10 - I'm exhausted man
Hello ! ^^
Pour ceux qui ne savent pas, un chapitre est sorti mercredi (et le titre venait de "Fly to my room":))
Bonne lecture.
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Jimin menait un combat. Ça se jouait entre ses nerfs, la serrure et cette maudite clé. Il n'avait toujours pas réussi à faire coïncider les deux derniers qu'il entendit pourtant la porte de l'appartement de sa sœur se déverrouiller puis s'ouvrir.
Il recula d'un pas titubant en plissant les yeux, agressé par la lumière de l'appartement qui s'infiltrait maintenant dans le couloir. C'était donc pour ça qu'il n'arrivait pas à mettre la clé dans le trou ! Il avait oublié d'allumer la lumière.
- Ahhhh... fit-il en réalisant son erreur.
- Non mais t'as vu l'heure !? l'incendia sa sœur avant de l'attraper par le t-shirt.
Jimin se fit traîner vers l'intérieur du logement et manqua d'entrer en collision avec le torse de Namjoon. Il fit une grimace significative en s'imaginant la scène, tout ça sous le regard de plus en plus réprobateur de son beau-frère. Namjoon ressemblait à un videur de boite de nuit à lunettes avec ses bras croisés et ses yeux méprisants. Son air sévère donnait pourtant des envies d'hilarité à Jimin.
- Salut, pa', se moqua-t-il avant de mettre sa main devant la bouche en pouffant.
Son beau-frère leva les yeux au ciel en retour tandis que sa sœur refermait la porte en commençant à le sermonner.
- Franchement, ça te tuerait de répondre au téléphone ? J'ai failli appeler les flics ! Tu m'as dit que tu finissais le boulot à une heure du matin j'te signale !
Jimin s'assit par terre pour enlever ses chaussures, incapable d'y parvenir debout.
- Et alors ? Il est quelle heure ?
- Cinq heures et demie du matin.
- Cinq heures et demie ?! s'alarma Jimin, les yeux ronds.
- Passées, précisa Namjoon.
- Olala mais il est tard ! réalisa Jimin avant de prendre une décision dans le plus grand des calmes. Faut que j'aille dormir.
Il se releva en s'aidant des jambes des Namjoon, l'air de rien. En le faisant, il se demanda vaguement combien de tours de métro il avait fait pour arriver avec quatre heures de retard. Le cachet de Jia devait vraiment être fort...
- Alors c'est tout ?! Tu rentres à pas d'heure sans prévenir, dans un état lamentable, et tu vas juste aller te couch.. - Oh mon dieu, mais qu'est-ce que tu as sur le visage ?! Tu t'es battu ?!
Jimin essaya de reculer alors qu'il avait les joues écrasées entre les mains de sa jumelle.
- Mais n'importe quoi ! protesta-t-il en râlant.
Sa sœur le lâcha tout en l'examinant du regard.
- Ah oui ? Alors qu'est-ce que tu as sur ton cou et ton mento...- Nom de Dieu... me dis pas que... - Bah ça alors...
Elle laissa ses bras pendre le long de son corps en comprenant enfin ce qu'était tout ce parme.
- Du rouge à lèvres... souffla-t-elle, abasourdie.
Jimin passa sa main sur les parcelles de sa peau victimes de Jia puis grimaça, les doigts tout gras.
- Ouais, c'est du maquillage, confirma-t-il, irrité. Ouais, j'ai couché avec une femme - enfin j'ai essayé - et, ouais je suis complètement défoncé ! Maintenant, pousse toi...
- Ne parle pas comme ça à ta sœur, le reprimanda calmement Namjoon.
- Non mais c'est que... je crois que je vais vomir...
Jimin passa rapidement entre le couple pour se rendre jusqu'aux toilettes avant de déverser ses tripes dans la cuvette. Les drogues dures, ce n'était décidément pas son truc.
- Mais qu'est-ce que t'as pris pour être dans cet état ?!
Sa sœur, qui l'avait suivi jusqu'ici, s'agenouilla à ses côtés avec un verre d'eau.
- Ça va... lâche moi, la repoussa Jimin.
Sujin resta interdite face à ce rejet alors que son frère se relevait en s'aidant des WC.
- Me regarde pas comme ça, la supplia-t-il.
Elle avait des larmes plein les yeux. Il avait encore merdé.
- Je m'inquiète pour toi, espèce d'idiot !! lui dit-elle avant de lui frapper le torse.
Namjoon intervint et enferma les petits poings de sa copine dans l'une de ses mains.
- Calme toi, chérie, lui murmura-t-il.
- Que je me calme ?! Non mais regarde le !!
Jimin se vexa et se mit à son tour en colère.
- Si je suis dans cet état, c'est ta faute !
Sujin ouvrit la bouche, estomaquée par tant de culot.
- Ma faute ? répéta-t-elle.
Jimin pouffa méchamment avant de se mettre à l'imiter.
- "Il te faut de l'argent, Jimin. Trouve toi un travail, Jimin." Hein ?! "Trouve un putain de job !!" c'est pas ça que tu me répètes sans arrêt ? Bah voila, j'ai trouvé !
Mais Sujin, au-delà de leurs colères respectives, sut lire entre les lignes.
- Tu... tu as des soucis au travail ?
Jimin se renfrogna et détourna le regard.
- Laisse tomber.
- Jimin... tenta tout de même sa sœur en s'approchant.
Mais il recula d'un pas.
- S'il te plaît, Su'. J'suis crevé...
Sujin déglutit en cessant d'avancer. Namjoon, qui s'était discrètement éclipsé de la salle de bain, revint à ce moment-là.
- Je t'ai mis un oreiller et une couverture sur le canapé, tu devrais aller t'allonger, dit-il à Jimin. T'as vraiment une sale tête.
- Pourquoi le canap' ? voulut-il savoir
- Tu seras plus près des toilettes en cas de besoin.
- Comme tu veux... céda Jimin, épuisé.
Il alla s'allonger et la nausée ne le quittait plus mais il sentait bien que ça n'avait plus rien à voir avec la drogue que Jia lui avait donnée. C'était lui, sa vie, cette dispute ; les remords qui se mélangent aux regrets et qui deviennent quelque chose d'indigeste.
- Va te coucher, chérie. Je m'occupe de ton frère.
Jimin n'entendit pas de réponse de la part de Sujin, seulement un reniflement puis la voix de Namjoon. Il chuchotait d'un ton doux et réconfortant.
- Hé, pleure pas, d'accord ? Jimin est juste... Jimin, essaya-t-il de plaisanter. Tu sais comment il est. Mais il va vite aller mieux.
- Quand ça ? demanda Sujin en chuchotant elle aussi, son chagrin et sa détresse étant parfaitement audibles.
- Chérie...
- Quand, Nam ? insista-t-elle, désemparée. Quand il va se reprendre en main ? Quand il va arrêter ses conneries ?! Dans quelques mois, notre bébé sera là...
Jimin ferma un peu plus fort les yeux comme si ça allait l'aider à ne pas entendre la suite de cette conversation qu'il épiait contre sa volonté. S'il ne se sentait pas aussi malade, il aurait probablement rejoint sa chambre, emballé ses affaires et déguerpit pour ne plus leur causer de soucis. Fuir lui semblait mieux que... ça lui semblait mieux.
- Je sais que notre bébé arrive bientôt, répondit Namjoon. Et je suis sûr que ton frère s'en rappelle très bien aussi. On va gérer, hm ? Tous ensemble. On est une famille après tout.
Une famille. Jimin n'entendit pas la suite. Soit le couple était parti dans leur chambre, soit son cœur battant à tout rompre avait enfin réussi à troubler son audition.
Quelques minutes plus tard, il sentit quelqu'un s'asseoir sur le canapé où il s'était allongé.
- Tu te sens mieux ? lui demanda Namjoon en lui tendant un verre d'eau, un médicament effervescent dans le fond.
Le sommeil l'ayant complètement quitté, Jimin se redressa et appuya son dos contre l'accoudoir avant de se saisir du rafraîchissement.
- Ouais, mentit-il en regardant le cachet fondre. Je voulais pas me disputer avec elle mais... c'est toujours comme ça entre nous. Je suppose que je dois te remercier pour l'avoir mise au lit.
- Oh, non, ne me remercie pas. Surtout pas.
A ce ton pince-sans-rire, Jimin quitta son verre des yeux.
Il n'avait jamais vu Namjoon en colère avant aujourd'hui. Blasé, soulé, fatigué ; oui. Mais pas en colère comme maintenant. Son beau-frère avait le menton légèrement pointé vers l'avant, les yeux plissés et l'absence de fossettes sur ses joues donnait envie à Jimin de passer un avis de recherche urgent pour les retrouver. Namjoon en rogne était assez impressionnant.
- Si j'ai envoyé Sujin se coucher, c'est uniquement pour qu'elle n'entende pas ce que je m'apprête à te dire. S'il arrive quelque chose à ta sœur ou au bébé par ta faute...-
- Quoi, tu vas me buter ? supposa Jimin avant de pouffer pour se moquer.
- Non, le contra tout de suite son beau-frère toujours sans le moindre sourire. Mais je ferais en sorte que ta mère soit la seule famille qu'il te reste.
En outre, cela signifiait qu'il allait plus ou moins se retrouver tout seul. Jimin rit jaune en secouant la tête, la mâchoire serrée. Son beau-frère venait d'appuyer là où ça faisait mal.
Alors que Jimin ne le regardait plus, Namjoon soupira comme s'il s'en voulait déjà d'avoir proféré des menaces.
- Pourquoi tu t'es mis dans un état pareil hein ? voulut-il savoir. Tu peux me le dire ?
Un bruit qui se voulait amusé quitta Jimin.
- Pourquoi tu fais semblant que ça t'intéresse ?
- Je ne fais pas semblant, Jimin.
Jimin sonda le petit ami de Sujin afin de juger si c'était un mensonge ou non et, devant son air on ne peut plus sérieux, il soupira avant de parler.
- Si je te dis pourquoi j'ai fini dans cet état, tu vas le répéter à Sujin. Et je ne veux pas qu'elle sache.
- Je lui dirais rien.
Jimin haussa les deux sourcils et ferma les yeux une brève seconde.
- Tu penses vraiment que je vais croire ça ?
- Si le seul moyen que tu me dises ce qu'il t'arrive est de ne rien dire à ta sœur, alors oui, tu peux me croire. Je ne lui dirais rien.
- Tu veux pas qu'elle s'inquiète... en déduit facilement Jimin.
Namjoon sourit, complice.
- Toi non plus, pas vrai ? Ça nous fait un point commun.
Jimin dût admettre qu'il n'avait pas tort et il ne le fit qu'en dandinant légèrement la tête.
- J'ai couché avec mon patron, lacha-t-il alors.
Et quand il vit un air las et sévère s'emparer des traits de Namjoon, il s'empressa d'ajouter :
- J'ai pas eu le choix ! chuchota-t-il à crier.
Tous les muscles du visage de son beau-frère semblèrent se relâcher d'un seul coup.
- Comment ça "pas eu le choix" ? Tu.. Il t'a agressé ? demanda-t-il, acculé par ses réflexions.
- Non, non... J'étais consentant. Enfin... j'ai surtout consenti à garder mon job.
Jimin raconta alors le petit arrangement qu'il avait passé avec Scoub et qui s'était douloureusement retourné contre lui.
- Bon sang. C'est quoi cette idée de merde que t'as eu, Jimin. C'est extrêmement grave ce qu'il s'est passé.
Le concerné roula des yeux avant de boire son médicament d'une seule traite. Il plaqua ensuite le verre vide contre le torse de Namjoon pour qu'il le récupère.
- Je savais que t'allais en faire tout un flanc... marmonna-t-il en se rallongeant, déçu.
Il se tourna de façon à ce que son visage soit face au dossier du canapé et son postérieur vers Namjoon qui ne s'arrêtait plus de parler.
- Le chantage. La violence. La manipulation. Tout ça, ce sont les armes qu'utilisent les agresseurs sexuels !
Jimin remua des épaules.
- Tant pis.
- Tant pis ? répéta Namjoon qui n'y comprenait rien à cette réaction.
- Qu'est-ce que ça change ? C'est fait maintenant.
Jimin fut satisfait par le silence qui s'ensuivit puis s'en inquiéta. Il se tourna alors lentement et il était simple de voir sur le visage de Namjoon qu'il était en pleine réflexion.
- Je te vois venir, et c'est non, lui dit-il alors. Je porterai pas plainte ou je sais pas quoi d'autre, oublie ça.
- Mais.. -
- S'il te plaît, soupira Jimin avec l'espoir qu'on l'écoute. Ne me fais pas regretter de m'être confier à toi...
Namjoon se mâchouilla les lèvres avant de souffler.
- Très bien. Je ne dirais rien à personne et je ne t'obligerai à rien non plus. Mais ne le laisse plus faire.
Jimin pouffa de façon aigre.
- C'est soit ça, soit il me vire.
- Alors démissionne ! s'exclama Namjoon comme si la solution était logique. Je trouverais une explication à donner à Sujin, tu auras le temps de trouver un...-
- Un autre job ? compléta Jimin avant qu'un énième rire dépourvu de joie lui échappe. C'est pareil partout.
Le désaccord marqua le visage de Namjoon.
- Non, c'est faux.
- Si, c'est vrai, le contredit aussitôt Jimin. Ma collègue veut devenir mannequin, elle couche pour réussir. Est-ce que tu crois que ça lui fait plaisir de faire ça ? Je suis sûr que non mais hé, devine quoi ? Elle le fait quand même. Tu t'en ais peut-être jamais rendu compte depuis les palaces que tu nettoies, mais quand t'as pas de diplômes suffisants, pas de parents friqués pour t'aider, bah t'as aucun pouvoir sur ta vie.
Jimin se rallongea en tirant la couverture à hauteur de son visage. Il serra les dents en exprimant sa dernière pensée de la nuit.
- Parfois, je me dis que les rêves ne servent qu'à nous faire tenir debout, et non à être réalisés. Ce monde est pourri.
Il sentit Namjoon se lever puis avancer dans le salon avant de s'arrêter quelque part au milieu de la pièce.
- Est ce que... Est-ce que tu as eu ce genre de problème à ton ancien travail aussi ? Celui où tu t'es fait virer dernièrement ?
Jimin se crispa légèrement mais suffisamment pour que son beau frère puisse interpréter ça comme un non.
- C'est bien ce qui me semblait, put alors dire Namjoon. Et est-ce que tu crois que c'est ta mère ou bien les diplômes que tu n'as pas qui sont responsables de ton licenciement ?
Le silence retour fut des plus éloquents et Namjoon enchaîna d'un ton professoral, presque paternel, qui fit tout drôle à Jimin.
- Tu vois, parfois, avant d'accuser le monde entier, il faut savoir se remettre en question soi-même. Et se donner les moyens de réussir...
La lumière s'éteignit.
- J'te laisse dormir. Bonne nuit, Jimin.
****
- Vous êtes bien sûr le répondeur d...-
Jimin raccrocha avant la fin du message automatique de la boîte vocale de sa mère. Il le connaissait par cœur à force de tomber dessus. Depuis son anniversaire, elle ne lui avait envoyé qu'un pauvre texto lui disant qu'elle l'appellerait bientôt. Ensuite, plus rien.
Jimin rangea son téléphone dans sa poche avant de faire les quelques pas qui le séparaient de l'entrée du Permission To Dance puis entama sa seconde semaine de travail.
Cette dernière fut éprouvante entre les réseaux sociaux inondés de messages de soutien souhaitant bon rétablissement à Jeon Jungkook, les interrogatoires silencieux que les yeux de Namjoon lui faisaient passer lorsqu'il se retrouvaient tous les trois à table et l'absence de mot échangé avec sa sœur. Il en était presque à regrette leur dispute. Il avait bien tenté d'en créer une ou deux mais ni les papiers de gâteaux laisser sur le plan de travail ni sa collection de verres sales sur l'évier n'y étaient parvenus.
La seule bonne nouvelle de ces sept derniers jours était que Taehyung était enfin de retour dans le même pays que le sien. Quelques heures de route les séparaient toujours, mais Jimin se sentait plus rassuré et complet de savoir son meilleur ami en Corée du Sud.
Taehyung lui avait raconté son voyage à Bali en long, en large et en travers. Jimin avait l'impression d'avoir lui-même mis les pieds sur cette île. Jin lui avait aussi dit que son cadeau souvenir l'attendait sagement chez eux mais qu'ils viendraient peut-être lui apporter en main propre très bientôt.
Jimin était comme un fou de savoir qu'il allait bientôt voir son meilleur ami. Seulement, il sentait aussi que Taehyung n'allait pas venir à Séoul que pour lui apporter un stupide magnétique de Bali à coller sur un frigo qui n'était même pas le sien ou pour lui offrir un costume traditionnel indonésien immettable. Il sentait qu'il y avait... autre chose. Et cette autre chose le terrifiait. Il y avait pensé toute la semaine. Mais plus maintenant. Maintenant, il pensait à tout autre chose mais qui était tout aussi effrayant et envahissant.
Il était environ dix sept heures. Jimin avait fini son service mais il n'avait pourtant pas encore quitté le Permission To Dance. Il venait d'achever sa seconde semaine de travail et devait donc se rendre dans le bureau de Scoub.
Comme il n'en avait ni le courage ni l'envie, il s'était enfermé dans les toilettes avec un énorme joint qui lui avait coûté trois feuilles et la moitié de sa réserve personnelle.
- Jimin ! Scoub veut te voir dans son bureau ! l'informa une des filles qui bossait là.
- Je sais ! cria-t-il en réponse avant de marmonner. Putain, je sais merde...
Il tira sur son joint comme un asthmatique en crise l'aurait fait sur son inhalateur. Il faillit s'en décoller un poumon et il eut bien peur que la quinte de toux qui s'ensuit y parvienne mais, aussi violent que ça paraissait être, les effets du cannabis ne suffisaient pas à l'apaiser.
Il jura à nouveau, se leva, jeta son traître de joint inutile dans la cuvette après l'avoir relevé puis sortit de sa poche le cachet que Jia lui avait donné une semaine auparavant. En le regardant dans le creux de sa main, il se rappela de sa presque baise avec Jia, de son état lamentable et de la dispute avec Sujin.
La seule chose que ce cachet avait finalement apporté de bon et que Jimin ne voulait pas avoué était qu'il se sentait plus proche de Namjoon désormais. Son beau-frère jouait d'ailleurs un rôle crucial, là, tout de suite. Jimin pensait à lui, à ce qu'ils s'étaient dit ce soir-là sur ce canapé et à ce qu'il lui dirait maintenant s'il savait ce qu'il s'apprêtait à faire.
Jimin hésita mais, à cours de choix, il finit tout de même par ingurgiter la drogue. Sans ça, il ne serait sûrement jamais parvenu à sortir de sa cabine.
Face aux miroirs, il tata sa poche arrière en sentant son téléphone vibrer. Il le tira, soupira en pensant que c'était Scoub qui - en quelque sorte - le sifflait en l'appelant, puis manqua finalement de le faire tomber dans le lavabo en voyant le nom de son ex-patronne s'afficher sur l'écran.
La drogue faisait-elle déjà effet ?
Jimin était comme figé, les neurones grillés, puis décrocha avant qu'il soit trop tard.
- Allô... ?
- Bonjour, Jimin-ssi... - Je veux dire, monsieur Park. C'est madame Sorin.
- Bonjour... répondit-il d'une voix aussi hésitante que l'était celle de la femme à l'autre bout du fil.
Jimin ne laissa pas le temps à son ancienne patronne de dire quoi que ce soit qu'il s'empressa de la rassurer en pensant avoir trouvé le motif de son appel.
- Si c'est au sujet de la facture pour le tapis, j'y travaille... vous imaginez pas à quel point.
- Non, ça n'a pas de rapport avec... ça.
- Ah non ? s'étonna Jimin qui supposa alors autre chose. Dans ce cas, si c'est à cause de ce plombier, il...-
- Quel plombier ?
- Hein ? feignit-il l'ignorance.
Il entendit madame Sorin soupirer et, dégoûté d'avoir gaffé, il grimaça en serrant les dents avant de bredouiller :
- Je ferais peut-être mieux de vous laisser me dire pourquoi vous m'appelez...
- Pour vous ré-engager.
Les yeux de Jimin s'élargirent d'un seul coup.
- Est-ce que... c'est une plaisanterie ?
- Croyez-moi, j'aurais préféré.
Le ton las de son ancienne patronne rendit Jimin encore plus confus qu'il ne l'était déjà.
- Je ne comprends pas...
- Vous êtes au courant pour sa blessure à l'épaule je suppose...
- Oui, avoua Jimin sans chercher à mentir.
- Nous avons besoin de quelqu'un de façon urgente pendant sa période de convalescence et, comme je vous l'avais déjà dit, la discrétion est le mot d'ordre de... monsieur Golden. Être déjà au courant de sa véritable identité fait donc de vous l'homme... de... de la... de la situation.
Elle semblait écœurée par les propres mots qui sortaient de sa bouche mais Jimin fut loin de s'en formaliser.
- Je ferais tout ce que vous voulez ! bondit-il en réalisant ce qui était en train de se passer.
- Monsieur Park, je ne vais pas y aller par quatre chemins : je n'ai plus aucune confiance en vous. D'autant plus que le travail sera plus dur cette fois-ci, il faudra faire les repas, les...
- Je peux faire tout ça !
Il n'entendit qu'un soupir en retour.
- S'il vous plaît ! insista-t-il et il n'aurait jamais penser qu'il supplierait un jour pour devenir bonne à tout faire. Et puis pourquoi est-ce que vous m'appelez pour le poste tout en essayant de me dissuader de le prendre ?
Il marmonna un "merde" en se rendant compte qu'il était bien vite redevenu lui-même - un Park avec la langue bien pendue - et espéra de tout cœur ne pas avoir déjà tout gâché.
- Je n'essaye pas de vous dissuader, lui répondit madame Sorin. Mais si je suis si réticente, c'est parce que l'idée de faire appel à vous n'est pas la mienne...
Cette nouvelle surprit grandement Jimin qui fit la moue en fronçant les sourcils. Il passa ensuite outre cette info pour plaider sa cause et pria pour y parvenir.
- Madame, je sais que j'ai commis une erreur... pleins d'erreurs ! Mais... cette fois, je... je ferais les choses correctement. J'en suis capable. Je ferais plus le con... je veux dire, l'imbécile, se corrigea-t-il après une gifle mentale. Si vous me laissez cette seconde chance, je vous promets de ne pas vous décevoir. Ni vous, ni Jeon Ju..- monsieur Golden.
Jimin fixa son reflet dans le miroir abîmé, les graffitis servant d'arrière-plan à son air dramatique. Ces toilettes étaient répugnantes mais elles n'étaient pas pires que ce qui l'attendait dehors : le bureau de Scoub. Jimin ferma les yeux en inspirant fort, il croisa même les doigts de sa main libre en attendant que madame Sorin se décide à parler à nouveau.
- Très bien, céda-t-elle dans un soupir. Rendez-vous demain matin à onze heures, dans le hall de l'immeuble.
Après l'avoir remercié un millions de fois comme un naufragé sauvé de la noyade, Jimin raccrocha, l'air complètement ailleurs. Il se fixa dans le miroir comme pour s'ancrer dans la réalité mais rien ne fut plus efficace que la voix de sa collègue depuis le couloir.
- Jimin ! Scoub t'attend !
Un frisson piquant parcourut son échine puis, sans attendre, il s'enfonça deux doigts au fond de la gorge afin de rejeter le cachet. Malheureusement, les ramens mangés ce midi finirent elles aussi dans le siphon. Dommage collatéral, se dit-il en admirant les nouilles enlacées le bouchon du lavabo.
Il sortit précipitamment des toilettes après ça.
- Jimin, tu...- aïe, fais attention ! le disputa sa collègue qu'il venait de bousculer. Tu viens de me rentrer dedans !
- J'préfère encore ça !
Il rit à la connotation qu'il était sûrement le seul à voir puis couru vers la sortie. Il se sentait libre, délesté d'un immense poids qu'il avait de toutes ses forces essayé de minimiser.
Jimin s'étonna lui-même que, en quittant le bar, il n'ait qu'une hâte : raconter à Namjoon que le monde lui offrait une seconde chance et que, cette fois, il comptait bien se donner les moyens.
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