le soulagerait d'un nouveau poids.

Il apparut dans la grande pièce à vivre pour retrouver Minho. Ce dernier se leva du canapé et le contempla, l'air satisfait.

— Tu es magnifique.

— Je peux en dire tout autant de toi.

Ils s'échangèrent un sourire, puis un baiser, et se dirigèrent dans l'entrée. Une fois leurs chaussures aux pieds et leur veste sur le dos, ils quittèrent l'appartement. Ils montèrent dans la même voiture, Minho au volant, Jisung à ses côtés, et se mirent en route pour aller chez les Han. Le trajet fut silencieux et peut-être un peu trop rapide aux yeux de Jisung. Même s'il avait envie d'en finir une bonne fois pour toutes avec les mensonges, il n'avait pas non plus hâte d'arriver à destination. Les questions se bousculaient dans son esprit et il aurait beaucoup aimé y mettre un terme pour cesser de se tourmenter. Avant de descendre, Minho l'embrassa une nouvelle fois, lui répétant qu'il l'aimait et qu'il serait là pour lui en toutes circonstances. Ce ne fut peut-être pas assez pour qu'il soit plus serein, mais il avait confiance en son petit ami et sa présence lui faisait un bien fou.

Devant la porte d'entrée, Jisung prit une grande inspiration avant de sonner. Ils y étaient. Peu de temps après, ce fut madame Han qui vint ouvrir. En voyant son fils devant elle, elle ne put retenir sa surprise.

— Jisung ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?

— On doit parler.

Presque aussitôt, son mari la rejoignit. Il l'obligea à se décaler sur le côté afin de faire face à son fils. Son regard dur se posa sur lui, comme s'il le jugeait et même le reniait.

— Qui t'a demandé de venir ici ?

— J'avais besoin de vous parler.

Il n'était jamais très sûr de lui quand il était là, sous le regard sévère de son père. L'homme n'avait rien de doux et d'avenant.

— J'ai un dîner important alors tu ferais mieux de repartir. Tu n'es pas le bienvenu.

Jisung déglutit et se décala lentement. Minho apparut et le visage de monsieur Han changea. Il devint plus ouvert et accueillant. Il y avait une sacrée différence dans sa manière de considérer les gens. Avec son propre fils, il était impitoyable, mais quand il s'agissait de ses relations professionnelles, il changeait du tout au tout.

— Monsieur Lee ! s'exclama-t-il. Je suis surpris, je pensais que vous viendriez accompagné.

Minho força un sourire et se tourna vers Jisung.

— Je ne suis pas venu seul. Je pense que nous devrions entrer pour discuter.

Les parents de Jisung ne comprirent pas vraiment où il voulait en venir, mais ils acceptèrent tout de même de les recevoir tous les deux. Même si le dîner les attendait, ils préférèrent prendre place dans le salon. Jisung n'osait pas relever la tête et affronter l'incompréhension de sa mère, et l'autorité de son père. C'était trop dur, trop à supporter. L'ambiance était tendue, il aurait pu suffoquer tant il se sentait oppressé dans cette pièce pourtant immense.

— J'attends des explications Jisung.

Il se renfrogna encore plus. Il s'était répété ce qu'il devait dire une bonne dizaine de fois et là, il n'était même plus capable d'aligner deux mots. Il avait les oreilles qui bourdonnaient et il pouvait sentir son pouls battre dans ses tempes.

— Si tu n'es pas foutu de parler, tu peux t'en aller. Monsieur Lee et moi avons des choses sérieuses à nous dire, et je ne crois pas t'avoir convié.

— Monsieur Han, intervint soudain Minho.

Le père de Jisung fronça les sourcils.

— Je vous ai dit que je viendrais accompagné, c'est parce que je suis venu avec Jisung.

— Comment ça ?

— C'est mon compagnon.

Minho assista à la désillusion des parents de son petit ami. Leur visage se décomposa. Il n'en attendait pas moins, la pilule allait être dure à avaler et c'était normal. Après tout, ils avaient découvert que leur fils, celui qu'ils idéalisaient, ne correspondait pas du tout à leurs attentes. Pire, il leur avait menti pendant des années et ce soir, c'était une révélation de plus qui tombait. Jisung osa finalement relever la tête. Ses parents restèrent silencieux, abasourdis. Et lui, il se sentait honteux de les mettre dans un état pareil. Il chercha une réaction auprès de sa mère, mais elle ne le regardait même pas. Elle restait concentrée sur Minho, tout comme son mari.

— Vous savez, Jisung est un jeune homme travailleur et qui ne se plaint jamais, même si parfois, il le devrait.

— Qu'est-ce que vous en savez ! aboya l'homme en se redressant, fier comme un paon.

— Parce qu'il travaille pour moi depuis quelque temps maintenant. Mais avant tout, je suis son compagnon, et nous nous aimons sincèrement.

Jisung en resta pantois. Entendre son petit ami annoncer leur relation à ses parents, c'était à la fois quelque chose de complètement hallucinant et de satisfaisant. Minho avait un don pour parler, même s'il ne prenait jamais de pincettes et qu'il pouvait foncer dans le tas. Ça le touchait et ça le soulageait. Il ne savait pas s'il aurait été capable de le faire aussi bien que lui. Heureusement qu'il était là, près de lui, pour le soutenir. Même après tous les mensonges qu'il lui avait dits, Minho continuait à être présent et à l'aimer. Grâce à lui, il avait mûri et avait appris à faire quelque chose de sa vie. Finalement, tout cet enchaînement de découvertes et d'aveux avait été bénéfique pour leur relation, et pour lui personnellement. Sans ça, il serait resté le jeune homme qui ne faisait rien de ses journées et qui comptait sur son petit ami. Aujourd'hui, il était plus autonome, plus débrouillard, et il savait travailler et gagner sa vie.

— Je suis désolé que nous ayons à vous l'apprendre de cette manière, mais Jisung et moi sommes en couple depuis longtemps.

Il alla chercher la main de son partenaire et la serra dans la sienne. Les parents de Jisung se figèrent sur ce geste. Madame Han releva la tête pour observer son fils, ce dernier la regardait tristement, même s'il ne pouvait réfréner un mince sourire. Il était avec Minho et c'était tout ce qui le rendait heureux. Son père se massa le front, il était assommé par cette nouvelle.

— Je… je ne sais pas du tout quoi vous dire, balbutia-t-il.

— Papa…

— S'il te plaît, ne dis rien, l'interrompit-il sans même oser lui prêter attention.

D'un bond, il se leva du canapé et planta son regard dans celui de Minho.

— Je préfère que vous vous en alliez pour le moment.

— Monsieur Han, demanda Minho en se levant à son tour.

— Non. J'ai vraiment besoin de temps alors, vous feriez mieux de partir.

Minho et Jisung se lancèrent un regard et se mirent d'accord pour s'en aller. Cela ne servait à rien d'insister grossièrement pour qu'ils acceptent. Ils regagnèrent le hall, accompagné par madame Han. Elle n'avait toujours pas osé prononcer un seul mot et pour Jisung, c'était un crève-cœur. Quand elle ouvrit la porte, elle rattrapa son fils avant qu'il ne sorte. Ses longs doigts s'enroulèrent autour de son poignet et elle le tira dans sa direction pour le serrer dans ses bras. Même s'il fut un peu surpris par le geste, Jisung réciproqua l'étreinte. Elle fut courte et sans un mot, comme un adieu. Mais il sentait au fond de lui que sa mère saurait le pardonner, et aussi qu'elle l'aimait. Il lui adressa un petit sourire, Minho la salua poliment, puis ils traversèrent le couloir qui menait à l'ascenseur. Ce ne fut que lorsqu'ils grimpèrent dans la voiture qu'ils purent enfin reprendre leur souffle.

Jisung se laissa aller dans le siège, les larmes coulaient d'elles même sans pouvoir s'arrêter. C'était dur à encaisser, mais c'était enfin fini. Il n'y avait plus rien à cacher, ses parents savaient toute la vérité. Maintenant, il devait laisser le temps faire son affaire et espérer qu'un jour, ils pourraient se revoir tous ensemble. Minho se pencha pour le prendre contre lui.

— Je t'aime Jisung. Je ne t'abandonnerai pas, d'accord ?

Le concerné alla s'agripper à la veste de son compagnon, comme si sa vie en dépendait.

— Je t'aime aussi. Merci d'être là.

La main de Minho se plaça sur sa chevelure. Il la lui caressa lentement et lui murmura des dizaines de mots doux pour l'apaiser. Voir son petit ami aussi triste lui faisait mal, mais ils avaient fait le bon choix. Maintenant, ils pouvaient aller de l'avant tous les deux.

— Jisung, j'ai encore quelque chose à te demander.

Il releva la tête et renifla. Les yeux encore larmoyants, il embrassa Minho avant qu'il ne puisse parler.

— Oui, je veux travailler pour toi, dit-il sans même savoir ce qu'il comptait dire.

— Qui a dit que c'était ça ? rit-il doucement.

— Tu peux pas me demander en mariage alors… j'imagine que c'est ça.

Un nouveau rire échappa à Minho et il reprit Jisung dans ses bras.

— Han Jisung, veux-tu travailler avec moi ?

•••

Bonjour bonjour !
Voilà c'était le dernier chapitre de Good Boy 😊 J'espère que l'histoire vous aura plus, malgré ses hauts et ses bas. Merci de l'avoir lue, d'avoir commenté et voté !
Je vous dis à bientôt sur mes autres histoires 💜