» chapitre 10
Jisung n'avait pas pu s'en empêcher de stresser durant tout le week-end. Il s'était demandé si Chan les avait vus au restaurant et il appréhendait vraiment de se retrouver face à lui. Étonnement, Minho était plus détendu par rapport à cette situation. Il essayait de relativiser et surtout de ne pas y penser. Il n'avait pas voulu gâcher les deux jours de repos qu'il avait et qu'il voulait partager avec son petit ami. Ils n'avaient pas bougé de l'appartement et avaient passé leur temps devant des vieux films en noir et blanc que Minho appréciait tout particulièrement. Des classiques cinématographiques dont il ne se lassait jamais. Jisung aimait plutôt les scénarios avec de l'action, du combat, et même du sang, mais son compagnon était plus porté sur la philosophie et la psychologie. Tant qu'il pouvait être près de lui, Jisung se fichait de ce qui se jouait sur l'écran. Il voulait seulement se blottir dans ses bras et sentir sa chaleur émaner de son corps, sentir ses doigts jouer avec ses cheveux et ses lèvres se poser sur les siennes. Cela avait le pouvoir de l'apaiser.
Mais ce matin, Minho n'en menait pas large. Il avait peut-être fait abstraction de ce qui s'était passé au restaurant durant tout le week-end, mais ses peurs lui revenaient désormais en pleine figure. Et si Chan les avait vraiment vus ? Et s'il avait compris ? Il espérait que ce ne soit pas le cas, il ne voulait pas qu'ils soient démasqués si vite. Il gara son véhicule sur le parking à l'arrière du bâtiment, et observa une dernière fois son reflet dans le petit miroir du pare-soleil. Il était cerné et pourtant, il n'avait pas eu de nuits trop mouvementées dernièrement. Même si sa vie intime avec Jisung se passait plutôt bien, ils n'avaient pas toujours la force de faire l'amour une fois leur journée de travail terminée. Ils l'avaient fait vendredi soir en revenant de leur dîner et ça avait été parfait. Quelque chose avait changé, ils étaient plus proches et plus à l'écoute l'un de l'autre. Ils ne s'étaient jamais sentis aussi bien sur le plan sexuel qu'en ce moment. Ce n'était plus une question de quantité, mais de qualité. Et ils se sentaient amplement satisfaits de ce qu'ils avaient.
Minho essaya de relativiser. Il trouverait une excuse, n'importe quoi. Il sortit de son véhicule et pénétra dans l'immeuble. Il salua quelques employés qu'il croisa dans le grand hall et se dirigea vers les ascenseurs. Son sang ne fit qu'un tour lorsqu'il aperçut le visage de Chan au loin. Il espérait pouvoir l'esquiver mais, alors qu'il se positionnait derrière d'autres personnes afin d'attendre son tour, le directeur commercial tourna la tête. Leurs regards se croisèrent et ils échangèrent un petit sourire. Minho hésita un moment avant de le rejoindre. Il n'allait pas fuir et il était même préférable d'agir comme s'il n'y avait rien de suspect. Et puis, Chan lui avait tout de même payé le restaurant, il se devait de le remercier.
Avant même qu'il n'ait pu prononcer un seul mot, les portes de l'ascenseur s'ouvrirent devant eux et ils y entrèrent. Minho appuya sur l'étage auquel ils devaient se rendre et ils se serrèrent dans un coin en attendant de pouvoir descendre. Quand leur tour fut enfin arrivé, ils se frayèrent un chemin entre les gens qui devaient encore monter. Chan passa son badge devant la pointeuse avant de se diriger vers la machine à café.
— Vous voulez quelque chose ? demanda-t-il en se tournant vers Minho.
Le PDG afficha un mince sourire et hocha la tête.
— Un café latte.
Un court silence s'installa et Minho sentit tous ses muscles se tendre quand la porte des escaliers s'ouvrit. Jisung venait d'arriver. Ils se lancèrent un bref regard, il les salua en s'inclinant et disparut aussi vite.
— Au fait, merci pour vendredi, lança Minho pour briser la glace.
Chan lui tendit son gobelet et se prépara lui aussi une boisson chaude.
— Je vous en prie !
— Vous n'étiez pas obligé.
— Ça me fait plaisir. Et c'est vous qui m'avez fait connaître cet endroit. J'espère que votre petite amie a apprécié le repas.
Minho battit des cils avec rapidité. Petite amie ? Où avait-il été chercher ça ?
— Désolé, je ne voulais pas vous embarrasser ! Peut-être que vous y étiez avec votre mère, ou un ami. C'est vrai que je n'ai pas vu la personne qui vous accompagnait, c'est moi qui fais des suppositions.
Un immense poids s'enleva de ses épaules. Il n'avait pas vu Jisung, et ça le soulageait énormément. Il n'avait pas à inventer une histoire idiote pour justifier le fait qu'il se trouve là en sa compagnie. Il n'avait pas honte de son petit ami, mais il ne voulait pas qu'il soit vu différemment du fait de son lien avec le patron.
— Et vous, elle a aimé ?
À son tour, Chan sembla gêné. Il laissa échapper un petit rire et but une gorgée de son café.
— Oui, je dois dire que ça lui a beaucoup plu.
Minho fut surpris par sa réponse. Il ne s'attendait pas à ce qu'il admette si facilement qu'il y avait été accompagné de sa moitié. Après tout, ils ne se côtoyaient que pour le travail et ne parlaient pas de leur vie privée. C'était quelque chose que Minho ne voulait pas. Il avait la sienne, les employés avaient la leur, et chacun s'en occupait, c'était très bien comme ça. Il aimait garder une certaine distance avec eux ainsi, la hiérarchie était toujours claire et cela évitait les débordements. Même s'il s'entendait très bien avec Chan au boulot, ils n'étaient pas si proches que ça.
Ils terminèrent de boire leur café alors que la discussion bifurquait sur un sujet plus professionnel. Chan avait pas mal de devis à faire et quelques déplacements chez des gros clients. C'était un peu le rush en ce moment, mais Minho se réjouissait de voir qu'il avait une équipe de choc et que tout se passait bien.
— Au fait, avant que je m'en aille, vous pourriez dire au stagiaire de venir dans mon bureau après ?
Chan haussa les sourcils, mais acquiesça.
— Merci. On se voit au déjeuner.
Ils s'inclinèrent et Minho disparut à l'étage supérieur. Il regagna son bureau et, une fois à l'intérieur, il se laissa tomber dans son siège en cuir. Chan n'avait pas vu Jisung au restaurant. C'était un véritable coup de chance.
Il resta un long moment affalé, les jambes tendues et les bras pendants dans le vide. Cela faisait deux semaines que Jisung travaillait là et ça le mettait dans un état de stress quasi-permanent. Il ne voulait pas se dire que c'était une mauvaise idée de faire cela, mais peut-être que c'était quand même le cas. Il aurait très bien pu le pistonner pour qu'il fasse un stage ailleurs que dans sa société. Mais en même temps, il ne pouvait pas dire que ça lui déplaisait de garder un œil sur son petit ami. Il avait déjà trahi sa confiance et ce n'était pas rien. Au moins, là, il savait où il était et ce qu'il faisait. Il sursauta quand quelqu'un toqua à la porte. Il se réinstalla correctement sur son siège et se racla la gorge.
— Entrez !
La porte s'ouvrit doucement et le sourire de Minho fut instantané. Il fit signe à son petit ami de s'avancer après avoir refermé derrière lui. Jisung était peu à l'aise, il ne cessait de jouer avec ses doigts comme s'il avait fait une bêtise. Et sur le coup, il pensait qu'il avait fait quelque chose de mal pour que son patron lui demande de venir dans son bureau.
— Tu en fais une tête ! s'exclama Minho.
— C'est que… Tu m'as fait appeler et…
Minho comprit. Il lâcha un rire.
— C'est pas pour te réprimander, dit-il. Viens t'asseoir.
Il lui montra le canapé adossé au mur entre deux grandes bibliothèques. Il quitta son siège et alla s'y installer avec Jisung.
— J'ai parlé à Chan ce matin.
— Ah ! Il nous a vus ?
Minho secoua négativement la tête. Jisung soupira de soulagement.
— Mon Dieu, je suis rassuré, dit-il en posant une main sur son cœur. J'angoisse depuis que mon réveil a sonné.
La main de son petit ami se glissa sur sa cuisse pour la lui malaxer lentement.
— C'est bon, plus besoin de stresser. Il a dû me voir quand tu étais aux toilettes.
— Imagine s'il fait semblant ?
Minho fronça les sourcils et lui administra une petite tape avant de rire à nouveau.
— Ne t'inquiète plus pour ça.
Jisung hocha la tête, un mince sourire fendit ses lèvres. Il plongea le regard dans celui de son petit ami et il se dit qu'ils pouvaient peut-être profiter d'être seuls dans son bureau pour s'échanger quelques baisers. Il se pencha vers Minho et happa ses lèvres pour initier un échange lent et langoureux auquel il répondit tout de suite. C'était agréable, doux, et terriblement apaisant.
Jisung avait besoin d'un peu de tendresse pour passer une bonne journée et pour supporter la tyrannie de Chan. Il ne savait pas encore à quelle sauce il allait être mangé cette semaine, mais à la vue de son air renfrogné et de son ton froid, le chef commercial allait encore être exécrable. Il allait encore lui donner des tâches ingrates et le prendre pour son homme à tout faire. Il allait encore se montrer exigeant en le faisant crouler sous les trop nombreux dossiers. Mais Jisung n'allait pas s'en plaindre. Non pas qu'il aimait ça, mais il n'oserait jamais dire quoi que ce soit à Minho. Il voulait que ce dernier soit fier de lui, qu'il le voie comme quelqu'un qui voulait vraiment travailler et non pas comme un faible. S'il allait chouiner auprès de son compagnon, il allait passer pour un petit capricieux. Et il n'en avait aucune envie. Il avait déjà essayé et ça n'avait donné rien de bon. Alors il était préférable de prendre sur soi, quitte à être blessé, vexé, et fatigué.
Le baiser qu'ils échangeaient resta chaste. Minho avait juste attrapé le visage de Jisung entre ses mains pour lui faire légèrement basculer la tête en arrière. Celui-ci s'était accroché à ses avant-bras, comme pour trouver du soutien et contrôler la situation. Ça pouvait vite déraper, mais ça ne devait pas. Pas ici, pas comme ça. Minho était surbooké ce matin, et ce n'était absolument pas le moment pour quelques galipettes improvisées. Pour sûr, ils seraient dérangés. Et il suffisait que Jisung y pense pour que le téléphone fixe de son petit ami ne se mette à sonner.
Ils se détachèrent l'un de l'autre et Minho se leva pour aller décrocher. Il passa quelques brèves secondes au téléphone avant de revenir vers son petit ami. Il lui tendit une main et le tira de façon à ce qu'il décolle du canapé. Jisung se retrouva dans ses bras, le visage à quelques centimètres de celui de Minho. Ils s'échangèrent un autre baiser, bien plus court que le précédent.
— Je vais devoir te demander de partir, j'ai un rendez-vous.
Jisung hocha la tête et déposa les lèvres sur la joue droite de son compagnon. Un claquement résonna, cela les fit rire.
— On se voit ce soir, d'accord ?
— Oui. Je sais pas à quelle heure je termine par contre, bredouilla Jisung.
— Je t'attendrai avec un bon dîner.
— T'es l'homme parfait.
Un sourire plaisantin étira les lèvres du plus vieux.
— Je sais, c'est bien pour ça que tu m'aimes.
Évidemment, il n'y avait aucune autre explication. Aux yeux de Jisung, Minho était parfait. En tous points. Il se disait qu'il avait vraiment de la chance de l'avoir dans sa vie. De la chance qu'il se montre aussi compréhensif et clément avec lui, même après tous les bobards qu'il avait osé lui sortir.
Ils s'enlacèrent une dernière fois. Minho en profita pour diriger une main sur ses fesses et en serrer une.
— Allez file, p'tit cul.
Ce fut à contre-cœur que Jisung quitta la chaleur de son petit ami. Si seulement il avait pu rester là toute la journée, cela aurait été idyllique. Mais malheureusement, il allait devoir retrouver son bureau et son chef. La semaine s'annonçait interminable.
•••
Ça a l'air d'aller entre eux 👀
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