» chapitre 16
La soirée organisée par les parents de Jisung s'était mal terminée pour ce dernier. Il pensait pourtant que la situation avec Minho allait finir par s'arranger, qu'ils étaient de nouveau sur la bonne voie, mais il s'était trompé. La désillusion avait été énorme et surtout, très douloureuse. Il en avait assez que son petit ami l'accuse de choses qu'il n'avait pas faites. Il ne lui était pas infidèle, il ne draguait pas d'autres personnes. Il l'aimait vraiment, lui, Lee Minho, malgré le fait qu'en ce moment, leur vie ne soit pas simple. Leur relation s'était relativement dégradée depuis que Jisung travaillait dans sa société et si cela continuait ainsi, ils allaient vraiment finir par se séparer. C'était ainsi qu'il le voyait, et ça lui brisait le cœur. Ils ne communiquaient presque plus et les rares étreintes et baisers qu'ils s'échangeaient semblaient totalement dénués de sens. Ils ne faisaient plus l'amour, souvent à cause de la fatigue, mais aussi à cause de leur rancœur. Même si l'envie était là, l'un comme l'autre s'efforçait de ne pas succomber. C'était une question de fierté, et c'était excessivement ridicule.
Ils étaient devenus comme deux colocataires, ils se croisaient toujours dans les locaux d'Uniaroom, se saluaient, mais c'était tout. L'appartement était vide. Vide d'amour, vide de rires. La tristesse se lisait sur le visage de Jisung et son comportement au travail en pâtissait. Il était moins performant et moins motivé. À quoi bon faire des efforts si le résultat était celui-là ? Il les avait faits pour Minho, et celui-ci n'était même pas capable de voir à quel point il avait trimé pour lui faire plaisir.
— Bah alors… T'as pas l'air bien, s'inquiéta Heejin.
Elle s'installa à moitié sur le bureau de Jisung et se pencha afin de capter son regard.
— T'inquiète, marmonna-t-il, c'est juste de la fatigue.
Elle fronça les sourcils avant de lui administrer une pichenette sur le front. Il sursauta, sa peau lui piquait et il essaya de faire partir la douleur en la frottant.
— Pourquoi t'as fait ça !
— Pour que tu me regardes et que tu arrêtes de faire cette tête de six pieds de long !
Jisung feignit un sourire qui disparut aussitôt. Il n'allait tout de même pas faire semblant d'aller bien juste pour faire plaisir à sa collègue.
— Je m'inquiète pour toi, c'est tout, ajouta Heejin d'une voix douce. Et les autres aussi d'ailleurs.
Une expression de surprise se glissa enfin sur le visage de Jisung.
— Ah bon ?
— Oui. On a pas eu l'habitude de te voir comme ça. En temps normal, tu souris tout le temps, enfin, tu râles beaucoup aussi. Là t'es juste… triste ?
Ah ça, il l'était ! Il n'avait pas du tout le cœur à rire, à sourire, ou même à se plaindre. Il ne cessait de penser à Minho et à leur relation qui virait à la catastrophe. Cela lui pesait sur le moral et même si au départ il arrivait à gérer ses émotions, à ne pas se laisser bouffer par celles-ci, il n'en était désormais plus capable. La tristesse et la déception qu'il ressentait étaient trop fortes, trop envahissantes. Il réfléchissait jour et nuit et, à chaque fois, il se disait qu'il allait vraiment perdre la personne la plus importante à ses yeux. Il ne savait plus quoi faire pour que tout redevienne comme avant. Il voulait juste retrouver Minho, celui qu'il connaissait avant que ses mensonges n'éclatent au grand jour. Il se disait souvent que tout ceci était de sa faute. S'il avait été honnête dès le départ, s'il n'avait pas dissimulé la réalité à son petit ami, rien de tout ça ne serait arrivé. Dans un sens, il avait lui-même provoqué cette situation.
— Désolé, je vais faire plus attention.
— Pourquoi tu t'excuses ?
— Parce que j'ai pas envie que vous vous inquiétiez pour mes histoires.
— On s'inquiète pour toi, c'est normal, on est tes amis maintenant.
Jisung ne put réfréner un sourire sincère. Il était vraiment heureux d'entendre qu'il était leur ami. Il appréciait beaucoup ses collègues, ils l'avaient très vite intégré dans leur équipe et il les trouvait adorables avec lui.
— Merci Heejin.
Elle lui ébouriffa les cheveux, mais s'arrêta quand elle se rendit compte qu'elle avait mis une sacrée pagaille dans sa tignasse. Elle prit soin de le recoiffer rapidement avant que Chan ne débarque dans l'open-space. Elle ne voulait pas que Jisung subisse les remontrances de leur chef par sa faute.
— Si tu as besoin de parler, je suis là.
— T'en fais pas, ça va aller.
Elle lui semblait un peu plus rassurée maintenant, et elle partit s'installer à son bureau. Peu de temps après, Chan arriva. Il salua rapidement les employés avant de les informer des tâches à terminer et des nouveaux projets qui allaient arriver. Deux nouveaux clients — et pas des moindres — avaient fait appel aux services d'Uniaroom. Les marchés étaient très importants, plusieurs centaines de millions de Wons, et pour la société, c'était une occasion en or de faire davantage de bénéfices. Il s'agissait de plusieurs immeubles résidentiels et de quelques complexes hôteliers de luxe, de quoi encore gagner en renommée.
— Jisung ? intervint soudain Chan.
Le concerné releva la tête de son poste de travail.
— Oui ?
— Le patron veut te voir dans son bureau.
Jisung hocha la tête tout en ravalant sa salive. Il se leva lentement, comme s'il craignait que ses jambes ne le lâchent, puis il s'inclina légèrement devant Chan avant de s'en aller.
Il traversa l'open-space, la gorge nouée et les paumes de mains de plus en plus moites. Son cœur était complètement hors de contrôle et il avait peur de s'effondrer tant il appréhendait la confrontation avec son petit ami. Enfin, petit ami qui n'avait plus vraiment l'air de l'être. Leur relation était juste catastrophique. Il passa devant Seungmin, ce dernier lui adressa un agréable sourire. Ce ne fut pas assez pour le calmer et lui faire oublier ses craintes. Il n'arriva même pas à le lui rendre tant il était tendu. Étonnamment, il pressa le pas, même s'il n'avait pas hâte de se retrouver en face de Minho. Il voulait seulement éviter que son collègue ne remarque son mal être et lui pose des questions.
Une fois à l'étage au-dessus, il ralentit. Sa gorge était encore plus serrée qu'avant, il avait l'affreuse sensation que l'air lui manquait et qu'il allait suffoquer. Pourquoi fallait-il qu'il se mette dans des états pareils ? Minho était en train de le terrifier, de plus en plus. C'était un sentiment qu'il n'avait jamais ressenti auparavant quand il pensait à son petit ami. Au contraire, avec lui, il se sentait en sécurité, hors d'atteinte, invincible et surtout très aimé. Ce n'était plus tout à fait le cas et ça lui faisait mal au cœur.
Devant la porte de son bureau, Jisung prit une grande inspiration. Il ferma les yeux un court instant et finit par toquer. Un « Entrez » un peu sec retentit de l'autre côté et, les mains tremblantes, il enclencha la poignée et pénétra dans la pièce. Aussitôt, le regard de Minho se posa sur lui et une sensation étrange — surtout désagréable — s'éprit de tout son être. Il n'en pouvait plus de cette tension qui s'installait dès qu'ils se trouvaient au même endroit. Il avait envie de sauter au cou de son compagnon, de lui demander s'il l'aimait, de le supplier que tout redevienne comme avant, mais il y avait comme une barrière invisible qui les séparait.
Minho resta silencieux, le regard toujours braqué sur Jisung. Il le détaillait, perdu dans ses pensées.
— Pourquoi tu m'as appelé ?
La voix de Jisung le rappela à l'ordre. Sorti de sa rêverie, il tourna les talons afin de prendre place sur le siège en cuir. Il attrapa un stylo et le fit habilement tourner entre ses doigts.
— J'avais besoin de te parler.
— De quoi ?
— De nous.
Jisung ne put s'empêcher de pouffer de rire. Minho l'évitait, il faisait comme s'il n'existait pas, ne lui adressait pas un mot de tout le week-end, mais avait le culot de le faire venir dans son bureau pour avoir une discussion sur leur couple.
— Tu crois que c'est l'endroit et le moment ? lâcha-t-il.
— Non, pas du tout. Mais on peut peut-être désamorcer la bombe avant qu'elle nous explose à la figure, non ?
— Ça c'est facile à dire.
— J'ai besoin de… mettre certaines choses au clair.
— Tu n'avais qu'à le faire avant, non ? Tu as passé le week-end à faire la gueule et c'est maintenant que tu veux discuter ?
Minho expira longuement avant de relever la tête vers son petit ami.
— Je sais, et je suis désolée. Mais là, j'ai besoin de te dire ce que j'ai sur le cœur.
— C'est toujours quand toi tu décides ! s'énerva Jisung. Tu peux pas jouer comme ça, être distant et ensuite prétendre vouloir avoir une discussion sérieuse.
— Tu n'es pas distant toi ?
Jisung cligna des yeux à plusieurs reprises. Qu'était-il en train d'insinuer ? Que c'était lui qui était inaccessible alors qu'il ne faisait que le fuir et l'ignorer depuis des jours ? Et encore, il ne l'ignorait pas vraiment car pour être blessant, il savait visiblement aligner deux mots.
— Toi tu l'es, assura Jisung.
— Tu l'as été bien avant. Tu rentrais à pas d'heure. T'avais du temps pour moi ? Non, pas du tout !
Cette fois, il n'en croyait pas ses oreilles. Il n'y pouvait rien s'il travaillait autant, c'était de la faute de Chan et accessoirement, de la faute de Minho.
— Tu m'as littéralement mis dans cette situation Minho ! Je n'avais pas le choix que de travailler au risque de perdre l'homme que j'aime.
— Jisung je... Je voulais juste que tu apprennes à te débrouiller sans moi et…
— Arrête ! Tu as voulu que je travaille, et c'est ce que je fais ! Je suis pas en train de te tromper ou quoi que ce soit ! Tu me prends pour qui ?
Minho se redressa et passa une main dans ses cheveux pour les basculer vers l'arrière. Il laissa tomber le stylo qu'il avait dans la main et quitta son siège. Il contourna son bureau et se positionna devant Jisung. Les yeux dans les yeux, ils se défiaient.
— J'ai juste peur.
— Excuse-moi mais, de quoi tu parles ?
— De tes mensonges, de cette façon que tu as eue de profiter de moi. J'arrive plus à totalement t'accorder ma confiance, je sais pas mais... c'est dur pour moi.
— Tu es encore avec ça ? Va falloir t'en remettre un jour.
Minho haussa un sourcil. Doucement, sa main se glissa sur la cravate de son partenaire. Il l'empoigna et la tira un peu, juste assez pour que Jisung se penche légèrement en avant. Leurs visages se retrouvèrent à quelques centimètres, ils pouvaient sentir leurs souffles chauds et courts se mêler. C'était terriblement enivrant et ce, malgré toutes les rancœurs qu'ils pouvaient éprouver l'un envers l'autre.
— Tu peux pas m'en vouloir, t'as fait de la merde et maintenant on en est là. J'ai été déçu, je me suis senti… trahi.
— Alors prends une décision, murmura Jisung.
— C'est-à-dire ?
— Si tu ne peux plus me faire confiance, si c'est si dur pour toi, quitte-moi.
Minho resserra sa poigne sur la cravate de son petit ami. Ce dernier lui avait soufflé ces quelques mots d'une voix suave, presque provocatrice, comme s'il le mettait au défi de le faire, de le quitter. Et pourtant, Minho n'en avait aucune envie. Il aimait Jisung, il en était amoureux, mais il avait encore beaucoup de mal à passer l'éponge. Et en même, il avait envie de croire qu'ils resteraient ensemble encore longtemps. Mais le fait était que le tableau de leur amour, avant sans aucune tâche, avait été sali par toutes les affabulations de Jisung. Minho était blessé et méfiant.
— Je peux pas…
Il tira un peu plus fort sur le bout de tissu, juste assez pour que leurs lèvres se retrouvent. Sans attendre, elles entamèrent une danse endiablée qui ne manqua pas de faire grimper la température dans le bureau. Pour ne pas perdre pied face aux attentions de Minho, Jisung alla s'accrocher à ses épaules. La bouche de son petit ami était en demande, sauvage et pressée. Minho le dévorait, avide de son goût, de sa chaleur. Il déposa une main sur sa hanche et, sans jamais rompre l'échange torride qui s'était instauré, il le fit reculer avec lui. Soudain, il le pivota de manière à ce qu'il se retrouve contre le bureau. Il descendit la main plus bas, sur le côté de sa cuisse puis, forcé de mettre un terme au baiser, la cala derrière son genou. Il le maintint fermement et le souleva pour qu'il s'installe sur le meuble.
À bout de souffle, les lèvres rougies et humides, Jisung tenta de reprendre une respiration normale. Le regard de Minho était sombre, presque impénétrable, mais il savait ce que cela voulait dire. Il n'allait faire qu'une bouchée de lui.
•••
Hello 🌞
Sorry j'ai oublié de poster lundi x)
Est-ce que Minho et Jisung vont enfin se réconcilier ? Peut-être bien que oui 👀
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