Centre ville, Madrid, 20h30, 7 mai 2018

Nathan nous dépose devant un restaurant vers le centre de Madrid après être venu me chercher vers 20 h 00. J'essuie mes mains moites sur le côté de ma robe stressée de me retrouver pendant quelques heures face à Nathan et seule. Totalement non-glamour, je le sais.

Nathan m'ouvre la porte du restaurant. Il s'avance vers l'hôtesse et l'aborde.

- Bonjour, dit-il à l'élégante personne derrière son comptoir. Je suis Nathan Griez et j'ai réservé une table pour deux.

- Par ici, nous dit-elle

Elle nous conduit vers le fond du restaurant, où toutes les tables semblent parfaitement isolées les unes des autres par des fleurs plus belles les unes des autres. Cependant, cela n'empêche pas une petite dizaine de paparazzi de nous observer à travers la fenêtre de l'autre côté du trottoir ne pouvant pas s'approcher de plus près.

Je sais qu'ils nous prennent en photo alors je m'efforce de garder les épaules droites, le menton levé et une expression neutre, mais pas abattue. Pas question de lire encore des remarquables désagréables dans les journaux. Je ne sais pas comment ils ont su où nous nous trouvions, mais en attendant, ils sont ici...

- Désolez, soupire Nathan en s'asseyant me voyant regarder du coin de l'œil les photographes, je ne comprendrai jamais comment ils me retrouvent à croire qu'ils ont posé un puce GPS dans mon corps.

Je lâche un petit amère à sa dernière remarque.

- Alors, tu t'es bien baladée ce matin ? Me demande-t-il

- J'ai sauté ! Lui répondis-je fièrement

Il ouvre grands les yeux, choqué de ma remarque.

- Non ? Je croyais que tu pouvais plus.

- Non, je peux plus. Mais c'était un tout petit obstacle vraiment. Une barre c'est tout. Il était resté dans le manège et une ancienne coéquipière m'a aperçu et m'a encouragé à le sauté. Je ne voulais pas, j'avais vraiment trop peur. La première fois, je me suis ratée. Mais j'ai recommencé et j'y suis arrivée. Tu ne peux pas savoir à quel point, c'était bon...

Il sourit remarquant l'enthousiasme que je mets dans mon récit.

- Je suis fière de toi ! Et ton genou, ça été ?

- Oui oui, petite réception, je n'ai pas eu à forcer, mais je sais que plus haut, j'aurai du mal. Je ne préfère pas tester.

- Je comprends.

Une serveuse arrive vers nous pour commander nos boissons et repart aussitôt après notre commande.

- Tu as avancé sur ton centre ?

Je souris en y repensant et hoche la tête.

- Oui !

- Raconte moi ! Me dit-il en attrapant son verre de vin que vient de poser la serveuse sur la table.

- T'es sûr ? Je ne veux pas t'embêter avec ça.

- Non, vas-y !

- Alors, le plan en lui-même est presque terminé. On a trouvé le terrain parfait, Luis l'avait trouvé avant. Il est géant, de quoi faire l'école si besoin. Je vais aller le voir demain avec lui. Il y a une petite forêt pour faire du cross en plus ! On a décidé d'installer des panneaux solaires sur tous les toits, les douches sont solaires aussi et on récupéra l'eau de pluie.

Je fais plein de gestes avec mes mains pour expliquer.

- Il y aura un coin compétition avec des box vides pour les chevaux des concurrents, un grand manège, plusieurs paddocks, un petit manège enfin la totale ! C'est énorme, j'adore !

- Mais c'est génial ça !

Je hoche la tête fière de moi.

- Et toi ! Parle-moi de toi ! Je m'exclame en portant mon cocktail à mes lèvres.

- Que veux-tu savoir ?

- Où tu es né pour commencer ?

- Lyon, et toi ?

- Paris, rien de fou, rigolé-je, T'as des frères je crois ?

- Oui, deux. Il y a Lucas qui est footballeur aussi. C'est mon aîné. Il est marié à une mannequin, Charlotte Hazard. Ils ont eu un fils il y a deux ans. Alessio. Il est trop mignon, il parle beaucoup, mais il est mignon. Et puis il y a Théo, le cadet de la famille. Il est ingénieur en aéronautique. C'est la tête de la famille.

Je rigole à ses quelques remarques humoristiques et l'écoute attentivement tout le long du dîner.

- Je suis désolé pour la première fois qu'on sait, je ne sais pas ce qu'il m'a pris... Je t'ai vu puis y a eu... Je ne sais pas... Une vague de haine. Je ne comprends pas, tu étais magnifique en plus.

Mes joues s'empourprent à cause de son compliment. Mes yeux croisent les siens, d'un bleu profond. Magnifique.

- Je suis désolé encore.

- Ne t'excuses plus, j'ai compris. Ça arrive, tu t'es bien rattrapé, lui souris-je

Il rigole sincèrement et prend une bouchée de son plat que la serveuse vient de nous apporter.

- Merci pour l'invitation, ça fait plaisir.

Nathan me sourit en retour et je me demande alors s'il a une copine, je ne pense pas sinon il ne m'aurait pas invité sans elle et je l'aurai vu au match.

- Dit moi, tu as une copine ?

- Nan, célibataire depuis quelques mois et ça fait du bien. Je n'ai pas beaucoup de temps pour ma famille entre les entraînements, les matchs et les sélections, je passe pas mal de temps en dehors de chez moi. Mais ça ne me dérange pas, j'aime ce que je fais, mais mon ex-copine ne supportait plus de me voir quelques heures par jour ou alors ne plus me voir pendant 2 mois.

- Oui, je comprends.

Je me racle la gorge et continue en abordant un sujet assez sensible.

- C'est pour ça d'ailleurs que j'ai quitté Léo.

La surprise passe sur le visage en entendant le nom de son ami.

- Je n'étais jamais à la maison, je faisais énormément de compétition et je partais plusieurs jours. Je partais au centre tous les jours plusieurs heures et je revenais tard le soir. On a commencé à s'éloigner, on se gueulait dessus pour un rien et ça me pesait énormément. Je ne sautais plus aussi bien, mon coach l'a remarqué très vite et m'a expliqué que la meilleure des solutions dans ce cas-là était de mettre un terme à notre relation. Cela n'a pas plus à Léo et tu sais la suite.

Nathan hoche la tête et soupire en se passant les mains dans les cheveux.

- J'ai l'impression que tu me parles d'un tout autre homme. Le Léo que je pensais connaître ne t'aurait jamais fait ça. Il était gentil vraiment, bienveillant et surtout, je pensais qu'il ne me mentait pas. Je suis désolé pour tout ce qu'il t'a fait subir, c'est ignoble de sa part.

- Ce n'est pas ta faute.

Et je dis vrai, ce n'est pas sa faute. Il ne pouvait pas savoir.

- Sinon, j'ai eu un architecte au téléphone tout à l'heure, dis-je pour changer de sujet, la construction du club s'élèvera à 2 millions d'euro et cela sera fini dans quelques mois. Ils m'ont dit maximum 3 mois. Mais je les trouve quand même rapides. J'espère que cela sera le cas.

- Alors ça y est, tu te lances ?

- Oui, j'espère ne pas avoir à regretter ce choix.

- Je ne pense pas, c'est ce qu'il te faut.

- Mes parents vont payer le centre et les équipements, je planifie alors de faire l'école. J'attends encore un peu, je ne veux pas faire ça sur un coup de tête. Je trouve déjà que là ça été rapide.

- Je comprends. Si tu as besoin d'aide, je suis là.

Il est vraiment gentil comme garçon.

Le reste de la soirée se passe à merveille, Nathan est trop gentil et très drôle.

Il me raccompagne chez moi vers 23 h 30 après qu'on ait eu fini de manger.